Grèce: un ferry italien toujours en feu, douze disparus

Des navires de lutte contre l'incendie travaillent pour éteindre un incendie à bord du ferry battant pavillon italien Euroferry Olympia, au large de l'île grecque ionienne de Corfou le 19 février (AFP)
Des navires de lutte contre l'incendie travaillent pour éteindre un incendie à bord du ferry battant pavillon italien Euroferry Olympia, au large de l'île grecque ionienne de Corfou le 19 février (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 20 février 2022

Grèce: un ferry italien toujours en feu, douze disparus

  • Aidés d'un hélicoptère, d'une frégate, de six remorqueurs et d'un vaisseau de lutte contre les incendies, plongeurs et pompiers quadrillent la zone de la catastrophe
  • L'enquête du Service grec des accidents maritimes ne fait que commencer. Mais l'incendie pourrait être parti d'un camion garé dans les cales, selon plusieurs déclarations concordantes

CORFOU: Douze chauffeurs-routiers manquent toujours à l'appel samedi au large de l'île grecque de Corfou, plus de 30 heures après le début d'un violent incendie à bord d'un ferry italien.

Le bateau de la compagnie italienne Grimaldi, en route pour Brindisi en Italie, s'est embrasé vendredi à l'aube, deux heures après son départ du port grec d'Igoumenitsa, avec 290 personnes, dont 51 membres d'équipage, enregistrées à bord.

Le brasier attisé par le vent, les explosions sporadiques et la température infernale s'élevant à plus de 500 degrés empêchent les secours d'intervenir à bord du navire, selon les pompiers et les garde-côtes grecs.

Aidés d'un hélicoptère, d'une frégate et d'un vaisseau de lutte contre les incendies, plongeurs et pompiers quadrillent la zone de la catastrophe, espérant retrouver les disparus.

Des remorqueurs ont réussi à rapprocher le navire de la côte, à une dizaine de km au nord de Corfou, selon la télévision publique ERT. En début de soirée, l'Italie a annoncé que ses garde-côtes, déjà sur zone avec des moyens de lutte anti-pollution, avaient repéré "une possible nappe" près du bateau en feu, parti avec 800 m3 de fioul et 23 tonnes de "produits dangereux corrosifs".

Outre 278 personnes enregistrées, ont également été secourus deux migrants clandestins afghans, laissant craindre davantage de disparus, des migrants embarquant souvent clandestinement à bord des ferries reliant la Grèce à l'Italie.

L'enquête du Service grec des accidents maritimes ne fait que commencer. Mais l'incendie pourrait être parti d'un camion garé dans les cales, selon plusieurs déclarations concordantes.

Or, plusieurs chauffeurs routiers ont rapporté samedi à ERT préférer dormir dans leur camion que dans les cabines bondées des ferries.

Les douze disparus recensés sont tous des routiers, sept de Bulgarie, trois de Grèce, un de Lituanie et un de Turquie, ont précisé à l'AFP les garde-côtes grecs.

Leurs familles ont rejoint Corfou samedi, encadrées par un psychologue.

«Bateau dans un état pitoyable»

"D'après ce que je sais, mon père a dormi dans le camion. Le bateau était dans un état pitoyable à tous points de vue", a déclaré Ilias Gerontidakis, le fils d'un disparu grec.

Avec 50 cabines pour 150 camions, "il n'y avait pas assez de cabines (...) on devait dormir à quatre par cabine" et "il y avait des punaises de lit, c'était sale, sans système de sécurité", a rapporté cet homme, lui-même routier, sur le site du journal Proto Thema.

Vassilis Vergis pense lui aussi que son cousin disparu "est resté dans le camion" car il avait "peur des cabines" et "du coronavirus".

Selon le quotidien Kathimerini, le syndicat grec des routiers avait dénoncé en juin 2017 le mauvais fonctionnement de l'air conditionné dans les cabines de l'Euroferry Olympia et de l'Euroferry Egnazia, autre navire de Grimaldi.

Dans une lettre au ministère grec de la Marine marchande, citée par le journal, le syndicat fustige aussi le manque de cabines et la piètre ventilation des cales réservées aux véhicules.

Conformément à la législation internationale, le ferry, construit en 1995, avait subi une visite de contrôle qui "s'est soldée par un résultat positif" le 16 février, a précisé le groupe Grimaldi.

Vendredi soir, deux passagers, prisonniers dans la cale aux véhicules, ont pu être évacués après plus de dix heures dans les fumées épaisses, avant d'être hospitalisés, selon les garde-côtes.

L'un des deux, un Bulgare, présente "une très faible saturation en oxygène et a été intubé", a précisé la ministre adjointe bulgare des Affaires étrangères, Velislava Petrova, samedi matin.

L'équipe spécialisée qui avait pu monter à bord n'a pas pu rester dans le navire en feu.

«Certains ont sauté à la mer»

Hébergé dans un hôtel de Corfou, un rescapé turc, Fahri Ozgen, se désespère: "certains de nos amis sont toujours disparus, on ne sait pas où ils se trouvent".

La veille, sur le pont du navire, quelque "250 personnes hurlaient, criaient, certains ont sauté à la mer" pour échapper au feu menaçant qu'ils sentaient "sous leurs pieds", raconte-t-il à l'AFP.

Certains se retrouvent sans rien à Corfou. "Nous avons perdu notre argent, nos passeports, tous nos documents administratifs, je n'ai même plus de chaussures aux pieds", se lamente auprès de l'AFP un routier turc, Ali Duran.

Une fois le feu éteint, le bateau doit être remorqué "en lieu sûr" pour pomper le carburant et l'eau, afin d'éviter toute pollution maritime, a déclaré le ministre grec de la Marine marchande Giannis Plakiotakis, samedi sur Skaï TV.

Le précédent incendie sur un ferry dans cette partie de la Méditerranée a eu lieu en décembre 2014 sur le Norman Atlantic, un navire italien, parti de Patras (Grèce) vers Ancône (Italie). Il avait fait 13 morts dont neuf passagers.   


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Short Url
  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Short Url
  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.