Poutine ordonne à son armée d'entrer dans les territoires prorusses d'Ukraine

Vladimir Poutine a décidé lundi de reconnaître l'indépendance des séparatistes prorusses d'Ukraine (AFP)
Vladimir Poutine a décidé lundi de reconnaître l'indépendance des séparatistes prorusses d'Ukraine (AFP)
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Publié le Mardi 22 février 2022

Poutine ordonne à son armée d'entrer dans les territoires prorusses d'Ukraine

  • Le président russe a intimé dans la foulée à l'Ukraine de cesser immédiatement « ses opérations militaires » contre les séparatistes ou d'assumer « la responsabilité de la poursuite de l'effusion de sang »
  • Dans son discours long de 65 minutes, Vladimir Poutine a passé en revue l'histoire des relations russo-ukrainiennes depuis des siècles et exposé une thèse selon laquelle l'Ukraine est une nation créée de toute pièce à l'époque soviétique

MOSCOU: Vladimir Poutine a ordonné lundi à son armée d'entrer dans les territoires séparatistes de l'Est de l'Ukraine après avoir reconnu leur indépendance, une décision qui pourrait entraîner une guerre avec Kiev.


Deux décrets du président russe, signés après une allocution télévisée, reconnaissent les "républiques populaires" de Donetsk et Lougansk et demandent au ministère de la Défense que "les forces armées de la Russie (y assument) les fonctions de maintien de la paix".


De ce déploiement militaire, ni calendrier ni informations sur son éventuelle ampleur n'ont été précisés dans ces documents. 


Dans une longue adresse télévisée, dans laquelle il a laissé apparaître des moments de colère, M. Poutine a intimé à l'Ukraine de cesser immédiatement "ses opérations militaires" contre les séparatistes, au risque d'assumer "la responsabilité de la poursuite de l'effusion de sang".


La Russie a quelque 150 000 soldats aux frontières de l'Ukraine selon l'Occident, laissant craindre une invasion d'ampleur. 


Deux accords d'entraide entre Moscou et les sécessionnistes, d'une durée de dix ans, doivent être ratifiés par le Parlement russe mardi. Ils prévoient le déploiement "des unités militaires russes nécessaires au maintien de la paix dans la région et d'assurer une sécurité durable aux parties".

Les diplomates américains en Ukraine déplacés en Pologne pour des «raisons de sécurité»

Les diplomates américains encore en Ukraine sont déplacés en Pologne pour des "raisons de sécurité", a annoncé le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, quelques heures après l'annonce par la Russie de l'envoi de ses troupes dans les régions séparatistes pro-russes d'Ukraine.


"Pour des raisons de sécurité, le personnel du département d'Etat actuellement à Lviv passera la nuit en Pologne", a annoncé le secrétaire d'État Antony Blinken dans un communiqué.


Le chef du Kremlin a reconnu l'indépendance des deux territoires séparatistes de Donetsk et de Lougansk dans l'Est de l'Ukraine et a demandé par décret au ministère de la Défense que "les forces armées de la Russie (y assument) les fonctions de maintien de la paix". 


Cette décision intervient un peu plus d'une semaine après que les États-Unis ont transféré leur ambassade de Kiev à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, invoquant "l'accélération spectaculaire" du renforcement des forces russes à la frontière. 


Le personnel de l'ambassade des États-Unis à Kiev avait déjà été considérablement réduit après que les États-Unis ont ordonné le départ de la plupart des diplomates.

Effrayant 
"L'Ukraine qualifie les derniers actes de la Russie de violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de notre Etat", a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une adresse à la Nation, assurant que Kiev ne cèderait pas "une parcelle" du pays et n'avait peur "de rien ni personne".


Il a également appelé ses partenaires occidentaux à un soutien "clair" et "efficace". 


"Je suis choqué, j'ai beaucoup de famille à l'Est, je suis de Donetsk et je suis à Kiev depuis huit ans, et c'est l'information la plus effrayante en huit ans", a réagi auprès de l'AFP un habitant de la capitale ukrainienne, Artem Ivachenko, cuisinier de 22 ans.  


Ces décisions signent la fin d'un processus de paix sous médiation franco-allemande qui, bien que régulièrement violé, avait permis de stopper les affrontements les plus violents de ce conflit ayant fait plus de 14.000 morts depuis son déclenchement en 2014, après l'annexion de la Crimée par Moscou.


