Valérie Pécresse à l'épreuve du grand meeting

Valérie Pécresse a tenu son premier grand meeting dimanche à Paris (Photo, AFP).
Valérie Pécresse a tenu son premier grand meeting dimanche à Paris (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 14 février 2022

Valérie Pécresse à l'épreuve du grand meeting

  • Seule sur scène, sur un arrière fond stylisé aux couleurs bleu-blanc-rouge, Valérie Pécresse a déroulé les grandes lignes de son programme
  • L'heure était au rassemblement et tous les ténors de droite avaient fait le déplacement, sauf l'ancien président Nicolas Sarkozy

PARIS: "Nouvelle France" et touche personnelle: Valérie Pécresse a tenu son premier grand meeting dimanche à Paris devant quelque 7.500 militants, un raout très scruté alors que sa campagne, pilonnée par l'extrême droite, peine à se relancer.

"Nous sommes là, ensemble, pour affirmer, haut et fort, que la Nouvelle France arrive", a assuré la candidate LR à la présidentielle, en promettant de porter "un nouvel espoir" dans une France "réconciliée".

Quelque 6.000 personnes, venues majoritairement de région parisienne, avaient pris place au Zénith, et plus de mille autres, selon les organisateurs, dans une salle voisine.

Seule sur scène, sur un arrière fond stylisé aux couleurs bleu-blanc-rouge et deux drapeaux tricolores, Valérie Pécresse a déroulé les grandes lignes de son programme, entrecoupée de "Valérie Présidente", "on va gagner!" et autres "Macron au Touquet, Valérie à l'Élysée" qui tranchaient avec le caractère solennel de son discours.

Ce meeting était scruté alors que la candidate, qui peine à distancer ses rivaux d'extrême droite dans les sondages, a connu une semaine animée, avec plusieurs ralliements à Emmanuel Macron et des propos critiques prêtés à Nicolas Sarkozy.

L'heure était au rassemblement et tous les ténors de droite avaient fait le déplacement, sauf l'ancien président, dont des propos ont fuité cette semaine, avant une rencontre vendredi avec Valérie Pécresse aux allures d'apaisement.

Avant de monter sur scène, la candidate a embrassé Rachida Dati qui avait étrillé son directeur de campagne Patrick Stefanini jeudi, et elle a pris soin dans son discours de rendre hommage à Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Fillon.

La scénographie avait été conçue pour la mettre en valeur, avec des interventions de ses concurrents à la primaire depuis le bas de la scène.

Pendant plus d'une heure, elle s'est montrée très ferme sur le régalien, alors qu'Éric Zemmour l'a jugée "pas de droite" samedi, vilipendant l'"immigration débordante" qui crée "des zones de non-France".

"Nous sommes à la croisée des chemins" mais il n'y a "pas de fatalité, ni au grand remplacement, ni au grand déclassement", a affirmé Valérie Pécresse qui n'a jamais prononcé les noms d'Éric Zemmour ni de Marine Le Pen. "Je défends l'identité française, la vraie", a-t-elle martelé.

 

Pécresse a franchi «un Rubicon de plus» en évoquant le «grand remplacement» juge Hidalgo

La candidate socialiste à la présidentielle Anne Hidalgo a estimé dimanche que sa rivale de droite Valérie Pécresse avait franchi "un Rubicon de plus" en évoquant dans son meeting "le grand remplacement", théorie complotiste relayée par le candidat d'extrême droite Eric Zemmour.

Selon Anne Hidalgo, ces propos sont "graves". "C'est un Rubicon de plus qui est franchi par la droite, qui aurait pu être cette droite républicaine, mais qui prend une référence de l'extrême droite, le signe sans doute pour Valérie Pécresse d'une course éperdue derrière Marine Le Pen et Eric Zemmour", a estimé la candidate depuis Le Lamantin en Martinique où elle poursuit sa campagne.

Selon elle, Valérie Pécresse "prend un tournant extrêmement grave pour le débat politique" qui "n'est absolument pas dans la filiation d'un Jacques Chirac qui a toujours (...) posé la ligne rouge à ne pas franchir".

"Notre pays ne peut pas sombrer dans ces idéologies fascistes, fascisantes. Cette théorie du grand remplacement, on sait qu'elle a conduit au massacre en Nouvelle Zélande en 2019" dont l'auteur était un adepte, a-t-elle ajouté.

«Indomptable»

Dans le public, des militants du collectif d'extrême droite Nemesis ont brièvement déployé une banderole "Ne vous voilez pas la face", rapidement saisie par le service d'ordre.

Pour la candidate LR, qui inaugurait là un nouveau logo bleu et rouge - un "Valérie Pécresse" incrusté sur le V de la victoire - l'enjeu était aussi de continuer à imposer le duel face à Emmanuel Macron.

Citant Jules Michelet et Charles Péguy, elle a pourfendu le wokisme qui est "le contraire de la République" et taclé Emmanuel Macron qui a "cédé à la repentance" et "racialisé la question des banlieues".

Le chef de l'État "devra rendre des comptes" car "si nous ne réagissons pas très fortement, un jour viendra où les Français ne vivront plus ensemble, mais face à face", a-t-elle ajouté.

Elle promis le recours au référendum d'initiative citoyenne et abordé tous les aspects de son programme: "nation éducative", défense du nucléaire, hausse de 10% des salaires... "Je veux la France en ordre car je veux la France de la concorde", a-t-elle martelé.

Un discours assez solennel que la candidate, critiquée pour un côté trop technocratique, a voulu humaniser à la fin, en racontant son enfance de "fille de prof", son grand-père psychiatre, et en remerciant son mari Jérôme et ses enfants, dont elle s'est dite "si fière".

"Je suis cette femme française indomptable" et "rien ne m'arrêtera", a-t-elle assuré.

Le président de LR Christian Jacob a salué sur LCI une candidate "solide, courageuse, déterminée" et un meeting avec "une très belle ambiance" qui "restera comme un marqueur".

Sur Nicolas Sarkozy, absent dimanche, il a dit n'avoir "aucun doute" sur sa "fidélité à sa famille politique". "Il s'exprimera le moment venu".

Sans surprise, l'extrême droite a raillé un discours où "tout tombe à plat", selon le porte-parole de Marine Le Pen, Sébastien Chenu. "Naufrage en direct", a tweeté Samuel Lafont, chargé du numérique chez Éric Zemmour.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.