Ukraine: Moscou teste des missiles lourds, les tensions au plus haut

Cette capture vidéo publiée par le ministère russe de la Défense le 19 février 2022 montre un lancement de missile balistique intercontinental Yars lors d'un lancement d'entraînement dans le cadre de l'exercice de la Force de dissuasion stratégique Grom-2022 dans un lieu indéfini en Russie. (Photo, AFP)
Cette capture vidéo publiée par le ministère russe de la Défense le 19 février 2022 montre un lancement de missile balistique intercontinental Yars lors d'un lancement d'entraînement dans le cadre de l'exercice de la Force de dissuasion stratégique Grom-2022 dans un lieu indéfini en Russie. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 19 février 2022

Ukraine: Moscou teste des missiles lourds, les tensions au plus haut

  • Le président Vladimir Poutine a supervisé personnellement samedi des exercices « stratégiques» avec des tirs de missiles « hypersoniques», pouvant porter des charges nucléaires
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé en Allemagne pour rencontrer ses alliés occidentaux à la Conférence sur la sécurité de Munich, alors que dans l'est de l'Ukraine, les incidents se multiplient entre Kiev et les séparatistes pro-russes

MOSCOU : La Russie a mené samedi des exercices impliquant des tirs de missiles lourds, nouvelle démonstration de force de Moscou au moment où Washington se dit convaincu d'une invasion imminente de l'Ukraine.

De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est arrivé en Allemagne pour rencontrer ses alliés occidentaux à la Conférence sur la sécurité de Munich, alors que dans l'est de l'Ukraine, les incidents se multiplient entre Kiev et les séparatistes pro-russes.

Ces derniers, qui accusent Kiev de vouloir les attaquer, ont annoncé samedi une "mobilisation générale" des hommes en état de combattre, après avoir ordonné la veille l'évacuation de civils vers la Russie voisine.

S'ajoutant à ces graves tensions, le président Vladimir Poutine a supervisé personnellement samedi des exercices "stratégiques" avec des tirs de missiles "hypersoniques", de nouvelles armes que le chef du Kremlin a précédemment qualifiées "d'invincibles" et pouvant porter des charges nucléaires.

"L'objectif principal des exercices est d'entraîner les forces offensives stratégiques pour infliger une défaite garantie à l'ennemi", a déclaré le chef d'état-major russe, Valeri Guerassimov, lors d'une réunion par visioconférence, où M. Poutine est apparu au côté de son homologue bélarusse Alexandre Loukachenko.

"Les objectifs prévus (...) ont été accomplis pleinement, tous les missiles ont atteint les cibles fixées", a indiqué le Kremlin dans un communiqué, précisant que ces manoeuvres avaient impliqué des bombardiers Tu-95 et des sous-marins.

 

L'Ukraine se "prépare à tous les scénarios possibles", selon son chef de la diplomatie

L'Ukraine se "prépare à tous les scénarios possibles", a déclaré samedi son chef de la diplomatie Dmytro Kouleba alors que les Etats-Unis se disent convaincus que la Russie veut envahir l'Ukraine de façon imminente.

"Nous nous préparons à tous les scénarios possibles", a lancé le ministre ukrainien à Munich, à des journalistes qui l'interrogeaient sur les dernières affirmations de Joe Biden qui s'est dit certain d'une invasion imminente de l'Ukraine par la Russie.

Face au risque croissant que cette crise dégénère en conflit armé au coeur de l'Europe, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont convoqué une réunion extraordinaire samedi midi, en marge de la Conférence de Munich sur la sécurité.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a maintenu, malgré l'aggravation des tensions, son déplacement à Munich, où il doit prononcer un discours et avoir des entretiens bilatéraux avec plusieurs dirigeants.

 Appel «à l'unité»

Parallèlement, les Américains accusent toujours Moscou, qui a massé des dizaines de milliers de soldats près des frontières orientales de l'Ukraine, de se préparer à attaquer ce pays.

