La Norvège interdit l'élevage de certaines races canines

Les épagneuls Cavalier King Charles sont connus pour leurs petites têtes, les bouledogues anglais pour leurs museaux froissés et froissés - des traits que leurs propriétaires adorent. Mais dans un geste sans précédent, la Norvège a interdit l'élevage de ces chiens parce qu'être «mignons» les fait souffrir. (Petter Berntsen/AFP)
Les épagneuls Cavalier King Charles sont connus pour leurs petites têtes, les bouledogues anglais pour leurs museaux froissés et froissés - des traits que leurs propriétaires adorent. Mais dans un geste sans précédent, la Norvège a interdit l'élevage de ces chiens parce qu'être «mignons» les fait souffrir. (Petter Berntsen/AFP)
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Publié le Mercredi 23 février 2022

La Norvège interdit l'élevage de certaines races canines

  • Dans un jugement retentissant, le tribunal d'Oslo a proscrit l'élevage du bulldog anglais et du Cavalier King Charles Spaniel, au motif que la pratique leur inflige des souffrances
  • A force de consanguinité, les deux races ont développé des maladies héréditaires touchant la plupart des individus, sinon la totalité

OSLO, Norvège : L'un a le crâne trop petit, l'autre le museau trop plat... Parce que les traits qui les rendent si attachants sont aussi la cause de leurs tourments, la Norvège a pris la décision inédite d'interdire l'élevage de deux races de chien.

Dans un jugement retentissant, le tribunal d'Oslo a proscrit l'élevage du bulldog anglais et du Cavalier King Charles Spaniel, au motif que la pratique leur inflige des souffrances incompatibles avec la loi sur la protection des animaux.

Salué par les militants de la cause animale et critiqué par les éleveurs, le verdict a pour toile de fond un débat grandissant sur la planète: la quête de «mignonitude» pour les animaux de compagnie se fait-elle aux dépens de leur bien-être?

«Beaucoup de nos races d'élevage sont très consanguines et portent un lourd bagage en termes de maladies», explique Åshild Roaldset, la présidente de la Société protectrice des animaux norvégienne, à l'origine de l'action en justice contre des sociétés canines et des éleveurs individuels.

«Nous devons changer la manière dont nous élevons les chiens. La façon dont nous le faisions était peut-être acceptable il y a 50 ans, mais elle ne l'est plus aujourd'hui», dit-elle.

A force de consanguinité, les deux races ont développé des maladies héréditaires touchant la plupart des individus, sinon la totalité. La liste est longue.

Chien patibulaire --mais doux-- notamment popularisé dans le dessin animé Titi et Grosminet et associé à l'esprit de résistance anglais pendant la Seconde Guerre mondiale, le bulldog accumule les difficultés respiratoires du fait de son museau aplati, mais aussi des problèmes dermatologiques, reproductifs et orthopédiques.

Plus de la moitié de ces molosses nés ces dix dernières années en Norvège ont été mis au monde par césarienne. «L'incapacité génétique de la race à donner naissance naturellement est en soi une raison pour que le bulldog ne soit plus utilisé dans l'élevage», ont estimé les juges.

Quant aux Cavalier King Charles --qui ont conquis dans l'Histoire le cœur de nombreuses personnalités tels Louis XIV, Ronald Reagan et Sylvester Stallone--, leur constitution fait qu'ils sont souvent sujets à des maux de tête à cause d'une boîte crânienne trop petite, des défaillances cardiaques ou encore des problèmes oculaires.

Pour Mme Roaldset, l'insuffisance de diversité génétique à l'échelle mondiale mène ces races tout droit à leur extinction. «Et cela va être douloureux pour elles parce qu'elles vont avoir de plus en plus de maladies», affirme-t-elle.

Chiens sans papiers

Ayant fait l'objet d'un appel, le jugement rendu le 31 janvier n'a pas encore force de loi mais il a semé la stupéfaction chez les professionnels.

