Avec «Nous », la réalisatrice Alice Diop veut élargir le récit national aux banlieues

Sur cette photo d'archive prise la réalisatrice française Alice Diop pose lors d'une séance photo à Paris le 3 février 2022(AFP).
Sur cette photo d'archive prise la réalisatrice française Alice Diop pose lors d'une séance photo à Paris le 3 février 2022(AFP).
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Publié le Vendredi 11 février 2022

Avec «Nous », la réalisatrice Alice Diop veut élargir le récit national aux banlieues

  • Le film emmène le spectateur à la rencontre d'un territoire, celui traversé par le RER B ,et de ses habitants: d'Ismael, mécano sans-papiers malien à Marcel chasseur à courre
  • L'expérience personnelle d'Alice Diop lors de la marche historique du 11 janvier 2015 en hommage aux victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo est le point de départ du film

PARIS : "L'idée de mon cinéma, c'est d'apporter une annexe au récit national": primé il y a un an au Festival de Berlin, "Nous", documentaire d'Alice Diop, en salles mercredi, veut "combler les trous" d'une vision de la France "qui n'inclut pas toutes les histoires", notamment celles issues de l'immigration.

Le point de départ du film? une expérience personnelle lors de la marche historique du 11 janvier 2015 en hommage aux victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo.  

Alors que la réalisatrice de 43 ans se trouve parmi la foule de Français venus témoigner de leur effroi, elle est molestée par un groupe d'extrême droite. Presque au même moment, son regard se porte sur le titre du journal Libération: "+Nous sommes un peuple+".

"Tout à coup, ça m'a donné envie d'interroger ce +nous+. Qu'y a-t-il derrière ce pronom? Y ai-je ma place, moi, et tant d'autres?", relate-t-elle dans un entretien à l'AFP.

"Sidérée" par le constat d'une "société française au bord de la dislocation" et "en colère contre les discours hystériques", la réalisatrice se lance à corps perdu dans son projet de documentaire.

Deux France

C'est dans l'ouvrage de l'éditeur François Maspero "Les passagers du Roissy Express", sorti en 1990, qu'elle va s'inspirer. Ce texte, "qui offre la littérature aux territoires marginalisés de la banlieue", selon la réalisatrice, est l'un des premiers textes à sortir ces habitants de la rubrique "faits-divers" où ils sont cantonnés.

Invitation à un voyage, le film emmène le spectateur à la rencontre d'un territoire -- celui traversé par le RER B -- et de ses habitants: d'Ismael, mécano sans-papiers malien à Marcel chasseur à courre. 

Un territoire mais deux mondes qui se regardent de loin et qui s'ignorent. Deux France.

Si le film prend une résonance particulière en cette année d'élection présidentielle, il a été élaboré il y a 4 ans, "dans un contretemps, loin du bruit et de la fureur médiatique", souligne sa réalisatrice.

Politique mais aussi personnel, il est entrecoupé d'images d'archives intimes d'Alice Diop enfant ainsi que de ses parents. Comme pour revendiquer, elle aussi, sa présence et son attachement à ce territoire.

Née de parents sénégalais, elle grandit à Aulnays-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) dans la cité des 3.000. Etudes d'histoire puis de sociologie, avant de suivre l'atelier documentaire de la Fémis, Alice Diop est "mue" dès son enfance par son envie de quitter sa périphérie pour rejoindre "le centre": Paris.

« Combler les trous »

Périphérie qu'elle ne quittera pourtant jamais. Elle y ancrera même sa filmographie, débutée il y a quinze ans avec "La tour du monde" (2005), où elle filme les habitants d'un immense quartier constitué de plusieurs barres HLM. 

En 2017, son court-métrage "Vers la tendresse", sur les relations intimes entre hommes et femmes dans les quartiers populaires, remporte le César du meilleur court métrage.