Par ailleurs, les Etats-Unis ont estimé à plusieurs reprises que Moscou pouvait lancer une opération de conquête pour prendre Kiev par la force.

Ukraine: l'UE va sanctionner des intérêts russes

L'UE a qualifié la reconnaissance de l'indépendance des régions séparatistes par Moscou de "violation flagrante du droit international" et va sanctionner "ceux qui sont impliqués" dans cette décision, ont annoncé lundi les chefs de l'UE.


Vladimir Poutine a décidé lundi de reconnaître les territoires de Donetsk et de Lougansk en Ukraine en tant qu'entités indépendantes.


"Cette mesure constitue une violation flagrante du droit international ainsi que des accords de Minsk. L'Union réagira par des sanctions à l'encontre des personnes impliquées dans cet acte illégal", ont déclaré dans un communiqué commun le président du Conseil européen Charles Michel et la présidente de la Commission Ursula von der Leyen.


Les ambassadeurs des Vingt-Sept à Bruxelles vont se réunir mardi matin pour "lancer le processus de préparation des sanctions ciblées annoncées" qui devront être adoptées par les ministres des  Affaires étrangères, a annoncé la présidence française du Conseil de l'UE.
"Nous viserons un certain nombre d'activités localisées dans le Donbass et directement liées aux intérêts russes", a précisé l'Elysée.


Les sanction ciblées européennes visent des personnes ou des entités. Elles consistent en une interdiction de voyager et un gel des avoirs dans l'UE.


L'Otan a également condamné la reconnaissance des deux territoires séparatistes prorusses et a appelé Vladimir Poutine à "choisir la voie de la diplomatie" et à "retirer les forces déployées aux frontières de l'Ukraine et en Ukraine".


Vladimir Poutine a au contraire ordonné dans la soirée à l'armée russe d'entrer dans les territoires séparatistes pour y assurer "les fonctions de maintien de la paix".


Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a qualifié cette "soi-disant mission de maintien de la paix" de "nouvelle agression directe contre l'Ukraine, une violation de son intégrité territoriale et de sa souveraineté". 


Concernant les sanctions de l'UE, "il y a différentes mesures et le degré de leur mise en œuvre dépend du niveau d'agression", a-t-il expliqué. Elles devront être décidées à l'unanimité des pays membres, mais "l'unanimité sur le dossier de l'Ukraine est garantie", a-t-il soutenu.


La convocation d'un sommet européen extraordinaire est envisagée en cas d'agression militaire russe en Ukraine.


"Si Vladimir Poutine déclenche une guerre, nous répondrons avec le levier le plus puissant dont nous disposons: des sanctions économiques et financières, car l'économie est le point faible de la Russie", avait déclaré dimanche Ursula von der Leyen. "Les sanctions financières signifieraient que la Russie serait pratiquement coupée des marchés financiers internationaux", avait-elle précisé.

Large condamnation à l'ONU des décisions et actions russes sur l'Ukraine

L'ONU et une majorité de membres du Conseil de sécurité, Etats-Unis en tête, ont dénoncé lundi lors d'une réunion d'urgence à New York la décision de la Russie de reconnaître l'indépendance des républiques sécessionnistes de l'est de l'Ukraine, comme celle de "déployer des troupes russes" dans cette région.


La désignation de l'armée russe, par le président Vladimir Poutine, en "force de maintien de la paix" pour justifier son entrée dans les territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine, est "un non-sens", a déclaré l'ambassadrice des Etats-Unis aux Nations Unies Linda Thomas-Greenfield.


Le président Poutine "a annoncé depuis qu'il allait déployer des troupes russes dans ces régions. Ils les appellent des forces de maintien de la paix. C'est un non-sens. Nous savons ce qu'elles sont vraiment", a fustigé la diplomate américaine.


La secrétaire générale adjointe de l'ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, avait au préalable vivement "regretté" les décisions et actions de la Russie.


"Les prochaines heures et jours seront critiques. Le risque de conflit majeur est réel et doit être évité à tout prix", a-t-elle réclamé lors de la réunion organisée à la demande notamment des Occidentaux.


Plusieurs membres du Conseil de sécurité ont fait part de leur condamnation des derniers développements.


"Qui est le prochain" à devoir être envahi, a demandé l'ambassadeur albanais, Ferit Hoxha, en condamnant ""une rupture du droit international".


