Envois d'argent de l'étranger: Cuba espère un geste de Biden

Insigne de Western Union. Crédits: Reuters
Insigne de Western Union. Crédits: Reuters
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Publié le Mercredi 16 février 2022

Envois d'argent de l'étranger: Cuba espère un geste de Biden

  • Le gouvernement américain étudie les paiements numériques comme solution pouvant faciliter l'envoi d'argent des Etats-Unis vers Cuba. La Banque centrale à La Havane crée aussi une entreprise civile, Orbit, pour gérer ces transferts internationaux.
  • Les experts estiment que plus des deux tiers de la population dépend de ces transferts. En 2019, c'était la deuxième source de revenus pour Cuba, avec l'exportation de services médicaux et le tourisme.

LA HAVANE: Pour la famille Blen, tout va plus mal depuis le départ de Western Union de Cuba en 2020: comme eux, nombre de Cubains espèrent un geste de Joe Biden concernant les envois d'argent de l'étranger, essentiels à leur quotidien.

"Avant, on nous envoyait (des dollars) par Western Union, on y allait, on faisait la queue et on touchait l'argent pour aller ensuite au magasin", se rappelle Yamile Blen, 52 ans, en fumant une cigarette dans la cuisine de sa maison, dans le quartier historique de La Havane.

Généralement, il s'agit d'argent envoyé par les familles installées à l'étranger - principalement aux Etats-Unis, où résident deux millions de Cubains - à leurs proches restés sur l'île.

Yamile raconte sa série noire: "On avait une cafeteria et on l'a fermée" à cause de la pandémie. "Après la pandémie on allait rouvrir, mais comme tout est en MLC (monnaie librement convertible, l'équivalent du dollar, ndlr), c'est impossible".

En effet, les produits dont elle aurait besoin pour faire fonctionner son commerce sont surtout vendus dans ces magasins où l'on paie par carte, depuis un compte alimenté en devises.

Et pour trouver des devises, il faut aller sur le marché noir, où le dollar avoisine les 100 pesos, quatre fois le taux officiel.

Une lueur d'espoir est pourtant apparue ces derniers jours: le gouvernement américain a dit étudier les paiements numériques comme possible solution pouvant faciliter l'envoi d'argent des Etats-Unis vers Cuba. Parallèlement à La Havane, la Banque centrale vient de créer une entreprise civile, Orbit, pour gérer les transferts internationaux.

« S'en sortir un peu »

En novembre 2020, Washington avait inclus Fincimex, partenaire local de Western Union, dans une liste noire du département du Trésor, signifiant qu'aucune entreprise américaine ne peut y être associée.

Fincimex est une société financière contrôlée par Gaesa, puissant conglomérat des forces armées révolutionnaires.

En conséquence, Western Union avait dû fermer ses 407 agences locales.

Différents experts estiment que plus des deux tiers de la population dépend de ces transferts, qui représentaient 6% du PIB cubain entre 2005 et 2020. En 2019, c'était la deuxième source de revenus pour Cuba, après l'exportation de services médicaux et devant le tourisme.

Pour l'économiste cubain Carmelo Mesa-Lago, de l'université de Pittsburg, la création d'Orbit répond justement à la demande américaine de "remplacer l'administration militaire de Fincimex par une agence civile".

Citant les chiffres du cabinet Havana Consulting Group, basé à Miami, il explique qu'en 2021, les envois de devises de l'étranger ont atteint 1,08 milliard de dollars, "une chute très importante" par rapport à 2019: -71%.

"Ceux qui reçoivent (des devises) de l'étranger peuvent s'en sortir un peu, car moi j'ai justement reçu de l'argent il y a deux semaines" et cela a permis "d'acheter juste le nécessaire, du café, de la purée et des choses pour la famille", mais c'est insuffisant pour rouvrir la cafeteria, explique Francisco, le mari de Yamile.

