Les Etats-Unis réservés au sujet des possibles avancées obtenues par Macron en Russie

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande sortante Angela Merkel et le président américain Joe Biden posent en marge du sommet du G20 le 30 octobre 2021 à Rome (AFP)
Le Premier ministre britannique Boris Johnson, le président français Emmanuel Macron, la chancelière allemande sortante Angela Merkel et le président américain Joe Biden posent en marge du sommet du G20 le 30 octobre 2021 à Rome (AFP)
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Publié le Vendredi 11 février 2022

Les Etats-Unis réservés au sujet des possibles avancées obtenues par Macron en Russie

  • Le concert d'optimisme prudent sur la crise ukrainienne serait presque parfait après la visite d'Emmanuel Macron en Russie s'il n'y manquait pas la voix des des Etats-Unis
  • Les grandes manoeuvres lancées au Bélarus par les armées russe et bélarusse représentent à nos yeux «une escalade, certainement pas une désescalade» a estimé jeudi la vice-secrétaire d'Etat américaine Wendy Sherman

WASHINGTON: L'Ukraine a salué de "vraies chances" de désescalade, l'Allemagne des "progrès". Le concert d'optimisme prudent serait presque parfait après la visite d'Emmanuel Macron en Russie s'il n'y manquait une voix qui compte. Celle des Etats-Unis.

Depuis que le président français a rencontré lundi à Moscou son homologue russe Vladimir Poutine pour tenter de désamorcer la crise qui risque de dégénérer en conflit à la frontière ukrainienne, Washington brille par sa réserve. Et ses réserves aussi, laissant filtrer son scepticisme sur les potentielles "avancées" accueillies avec soulagement par les Européens.

Les responsables américains doutent ouvertement des assurances qu'Emmanuel Macron affirme avoir "obtenu" du maître du Kremlin sur le fait qu'il n'y aurait pas d'escalade supplémentaire.

"S'il y a des progrès diplomatiques, nous les saluerons certainement, mais nous n'y croirons que lorsque nous les verrons avec nos yeux à la frontière", a ainsi dit mardi la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, tandis que les grands médias américains mettaient l'accent sur des déclarations du Kremlin pouvant mettre en doute l'optimisme français.

Dès le lendemain, comme pour relativiser toute promesse russe faite à la France, le Pentagone assurait que Moscou continuait de renforcer son dispositif militaire déjà hors norme aux frontières de l'Ukraine, où le renseignement américain soupçonne la Russie de préparer une potentielle invasion imminente du pays voisin.

Les grandes manoeuvres lancées au Bélarus par les armées russe et bélarusse représentent "à nos yeux une escalade, certainement pas une désescalade", a aussi estimé jeudi la vice-secrétaire d'Etat américaine Wendy Sherman sur la chaîne MSNBC.

Washington a d'abord tenté d'éviter de commenter la mission d'Emmanuel Macron elle-même, en expliquant attendre d'en avoir le compte-rendu direct par les Français.

Messages « coordonnés »

C'est maintenant chose faite: le président Joe Biden s'est entretenu mercredi au téléphone avec son homologue français, et leurs ministres des Affaires étrangères se sont parlé jeudi.

Or, les communiqués américains font le service minimum.

Celui de la Maison Blanche se borne à rapporter que les deux dirigeants ont évoqué "les récentes rencontres du président Macron en Russie et en Ukraine", sans un adjectif pour les qualifier. Et celui de la diplomatie américaine ne les mentionne même pas, évoquant beaucoup plus largement "les efforts conjoints des alliés de l'Otan, partenaires de l'UE, membres du G7, et autres partenaires pour faire face au déploiement militaire persistant de la Russie aux frontières de l'Ukraine".

Pourtant, le gouvernement américain insiste sur la coordination sans précédent qui existe dans cette crise avec ses alliés, ce dont conviennent volontiers les diplomates français et européens -- les présidents Biden et Macron ont d'ailleurs échangé trois coups de fil en huit jours.

"Les Etats-Unis accueillent favorablement ces initiatives car elles permettent de démultiplier les messages passés à Moscou, dans la mesure où ils sont coordonnés en amont et qu'il n'y a pas de dissonance entre alliés", explique à l'AFP Pierre Morcos, chercheur français au Center for Strategic and International Studies de Washington.

Les Occidentaux qui se relaient auprès des Russes sont à l'unisson sur la menace de sanctions sans précédent en cas d'offensive militaire, même si, selon cet expert, "Paris essaie de miser sur la voie diplomatique et d'investir au maximum ce champ-là".

"Pour l'instant, les Etats-Unis ont prudemment soutenu l'effort diplomatique de Macron -- mais le scepticisme est élevé, dès lors que Washington pense que Poutine est déterminé à envahir quoi qu'il arrive", écrit pour sa part Célia Belin, chercheuse française au cercle de réflexion américain Brookings Institution.

Dans un article publié jeudi sur le site de la revue Foreign Affairs, elle relève que, "contrairement aux Etats-Unis et à d'autres puissances occidentales, Macron a suggéré que la Russie pouvait +légitimement+ affirmer que ses exigences sécuritaires devaient être discutées".

Cela s'inscrit dans une volonté française de dialogue renouvelé avec Moscou, et de redessiner l'architecture de la sécurité européenne pour que le Vieux Continent soit moins dépendant de la puissance américaine.

Mais Emmanuel Macron doit faire attention "à ne pas apparaître comme celui qui ouvre une faille entre les alliés au moment où l'unité est la meilleure dissuasion contre la Russie", ajoute l'experte.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.