Crise ukrainienne: les dirigeants baltes à Berlin

Le chancelier allemand Olaf Scholz donne une conférence de presse le 9 février 2022 à Berlin, en Allemagne. (Photo, AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz donne une conférence de presse le 9 février 2022 à Berlin, en Allemagne. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 10 février 2022

Crise ukrainienne: les dirigeants baltes à Berlin

  • Après avoir accueilli mercredi la cheffe du gouvernement danois Mette Frederiksen, le successeur d'Angela Merkel va tenter de partager son optimisme avec la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie, frontalières de la Russie
  • Olaf Scholz avait déclaré dimanche que l'Allemagne, qui dirige une opération de l'Otan en Lituanie, où 500 soldats allemands sont déployés, était prête à envoyer des troupes supplémentaires dans les pays baltes

BERLIN : Le chancelier allemand Olaf Scholz reçoit jeudi à Berlin les dirigeants des pays baltes, ex-républiques soviétiques devenues membres de l'Otan, aux premières loges de la crise russo-ukrainienne et de la crainte de guerre aux frontières de l'Europe.

"La mission est d'assurer la sécurité en Europe et je crois que nous y parviendrons", avait déclaré mercredi le chancelier allemand, faisant montre d'optimisme en assurant croire dans les "progrès" nés de la reprise d'intenses échanges diplomatiques entre la Russie et les Occidentaux.

Après avoir accueilli mercredi la cheffe du gouvernement danois Mette Frederiksen, le successeur d'Angela Merkel va tenter de partager son optimisme avec la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie, frontalières de la Russie.

Flanc oriental de l'Otan

Cette rencontre est d'autant plus stratégique que l'engagement de l'Otan en Pologne et dans les États baltes, flanc oriental et stratégiquement sensible de l'Alliance atlantique, constitue l'une des principales pommes de discorde avec la Russie, qui demande à l'Otan de reconsidérer son déploiement dans la région.

Olaf Scholz avait déclaré dimanche que l'Allemagne, qui dirige une opération de l'Otan en Lituanie, où 500 soldats allemands sont déployés, était prête à envoyer des troupes supplémentaires dans les pays baltes.

Après sa visite à Washington lundi, destinée à rassurer les Américains, puis une réunion mardi à Berlin avec la France et la Pologne, M. Scholz avance donc encore jeudi sur un fil, entre les attentes de ses partenaires occidentaux et la dépendance de son pays au gaz russe.

Cette rencontre avec les alliés baltes intervient à la veille d'un discours du chancelier devant le Bundestag, chambre basse du Parlement, et à moins d'une semaine de la visite très attendue que rendra le 15 février Olaf Scholz à Vladimir Poutine, la première depuis son élection à la chancellerie début décembre.

Les réticences de Berlin à la livraison par l'Estonie d'armes allemandes à Kiev ont créé des crispations ces dernières semaines et Olaf Scholtz tente de se défaire de son image d'homme effacé dans la crise, loin d'un Boris Johnson jouant la mouche du coche avec Moscou ou d'un Emmanuel Macron.

Les ultimatums et les menaces visant Moscou ne «mènent à rien», affirme Lavrov

Le chef de la diplomatie russe a jugé jeudi contre-productives les menaces occidentales contre la Russie, accusée d'envisager une opération militaire contre l'Ukraine près de laquelle elle a massé des dizaines de milliers de soldats.

"Des approches idéologisées, des ultimatums et des menaces ne mènent à rien", a déclaré Sergueï Lavrov, au début de sa rencontre à Moscou avec son homologue britannique Liz Truss, déplorant que "beaucoup de nos collègues occidentaux ont justement une passion pour cette forme (de communication)".

Si Londres souhaite améliorer ses relations avec Moscou, "nous allons bien évidemment répondre de la même manière, parce que nous ne pouvons être satisfaits de nos relations qui sont au plus bas", a poursuivi M. Lavrov.

Mais "on ne peut normaliser les relations que via un dialogue mutuellement respectueux et sur un pied d'égalité (...) afin de trouver des solutions mutuellement acceptables", a-t-il souligné.

Cette rencontre entre M. Lavrov et Mme Truss intervient en pleine flambée de tensions entre les Occidentaux et la Russie, accusée d'avoir massé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne en vue d'une invasion.

La Russie nie tout bellicisme et lie une désescalade à des traités garantissant le non-élargissement de l'Otan, que Kiev souhaite rejoindre, et une retraite de facto de l'Alliance d'Europe de l'Est.

Pour sa part, Mme Truss a annoncé s'être rendue à Moscou pour "exhorter la Russie à emprunter le chemin de la diplomatie".

"Une guerre en Ukraine serait un désastre pour les peuples russe et ukrainien et pour la sécurité européenne", a-t-elle insisté.

"Il y a un chemin alternatif, un chemin diplomatique qui permet d'éviter les conflits et l'effusion de sang", a ajouté Mme Truss.

Boris Johnson à Bruxelles

Le Premier ministre britannique, qui a annoncé l'envoi de 350 soldats de plus en Pologne dans le cadre d'une mission de l'Otan, se rend quant à lui jeudi à Bruxelles et à Varsovie.

Il doit rencontrer le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg à Bruxelles, puis le président polonais Andrzej Duda et son Premier ministre Mateusz Morawiecki à Varsovie.

Sa cheffe de la diplomatie, Liz Truss, sera pendant ce temps à Moscou.

Boris Johnson a prévenu mercredi soir que le Royaume-Uni se tenait prêt à déployer 1 000 soldats supplémentaires en cas de "crise humanitaire" liée aux tensions en Ukraine.

Défendant "le droit pour toute démocratie européenne d'aspirer à l'appartenance à l'Otan", Boris Johnson doit y évoquer cette proposition de renforcement des défense de l'Otan, qui comprend notamment le doublement des effectifs des troupes britanniques en Estonie (environ 900 militaires actuellement dans cet Etat balte), le déploiement d'avions de chasse dans le sud de l'Europe et l'envoi de deux navires en Méditerranée orientale.

L'ombre du gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l'Allemagne, continue quant à elle de planer sur la crise. Le chancelier allemand a assuré à un groupe de sénateurs américains que le gazoduc "n'irait pas de l'avant" si la Russie envahissait l'Ukraine, selon un élu américain. 

Londres appelle Moscou à retirer ses troupes près des frontières ukrainiennes

La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss a appelé jeudi la Russie à retirer ses troupes massées près des frontières ukrainiennes, afin d'amorcer une désescalade entre Moscou et les Occidentaux qui craignent une opération militaire russe contre Kiev.

"Le ministre Lavrov m'a dit aujourd'hui que la Russie n'envisageait pas d'envahir l'Ukraine, mais ces mots doivent être suivis d'actions et nous avons besoin de voir les troupes et les équipements stationnés à la frontière ukrainienne être déplacés ailleurs", a indiqué Mme Truss, à l'issue d'une rencontre à Moscou avec son homologue russe Sergueï Lavrov.


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com