«Il y est dit que les chiens naissent avec des maux de tête. Je ne peux pas y croire», dit Lise Gran-Henriksen, éleveuse depuis 25 ans, en regardant une demi-douzaine de ses Cavalier King Charles batifoler sur la glace devant sa maison d'Oslo.

«Si c'était le cas, ils ne seraient pas aussi heureux. Ce sont des chiens heureux qui gambadent et ont l'air en bonne santé -- parce qu'ils le sont», assure-t-elle.

Dans leur ensemble, les professionnels ne remettent pas en cause les «défis» que rencontrent les deux races, mais estiment pouvoir les surmonter en pratiquant un élevage sélectif avec des animaux passés au crible de plusieurs tests.

Et puis, font-ils remarquer, le jugement n'interdit pas la détention, la vente ou encore l'importation des bulldogs et des Cavalier, seulement leur élevage.

Promenant son bulldog Oscar dans un parc d'Oslo, Anne Grethe Holen redoute donc l'afflux de «chiens sans papiers» venus d'«usines à chiots» situées à l'étranger.

«La demande ne va pas se tarir mais les chiens vendus seront beaucoup plus malades», prédit-elle. «Ils ne feront l'objet d'aucune exigence vétérinaire et on ne saura rien de leur lignée».

Pour la Société protectrice des animaux, le salut des deux races passe par leur croisement avec d'autres espèces pour gommer leurs faiblesses génétiques.

«Si le Cavalier finit par avoir un crâne un peu plus spacieux pour abriter son cerveau, il restera le chien le plus mignon au monde», estime Mme Roaldset.

«Et si le bulldog devient moins ridé, avec un museau un peu plus long et un squelette plus robuste, ça n'en fera pas un chien horrible et ça restera un bulldog».


Ukraine : huit morts dans des frappes, Kiev revendique la destruction d'un bombardier russe

Cette photographie distribuée publiée le 19 avril 2024 par le gouverneur du kraï de Stavropol en Russie, Vladimir Vladimirov, montre les restes d'un bombardier stratégique russe à longue portée Tu-22M3 écrasé dans un champ agricole à l'extérieur de Stavropol. (Photo, AFP)
Cette photographie distribuée publiée le 19 avril 2024 par le gouverneur du kraï de Stavropol en Russie, Vladimir Vladimirov, montre les restes d'un bombardier stratégique russe à longue portée Tu-22M3 écrasé dans un champ agricole à l'extérieur de Stavropol. (Photo, AFP)
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  • Moscou a fait état de la mort d'un membre d'équipage dans le crash d'un avion Tupolev-22M3 à la suite d'une défaillance technique, sans mentionner d'implication ukrainienne
  • La Russie bombarde quotidiennement des localités ukrainiennes et Kiev dit éprouver un manque aigu de munitions pour repousser ces attaques

KIEV: Au moins huit personnes, dont des enfants, ont été tuées dans des frappes nocturnes en Ukraine, sur la région de Dnipropetrovsk (centre-est), ont annoncé vendredi les autorités ukrainiennes qui ont revendiqué avoir pour la première fois abattu un bombardier stratégique russe.

Les ministres des Affaires étrangères des Etats du G7 ont dans le même temps pris "l'engagement" de "renforcer" les moyens de défense antiaérienne de l'Ukraine, à l'issue de leur réunion dans le sud de l'Italie. Ils ont par ailleurs exprimé leur "forte préoccupation" à propos de transferts de matériels chinois profitant selon eux à la production militaire russe.

De son côté, Moscou a fait état de la mort d'un membre d'équipage dans le crash d'un avion Tupolev-22M3 à la suite d'une "défaillance technique", sans mentionner d'implication ukrainienne. Les deux pays semblent évoquer le même appareil.

Dans le district ukrainien de Synelnykové, au sud-est de Dnipro, la capitale de la région de Dnipropetrovsk, "plus de dix maisons ont été endommagées" et "six personnes sont mortes", a déclaré le ministre ukrainien de l'Intérieur Igor Klymenko sur Telegram.