Les Russes "sont en train de se déployer et s'apprêtent à frapper", a soutenu samedi le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin, lors d'une visite en Lituanie, ajoutant que les soldats de Moscou "se dirigent vers les positions adéquates pour être en mesure de mener une attaque".

La veille, le président américain Joe Biden s'est déclaré "convaincu" que Vladimir Poutine avait décidé d'envahir l'Ukraine, et que la multiplication des heurts visait à créer une "fausse justification" pour lancer une offensive.

Mais il a laissé la porte ouverte au dialogue. Tant qu'une invasion ne s'est pas produite, "la diplomatie est toujours une possibilité", a-t-il estimé.

Dans ce sens, une rencontre entre son secrétaire d'Etat Antony Blinken et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov est prévue jeudi prochain.

Le Kremlin continue de nier toute intention d'attaquer son voisin, pays pro-occidental que le Kremlin veut faire revenir dans sa sphère d'influence. Mais il réclame des garanties pour la sécurité de la Russie, comme le retrait d'Europe de l'Est de l'infrastructure militaire de l'Otan et l'assurance que l'Ukraine n'adhèrera jamais à l'Alliance, des demandes jugées inacceptables par les Occidentaux.

Les préoccupations de Moscou à propos de l'Ukraine doivent "être respectées", a estimé samedi le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi.

Depuis Munich, le Premier ministre britannique Boris Johnson a lui appelé "à l'unité" des alliés occidentaux, tandis que la vice-présidente américaine Kamala Harris a évoqué la menace d'un renforcement de l'Otan dans l'Est de l'Europe en cas d'attaque russe et averti Moscou de sanctions économiques "sévères et rapides".    

 

Crise ukrainienne: Boris Johnson appelle les alliés à "l'unité"

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé samedi les alliés à "l'unité" face aux risques d'invasion russe en Ukraine.

"Nous devons être unis contre la menace", a déclaré Boris Johnson lors de la Conférence sur la sécurité de Munich, soulignant le "choc" pour le monde que représenterait une invasion.

"Le risque à présent est que des gens tirent la conclusion qu'agresser paie", a-t-il souligné avant d'ajouter: "nous ne devons pas sous-estimer la gravité du moment".

"C'est précisément par cette unité que nous montrons aujourd'hui que nous avons encore des chances, même maintenant à cette 11e heure, d'éviter le désastre et faire en sorte que le bon sens puisse encore l'emporter", a-t-il fait valoir.

M. Johnson a également souligné que les sanctions britanniques en cas d'invasion russe en Ukraine rendraient "impossible" l'utilisation par Moscou de la place financière britannique.

"Nous ouvrirons" les poupées russes des sociétés détenues par la Russie "jusqu'à ce que nous trouvions les ultimes bénéficiaires", a-t-il averti.

"Comme je l'ai dit au président Poutine lors de notre dernière discussion, nous au Royaume-Uni espérons toujours que la diplomatie et le dialogue puissent encore réussir".

En cas d'invasion de l'Ukraine, "nous assisterions à la destruction d'un Etat démocratique", a-t-il déclaré, soulignant qu'il faut s'attendre à une succession de "fausses affirmations" de la part de la Russie au sujet de l'Ukraine.

"Nous ne connaissons pas totalement les intentions du président Poutine, mais les présages sont sombres", a ajouté le dirigeant britannique.

Echanges de tirs, civils évacués 

Sur le front dans l'est de l'Ukraine, les forces armées ukrainiennes et les séparatistes pro-russes se sont mutuellement accusés samedi de nouvelles graves violations du cessez-le-feu. Kiev a annoncé la mort d'un de ses soldats lors de ces affrontements.

L'armée ukrainienne a fait état de 66 échanges de tirs de mortiers, de 82 et 110 mm de calibre, sur les villes du front jusqu'à 07H00 (04H00 GMT), un nombre élevé.