Son homologue indien, T.S. Tirumurti, a fait part "de sa profonde inquiétude" et a appelé "à la retenue de toutes les parties", tandis que l'ambassadrice britannique, Barbara Woodward, exigeait de la Russie qu'elle fasse "marche arrière" et que le Brésil demandait "un cessez-le-feu immédiat" dans l'est de l'Ukraine.


Deux décrets du président russe, signés après une allocution télévisée, reconnaissent les "républiques populaires" de Donetsk et Lougansk et demandent au ministère de la Défense que "les forces armées de la Russie (y assument) les fonctions de maintien de la paix".

«Violation flagrante»
Les Etats-Unis, l'Union européenne, comme l'Otan et Londres, ont dénoncé la décision du président russe et évoqué des sanctions.


Le président Joe Biden a réaffirmé à son homologue ukrainien "l'engagement des Etats-Unis" au respect de "l'intégrité territoriale de l'Ukraine" et promis des mesures "rapides" et "résolues".


La présidence française a annoncé des sanctions prochaines de l'UE visant des entités et des individus russes. Et le Premier ministre britannique Boris Johnson veut décider mardi d'un "important paquet de sanctions".


Les membres occidentaux du Conseil de sécurité de l'ONU ont demandé une réunion d'urgence lundi soir de cette instance. La session se tiendra à 21H00 locales (02H00 GMT mardi).


L'Europe et les Etats-Unis ont menacé ces dernières semaines Moscou de lourdes sanctions en cas d'agression militaire.


Les annonces de M. Poutine interviennent à l'issue d'une journée qui a vu Moscou multiplier les accusations contre l'Ukraine, comme la destruction d'un poste-frontalier par l'artillerie ukrainienne ou l'infiltration d'une équipe de "saboteurs" donc cinq membres auraient été tués.


Kiev a démenti en bloc ces affirmations qui, pour les Occidentaux, font partie des efforts de Moscou visant à créer un prétexte à une intervention militaire.

Poutine, le «paranoïaque-
Dans sa longue allocution télévisée, M. Poutine a réitéré ses accusations infondées de "génocide" des Russes et russophones d'Ukraine.


Sur un ton professoral, il a donné une leçon d'Histoire revisitée par le Kremlin, présentant l'Ukraine comme un pays artificiel et indissociable de la Russie.


La présidence française a dénoncé la "dérive idéologique" et le "discours paranoïaque" de Vladimir Poutine.


Jusqu'au bout, les Européens ont essayé de le dissuader de passer à l'action.


Emmanuel Macron avait tenté encore dimanche soir de désamorcer la crise, espérant encore avoir arraché un sommet de la désescalade entre MM. Biden et Poutine. Le Kremlin a douché l'espoir lundi matin.

Ukraine: appels à la fermeté à gauche, Le Pen pour «retrouver la voie du dialogue»

Plusieurs candidats de gauche à la présidentielle ont appelé à la fermeté, après la décision de Vladimir Poutine de reconnaître l'indépendance des régions séparatistes prorusses de l'Ukraine, Marine Le Pen souhaitant, elle, que tout soit fait "pour retrouver la voie du dialogue" et Eric Zemmour appelant à "éviter une nouvelle guerre".


Pour la socialiste Anne Hidalgo, "la décision unilatérale de Vladimir Poutine constitue une violation du droit international et de la souveraineté de l'Ukraine". "La France et l’Europe doivent être solidaires, unies et fermes face à cette menace contre la paix en Europe", a-t-elle affirmé sur Twitter.


"La reconnaissance des entités séparatistes par Poutine porte atteinte à l'intégrité territoriale et à la démocratie de l'Ukraine. Aucune complaisance! J'en appelle à une réponse française et européenne ferme et unie", a réagi l'écologiste Yannick Jadot sur le même réseau social.


Pour Jean-Luc Mélenchon, "une ligne est franchie" et "quoiqu’on pense des arrière-pensées ou des logiques de situation, il n'empêche que c’est bien la Russie qui a pris la responsabilité de cet épisode". Dans un long communiqué, le candidat LFI évoque "le bilan navrant de Macron dans cet épisode" et demande que le Premier ministre s'explique "dans les heures qui viennent" devant l'Assemblée nationale.


Le communiste Fabien Roussel a fustigé dans un tweet "une décision extrêmement grave et dangereuse", affirmant que "tout doit être fait pour désamorcer cette guerre qui menace aux portes de l’Europe".