Dans la ville de Dnipro, où un immeuble d'habitation de quatre étages et d'autres "infrastructures civiles" ont été touchés, deux personnes ont péri, a-t-il ajouté, prévenant que le bilan risquait de s'alourdir.

Au moins 25 personnes ont été blessées, selon le gouverneur local.

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a précisé que "deux enfants", âgés de quatorze et huit ans, figuraient parmi les morts et qu'un troisième, un garçon de six ans, avait été blessé. Différents responsables avaient auparavant fait des déclarations contradictoires sur le nombre des mineurs tués et leur âge.

"Les enfants ne devraient pas être tués par des frappes aériennes dans l'Europe moderne", a lancé M. Kouleba.

Chemins de fer visés

La compagnie publique ukrainienne des chemins de fer Ukrzaliznytsia a dénoncé vendredi "un bombardement massif" de ses infrastructures à Dnipro et dans sa région, faisant état d'une employée tuée et de sept blessés.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de nouveau appelé ses partenaires à envoyer "des systèmes de défense antiaérienne à l'Ukraine", au lieu de les laisser "stockés dans des entrepôts".

La Russie bombarde quotidiennement des localités ukrainiennes et Kiev dit éprouver un manque aigu de munitions pour repousser ces attaques, tandis que l'aide occidentale se réduit ou arrive en retard.

La Chambre américaine des représentants a annoncé qu'elle voterait samedi sur une enveloppe de 61 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine, bloquée depuis des mois.

Au total, la Russie a tiré 22 missiles et 14 drones explosifs sur le territoire ukrainien dans la nuit de jeudi à vendredi, a souligné dans la matinée l'armée de l'air ukrainienne, affirmant avoir abattu 29 de ces engins.

Volodymyr Zelensky a dit avoir rendu visite à des soldats dans la région de Donetsk, dans l'est, où l'armée russe accentue sa pression.

Le président a expliqué avoir inspecté "la construction de fortifications", une des priorités actuelles de l'Ukraine afin de freiner les troupes de Moscou.

"Abattu" en mission de combat

Le commandant de l'armée de l'air ukrainienne Mykola Olechtchouk a affirmé vendredi que ses forces avaient, "pour la première fois", "détruit un bombardier stratégique de longue portée Tu-22M3, porteur de missiles de croisière X-22".

L'Ukraine avait déjà revendiqué la destruction d'un appareil de ce type en août mais il se trouvait au sol et non dans les airs.

Selon le renseignement militaire ukrainien (GUR), il s'agit cette fois d'un avion qui a participé aux bombardements nocturnes et "a été abattu à la suite d'une opération spéciale".

Le GUR assure que cet aéronef, qui effectuait une "mission de combat", est tombé dans la région de Stavropol, dans le sud-ouest de la Russie.

A Moscou, le ministère russe de la Défense n'a pas confirmé que des tirs ukrainiens avaient visé un avion militaire russe mais une source au sein de l'armée a déclaré à l'agence de presse d'Etat TASS qu'un bombardier supersonique Tupolev-22M3 s'était "écrasé dans la région de Stavropol après une mission de combat, en rentrant sur sa base".

L'appareil n'avait pas d'armements à son bord, a assuré cette source.

Le gouverneur de la région de Stavropol a pour sa part fait savoir qu'un Tupolev-22M3 avait fait une chute dans cette zone après un incident "technique" et qu'au moins un membre de son équipage avait perdu la vie.

"Un avion est tombé dans les champs dans le district de Krasnogvardeïski", a écrit Vladimir Vladimirov sur Telegram.

"Selon les données préliminaires, une défaillance technique est à l'origine de l'accident", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.

Deux autres membres de l'équipage de l'appareil ont été retrouvés vivants et les secours cherchent toujours le quatrième, a-t-il précisé.

Le district de Krasnogvardeïski se situe à quelque 300 km de la frontière ukrainienne.

