A Vernon, l'Europe spatiale s'essaie aux fusées réutilisables

Cette photo d'archive prise le 6 décembre 2021 et publiée par l'Agence spatiale européenne montre le prototype de moteur réutilisable à faible coût Prometheus sur le site d'ArianeGroup à Vernon. (Agence Spatiale Europeenne/AFP)
Cette photo d'archive prise le 6 décembre 2021 et publiée par l'Agence spatiale européenne montre le prototype de moteur réutilisable à faible coût Prometheus sur le site d'ArianeGroup à Vernon. (Agence Spatiale Europeenne/AFP)
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Publié le Lundi 14 février 2022

A Vernon, l'Europe spatiale s'essaie aux fusées réutilisables

  • Le programme européen est centré sur le moteur Prometheus - développé par Arianegroup et réutilisable cinq fois pour un coût de fabrication visé dix fois inférieur
  • Sans attendre le premier vol d'Ariane 6 prévu en fin d'année, l'agence spatiale européenne (ESA) prépare donc déjà l'après

VERNON, France : Les travaux de terrassement doivent être prêts pour les premiers «tirs à feu» au printemps: dans la forêt vallonnée de Vernon, en Normandie, l'Europe spatiale prépare ses futures fusées, qu'elle veut pouvoir réutiliser.

L'objectif est de développer une «brique générique de réutilisation», explique Jean-Christophe Hénoux, directeur des programmes futurs d'Arianegroup. Et ainsi d'avoir les moyens techniques d'affronter la féroce concurrence de l'Américain SpaceX, qui recourt déjà avec succès à des fusées réutilisables.

Le programme européen est centré sur le moteur Prometheus - développé par Arianegroup et réutilisable cinq fois pour un coût de fabrication visé dix fois inférieur à celui du moteur Vulcain d'Ariane 5 - et Themis, un démonstrateur d'étage de fusée capable de revenir se poser avant d'être reconditionné pour être réutilisé. Ce dernier est mis au point par ArianeWorks, une plateforme d'innovation mise en place par Arianegroup et le Cnes.

L'enjeu, si les cadences de lancements le justifient: réduire les coûts d'accès à l'espace.

A l'ombre du «PF20», structure en béton à l'abandon depuis 1984 après avoir servi de banc d'essai à la fusée Ariane 1, des ouvriers s'affairent pour préparer les premiers essais de Themis et de Prometheus, prévus en avril.

«On retrouve avec Themis cette logique de pionnier» des débuts d'Ariane, s'enthousiasme Philippe Girard, directeur qualité d'Arianegroup, en montrant le carneau d'évacuation - une tranchée servant à canaliser les jets de gaz brûlés - en cours de finition.

Des ouvriers sont à l'œuvre autour des supports d'acier sur lesquels le moteur Prometheus et les réservoirs composant l'étage de Themis seront posés, à quelques dizaines de mètres d'un monticule herbeux cachant un bunker souterrain d'où seront dirigés les essais.

Prometheus sera allumé à plusieurs reprises pour des «tirs à feu de quelques dizaines de secondes» alimentés par deux réservoirs d'oxygène et de méthane liquides cryogénisés, explique Olivier Gogdet, chef du projet Themis.

Par rapport à l'hydrogène, «le méthane est intéressant car il est beaucoup plus compact et beaucoup moins froid que l'hydrogène» et donc plus propice à la réutilisation, détaille-t-il.

- «On coupe dans les virages» -

Symboles d'un changement d'ère, les réservoirs de Themis sont préparés dans le même hall d'assemblage que les moteurs Vulcain d'Ariane 5. Pour l'heure encagés dans un treillis métallique, ils y côtoient le dernier moteur Vulcain, protégé d'une jupe violette en attendant l'ultime vol d'Ariane 5 en 2023.

Sans attendre le premier vol d'Ariane 6 prévu en fin d'année, l'agence spatiale européenne (ESA) prépare donc déjà l'après: elle a consacré 210 millions d'euros au développement de Prometheus et 33 millions à Themis.

La France a de son côté investi 15 millions d'euros pour la préparation du banc d'essai de Themis à Vernon et accélérer d'un an le développement de Prometheus.

«Avant, on faisait le développement par séquences, là on met au point le moteur, sa mise en œuvre et l'étage en même temps. Cela permet de réduire les délais et les coûts de développement», plaide Olivier Gogdet.

«On coupe dans les virages. Sur Themis, dès qu'on peut, on fabrique, on teste», ajoute Jean-Christophe Hénoux.

Après les premiers essais, Themis doit effectuer ses premiers vols à l'été 2023 à Kiruna, dans le nord de la Suède, lors de «Hop tests»: la fusée de 27 mètres de haut, pour près de 200 tonnes, doit décoller et revenir se poser sur son pas de tir.

Les derniers tests sont prévus en 2025 depuis Kourou, selon Olivier Gogdet: Themis, propulsé par trois moteurs Prometheus, volera à plus de Mach 6 (plus de 7.400 km/h), «jusqu'au moment où sont largués les boosters», les propulseurs d'appoint d'Ariane 6, avant d'aller se poser sur une barge en mer.

Cette brique technologique servira pour de futures fusées mais «permet d'envisager l'évolution d'Ariane 6 avec un étage réutilisable, un moteur réutilisable» voire des boosters liquides, «c'est ce qui se sépare en premier, donc le plus simple à réutiliser», imagine Jean-Christophe Hénoux.

L'Europe spatiale doit se pencher sur la feuille de route de ces programmes futurs dès mercredi à l'occasion d'une réunion à Toulouse, puis en novembre lors d'une conférence ministérielle de l'ESA à Paris.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.