Pour Christiane Taubira, s'exprimant elle aussi sur Twitter, "la Russie choisit la force et le fait accompli. (...) La solidarité des États européens avec l’Ukraine ne doit pas faillir. Même si la diplomatie doit continuer d'œuvrer". 


La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen a de son côté jugé que la décision de M. Poutine était "un acte éminemment regrettable", mais que "tout doit être fait pour retrouver la voie du dialogue afin d’assurer la paix en Europe".


"Désormais, la solution passe probablement par l’organisation d’une conférence réunissant les Etats-Unis, la Russie, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni ainsi que la Pologne, la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie, Etats frontaliers de l’Ukraine", a estimé Mme Le Pen dans un communiqué.


Appelant à éviter "absolument une nouvelle guerre", le candidat d'extrême droite Eric Zemmour estime d'ores et déjà que les futures sanctions que prendront les Etats-Unis et l'UE seront "inefficaces" et iront "à l'encontre de nos intérêts économiques". Il propose ainsi "un traité consacrant la fin de l'expansion de l'Otan".


Emmanuel Macron, qui a multiplié les entretiens ces derniers jours pour éviter la guerre en Ukraine, a condamné la décision du président russe et réclamé des "sanctions européennes ciblées" à l'encontre de Moscou, selon un communiqué de l'Elysée.

Les tensions, qui n'ont cessé de croître ces derniers mois, se sont encore aggravées depuis trois jours avec la recrudescence des heurts dans l'est de l'Ukraine entre forces de Kiev et les séparatistes.


Les observateurs de l'OSCE ont enregistré en 48 heures plus de 3 200 nouvelles violations de la trêve censée être en vigueur.


Lundi, Kiev a fait état de deux soldats et un civil ukrainiens tués.


Les rebelles ont compté trois civils ayant péri dans des bombardements ces dernières 24 heures.


La Russie a assuré lundi qu'au moins 61 000 personnes avaient été "évacuées" des zones séparatistes vers son territoire.


"C'est la guerre, la vraie", estime Tatiana Nikoulina, 64 ans, qui fait partie de ces personnes acheminées de la région de Donetsk vers la ville russe de Taganrog.


M. Poutine a aussi de nouveau incriminé les pays occidentaux, leur reprochant d'"utiliser l'Ukraine", ce qui "représente une menace sérieuse, très grande pour nous".


Les Russes se sont défendus de tout projet d'invasion de l'Ukraine, réclamant l'assurance que Kiev ne rejoindra jamais l'Otan et le retrait de l'Alliance d'Europe de l'Est.


Un médecin syrien condamné à perpétuité en Allemagne pour crimes contre l'humanité sous Assad

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle. (AFP)
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  • Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups
  • "Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad"

FRANCFORT: Un médecin syrien, accusé de tortures d'opposants au régime de Bachar al-Assad, a été condamné à la prison à vie lundi par la justice allemande, après un procès fleuve de plus de trois ans à Francfort.

Arrivé en Allemagne en 2015, où il a exercé comme chirurgien orthopédique jusqu'à son arrestation en 2020 après avoir été reconnu par d'autres réfugiés syriens, Alaa Moussa était jugé pour de multiples crimes sur des détenus dans des hôpitaux militaires de Damas et de Homs durant la guerre civile en Syrie.

Agé de 40 ans, il réfutait toutes les accusations, parmi lesquelles celles d'avoir mis le feu aux parties génitales d'un adolescent et d'avoir administré une injection létale à un détenu qui avait résisté aux coups.

"Il a tué deux personnes et blessé grièvement neuf autres", a affirmé en rendant son verdict le juge Christoph Koller, soulignant que ces actes commis en 2011 et 2012 "s'inscrivaient dans la réaction brutale du régime dictatorial et injuste d'Assad" aux manifestations des opposants.

Dénonçant "une violation massive des droits de l'Homme" par l'accusé, le juge a souligné que le verdict était aussi une façon de montrer "que la souffrance des victimes n'est pas oubliée".

"Outre les difficultés inhérentes à un délai de 12 ans, le régime syrien a tenté jusqu'à sa chute (en décembre 2024, ndlr) d'exercer une influence sur la procédure" allemande, a-t-il poursuivi, évoquant des menaces sur des proches des témoins.

Etant donné la gravité des faits, la condamnation à la perpétuité d'Alaa Moussa a été assortie d'une peine de sûreté pour une durée non encore définie (qui sera décidée au bout de quinze ans d'incarcération).