Les «mules»

Au final, les sanctions américaines affectent certes le gouvernement et les militaires, qui touchaient une commission sur les transferts via Western Union, mais elles affaiblissent encore plus les familles cubaines, déjà fragilisées par la pandémie.

L'Etat "a trouvé les moyens de réorienter ses alliances internationales, de gérer le budget et de réguler l'économie pour minimiser l'impact des sanctions sur ses entreprises et projets prioritaires", indique Pavel Vidal, économiste cubain à l'université Javeriana de Cali, en Colombie.

Rétablir un mécanisme pour permettre aux Cubains de recevoir de l'argent de l'étranger serait "un soulagement à la situation précaire dans laquelle se trouve le Cubain de base, et un soutien aux petites et moyennes entreprise privées", ajoute-t-il.

Car les 100 dollars que le frère de Yamile lui envoie chaque mois de Miami mettent plusieurs jours à arriver: ils passent par l'Italie, où vivent d'autres proches, qui font ensuite un transfert bancaire vers Cuba.

La famille évite ainsi les commissions élevées des services de transfert spécialisés ou des "mules" qui voyagent avec les billets dans leurs valises pour les répartir ensuite sur l'île.

"Pour 135 dollars, je donne 10.000 pesos cubains à Cuba", dit une petite annonce sur l'une des nombreuses pages Facebook dédiées à cette activité. Une proposition qui implique une commission de 35%, quand Western Union prenait 5%.


La CPI ne se laissera pas influencer par les «Goliath» de ce monde, promet son procureur

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
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  • Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza
  • La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine

NATIONS UNIES : Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a assuré mardi qu'il ne se laisserait pas "influencer" par les "Goliath" de ce monde, en référence aux menaces le visant dans des dossiers liés à la guerre en Ukraine et à Gaza.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU portant sur son enquête sur les crimes de guerre en Libye, Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza.

"On peut se demander si l'efficacité de la CPI dans ce dossier n'est pas affectée par un projet de loi (...) visant à sanctionner les responsables de la CPI impliqués dans des enquêtes contre les Etats-Unis ou ses alliés",  a lancé l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, en référence à des informations rapportées par la presse sur un projet en ce sens d'élus au Congrès américains.

"Je veux le rassurer, (...) nous ne nous laisserons pas influencer, que ce soit par des mandats d'arrêt de la Russie contre moi ou des membres élus de la Cour, ou par n'importe quel élu d'une autre juridiction", a répondu Karim Kahn, évoquant des "menaces" personnelles et contre son bureau pour les forcer à "arrêter".

La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine pour son rôle dans la déportation d'enfants en Ukraine.

Début mai, la CPI avait déjà lancé une mise en garde aux "individus qui (la) menacent de représailles", elle ou son personnel, en affirmant que de telles actions pourraient constituer une "atteinte à l'administration de la justice".

Elle s'exprimait suite à des informations selon lesquelles la Cour s'apprêtait à délivrer des mandats d'arrêt contre des membres du gouvernement israélien -dont pourrait faire partie le Premier ministre Benjamin Netanyahu- en lien avec les opérations militaires menées par Israël à Gaza en riposte à l'attaque du Hamas.

"Nous avons un devoir de nous battre pour la justice, de nous battre pour les victimes", a insisté Karim Khan mardi devant les membres du Conseil de sécurité.

"Je suis bien conscient qu'il y a des Goliath dans cette salle. Des Goliath avec du pouvoir, de l'influence", mais "nous avons la loi", a-t-il ajouté, assurant qu'il ferait son travail "avec intégrité et indépendance".