Et les observateurs de l'OSCE ont affirmé samedi avoir constaté une "augmentation spectaculaire" des violations du cessez-le-feu, pour un total de 870 vendredi.

Selon eux, le nombre d'incidents armés sur la ligne de front est désormais identique à celui d'avant juillet 2020, date d'un accord pour renforcer le cessez-le-feu.

Les séparatistes pro-russes et les forces ukrainiennes se battent depuis 2014 dans l'est de l'Ukraine, dans un conflit qui a déjà fait plus de 14 000 morts.

Par ailleurs, Moscou a annoncé samedi l'ouverture d'une enquête après le signalement dans des médias qu'un tir ukrainien était tombé en territoire russe, près de la frontière ukrainienne, sans faire de dégâts ni de victimes.

La région russe de Rostov, frontalière de l'Ukraine, a déclaré l'état d'urgence pour faire face à un possible afflux de réfugiés en provenance des zones séparatistes. Près de 20 000 personnes ont quitté ces régions, selon les responsables locaux pro-russes.  

"On a décidé d'aller chez la grand-mère (en Russie) où c'est calme, on a eu notre dose en 2014, on ne veut pas attendre jusqu'au dernier moment", a déclaré à l'AFP Elena Sokela, une habitante de la "république" séparatiste de Donetsk arrivée samedi matin côté russe avec son fils de 16 ans.

Washington et Kiev affirment que Moscou dispose d'environ 150 000 soldats aux frontières de l'Ukraine, en Russie et au Bélarus, un chiffre qui monte jusqu'à 190 000 hommes en comptant les forces séparatistes de l'est de l'Ukraine. 

C'est "la plus grande concentration de troupes militaires" depuis la Guerre froide, a dit le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg.

Pour sa part, la Russie n'a jamais divulgué le nombre de ses soldats massés aux frontières de l'Ukraine ou participant à des manoeuvres au Bélarus voisin.

L'Occident a promis des sanctions économiques dévastatrices contre Moscou en cas d'invasion de l'Ukraine. Des menaces à nouveau balayées par Vladimir Poutine, qui a soutenu vendredi que ces sanctions tomberont "quoi qu'il arrive". 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.


Australie: la communauté juive, bouleversée et en colère, enterre «le Rabbin de Bondi»

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme. (AFP)
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  • Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies
  • Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé

SYDNEY: Dans une synagogue bondée, emplie de cris et de larmes, la communauté juive de Sydney traumatisée a rendu hommage mercredi au rabbin Eli Schlanger, première victime de l'attentat antisémite de la plage de Bondi a être mise en terre.

Celui qui était connu sous le nom de "Rabbin de Bondi" a été abattu dimanche sur la plage du même nom, lors de l'attentat le plus meurtrier en Australie depuis des décennies.

Les proches et les membres de la communauté ont laissé échapper des sanglots quand le corbillard transportant le corps de M. Schlanger, 41 ans, est arrivé et que son cercueil, recouvert d'un velours noir orné de l'étoile de David, a été déposé.

David Deitz, homme d'affaires de 69 ans, qui connaissait M. Schlanger "depuis très, très longtemps", explique à l'AFP que le rabbin a eu "une influence positive sur beaucoup de gens".

"C'est un choc pour l'Australie de voir un tel événement se produire ici. Ce n'est pas dans la nature des Australiens", poursuit-il.

Une forte présence sécuritaire a été mobilisée lors des obsèques, avec des policiers alignés dans la rue fermée au public.

Dans un pays considéré depuis longtemps comme un refuge, et qui abrite environ 2.500 survivants de la Shoah, le massacre de dimanche a instillé le doute quant à la politique de Canberra contre l'antisémitisme.

En 2021, le nombre de juifs australiens était estimé à 117.000.