Lors de son procès commencé le 19 janvier 2022, entouré de hautes mesures de sécurité, Alaa Moussa avait été confronté à plus d'une cinquantaine de témoins et d'anciennes victimes.

Certains avaient témoigné masqués et beaucoup avaient fait état de menaces et d'intimidation à l'encontre de leur famille restée au pays alors que l'ombre des services secrets syriens planait sur les audiences.

Une situation qui s'est détendue après la chute, durant le procès, du dictateur Bachar al-Assad, renversé en décembre 2024 et désormais réfugié en Russie.

Parmi les témoins, un ancien lieutenant d'Alep, âgé aujourd'hui d'une quarantaine d'années, emprisonné après avoir refusé de tirer sur des manifestants en novembre 2011.

"Puni pour ses actes" 

Il avait affirmé avoir vu Alaa Moussa infliger des injections à des malades allongés sur le sol, qui sont décédés peu après, dans l'hôpital militaire où il sévissait.

"Aucun tortionnaire, quel que soit le lieu où il a commis son crime, ne peut être certain d'échapper à la justice. Il devra toujours s'attendre à être puni pour ses actes", a asséné le juge Christoph Koller lors de son verdict.

L'Allemagne a déjà poursuivi et jugé des auteurs de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre commis hors de son territoire, notamment des Syriens et des Irakiens, au nom du principe juridique de compétence universelle.

Il y a deux semaines, la justice allemande avait ainsi condamné à la prison à vie un ancien chef d'une milice syrienne soutenant l'ex-président Bachar al-Assad, reconnu coupable notamment de meurtre, d'actes de torture et de séquestration entre 2012 et 2014.

Lors du premier procès au monde sur des exactions du régime de Bachar al-Assad tenu en Allemagne, Anwar Raslan, un ex-gradé des services de renseignement syriens, avait été condamné en janvier 2022 à la prison à vie pour le meurtre de 27 prisonniers et des faits de torture sur au moins 4.000 autres, en 2011 et 2012, dans la prison Al-Khatib.

Des procès sur les crimes commis en Syrie ont également eu lieu ailleurs en Europe, notamment en France et en Suède.

Le conflit en Syrie, déclenché par des protestations pacifiques violemment réprimées en 2011, a fait plus d'un demi-million de morts, déplacé des millions de personnes et ravagé l'économie et les infrastructures du pays.


Ukraine: l'aide européenne compense le désengagement américain, selon le Kiel Institute

Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
Gabriel Felbermayr, économiste autrichien et président de l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, participe à une conférence de presse le 11 mars 2020 à Berlin afin de commenter l'impact économique et politique de l'épidémie du nouveau coronavirus. (Photo de Tobias SCHWARZ / AFP)
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  • « L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
  • Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

PARIS : Selon l'institut de recherche allemand Kiel Institute, une hausse de l'aide des pays européens à l'Ukraine a permis début 2025 de combler le vide laissé par le désengagement de la nouvelle administration américaine de Donald Trump.

« L'Europe comble largement le retrait de l'aide américaine », écrit l'institut dans un communiqué, qui recense l'aide militaire, financière et humanitaire promise et livrée à l'Ukraine depuis l'invasion russe du 24 février 2022.

Alors que « les États-Unis, qui étaient auparavant le plus gros donateur à l'Ukraine, n'ont pas annoncé de nouvelle enveloppe depuis début janvier », l'Ukraine a tout de même reçu plus d'aide de janvier à avril 2025 qu'en moyenne les années précédentes sur la même période. 

« Reste à savoir s'il s'agit d'une hausse temporaire ou du début d'une évolution plus durable du rôle de l'Europe en tant que principal soutien de l'Ukraine », a déclaré Christoph Trebesch, qui dirige l'équipe du Kiel Institute chargée de suivre les engagements en faveur de l'Ukraine, cité dans le communiqué.

Début 2025, les données du Kiel Institute montrent que « la récente augmentation de l'aide européenne a été tirée par un petit groupe de pays », au premier rang desquels se trouvent « les pays nordiques et le Royaume-Uni ».

En revanche, « il est frappant de constater le peu d'aide allemande allouée ces derniers mois », a-t-il commenté. « Au lieu d'augmenter son soutien après l'arrivée de Trump au pouvoir, nous observons une forte baisse de l'aide allemande par rapport aux années précédentes. »

« La tendance est la même pour l'Italie et l'Espagne », a-t-il précisé. 

