En France, la crise climatique relativement invisible dans la campagne présidentielle

Manifestation pour le climat à Paris. Crédits: THOMAS SAMSON / AFP
Manifestation pour le climat à Paris. Crédits: THOMAS SAMSON / AFP
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Publié le Mercredi 09 février 2022

En France, la crise climatique relativement invisible dans la campagne présidentielle

  • Malgré l'urgence climatique et écologique, la thématique environnementale reste relativement inaudible dans la campagne présidentielle française, alors que la plupart des candidats esquivent le sujet.
  • La défense de l'environnement et de la nature sont pourtant des enjeux "importants" pour 93% des Français, dont 68% affirment qu'ils tiendront compte des propositions des candidats sur ce thème pour définir leur vote à la présidentielle.

PARIS : Malgré l'urgence climatique et écologique, la thématique environnementale reste relativement inaudible dans la campagne présidentielle française, après un quinquennat Macron jugé négativement par les ONG.

La fin d'année 2021 a pourtant été "la plus douce jamais mesurée", selon Météo-France. Le 30 décembre, à quatre mois du scrutin, il faisait près de 8 degrés à 2.800 mètres d'altitude dans les Pyrénées françaises.

Quelques semaines plus tôt, le nord et le sud-ouest de la France avaient connu des inondations. Mais le réchauffement climatique échappe aux débats présidentiels, davantage focalisés sur le pouvoir d'achat, la crise sanitaire, ou encore l'islam.

"L'extrême droite est dynamique et arrive à imposer ses thèmes - immigration, insécurité - au détriment de l'environnement", analyse Simon Persico, professeur à Sciences Po Grenoble.

Outre le sortant Emmanuel Macron, grand favori de l'élection bien qu'encore non déclaré, les trois candidats recueillant le plus d'intentions de vote sont de droite (Valérie Pécresse) ou d'extrême droite (Marine Le Pen, Eric Zemmour), des courants traditionnellement moins présents sur les questions environnementales.

La première vante bien "une écologie de progrès et de solutions". La fille de Jean-Marie Le Pen soutient le nucléaire en tant qu'énergie décarbonée, quand l'ex-polémiste entend "préserver les paysages". Mais ils n'insistent pas vraiment.

Présidentielle en France : une extrême droite conquérante mais déchirée

Avec près d'un tiers des intentions de vote, l'extrême droite française aborde l'élection présidentielle en position de force, mais divisée entre Marine Le Pen, sa dirigeante encore incontestée il y a quelques mois, et un nouveau venu, l'ex-polémiste Eric Zemmour.


Les derniers sondages donnent invariablement le président sortant Emmanuel Macron largement en tête au premier tour et réélu au second, mais une féroce bataille pour la deuxième place oppose la candidate de droite Valérie Pécresse, à Eric Zemmour et Marine Le Pen, avec généralement un léger avantage pour cette dernière.


"Le problème, c'est que l'extrême droite, c'est l'image de la force. Quand vous fendez l'armure, ça peut être ressenti comme une faiblesse", estime Christian Delporte, spécialiste en communication politique et historien des médias.

Court termisme

Anne Bringault, du Réseau Action Climat (RAC), regrette une campagne court termiste : "Le bruit médiatique (...) se focalise sur des polémiques, sans espace pour débattre de l'évolution des modèles de société."

"La plupart des candidats esquivent le sujet parce qu'ils savent à quel point traiter les problèmes dans ce domaine nécessite une remise en question de nos modes de vie", abonde Arnaud Schwartz, président de France Nature Environnement (FNE), qui regroupe 6.000 associations.

A la traîne dans les sondages, les candidats de gauche sont eux critiqués par leurs opposants pour leur approche idéologique ou dogmatique de l'écologie.

Le radical Jean-Luc Mélenchon défend une "planification écologique" et l'écologiste Yannick Jadot promeut une "République écologique".

La défense de l'environnement et de la nature sont pourtant des enjeux "importants" pour 93% des Français, dont 68% affirment qu'ils tiendront compte des propositions des candidats sur ce thème pour définir leur vote à la présidentielle, selon un sondage réalisé en octobre dernier.

Mais il y a un "échec à aborder ces sujets dans le débat public", note Claire Egnell, du collectif "Pour un réveil écologique". "C'est un problème de démocratie assez immense."

Et de déplorer : l'urgence climatique, qui nécessite "une capacité de vulgarisation" importante, est abordée "de manière extrêmement simplifiée". 

En 2019-2020, l'exécutif français a bien organisé une "Convention citoyenne pour le climat", durant laquelle 150 citoyens ont planché sur 149 mesures pour limiter les émissions de gaz à effets de serre.

Macron toujours favori de la présidentielle en France

Servi par une campagne sans grand relief et des opposants qui peinent à s'imposer nettement, le président sortant Emmanuel Macron, pas encore officiellement candidat, apparaît toujours comme le favori de l'élection présidentielle d'avril en France.


Soucieux de s'afficher en homme d'Etat concentré sur les grandes affaires du moment - gestion de la situation sanitaire en France, diplomatie tous azimuts autour de la crise ukrainienne -, Emmanuel Macron n'est toujours pas entré dans l'arène de la présidentielle et retarde l'annonce d'une candidature qui ne fait pas le moindre doute.


Au grand dam de ses rivaux, qui l'accusent de faire campagne sans le dire, et pour son propre bénéfice, puisque cette situation lui profite jusqu'à présent.
S'il gagne en avril, il sera le premier président à être réélu pour un second mandat depuis Jacques Chirac en 2002.

« Trop lent »

Mais "la montagne a accouché d'une souris verte", regrette Greenpeace. Une loi Climat ensuite adoptée en juillet 2021 n'a pas repris suffisamment de ces propositions, ou elle les a édulcorées, pointe l'ONG. 

Critiquée pour sa timidité à la fois par le Conseil économique, social et environnemental et le Haut conseil pour le climat, la nouvelle législation "ne permettra pas à la France de respecter la trajectoire de réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030", un objectif "déjà obsolète" alors que l’Union européenne a adopté une trajectoire de -55%, "elle-même insuffisante pour rester sous la barre des + 1,5°C", regrette Greenpeace.

Le gouvernement sortant est "trop lent par rapport à l'urgence", affirme Laurent Morel, le vice-président du Shift project, un centre de recherche environnemental. "On ne peut pas se permettre de faire des tours d'observation de cinq ans", poursuit-il.

Clément Sénéchal, un porte-parole de Greenpeace, dénonce, lui, un "écart abyssal entre les beaux discours d'Emmanuel Macron et le détail de ses actions". En 2021, la justice française, saisie par quatre ONG (dont Greenpeace), elles-mêmes soutenues par une pétition signée par 2,3 millions de citoyens, a ainsi déclaré l'Etat "responsable" de manquements à ses engagements et du "préjudice écologique" qui en découle.

Pour Clément Sénéchal, la France doit s'inspirer d'autres pays européens, notamment l'Espagne, le Portugal, le Danemark et les pays scandinaves, ou encore le Royaume-Uni, qui font "beaucoup plus d'efforts" pour une vraie transition climatique.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.