 

 

 


MSF demande des «politiques dignes» face à «l'abandon» des migrants vers les États-Unis

Des migrants de différentes nationalités prient devant les agents anti-émeutes de la Garde nationale du Texas qui empêchent le passage vers leur frontière, comme vu de Ciudad Juarez, État de Chihuahua, Mexique, le 16 avril 2024. (Photo de Herika Martinez / AFP)
Des migrants de différentes nationalités prient devant les agents anti-émeutes de la Garde nationale du Texas qui empêchent le passage vers leur frontière, comme vu de Ciudad Juarez, État de Chihuahua, Mexique, le 16 avril 2024. (Photo de Herika Martinez / AFP)
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  • MSF a présenté un rapport sur «les conséquences médico-humanitaires dévastatrices» des politiques migratoires restrictives en Amérique centrale et au Mexique, ainsi qu'à la frontière sud des États-Unis
  • L'ONG relève «l'usage politique» de la situation des migrants «pour gagner des voix dans des sociétés de plus en plus hostiles face à l'étranger»

MEXICO: L'ONG Médecins sans frontière (MSF) a demandé jeudi à Mexico des "politiques migratoires dignes et sûres" face à la "désespérance et l'abandon" des migrants qui veulent se rendre aux États-Unis.

MSF a présenté un rapport sur "les conséquences médico-humanitaires dévastatrices" des politiques migratoires restrictives en Amérique centrale et au Mexique, ainsi qu'à la frontière sud des États-Unis.

L'ONG relève "l'usage politique" de la situation des migrants "pour gagner des voix dans des sociétés de plus en plus hostiles face à l'étranger", alors que des élections présidentielles ont lieu cette année au Mexique puis aux États-Unis.

"L'année (2023) a été marquée par des chiffres historiques de flux migratoire dans la région, avec plus de 520.000 personnes traversant la forêt du Darien", porte d'entrée en Amérique centrale entre la Colombie et Panama.

Dans son rapport, MSF relève "plus de 67.000 consultations en santé primaire et psychosociale entre le Honduras, le Guatemala et le Mexique en 2023", soit une hausse de 21% par rapport à 2022. Et de 36% concernant les enfants de moins de cinq ans.

Problèmes respiratoires, cutanés, diarrhée, sont les principaux troubles de santé que présentent les migrants.

"J'ai une déchirure à la jambe droite à cause de la traversée de la forêt (du Darien). Ce sont pratiquement huit pays maintenant", a témoigné un migrant vénézuélien, Moises Rojas, 58 ans, rencontré par l'AFP à Ciudad Juarez à la frontière avec les États-Unis.

"Je voyage avec ma fille. Je n'aurais jamais traversé tant de pays. Mais je suis parti car la situation de mon pays est trop critique", a-t-il ajouté.

Les problèmes de santé mentale sont également importants : "Sur quasiment 3.800 consultations au Honduras, Guatemala et au Mexique, 48% ont été principalement diagnostiqués d'un stress aigu, suivi par les cas de dépression (12%), d'anxiété (11%) et  trouble de stress post-traumatique (11%)".

MSF dénonce également "la violence physique et les enlèvements" pratiqués sur les migrants, évoquant "230 cas de violence avec 775 victimes, dont 52% de femmes et 22% d'enfants et d'adolescents".

"Au Guatemala (...) plus de 150 personnes disent être revenus du Mexique à cause des violences subies là-bas", indique MSF.

"Il est urgent que chaque État - qu'il soit d'origine, de transit ou de destination - assume ses responsabilités dans la gestion de cette crise", insiste l'association médicale humanitaire crée en 1971 en France et qui oeuvre dans plus de 70 pays.

Interrogé par l'AFP, le chef-adjoint de la mission MSF Mexique, Camilo Velez, dénonce par exemple les insuffisances de la politique migratoire américaine.

A la frontière, les migrants doivent déposer leur demande de rendez-vous d'asile sur l'application de CBP, le service américain des douanes et de la protection des frontières.

"Nous demandons que le nombre de 1.450 rendez-vous quotidiens augmente", explique-t-il avançant le chiffre de presque 500.000 personnes bloquées l'année dernière à la frontière.


