Face à la contestation au Canada, Trudeau invoque une loi d'exception

Un camion quitte une manifestation de camionneurs contre les règles de santé en cas de pandémie et le gouvernement Trudeau à Ottawa, Canada, le 14 février 2022. (AFP)
Un camion quitte une manifestation de camionneurs contre les règles de santé en cas de pandémie et le gouvernement Trudeau à Ottawa, Canada, le 14 février 2022. (AFP)
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Publié le Mardi 15 février 2022

Face à la contestation au Canada, Trudeau invoque une loi d'exception

  • C'est seulement la deuxième fois que cette disposition est activée en temps de paix, la dernière fois remontant à la crise de 1970
  • «Avec cette loi, le gouvernement peut réquisitionner des biens, des services, des personnes. Le gouvernement peut dire aux gens où aller, où ne pas aller. Il y a vraiment peu de limites à ce que peut faire le gouvernement»

OTTAWAN: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé lundi le recours exceptionnel à la loi sur les mesures d'urgence pour mettre fin aux blocages "illégaux" des manifestants anti-mesures sanitaires en cours dans le pays depuis plus de deux semaines.


C'est seulement la deuxième fois que cette disposition est activée en temps de paix, la dernière fois remontant à la crise de 1970 quand Pierre Elliott Trudeau, le père de l'actuel Premier ministre était au pouvoir. 


"Le gouvernement fédéral invoque la loi sur les mesures d'urgence pour compléter les pouvoirs provinciaux et territoriaux et faire face aux blocages et aux occupations", a-t-il déclaré, précisant que l'armée ne serait pas déployée et que les nouvelles mesures seraient "limitées dans le temps et géographiquement".


Le mouvement de contestation canadien qui a débuté fin janvier est parti de camionneurs protestant contre l'obligation d'être vacciné pour passer la frontière entre le Canada et les Etats-Unis. Mais les revendications se sont étendues à un refus de l'ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.

Confronté à une «crise sans précédent», Trudeau dans les pas de son père

MONTREAL: Sous-estimée au départ par les autorités, la contestation anti-mesures sanitaires au Canada, désormais dans sa troisième semaine, marque "une crise sans précédent", notent les experts, poussant Justin Trudeau lundi à déclencher une loi d'exception, comme son père il y a un peu plus de 50 ans.
Pierre Elliott Trudeau, le père de l'actuel Premier ministre, l'avait utilisée en 1970 contre les indépendantistes québécois.

Une «crise sans précédent»
"Il n'y a rien de comparable dans l'histoire canadienne", estime Stéphanie Chouinard, professeure de sciences politiques au Collège militaire royal du Canada. Et ce qui surprenant c'est que "hormis au Québec, il n'existe pas vraiment au Canada cette culture de la manifestation dans la rue", poursuit-elle.


Pour Steven High, président de la société historique du Canada: "c'est assez unique de voir la droite, voire l'extrême-droite dans la rue au Canada", ils ont d'ailleurs repris le symbole du drapeau normalement plutôt l'apanage de la gauche canadienne.


Cela montre aussi que "le Canada est une société qui se polarise et qui devra trouver des solutions pour tenter de restaurer la paix sociale quand la pandémie sera terminée", poursuit Stéphanie Chouinard.


"Pendant longtemps, le Canada a pensé être immunisé contre ce type de révolte que l'on pensait réservée aux Etats-Unis et à l'Europe", ajoute-t-elle.


Un mouvement qui "pourrait changer le caractère de la démocratie canadienne si ça continue", ajoute Stephanie Carvin, professeure à l'université Carleton et ancienne analyste en matière de sécurité nationale. 

«Deux semaines d'immobilisme»
Dans ce contexte, les politiciens ont mis dû temps à prendre la mesure du mouvement et clairement pendant presque deux semaines "personne n'a vraiment pris ses responsabilités et ils ont tous attendu d'être au pied du mur", estime Daniel Béland, politologue à l'université McGill qui ajoute que le "fédéralisme joue un rôle ici dans l'immobilisme". 


Les différentes juridictions se sont en effet longtemps renvoyé la balle alors que la police et la ville d'Ottawa, qui ont laissé les camions s'installer le premier jour, se sont vite déclarées incapables de gérer seules la situation.


Pourtant, rapidement, "la majorité des Canadiens se disaient surtout +peu importe les compétences, maintenant il faut en sortir+", estime Stéphanie Chouinard qui rappelle que le Canada n'est pas habitué à ce genre de confrontation et est largement une "société de consensus".


Par ailleurs, beaucoup de politiciens ont préféré ne pas intervenir par calcul politique. Ainsi, Doug Ford, le Premier ministre conservateur de l'Ontario, épicentre des manifestations, craignait de s'aliéner une partie de son électorat à quelques mois de l'élection provinciale, notent les experts.