 

 


Poutine en Chine cette semaine, en quête d'un soutien plus fort de Pékin

Le président russe Vladimir Poutine se rendra cette semaine en Chine à l’invitation du dirigeant Xi Jinping, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Pékin le 14 mai 2024 (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine se rendra cette semaine en Chine à l’invitation du dirigeant Xi Jinping, a annoncé le ministère des Affaires étrangères de Pékin le 14 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Il s'agira du premier déplacement à l'étranger de Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars et aussi de la quatrième rencontre entre les deux présidents depuis le début de l'invasion russe en Ukraine
  • Quelques jours avant le lancement de l'opération, Moscou et Pékin avaient affirmé que leur amitié était «sans limites»

PEKIN: Le président russe Vladimir Poutine se rendra en Chine cette semaine avec l'espoir d'obtenir de son "cher ami" Xi Jinping un plus net soutien à sa guerre en Ukraine, une visite annoncée mardi par les deux pays.

Le dirigeant russe "effectuera une visite d'Etat en Chine du 16 au 17 mai", jeudi et vendredi, a annoncé une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.

Il s'agira du premier déplacement à l'étranger de Vladimir Poutine depuis sa réélection en mars et aussi de la quatrième rencontre entre les deux présidents depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, en février 2022.

Quelques jours avant le lancement de l'opération, Moscou et Pékin avaient affirmé que leur amitié était "sans limites". Depuis, leur relation diplomatique et commerciale s'est renforcée.

"Le président Xi Jinping procédera à un échange de points de vue avec le président Poutine sur les relations bilatérales, la coopération dans divers domaines et les questions internationales et régionales d'intérêt commun", a précisé un autre porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, lors d'un point presse régulier.

De son côté, le Kremlin a indiqué que les deux présidents évoqueraient leur "partenariat global et leur coopération stratégique" et "définir(aient) les domaines-clés de développement de la coopération russo-chinoise, tout en échangeant aussi leurs points de vue sur les questions internationales et régionales".

De nombreux experts estiment que la Russie est de plus en plus dépendante de la Chine, devenue un partenaire économique crucial face à l'avalanche de sanctions occidentales décrétées en réaction à son offensive militaire.

Baisse des exportations 

Ces derniers mois, Pékin a balayé à plusieurs reprises les critiques occidentales sur ses liens avec Moscou, tout en profitant d'importations à prix cassé de gaz et de pétrole de son voisin.

Mais sans vouloir pour autant renforcer son soutien.

"Les Russes veulent que la Chine fasse davantage pour les soutenir, ce que la Chine hésite à faire parce qu'elle ne veut pas compromettre ses relations avec l'Occident", explique à l'AFP Alexander Gabuev, directeur du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine et ont atteint 240 milliards de dollars (222 milliards d'euros) en 2023, selon les Douanes chinoises.

Mais les exportations chinoises vers son voisin ont chuté en mars et avril cette année, alors que Washington menace de sanctions les institutions financières soutenant l'effort de guerre russe.

Effrayées par ces menaces de sanctions, qui viendraient porter un nouveau coup à une économie chinoise déjà fragile, les banques du géant asiatique sont devenues récemment plus prudentes dans leurs transactions avec la Russie, les suspendant ou les réduisant.

"Les banques chinoises s'inquiètent de l'impact pour leur réputation et cherchent à éviter de grosses sanctions", souligne Elizabeth Wishnick, spécialiste des relations sino-russes au centre de réflexion américain CNA.

Pas «naïfs»

Et tandis que la Chine cherche à apaiser les tensions avec les Etats-Unis, elle pourrait être réticente à renforcer sa coopération avec la Russie.

"Si la Chine souhaite (...) maintenir le dégel, tactique, de ses relations avec les Etats-Unis et limiter la convergence américano-européenne en matière de politique à l'égard de Pékin, elle doit prendre au sérieux la menace américaine de sanctionner ses institutions financières", estime Ali Wyne, du groupe de réflexion International Crisis Group.

Vladimir Poutine et Xi Jinping discuteront ainsi "probablement des moyens par lesquels Pékin pourrait soutenir Moscou de manière moins voyante, peut-être par l'intermédiaire de petites banques chinoises ou de canaux de financement non officiels", estime-t-il.

Plusieurs experts estiment que cette nouvelle rencontre entre les deux présidents servira à réaffirmer l'étroite relation entre les deux dirigeants, à signer quelques accords et à plaider pour un renforcement des échanges commerciaux.

Vladimir Poutine sait parfaitement que Pékin reste déterminé à soutenir Moscou et faire ainsi front commun face à ce que les deux pays dénoncent comme l'hégémonie américaine sur le monde, soulignent ces experts.

Les Russes ne sont pas "naïfs" et "savent très bien que les liens avec l'Occident sont très importants pour la Chine" note M. Gabuev du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Mais ils sont toutefois "certains que la Chine ne les laissera pas tomber", souligne-t-il.


Accusations d'interférences au Royaume-Uni: Londres a convoqué l'ambassadeur chinois

Le dirigeant de Hong Kong dit avoir peu de souvenirs d'un homme accusé par la Grande-Bretagne d'espionnage pour le compte de la ville chinoise après la publication d'une photographie semblant les montrer ensemble (Photo, AFP).
Le dirigeant de Hong Kong dit avoir peu de souvenirs d'un homme accusé par la Grande-Bretagne d'espionnage pour le compte de la ville chinoise après la publication d'une photographie semblant les montrer ensemble (Photo, AFP).
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  • Arrêtés début mai, les suspects Chi Leung (Peter) Wai, 38 ans, Matthew Trickett, 37 ans, et Chung Biu Yuen, 63 ans, ont été libérés sous contrôle judiciaire
  • Ils sont inculpés pour aide aux services de renseignement hongkongais et ingérence étrangère

LONDRES: Londres a annoncé avoir convoqué mardi l'ambassadeur chinois au lendemain de la présentation à la justice de trois hommes accusés d'aide aux services de renseignement hongkongais et d'interférence étrangère.

Le ministère britannique des Affaires étrangères a été "sans équivoque" sur le fait que le comportement récent de la Chine n'est "pas acceptable", a indiqué un porte-parole dans un communiqué, évoquant cyberattaques, espionnage et promesse de récompense dans la traque de militants pro-démocratie à Hong Kong.

Arrêtés début mai, les suspects Chi Leung (Peter) Wai, 38 ans, Matthew Trickett, 37 ans, et Chung Biu Yuen, 63 ans, ont été libérés sous contrôle judiciaire à l'issue de leur présentation à la justice lundi à Londres.

Chung Biu Yuen est un chef de l'agence du commerce et de l'économie de Hong Kong (ETO) à Londres, selon le gouvernement hongkongais.

Ils sont inculpés pour aide aux services de renseignement hongkongais et ingérence étrangère, en vertu de la loi britannique sur la sécurité nationale.

Ils sont notamment accusés d'avoir rassemblé des informations, mené des actions de surveillance "susceptibles d'aider matériellement un service de renseignement étranger dans ses actions liées au Royaume-Uni", et ce entre le 20 décembre 2023 et le 2 mai 2024.

Ils ont également été inculpés pour avoir forcé l'entrée dans une habitation, le 1er mai dernier.

Le Royaume-Uni a dénoncé à maintes reprises la répression du mouvement en faveur de la démocratie dans son ancienne colonie, dont plusieurs figures en exil ont trouvé refuge sur le sol britannique.

En juillet 2023, Londres avait vivement protesté contre les mandats d'arrêt et promesses de récompense visant à appréhender des militants pro-démocratie ayant fui Hong Kong.

Le chef de l'exécutif hongkongais, John Lee, a défendu mardi ses agences du commerce à l'étranger (ETO).

"Toute tentative d'allégation injustifiée contre le gouvernement (de Hong Kong) est inacceptable", a-t-il déclaré.

M. Lee a accusé lundi le Royaume-Uni d'avoir "inventé des accusations, arrêté arbitrairement des citoyens chinois et calomnié le gouvernement de Hong Kong". Il a dit mardi avoir demandé des précisions sur cette affaire au consulat britannique à Hong Kong et attendre une réponse.