Les États-Unis mettent leur veto à la candidature de la Palestine, largement soutenue, pour une adhésion complète à l'ONU

Les États-Unis mettent leur veto à la candidature de la Palestine, largement soutenue, pour une adhésion complète à l'ONU
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  • Douze membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur de la résolution, tandis que le Royaume-Uni et la Suisse se sont abstenus
  • Le représentant du président palestinien Mahmoud Abbas a exprimé devant le Conseil le désir de son peuple de vivre dans la liberté, la sécurité et la paix, «dans un État indépendant»

NEW YORK: Les États-Unis ont mis jeudi leur veto à un projet de résolution élaboré par l'Algérie qui vise à accorder à l'État de Palestine le statut de membre à part entière de l'ONU, bloquant ainsi efficacement la reconnaissance de la Palestine en tant qu'État par le Conseil de sécurité.

Douze membres sur les quinze que compte le conseil ont voté en faveur de la résolution, le Royaume-Uni et la Suisse s'étant abstenus et les États-Unis ayant voté contre. Pour être adoptée, une résolution du conseil doit disposer d’au moins neuf votes favorables et ne recueillir aucun recours au droit de veto des cinq membres permanents du Conseil, à savoir les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine.

Un porte-parole du département d'État américain a déclaré jeudi: «Des actions prématurées à New York, même avec les meilleures intentions du monde, ne permettront pas au peuple palestinien d'accéder au statut d'État.»

«Il existe des questions en suspens sur la capacité du candidat à remplir les critères pour être considéré comme un État. Nous exhortons depuis longtemps l'Autorité palestinienne à entreprendre les réformes nécessaires pour acquérir les critères requis pour la création d'un État.»

«Le Hamas, qui est une organisation terroriste exerçant actuellement son pouvoir et son influence à Gaza, serait partie intégrante de l'État envisagé dans cette résolution. C'est la raison pour laquelle les États-Unis voteront contre cette proposition de résolution du Conseil de sécurité.»

Robert Wood, le représentant adjoint des États-Unis à l'ONU, a également souligné que, en vertu de la législation de son pays, une reconnaissance totale par l'ONU d'un État palestinien entraînerait «l'arrêt du financement de l'ONU, ce qui lie les Américains à leur législation nationale».

Avant une précédente réunion du Conseil de sécurité au cours de ce mois, M. Wood a réaffirmé la position de longue date de Washington selon laquelle l'adhésion pleine et entière des Palestiniens aux Nations unies «est une décision qui devrait être négociée entre Israël et les Palestiniens». Il a poursuivi en ces termes: «Ces derniers doivent parvenir à un accord et c'est ainsi que l'adhésion pleine et entière devrait se concrétiser.»

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a présenté une demande d'adhésion à l'ONU en 2011. Elle n'a pas été examinée par le Conseil de sécurité, mais, l'année suivante, l'Assemblée générale a accordé à l'«État de Palestine» le statut plus retreint d'État observateur non membre.

Le texte concis du projet de résolution proposé par l'Algérie respectait le format habituel des résolutions du Conseil de sécurité. Il préconisait que le ce dernier, après avoir examiné la demande d'adhésion de l'État de Palestine à l'ONU, recommande à l'Assemblée générale d'admettre l'État de Palestine en tant que membre à part entière.

Le vote de jeudi est intervenu après une longue journée de débats de haut niveau dans la salle du Conseil. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a ouvert la réunion en avertissant que le Moyen-Orient était «au bord du précipice» et en appelant à «la plus grande retenue».

Il a ajouté qu'il était «grand temps de mettre fin au cycle sanglant des représailles» et «d'arrêter».

Il a réaffirmé sa condamnation de l'attaque de l'Iran contre Israël cette semaine et de celle de ce dernier contre le consulat iranien à Damas au cours de ce mois.

«À Gaza, sept mois d'opérations militaires israéliennes ont engendré un véritable enfer humanitaire», a souligné Antonio Guterres.

«Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées. Deux millions de Palestiniens ont été confrontés à la mort, à la destruction et au refus d'une aide humanitaire vitale. Ils risquent désormais de succomber à la famine.»