Une loi d'exception 
"Le gouvernement fédéral n'a jamais utilisé la loi sur les mesures d'urgence pendant la pandémie alors qu'il aurait pu. C'est surprenant de le voir s'en servir maintenant", estime Geneviève Tellier, professeure d'études politiques à l'université d'Ottawa.


"Il s'agit peut-être ici davantage d'une question de légitimité pour M. Trudeau", ajoute-t-elle.


"Je suis inquiet et un peu surpris de la tournure des événements, je crois que c'est peut-être un calcul politique plutôt qu'une interprétation directe de la législation", renchérit John Lindsay, professeur à l'université de Brandon, au Manitoba, et spécialiste des mesures d'urgence.


Cette loi confère de très grands pouvoirs au gouvernement fédéral et est réservée à une situation de "crise nationale". Son utilisation par Pierre Elliot Trudeau en 1970 reste aujourd'hui encore très "contestée", ajoute John Lindsay. 

«Peu de limites»
La loi sur les mesures d'urgence peut être invoquée en cas de "crise nationale" et donne au gouvernement fédéral davantage de pouvoir pour y mettre fin en lui permettant d'autoriser "à titre temporaire des mesures extraordinaires".


Plusieurs Premiers ministres provinciaux ont exprimé avant la prise de parole de Justin Trudeau leur opposition à la mise en place de cette disposition, qui correspond à un état d'urgence national.


En 1970, le gouvernement de Pierre Elliott Trudeau l'avait invoquée pour envoyer l'armée au Québec et prendre une série de mesures d'urgence, après l'enlèvement par le Front de libération du Québec d'un attaché commercial britannique, James Richard Cross, et d'un ministre québécois, Pierre Laporte.


M. Cross avait été libéré après des négociations, mais le ministre avait été retrouvé mort dans le coffre d'une voiture.


"Avec cette loi, le gouvernement peut réquisitionner des biens, des services, des personnes. Le gouvernement peut dire aux gens où aller, où ne pas aller. Il y a vraiment peu de limites à ce que peut faire le gouvernement", a expliqué Geneviève Tellier, professeure d'études politiques à l'université d'Ottawa.

«Maintenir la pression»
Lundi, la police canadienne a saisi des armes et des munitions et arrêté 11 personnes sur le blocage frontalier de Coutts en Alberta (ouest), point de passage avec les Etats-Unis paralysé depuis une semaine.


Les autorités ont mis la main sur 13 armes d'épaule, des armes de poing, plusieurs ensembles de gilets pare-balles, et une grande quantité de munitions.


La police était parvenue dimanche soir, après sept jours de blocage, à rouvrir le pont Ambassador, qui relie Windsor en Ontario à la ville américaine de Detroit au Michigan. La paralysie de cet axe frontalier majeur avait poussé Washington, inquiet des conséquences économiques, à intervenir auprès de Justin Trudeau.


Le Premier ministre de l'Ontario - province canadienne la plus peuplée dans laquelle se trouvent les villes d'Ottawa et de Windsor - a annoncé lundi matin la levée prochaine de la quasi-totalité des mesures sanitaires, dont le passeport vaccinal.


Mais à Ottawa, les opposants aux mesures sanitaires occupaient toujours les rues du centre-ville. Quelque 400 camions sont installés appuyés par une organisation bien rodée: tentes pour se réchauffer, feux de camp, stands de nourriture...


Depuis l'instauration de l'état d'urgence vendredi, ils risquent de recevoir une amende pouvant aller jusqu'à 100 000 dollars canadiens (69 500 euros) voire un an d'emprisonnement. 


Partir "n'est pas dans mes plans", expliquait lundi matin Phil Rioux, barbe de trois jours et yeux bleus au volant de son camion. "C'est en maintenant la pression qu'on a plus de chance d'arriver à notre but", explique le Québécois de 29 ans.

«Très frustrée»
Pendant ce temps, la grogne monte dans la population canadienne devant la lenteur de la réaction des autorités, notamment sur les réseaux sociaux, où l'action de la police est fortement questionnée.


"Au début je les soutenais mais maintenant c'est assez", estime Beatriz Sagastume, une habitante d'Ottawa contrainte de se déplacer à pied pour aller travailler.


Comme plusieurs contre-manifestants ce week-end, elle réclame une sortie de crise et estime que c'est au Premier ministre Justin Trudeau de régler le problème. 


Cette mobilisation canadienne inédite continuait lundi de faire des émules ailleurs dans le monde. Après des manifestations similaires en Australie et en Nouvelle-Zélande, des milliers de voitures et de camions en Israël ont rallié Jérusalem depuis plusieurs villes du pays.


En Europe, après avoir convergé vers Paris samedi, une partie des convois d'opposants aux restrictions sanitaires, dits "de la liberté", sont arrivés à Bruxelles, où la manifestation a été interdite, tandis que la police a bloqué une trentaine de véhicules en amont.


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.