Au 30 avril 2025, 294 milliards d'euros au total ont été alloués à des dépenses précises en faveur de l'Ukraine (sur 405 milliards promis), selon les derniers chiffres du Kiel Institute. Les 111 milliards restants ont été promis à long terme, mais pas encore alloués.

Sur la somme déjà donnée, 140 milliards d'euros correspondent à de l'aide militaire, 133 milliards à de l'aide financière et 21 milliards à de l'aide humanitaire.

Les principaux donateurs sont l'Union européenne et ses membres (131 milliards d'euros donnés ou alloués), les États-Unis (115 milliards) et le Royaume-Uni (19 milliards).

En matière d'aide militaire, l'Europe, le Royaume-Uni compris, « dépasse pour la première fois depuis juin 2022 les États-Unis », selon le Kiel Institute. Les Européens ont déjà donné ou alloué 72 milliards d'euros d'aide militaire à l'Ukraine depuis le début de la guerre, contre 65 milliards pour les États-Unis. 


Les dirigeants du G7, dont Trump, se rejoignent au Canada tandis qu'un conflit oppose l'Iran et Israël

Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
Le logo du G7 2025 est visible sur la pelouse devant le centre des médias de Banff, à l'approche du sommet du Groupe des Sept (G7) qui se tiendra à Kananaskis, dans la province canadienne de l'Alberta, le 16 juin 2025. (Photo : Ben Sheppard / AFP)
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  • Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël.
  • La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

KANANASKIS, CANADA : Les pays du G7 ont entamé dimanche des négociations dans l'espoir de trouver un langage commun concernant le conflit entre l'Iran et Israël, alors que leurs dirigeants, dont le président américain, se retrouvent pour un sommet sous tension dans les Rocheuses canadiennes.

Il s'agit du premier grand sommet depuis que Donald Trump est revenu au pouvoir en janvier, ce qui a fragilisé l'unité du club des grandes démocraties industrialisées (Allemagne, Royaume-Uni, Canada, États-Unis, France, Italie et Japon).

Le président américain, qui n'a cessé de menacer le Canada ces derniers mois, est arrivé en fin de journée dans ce pays, avec sur la tête une casquette blanche portant son slogan « Make America Great Again » (« Rendre sa grandeur à l'Amérique »).

Pour cette réunion qui se déroule à Kananaskis, dans le parc national de Banff, dans l'ouest du Canada, il retrouvera ses alliés du G7 ainsi que les dirigeants de nombreux autres pays invités : l'Inde, l'Ukraine, le Mexique, l'Afrique du Sud et l'Australie seront notamment présents.

La priorité absolue pour tous sera d'éviter les drames, malgré les nombreux sujets de frictions, des droits de douane imposés par Donald Trump à la guerre en Ukraine, ou encore à celle du Moyen-Orient.

Mais parviendront-ils à parler d'une voix commune, notamment sur cette région du monde ?

Israël a stupéfié le monde vendredi en ouvrant un nouveau front avec une campagne militaire surprise et massive contre l'Iran.

Selon une source gouvernementale citée par l'AFP, les dirigeants du G7 travaillent à une déclaration commune. Reste à décider s'il s'agit d'appeler à la désescalade ou simplement de soutenir Israël en affirmant que le pays a le droit de se défendre. 

Mais cette guerre n'est pas le seule enjeu des discussions à Kananaskis. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est parmi les invités et doit s'entretenir avec Donald Trump

Le président américain, qui s'est rapproché de façon spectaculaire de Moscou, a de nouveau eu un entretien téléphonique samedi avec le président russe Vladimir Poutine. Ce dernier lui a dit être prêt à un nouveau round de négociations.

De leur côté, les Européens tentent de convaincre Donald Trump de promulguer de nouvelles sanctions contre Moscou, ciblant plus précisément les ventes de pétrole russe. 

Tous les pays souhaitent par ailleurs aborder l'aspect commercial avec le président Trump. En imposant des taxes douanières d'au moins 10 % sur la plupart des produits entrant aux États-Unis, ce dernier a dévié le cours de la mondialisation et menacé l'économie mondiale d'un ralentissement général. 

Ce sommet du G7 est la première visite du président américain sur le sol canadien depuis qu'il a menacé son voisin du nord, estimant qu'il serait préférable qu'il devienne le 51^e État américain.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, et Donald Trump se rencontreront lundi matin lors d'un tête-à-tête. Outre MM. Carney et Zelensky, le dirigeant américain doit aussi rencontrer la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum.