Présidentielle: à droite, la «guerre des trois» s'intensifie

Frappée par une vague de départs, la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen traverse une passe difficile dans sa campagne présidentielle (Photo, AFP).
Frappée par une vague de départs, la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen traverse une passe difficile dans sa campagne présidentielle (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 17 février 2022

Présidentielle: à droite, la «guerre des trois» s'intensifie

  • A moins de deux mois du premier tour du 10 avril, plusieurs candidats sont encore loin des 500 parrainages d'élus indispensables à réunir
  • Mme Pécresse est prise en tenaille entre d'un côté deux puissants rivaux d'extrême droite qui, à eux deux, représentent près d'un tiers des intentions de vote

PARIS: Frappée par une vague de départs, la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen traverse une passe difficile dans sa campagne présidentielle, menacée, tout comme Valérie Pécresse, par Eric Zemmour qui engrange des soutiens.


Et les choses se sont encore accélérées mercredi soir alors que Marine Le Pen était l'invitée de l'émission "mission convaincre" sur LCI: après avoir été suspendu pour "sabotage" par le RN, l'un des dirigeants du parti Nicolas Bay a officialisé son ralliement à la candidature rivale d'Eric Zemmour.


Il a expliqué au Figaro s'engager "pleinement" auprès du candidat d'extrême droite car, selon lui, "en cherchant en permanence à amadouer la gauche morale", "on commet une erreur politique mais aussi tactique" et la candidature de Marine Le Pen suscite désormais "une certaine indifférence".


La veille de son départ, Nicolas Bay, membre du bureau exécutif (direction), avait été suspendu de ses fonctions par le RN, accusé de "sabotage" par le parti au profit d'Eric Zemmour, ce qu'il réfute. 


Interrogé mercredi soir dans "C à vous" sur France 5, Eric Zemmour a assuré que M. Bay ne lui avait "jamais rien transmis". Pour lui, ces ralliements surviennent car Mme Le Pen "a ostracisé tous ces gens toutes ces années" et qu'ils n'étaient pas en accord "avec sa ligne politique, c'est tout à fait noble".


En face, le RN tente de faire bloc. "Nous sommes soudés autour de Marine Le Pen. Secouer un arbre pour que les fruits pourris tombent, c'est finalement toujours une bonne chose, ça régénère la vitalité", a affirmé sur RMC Laurent Jacobelli, porte-parole de campagne de la candidate.

«Saignée»
Le président du RN Jordan Bardella a, quant à lui, minimisé les départs, refusant de parler de "saignée" sur France Inter et assurant qu'il ne s'agissait que "d'une dizaine" de personnes sur un millier d'élus. 


Trois eurodéputés - Jérôme Rivière, Gilbert Collard et Maxette Pirbakas - ont déjà rejoint le candidat Reconquête!, suivis par l'unique sénateur RN Stéphane Ravier, ainsi que plusieurs conseillers régionaux.


La question des transfuges agite aussi la candidate LR Valérie Pécresse qui, après une semaine difficile entre confidences peu amènes de Nicolas Sarkozy et meeting jugé raté, se retrouve désormais dans un mouchoir de poche dans les sondages avec Eric Zemmour et Marine le Pen.


Mme Pécresse est prise en tenaille entre d'un côté deux puissants rivaux d'extrême droite qui, à eux deux, représentent près d'un tiers des intentions de vote, et la droite modérée dont certains hauts responsables comme Eric Woerth ont rejoint le camp Macron.


A moins de deux mois du premier tour du 10 avril, plusieurs candidats sont encore loin des 500 parrainages d'élus indispensables à réunir jusqu'au 4 mars pour être sur la ligne de départ.


Si Valérie Pécresse, Emmanuel Macron, la socialiste Anne Hidalgo et la candidate de LO Nathalie Arthaud ont déjà passé le cap, des candidats en bonne place dans les sondages sont encore loin du compte, à l'image de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon (332), Marine Le Pen (331) ou Eric Zemmour (250).

«Vote utile»
A gauche, Jean-Luc Mélenchon, le mieux placé dans les sondages, a en tous cas reçu le soutien de l'ancienne candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, pour qui "c'est évident que le vote utile à gauche,c'est Jean-Luc Mélenchon (...) C'est lui le plus solide".


Le leader insoumis l'a remercié "pour ses mots de rassemblement". "Son mérite est d'autant plus respectable car je sais que son soutien n'est pas un ralliement", a-t-il ajouté.


