Au Brésil, une cité balnéaire disparaît sous la mer

Vue des vestiges d'une maison sur la plage d'Atafona, quartier d'Atafona, à Sao Joao da Barra, Rio de Janeiro, Brésil, le 7 février 2022. MAURO PIMENTEL / AFP
Vue des vestiges d'une maison sur la plage d'Atafona, quartier d'Atafona, à Sao Joao da Barra, Rio de Janeiro, Brésil, le 7 février 2022. MAURO PIMENTEL / AFP
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Publié le Lundi 14 février 2022

Au Brésil, une cité balnéaire disparaît sous la mer

  • Atafona, cité balnéaire au nord de Rio de Janeiro, disparaît peu à peu sous l'océan, qui gagne six mètres en moyenne par an sur la terre
  • Plus de 500 habitations ont déjà été submergées, sur 2 kilomètres de front de mer. L'une des prochaines sera celle de Joao Waked Peixoto

ATAFONA, Brésil: Les vautours rodent sur le sable, parmi les décombres des dernières maisons submergées par la marée. Atafona, cité balnéaire au nord de Rio de Janeiro, disparaît peu à peu sous l'océan, qui gagne six mètres en moyenne par an sur la terre.
Plus de 500 habitations ont déjà été submergées, sur 2 kilomètres de front de mer.
L'une des prochaines sera celle de Joao Waked Peixoto.

En se frayant un chemin parmi les poutres défoncées ou les morceaux de carrelage qui jonchent le sol, ce chef d'entreprise montre l'étendue des dégâts dans la dernière maison qui sépare la sienne de l'océan.

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L'homme d'affaires Joao Waked Peixoto, 49 ans, marche sur les gravats d'une maison qui est tombée à côté de sa maison, sur la plage d'Atafona, quartier d'Atafona, à Sao Joao da Barra, Rio de Janeiro, Brésil, le 7 février 2022. MAURO PIMENTEL / AFP


Il ne reste plus que les murs bleus de la chambre du fond, un vélo et quelques autres signes d'occupation récente.
Dans la zone à risque, proche du littoral, seules 180 maisons, où vivent 302 habitants, sont restées debout.
"Quand allons-nous devoir partir à notre tour? La mer a avancé de trois à quatre mètres en quinze jours, notre mur pourrait tomber la semaine prochaine", confie à l'AFP Joao Waked Peixoto, qui a déménagé durant la pandémie dans la résidence secondaire construite par son grand-père à Atafona.
Auparavant, il habitait comme le reste de sa famille à Campos dos Goytacazes, ville sans charme de 500.000 habitants à quatre heures de route de Rio, qui vit de l'industrie pétrolière.

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Sonia Terra Ferreira montre les débris d'un immeuble vus de son balcon, sur la plage d'Atafona, quartier d'Atafona, à Sao Joao da Barra, Rio de Janeiro, Brésil, le 7 février 2022. MAURO PIMENTEL / AFP

"C'est triste de se dire qu'on va perdre une si belle maison, avec tant de souvenirs de famille", déplore-t-il.
Mais c'est inévitable.

Érosion extrême

Quelque 4% des littoraux du monde entier voient la mer avancer de plus de cinq mètres par an sur sa terre. Atafona en fait partie.
La situation est appelée à s'aggraver, à long terme, avec "la montée du niveau de la mer", dû au réchauffement climatique, et à court et moyen terme, "avec la houle exceptionnelle et des longues périodes de pluie ou de sécheresse", explique le géologue Eduardo Bulhoes, de l'Université Fédérale Fluminense.

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Un chien entre dans l'eau à la plage d'Atafona. MAURO PIMENTEL / AFP


Mais au-delà de l'érosion extrême, Atafona souffre d'un autre "problème chronique" depuis des décennies.
"À cause de l'action humaine, le volume de l'eau du fleuve Paraiba do Sul s'est réduit drastiquement ces 40 dernières années, ainsi que sa capacité à amener des sédiments jusqu'à l'embouchure", à Atafona, explique le géologue, pointant du doigt notamment les activités minières ou agricoles.
En raison du manque de sédiments, le sable de la plage ne se renouvelle pas naturellement et l'océan gagne du terrain sur la terre.

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Vue aérienne d'un homme ramassant les débris d'une maison tombée la veille sur la plage d'Atafona, quartier d'Atafona, à Sao Joao da Barra, Rio de Janeiro, Brésil, le 7 février 2022. MAURO PIMENTEL / AFP


Sans compter la construction d'habitations en bord de mer, qui élimine la première ligne de défense naturelle: les dunes et la végétation.
Résultat: le littoral s'est transformé en un amas de décombres qui repousse les touristes.
La communauté d'environ 600 pêcheurs souffre aussi de l'assèchement du fleuve.
"Les grands bateaux ne passent plus à l'embouchure, on n'arrive plus à gagner notre vie. Le fleuve est mort", déplore Elialdo Bastos Meirelles, responsable de l'association locale des pêcheurs.

Envie de pleurer

Plusieurs projets ont été présentés à la mairie pour tenter de freiner l'érosion: l'un d'entre eux prévoit la construction de digues, un autre d'apporter sur la plage du sable extrait du fond du fleuve.
L'idée de transporter du sable, formulée par Eduardo Bulhoes, s'inspire d'expériences à succès aux Pays-Bas, en Espagne ou aux Etats-Unis, pour "reconstruire la plage ensemble, avec la nature, en utilisant sa force".
Mais jusqu'à présent, aucune mesure n'a encore été mise en oeuvre.

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Raissa Boamorte et sa fille posent devant ce qui faisait partie de leur maison sur la plage d'Atafona. MAURO PIMENTEL / AFP


La municipalité de Sao Joao da Barra, ville de 36.000 habitants dont dépend le hameau d'Atafona, verse une allocation logement de 1.200 réais (environ 200 euros) par mois aux plus de 40 familles déplacées.
L'adjoint à l'environnement, Alex Ramos, assure que la mise à exécution de tout plan permettant de freiner l'érosion dépend de l'approbation d'organes environnementaux. "Pour le moment, nous n'avons pas encore vu de projet qui nous permette de dire: le problème sera résolu", explique-t-il.
Mais certains habitants dénoncent un manque de volonté politique.
"Nous avons entendu beaucoup de promesses (...), mais c'est une cité abandonnée, une vision de l'apocalypse, et ça donne envie de pleurer", confie Veronica Vieira, présidente de l'association SOS Atafona.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.