«Une opération israélienne à Rafah aggraverait cette catastrophe humanitaire», a-t-il prévenu, faisant référence aux menaces des autorités israéliennes d'une offensive terrestre dans cette ville du sud de Gaza devenue le dernier refuge de plus d'un million de Palestiniens déplacés par les combats dans d'autres parties du territoire.

La fin des hostilités à Gaza contribuerait de manière significative à désamorcer les tensions croissantes dans la région, a ajouté Antonio Guterres, qui a réitéré ses appels à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et à la libération de tous les otages détenus dans le territoire.

Ziad Abu-Amr, le représentant du président palestinien, a déclaré que son peuple aspirait à exercer son droit à l'autodétermination et à vivre dans la liberté, la sécurité et la paix «dans un État indépendant semblable aux autres pays du monde».

S'adressant directement aux États-Unis, il a ajouté: «À ceux qui soutiennent que la reconnaissance de l'État palestinien devrait résulter des négociations plutôt que d’une résolution des Nations unies, nous posons à nouveau la question: comment l'État d'Israël a-t-il été créé? Comment a-t-il été reconnu? N'est-ce pas par le biais d'une résolution des Nations unies, à savoir la résolution 181?»

«Il est grand temps pour le Conseil de sécurité d’assumer sa responsabilité historique et de rendre justice au peuple palestinien en adoptant une résolution acceptant la Palestine comme membre à part entière des Nations unies.»

Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a appelé le Conseil de sécurité à «accepter l'État de Palestine en tant que membre à part entière des Nations unies».

Il a ajouté: «Faites-le pour défendre la justice, pour faire triompher la paix, pour rejeter l'injustice, pour dénoncer le mensonge. Ne laissez pas l'avenir de la région entre les mains des éléments les plus extrémistes du gouvernement israélien.»

Le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, a affirmé: «Le minimum que nous sommes tenus de faire, au regard de tous les impératifs moraux, est de répondre à l'aspiration de la Palestine à devenir membre des Nations unies.»

«Nous sommes fermement convaincus que la reconnaissance de la Palestine, sur la base d'un statut équivalent à celui d'Israël, contribuera au règlement à long terme du conflit israélo-palestinien.»

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares Bueno, a déclaré que son pays avait rejoint les 139 autres nations qui ont déjà officiellement reconnu l'État de Palestine et qu'il soutenait son admission à l'ONU.

«L'Espagne reconnaîtra l'État de Palestine parce que le peuple palestinien ne peut être condamné à être un peuple de réfugiés», a-t-il lancé. «Cette démarche est également essentielle pour la paix au Moyen-Orient et bénéfique pour la sécurité d'Israël.»

«L'Espagne reconnaîtra un État palestinien parce que ce peuple a le droit à un avenir empreint d'espoir, tout comme le peuple israélien a le droit à un avenir dans la paix et la sécurité après tant de décennies de souffrance.»

Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira, a indiqué aux membres du Conseil que «le moment est venu pour la communauté internationale d'accueillir enfin l'État de Palestine, pleinement souverain et indépendant, en tant que nouveau membre des Nations unies».

L'ambassadeur de Chine aux Nations unies, Fu Cong, a appelé les membres du Conseil à «adopter une attitude responsable à la lumière de l'histoire et à voter en faveur de l'adhésion de la Palestine à la famille des Nations unies en tant que membre à part entière».

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a fait savoir que l'adhésion de la Palestine à l'ONU en tant que membre à part entière était un «droit historique» et que le fait de ne pas l'accorder prolongerait irrémédiablement le conflit israélo-arabe.

La représentante du Royaume-Uni auprès des Nations unies, Barbara Woodward, a souligné que la reconnaissance d'un État palestinien «ne peut pas intervenir ni au début ni à la fin du processus».

Elle a ajouté: «Depuis longtemps, notre position est que nous reconnaîtrons un État palestinien au moment le plus opportun pour le processus de paix. Ce processus débutera par la résolution de la crise immédiate à Gaza».