Au parti socialiste, le ton est moins amène. "Et dire que @RoyalSegolene préconisait la FRA-TER-NI-TE et s’insurgeait contre le fait que l’on demande toujours aux femmes de céder la place aux hommes !", a taclé le sénateur Rachid Temal.


Toujours à gauche, le député LFI Adrien Quatennens a appelé le communiste Fabien Roussel, qui a rassemblé ses troupes en meeting à Montreuil (Seine-Saint-Denis) mercredi soir, à unir les forces.


Comme en écho, le candidat du PCF a calmé le jeu avec La France insoumise et les écologistes assurant qu'il ne visait "surtout pas" à leur "enlever des voix".


Il a souhaité au contraire "additionner, renforcer la gauche pour qu'elle soit de nouveau majoritaire, une gauche sincère, authentique, honnête, une gauche qui ne fait pas dans la langue de bois, qui ne trahira pas".


Quant à Emmanuel Macron, toujours pas dans l’arène, il continue à se consacrer à son agenda à l'international avec, outre l'Ukraine, un mini-sommet à Paris mercredi soir, sur fond de retrait attendu des forces françaises du Mali.


Pris à parti au Sénat par l'opposition qui appelle le président à sortir du bois, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a rétorqué: "Souffrez que nous soyons concentrés sur ces échéances là plutôt que sur la campagne présidentielle".


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.


Proportionnelle: Bayrou consulte mais les avis divergent

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  • Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique
  • François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours

PARIS: François Bayrou entame mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur la proportionnelle, que lui-même réclame depuis longtemps mais sur laquelle les désaccords restent nombreux.

Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui forment le groupe le plus important à l'Assemblée, et le président du parti à la flamme Jordan Bardella seront ainsi reçus en premier à 10H00.

Suivra un entretien jeudi 1er mai à 17H00 avec le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal. Il sera accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.

François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République - à l'exception des législatives de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Le RN réclame lui aussi la proportionnelle, mais avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. "La tripolarisation de la vie politique entraîne une absence de majorité", a soutenu mardi Mme Le Pen, qui "n'imagine pas que le Premier ministre (...) puisse reculer sur ce sujet".

"Moins pire" 

En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l'extrême droite, qui fait planer la menace d'une motion de censure contre son gouvernement.

Le RN dénonce l'absence de perspectives législatives sur la proportionnelle, sur l'immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE). François Bayrou l'a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d'un décret sur la PPE.

Mais le Premier ministre n'est pas assuré d'avoir cette fois le soutien des macronistes, traversés par moult "interrogations", selon Pierre Cazeneuve.

En 2018, le président Emmanuel Macron avait souhaité l'instauration d'un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.

Or les députés Renaissance considèrent désormais que le mode de scrutin actuel est "le moins pire", car la "distorsion" entre le nombre de voix et le nombre de députés "n'existe plus" dans l'Assemblée actuelle, et ce changement n'est "pas forcément une priorité" pour les Français au vu du nouveau contexte international, a expliqué M. Cazeneuve lors d'un point presse.

Cumul des mandats 

Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve entendent jeudi élargir le débat à la question de "l'efficacité de l'action publique", en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la "simplification du millefeuille administratif".

Mais ils jugent "délétère" de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.

Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui "impose un lien entre un député et les électeurs d'un territoire". Il pourrait soutenir la proportionnelle "si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire".

Les indépendants du groupe Liot sont "plutôt largement très défavorables" à réformer le mode de scrutin, selon son président Laurent Panifous.

A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés, comme l'a rappelé Laurent Wauquiez.

"La proportionnelle aboutira à ce qu'on va institutionnaliser le chaos politique qu'on connaît en ce moment", a tonné le patron de la droite dimanche, avant de critiquer mardi la "hiérarchie des priorités" du gouvernement dans un pays "qui est ruiné" et "où il y a une telle explosion de l'insécurité et de l'immigration", au vu des "menaces" sur le plan international.

Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet "avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr", a précisé mercredi sa porte-parole LR Sophie Primas.

D'autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin.

Mais le PS est divisé. L'ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel.

Le député PS Emmanuel Grégoire a rappelé mardi que "derrière ce mot un peu vague de proportionnelle, se cache une subtilité immense, immense, de déclinaisons pratiques".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.