La Russie entame des manoeuvres militaires au Bélarus en pleine crise ukrainienne

Cette image satellite publiée par Maxar Technologies montre des déploiements de véhicules à l'aérodrome de Zyabrovka en Biélorussie, le 9 février 2022. (Photo, AFP)
Cette image satellite publiée par Maxar Technologies montre des déploiements de véhicules à l'aérodrome de Zyabrovka en Biélorussie, le 9 février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 11 février 2022

La Russie entame des manoeuvres militaires au Bélarus en pleine crise ukrainienne

  • Les armées russe et bélarusse ont entamé jeudi de grandes manœuvres au Bélarus, aux portes de l'Ukraine qui est au centre d'extrêmes tensions entre la Russie et les Occidentaux
  • Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a quant à lui jugé «incompréhensible» l'inquiétude des Occidentaux à propos des manœuvres au Bélarus

MOSCOU: Les armées russe et bélarusse ont entamé jeudi de grandes manœuvres au Bélarus, aux portes de l'Ukraine qui est au centre d'extrêmes tensions entre la Russie et les Occidentaux et tandis que se poursuivent d'intenses efforts diplomatiques pour désamorcer la crise.

Le déploiement de ces soldats a été immédiatement qualifié par la présidence ukrainienne de moyen de "pression psychologique" employé par Moscou, qui a par ailleurs massé depuis novembre plus de 100 000 soldats près de sa propre frontière avec l'Ukraine.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a regretté "un geste d'une grande violence", cependant que le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a parlé de "moment dangereux pour la sécurité en Europe".

Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a quant à lui jugé "incompréhensible" l'inquiétude des Occidentaux à propos des manœuvres au Bélarus.

Avertissements

Sur fond d'intensification des efforts diplomatiques ces dernières semaines, le chancelier allemand Olaf Scholz a de son côté averti la Russie qu'elle ne devait pas sous-estimer "l'unité" et "la détermination" des Européens.

"Nous attendons maintenant de la Russie qu'elle prenne des mesures claires pour réduire les tensions actuelles", a-t-il insisté après une rencontre avec les dirigeants des pays baltes, trois ex-républiques soviétiques frontalières de la Russie et devenues membres de l'Otan et de l'UE.

Les Occidentaux sont ouverts à "un dialogue sérieux avec la Russie", a-t-il ajouté, précisant que "des propositions concrètes" avaient été soumises à Moscou, sans toutefois entrer dans les détails.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, en visite à Varsovie, a également insisté sur la nécessité de convaincre Vladimir Poutine d'"engager une désescalade".

Et ce le jour-même où le Royaume-Uni a adopté la législation qui lui permet de durcir son régime de sanctions contre la Russie, destiné à contribuer à la dissuader d'envahir l'Ukraine.

A la veille des manœuvres, l'armée russe a diffusé une vidéo montrant une batterie antiaérienne S-400 pointant ses missiles vers le ciel à partir d'un terrain enneigé de la région bélarusse de Brest, frontalière de l'Ukraine.

Affirmant vouloir éviter que ne se produisent des "incidents malencontreux" au moment où commençaient ces exercices militaires, le chef d'état-major américain, le général Mark Milley, a eu un entretien téléphonique avec son homologue bélarusse, le général Viktor Goulevitch.

«Opération défensive», selon Moscou

Le Kremlin est accusé de préparer une nouvelle opération militaire contre l'Ukraine, après l'annexion de la Crimée en 2014, des accusations rejetées par la Russie qui affirme vouloir assurer sa sécurité face à l'hostilité de Kiev et de l'Otan.

Les manœuvres russo-bélarusses "se déroulent avec l'objectif de se préparer à arrêter et repousser une agression extérieure dans le cadre d'une opération défensive", a expliqué le ministère russe de la Défense.

Selon lui, elles ont lieu jusqu'au 20 février sur cinq terrains militaires, quatre bases aériennes et "différents sites" au Bélarus, notamment dans la région de Brest, au nord-ouest de la frontière ukrainienne.

Le nombre des soldats et des équipements participant à ces exercices n'a pas été officiellement fourni, mais les Occidentaux affirment que 30 000 militaires russes ont été déployés au Bélarus dans ce cadre.   

La Russie a en outre annoncé jeudi l'arrivée en Crimée de six navires de guerre en vue de prochaines manœuvres en mer Noire, qui borde le sud de l'Ukraine.

Dialogue entre «sourd et muet»

Les tensions ont suscité cet hiver un ballet diplomatique pour tenter de désamorcer la crise. Le président français Emmanuel Macron s'est ainsi rendu lundi à Moscou, puis le lendemain à Kiev.

En cas d'attaque russe, les Occidentaux ont menacé la Russie de sanctions économiques majeures qui s'ajouteront à celles prises en 2014.

L'annexion de la Crimée a été suivie par le déclenchement d'un conflit dans l'est de l'Ukraine entre les forces de Kiev et des séparatistes soutenus par Moscou, une guerre qui a fait plus de 14.000 morts en huit ans, selon un dernier bilan de l'ONU.

La Russie nie chercher à déstabiliser l'Ukraine et jure vouloir se défendre face à l'Otan, que ce pays voisin souhaite rejoindre. Les négociations restent très difficiles entre les deux camps, dont les positions semblent irréconciliables.

Moscou exige la fin de la politique d'élargissement de l'Alliance atlantique, l'engagement à ne pas déployer d'armes offensives à proximité des frontières russes et le retrait d'infrastructures de l'Otan sur les frontières de 1997, avant que cette organisation n'accueille d'ex-territoires qui appartenaient au bloc soviétique.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.