Métro Charonne: Macron rend hommage aux victimes, une première pour un président

Une photo prise à la station de métro Charonne à Paris le 8 février 2022 montre les noms des neuf personnes tuées par la police française lors de la manifestation de février 1962 contre l'OAS et pour la paix en Algérie. (AFP)
Une photo prise à la station de métro Charonne à Paris le 8 février 2022 montre les noms des neuf personnes tuées par la police française lors de la manifestation de février 1962 contre l'OAS et pour la paix en Algérie. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 09 février 2022

Métro Charonne: Macron rend hommage aux victimes, une première pour un président

  • C'est le premier président, en soixante ans, à rendre hommage aux neuf victimes de cette manifestation organisée entre autres par le parti communiste, la CGT, et l'Unef
  • Mardi, en fin d'après-midi, des gerbes ont été déposées sous la plaque scellée sur le carrelage blanc du métro où sont inscrits leur nom. Une minute de silence a été respectée en leur mémoire

 

PARIS: Emmanuel Macron a rendu hommage mardi aux manifestants morts au métro Charonne à Paris le 8 février 1962 lors d'un rassemblement contre l'OAS violemment réprimé, une première toutefois qualifiée d'insuffisante par des militants et collectif de victimes.


C'est le premier président, en soixante ans, à rendre hommage aux neuf victimes de cette manifestation organisée entre autres par le parti communiste, la CGT, et l'Unef. 


Elle suivait une série d'attentats de l'OAS - l'Organisation armée secrète, bras armé clandestin des ultras de l'Algérie française - dont l'un, visant André Malraux, avait défiguré la veille une fillette de 4 ans.


Ce 8 février 1962, la manifestation avait été interdite aux termes du décret pris le 23 avril 1961 après le putsch des généraux à Alger. Mais plusieurs cortèges avaient tenté de rejoindre le rassemblement prévu place de la Bastille. Dans leurs rangs, de nombreux jeunes.


Sous autorité du préfet Maurice Papon, la manifestation pacifique fut violemment réprimée par la police, armée à l'époque de "bidules", ces matraques en bois. 


Elle se solda par huit morts, dont trois femmes et un apprenti de 16 ans. Un homme mourut huit semaines plus tard de ses blessures. Tous étaient syndiqués à la CGT et - sauf un - membres du parti communiste.


Mardi, en fin d'après-midi, des gerbes ont été déposées sous la plaque scellée sur le carrelage blanc du métro où sont inscrits leur nom. Une minute de silence a été respectée en leur mémoire.

Gerbe du préfet 
Dans la matinée, c'est le préfet de police de Paris Didier Lallement qui a déposé une gerbe au nom du président, lors d'une cérémonie au cimetière du Père Lachaise.


Dans un bref communiqué, M. Macron a déclaré: "le 8 février 1962, une manifestation unitaire a été organisée à Paris pour la paix et l’indépendance en Algérie et contre les attentats de l’OAS. Elle a été violemment réprimée par la police: neuf personnes ont perdu la vie, plusieurs centaines furent blessés". 


"Soixante ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes et de leurs familles", a-t-il ajouté.


Attendu depuis longtemps, cet hommage "s'inscrit dans une démarche globale de reconnaissance de toutes les mémoires liées à la guerre d'Algérie et qui vise à construire cette mémoire commune", précise son entourage. 


Déjà le 16 octobre, le chef de l'Etat avait fait un geste mémoriel, 60 ans après le massacre de dizaines de manifestants algériens à Paris le 17 octobre 1961, déclarant que ces "crimes" commis "sous l'autorité de Maurice Papon" étaient "inexcusables pour la République". 


Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron a multiplié les gestes mémoriels pour tenter de "réconcilier les mémoires" entre Français et Algériens, mais sans "repentance".


Cependant, pas plus que pour le 17 octobre, ses propos sur Charonne n'ont apaisé mardi les associations et syndicats qui réclament une reconnaissance d'un "crime d'Etat"


"L'agression policière d'Etat exercée" n'est toujours pas réparée, a réagi Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT avant la cérémonie réunissant à l'extérieur du métro plusieurs dizaines de militants et de témoins de l'époque. "On ne saurait se contenter d'un communiqué de l'Elysée sous formes d'excuses, c'est insuffisant".


Egalement présent, le candidat communiste à la présidentielle Fabien Roussel a qualifié de "modeste" et "petit pas" le geste de Macron, et insisté sur l'indispensable "devoir de la mémoire" à l'heure où "le vent mauvais de la haine souffle à nouveau".


Henri Cukierman, président du collectif "Vérité et justice pour Charonne", a salué "la première prise de position d'un président" mais déploré que "la responsabilité de l'Etat soit tue".


"Ce n’est pas le préfet Papon qui est responsable du 17 octobre ou du 8 février ou de toute brutalité, c’est l'Etat", estime M. Cukierman, qui était présent sur ce même trottoir soixante ans plus tôt, au moment du drame.


Mardi, il a de nouveau demandé "la vérité et que justice soit faite" pour ces deux "crimes" de 1961 et 1962, malgré une "une loi d'amnistie de l'époque qui a permis d'éviter que la justice puisse faire son travail". 


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
Short Url
  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
Short Url
  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».