Un ancrage et des sujets qu'elle revendique: "regarder les marges, c'est regarder l'autre, c'est le faire exister et le rendre beau. C'est là où mon cinéma est politique, dans la nécessité que j'ai à prendre soin de ce territoire et des gens qui y vivent". 

"Un cinéma du soin", selon ses propres mots, mais qui n'est pas limité à la seule banlieue parisienne: "A travers la banlieue j'ai l'impression de raconter la France contemporaine, ses déchirements, ses fractures". 

Au fond, la cinéaste n'ambitionne qu'une chose: "Combler les trous" d'un récit national qui "n'inclut pas toutes les histoires, dont la mienne où celle de tant d'autres issus de l'immigration car on nous a dit qu'elles n'étaient pas légitimes".

Film après film, la voix de la réalisatrice, choyée par la critique et respectée par ses pairs, résonne de plus en plus fort. Ultime preuve? Le Centre Pompidou à Paris lui donne carte blanche du 11 au 14 février.


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.


Layali Diriyah réchauffe le cœur historique du Royaume

Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
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  • L’événement constitue un pilier de la Diriyah Season, célébration vibrante de la culture saoudienne
  • La gastronomie y occupe une place majeure, avec un large éventail de cuisines saoudiennes et internationales

​​​​​​RIYAD : Layali Diriyah est de retour comme pièce maîtresse de la Diriyah Season de cette année, attirant les visiteurs vers un Al-Murayih transformé en une célébration en plein air de la culture, de la cuisine et de l’artisanat saoudiens.

L’événement se tient tous les jours de 17h à 2h du matin jusqu’en mars 2026. Des allées bordées de palmiers illuminées de guirlandes scintillantes instaurent une atmosphère mêlant l’héritage traditionnel najdi à la créativité saoudienne contemporaine.

Pour de nombreux visiteurs, le cadre lui-même fait partie de l’expérience. Shatha Abdulaziz, une visiteuse, a confié à Arab News : « Mon expérience a été merveilleuse et très agréable. Ce qui m’a réellement impressionnée, c’est l’atmosphère paisible, le thème traditionnel, l’organisation et les détails.

« Bien que je sois déjà venue lors des saisons précédentes, je pense qu’il y a eu une amélioration significative cette année. »

La gastronomie est un attrait majeur, avec un large choix de cuisines saoudiennes et internationales, dont des spécialités italiennes et méditerranéennes proposées par des restaurants exclusifs présents cette année.

« Ce fut une excellente expérience », a déclaré le visiteur Mohammed Fahad, ajoutant que l’attention portée aux détails était remarquable, tout comme « l’authenticité historique dans chaque recoin de Diriyah Nights ».

Il a ajouté : « Cela mêle véritablement le présent et le passé avec une touche raffinée et artistique. »

Des boutiques et stands proposent des articles en édition limitée à ceux en quête d’une expérience de shopping singulière.

Rawan Alsubaie, habituée de Diriyah mais présente à Layali Diriyah pour la première fois, a souligné le caractère exclusif des produits.

Elle a expliqué : « J’ai regardé certaines boutiques et stands et je les ai trouvés uniques, avec des produits introuvables en dehors de Diriyah Nights.

« Il y a des parfums que je n’ai trouvés nulle part ailleurs. J’ai même demandé aux commerçants s’ils avaient d’autres points de vente, mais ils m’ont dit que non, ce que je trouve remarquable.

« Je suis venue en m’attendant à découvrir quelque chose d’exceptionnel et, effectivement, l’endroit est magnifique, surtout durant la saison hivernale. C’est parfait. »

La Diriyah Season de cette année continue de mettre en valeur la richesse de l’héritage najdi tout en embrassant la créativité qui façonne l’Arabie saoudite moderne.

À travers des spectacles, des expositions et des expériences immersives, les visiteurs découvrent les traditions qui définissent Diriyah, ainsi que l'énergie qui anime son renouveau culturel.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com