Présidentielle: Pécresse sur la défensive, Zemmour à la fête

Valérie Pécresse, candidate à la présidence du parti conservateur français Les Républicains (LR), salue le public lors de son meeting au Zénith de Paris, le 13 février 2022. (Photo, AFP)
Valérie Pécresse, candidate à la présidence du parti conservateur français Les Républicains (LR), salue le public lors de son meeting au Zénith de Paris, le 13 février 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 14 février 2022

Présidentielle: Pécresse sur la défensive, Zemmour à la fête

Valérie Pécresse, candidate à la présidence du parti conservateur français Les Républicains (LR), salue le public lors de son meeting au Zénith de Paris, le 13 février 2022. (Photo, AFP)
  • La candidate de droite Valérie Pécresse était lundi sur la défensive après les critiques sur son grand meeting, où elle a évoqué la théorie complotiste du «grand remplacement»
  • Pour la candidate socialiste Anne Hidalgo, «c'est un Rubicon de plus qui est franchi par la droite»

PARIS: Deux salles, deux ambiances à 55 jours de la présidentielle: la candidate de droite Valérie Pécresse était lundi sur la défensive après les critiques sur son grand meeting, où elle a évoqué la théorie complotiste du « grand remplacement », un des piliers du programme de son rival Eric Zemmour, qui a revendiqué le 100 000e adhérent de son nouveau parti.  

Cela devait être le grand meeting de la relance, pour permettre à Valérie Pécresse de distancer ses adversaires d'extrême droite et se positionner pour le second tour.  

Mais au lendemain du grand rassemblement parisien de dimanche, la candidate LR a été obligée de reconnaître qu'elle était, sur la forme, davantage une « faiseuse » qu'une grande oratrice. 

Sur le fond, elle s'est défendue sur RTL de reprendre à son compte le « grand remplacement », thèse complotiste arguant que les élites organiseraient le remplacement des populations européennes par des immigrés extra-européens. 

Forgée par l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus, cette théorie a été médiatisée par Eric Zemmour (Reconquête!), qui en a fait un des piliers de sa campagne avec le « grand déclassement ». 

La candidate du RN, Marine Le Pen, ne reprend pas tel quel ce concept et préfère parler de « submersion » migratoire. 

Mais Guillaume Peltier, ex-LR et porte-parole de l'ancien polémiste, jubile: Valérie Pécresse « a commis une faute stratégique majeure en empruntant la sémantique et les idées d'Eric Zemmour. Elle a créé une forme de permis de voter » Zemmour pour les électeurs de droite.  

La gauche a de suite vu dans les propos de la candidate de droite, actuellement au coude-à-coude dans les sondages avec M. Zemmour et un peu derrière Mme Le Pen, davantage qu'un glissement sémantique. 

« Rubicon franchi »  

Pour la candidate socialiste Anne Hidalgo, « c'est un Rubicon de plus qui est franchi par la droite ».  

Le patron du PS, Olivier Faure, s'est aussi dit « sidéré » de voir une candidate « qui se dit républicaine reprendre les mots et les concepts de l'extrême droite ». 

Même constat pour Christiane Taubira: « le bloc d'extrême droite comprend désormais trois candidats. Il est aux portes du pouvoir ».  

Le niveau de débat « s'effondre dans la médiocrité, l'irrationalité et la violence sous l'influence de l'extrême droite », a regretté le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, 

Pour le politologue Jérôme Jaffré, la candidate des Républicains « est prise en tenaille » entre deux puissants rivaux d'extrême droite qui, à eux deux, représentent près d'un tiers des intentions de vote, selon les enquêtes d'opinion. 

« C'est l'avenir d'une famille politique qui se joue », a-t-il insisté. Car si Mme Pécresse, qui n'a toujours pas reçu le soutien officiel de l'ex-président Nicolas Sarkozy, est éliminée dès le premier tour, « c'est l'explosion des Républicains et le dépeçage des Républicains qui s'organise », a-t-il ajouté sur Europe 1. 

Avec d'un côté M. Zemmour et son « parti conservateur identitaire » et de l'autre « tous ceux qui rallieront Macron ». 

Justement, dans le camp de l'ancien polémiste qui, après avoir enregistré une baisse fin janvier, rattrape progressivement son retard dans les sondages sur Mme Pécresse, l'heure est à la fête ce lundi pour le 100.000e adhérent revendiqué de son parti « Reconquête! ».  

Le candidat a remis symboliquement sa carte à Corinne Marchand, une ancienne LR proche de Guillaume Peltier et ex-conseillère municipale à Ouchamps (Loir-et-Cher). 

« 100 000 adhérents en deux mois, c'est inouï, ça n'a jamais existé », a-t-il lancé.  

« Installer le match »  

L'ex-polémiste peut également se targuer du ralliement de l'unique sénateur du RN Stéphane Ravier, figure du parti en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ce dernier a indiqué dimanche que ses « idées » n'étaient « plus portées par Marine Le Pen ». 

A gauche, une famille politique très divisée et ne représentant selon les enquêtes d'opinion qu'un quart des intentions de vote, M. Faure a renouvelé son soutien à Mme Hidalgo engagé « dans un combat difficile », malgré des sondages en berne (entre 1,5 et 3%). 

« Je ne suis pas électricien, donc je ne débranche personne », a ironisé le député de Seine-et-Marne, interrogé sur des relations présumées « compliquées » avec la maire de Paris.  

La socialiste peut en tout cas se prévaloir d'être la seule candidate de gauche à avoir à ce jour dépassé les 500 parrainages nécessaires pour se présenter à la présidentielle, grâce aux relais locaux de son parti. Le Conseil constitutionnel publiera mardi une nouvelle liste des parrainages. 

Jean-Luc Mélenchon (LFI) a, pour sa part, affirmé dimanche en meeting à Montpellier vouloir s'imposer comme le seul candidat « efficace » de sa famille politique. Avec environ 10% d'intentions de vote, l'insoumis est en tête des candidats de gauche. Mais n'a toujours pas les 500 précieuses signatures. 


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.