"Ils auraient pu nous écouter" 

Jillian Segal, la responsable de la lutte contre l'antisémitisme en Australie, a fustigé cette semaine des préjugés antijuifs "qui s’insinuent dans la société depuis de nombreuses années et contre lesquels nous ne nous sommes pas suffisamment élevés".

Mme Segal a été la première nommée à ce poste après une série d'attaques antisémites à Melbourne et à Sydney, au début de la guerre d'Israël dans la bande de Gaza.

Au cours des 12 mois suivant l’attaque du Hamas en Israel du 7 octobre 2023 qui a déclenché cette guerre, les incidents de nature antisémite en Australie ont augmenté de 316%, dépassant les 2.000, dit-elle.

"Nous devrions pouvoir être qui nous sommes sans avoir peur", a déclaré Brett Ackerman, un analyste de données âgé de 37 ans.

La colère gagne certains membres de la communauté qui estiment que leur cri d'alarme face à la montée de l'antisémitisme depuis le 7-Octobre n'a pas été pris en compte.

"Ils auraient pu nous écouter" se désole M. Ackerman. Pour lui, l'attaque n'était "pas une surprise".

A côté de lui, le rabbin Yossi Friedman acquiesce. "Le message était clair depuis un peu plus de deux ans", soutient-il. "Est-ce que nous nous sentons en sécurité? Pour être honnête, pas vraiment."

"Nous pensions être en sécurité. Nos grands-parents et arrière-grands-parents étaient des survivants de la Shoah, et beaucoup d’entre eux sont venus ici pour échapper à la haine et au sang versé, aux pogroms, à la persécution (...) et c'est ce qu'on retrouve ici", observe-t-il.

"Problème de société"

Le Premier ministre Anthony Albanese a dénoncé l'attaque de Bondi comme un acte terroriste antisémite de "pure méchanceté" perpétré par des hommes inspirés par l’idéologie jihadiste du groupe État islamique.

Mais il a rejeté les critiques selon lesquelles son gouvernement n'avait pas réagi suffisamment à l'appel de Mme Segal.

Le Premier ministre a souligné que son gouvernement avait pénalisé les discours de haine et interdit le salut nazi et les symboles haineux, entre autres.

Depuis la fusillade, M. Albanese mène une initiative conjointe entre le gouvernement central et les Etats d'Australie en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu. L'assaillant le plus âgé possédait six armes dûment enregistrées.

Mais pour l'écrivain Danny Gingef, 66 ans, "la réforme des armes à feu est une diversion totale par rapport au vrai problème, qui est la haine, il faut identifier la haine là où elle commence".

Au départ du cercueil, les spectateurs ont entonné des chants en hébreu. Submergés par l’émotion, certains se sont effondrés dans les bras de leurs proches, à peine capables de tenir debout.

"Je sens que ces dernières années, les Juifs ont été en état d’alerte maximale", dit M. Gingef. Il se sent triste et en colère, et fait référence aux "marches de la haine" où il a vu des manifestants porter des drapeaux du Hezbollah.

Pour lui, il n’y a pas "beaucoup plus que nous puissions faire" sans le soutien des autorités et d’autres groupes.

"L’antisémitisme n’est pas un problème que les Juifs doivent résoudre, c’est un problème de société".

lec-oho/mjw/lgo/alh/pt

 


La BBC va "se défendre" face à la plainte en diffamation à 10 milliards de dollars de Trump

Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
Des personnes empruntent l'entrée des bureaux de la chaîne britannique BBC à Londres en fin d'après-midi, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump poursuit la BBC pour diffamation et pratiques trompeuses, réclamant jusqu’à 10 milliards $ après un montage contesté de son discours du 6 janvier 2021
  • L’affaire secoue l’audiovisuel public britannique : démissions à la tête de la BBC, lettre d’excuses envoyée à Trump, et réexamen annoncé de la charte royale

LONDRES: La BBC a assuré mardi qu'elle allait "se défendre" contre la plainte en diffamation du président américain Donald Trump, qui réclame 10 milliards de dollars au groupe audiovisuel public britannique pour un montage vidéo contesté de l'un de ses discours.

La plainte, déposée lundi devant un tribunal fédéral à Miami par le président américain et consultée par l'AFP, demande "des dommages et intérêts d'un montant minimum de 5 milliards de dollars" pour chacun des deux chefs d'accusation: diffamation et violation d'une loi de Floride sur les pratiques commerciales trompeuses et déloyales.

"Ils ont littéralement mis des mots dans ma bouche", s'est plaint le milliardaire de 79 ans, lundi devant la presse.

"Nous allons nous défendre dans cette affaire", a répondu un porte-parole de la BBC mardi matin, sans faire davantage de commentaire sur la procédure.

Le groupe audiovisuel britannique, dont l'audience et la réputation dépassent les frontières du Royaume-Uni, est dans la tourmente depuis des révélations sur son magazine phare d'information "Panorama".

Ce dernier a diffusé, juste avant la présidentielle américaine de 2024, des extraits distincts d'un discours de Donald Trump du 6 janvier 2021, montés de telle façon que le républicain semble appeler explicitement ses partisans à attaquer le Capitole à Washington.

Des centaines de ses partisans, chauffés à blanc par ses accusations sans fondement de fraude électorale, avaient pris d'assaut ce jour-là le sanctuaire de la démocratie américaine, pour tenter d'y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden.

"La BBC, autrefois respectée et aujourd'hui discréditée, a diffamé le président Trump en modifiant intentionnellement, malicieusement et de manière trompeuse son discours dans le but flagrant d'interférer dans l'élection présidentielle de 2024", a dénoncé lundi un porte-parole des avocats du républicain contacté par l'AFP.

"La BBC a depuis longtemps l'habitude de tromper son public dans sa couverture du président Trump, au service de son programme politique de gauche", a-t-il ajouté.

- Lettre d'excuses -

Au Royaume-Uni, la controverse a relancé le brûlant débat sur le fonctionnement de l'audiovisuel public et son impartialité, alors que le groupe a déjà été bousculé ces dernières années par plusieurs polémiques et scandales.

L'affaire a poussé à la démission son directeur général Tim Davie et la patronne de BBC News Deborah Turness.

Le président de la BBC Samir Shah a pour sa part envoyé une lettre d'excuses à Donald Trump et la BBC a indiqué "regretter sincèrement la façon dont les images ont été montées" mais contesté "fermement qu'il y ait une base légale pour une plainte en diffamation".

Le groupe audiovisuel a "été très clair sur le fait qu'il n'y a pas matière à répondre à l'accusation de M. Trump en ce qui concerne la diffamation. Je pense qu'il est juste que la BBC reste ferme sur ce point", a soutenu mardi matin le secrétaire d'Etat britannique à la Santé Stephen Kinnock, sur Sky News.

Le gouvernement a également annoncé mardi le début du réexamen de la charte royale de la BBC, un processus qui a lieu tous les dix ans, pour éventuellement faire évoluer sa gouvernance, son financement ou ses obligations envers le public britannique.

La plainte de Donald Trump estime que, malgré ses excuses, la BBC "n'a manifesté ni véritables remords pour ses agissements ni entrepris de réformes institutionnelles significatives afin d'empêcher de futurs abus journalistiques".

Le président américain a lancé ou menacé de lancer des plaintes contre plusieurs groupes de médias aux Etats-Unis, dont certains ont dû verser d'importantes sommes pour mettre fin aux poursuites.

Depuis son retour au pouvoir, il a fait entrer à la Maison Blanche de nombreux créateurs de contenus et influenceurs qui lui sont favorables, tout en multipliant les insultes contre des journalistes issus de médias traditionnels.

L'un de ces nouveaux venus invités par le gouvernement Trump est la chaîne conservatrice britannique GB News, proche du chef du parti anti-immigration Reform UK, Nigel Farage.