Ukraine: des sanctions contre la Russie, un gazoduc phare visé

Sur cette photo d'archive prise le 26 mars 2019, un ouvrier met un couvercle sur un tuyau sur le chantier de construction du gazoduc Nord Stream 2 à Lubmin, dans le nord-est de l'Allemagne.(AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 26 mars 2019, un ouvrier met un couvercle sur un tuyau sur le chantier de construction du gazoduc Nord Stream 2 à Lubmin, dans le nord-est de l'Allemagne.(AFP)
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Publié le Mardi 22 février 2022

Ukraine: des sanctions contre la Russie, un gazoduc phare visé

  • A Moscou, le président Vladimir Poutine s'est défendu de vouloir « reconstituer un empire » et le Kremlin a assuré qu'il restait « ouvert » à la diplomatie
  • Des Etats-Unis à l'Union européenne en passant par l'Otan, la décision russe a été largement condamnée par le camp occidental

KIEV : Les pays occidentaux ont promis mardi de lourdes sanctions contre la Russie après la reconnaissance de régions séparatistes en Ukraine où Moscou compte déployer des soldats, Berlin annonçant d'ores et déjà la suspension d'un gazoduc cher au Kremlin.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé ses alliés à frapper fort et indiqué qu'il envisageait de rompre les relations diplomatiques avec Moscou, qu'il accuse de vouloir poursuivre son "agression militaire".

A Moscou, le président Vladimir Poutine s'est défendu de vouloir "reconstituer un empire" et le Kremlin a assuré qu'il restait "ouvert" à la diplomatie, alors que les critiques internationales pleuvent depuis lundi et que Kiev l'a accusé de vouloir "ressusciter l'URSS".

Sourd à ces accusations, le Parlement russe a approuvé comme un seul homme mardi les accords signés la veille par M. Poutine avec les séparatistes ukrainiens des régions de Donetsk et Lougansk, qui combattent les forces de Kiev depuis 2014.

Dans la nuit de lundi à mardi, M. Poutine a aussi ordonné à son armée de se déployer dans ces "républiques" sécessionnistes, au risque d'aggraver un conflit qui a déjà fait plus de 14 000 morts.

Aucun calendrier ni l'ampleur de ce déploiement n'ont été annoncés, mais la Russie dispose de plus de 150.000 hommes, selon Washington, aux frontières ukrainiennes, une armada susceptible de mener une invasion.

Sanctions « massives »

Des Etats-Unis à l'Union européenne en passant par l'Otan, la décision russe a été largement condamnée par le camp occidental.

Face à l'amputation de son territoire, M. Zelensky a réclamé, plus que des mots, à punir ce "nouvel acte d'agression" russe, avec notamment "l'arrêt total" du projet de gazoduc Nord Stream 2 qui doit acheminer du gaz russe en Allemagne.

Peu après, le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé la "suspension" du processus d'autorisation de ce gazoduc cher à Moscou, ajoutant que d'autres mesures pourraient suivre.

Il a aussi assuré que l'UE allait prendre des sanctions "massives et robustes". Elles pourraient viser les banques russes et l'accès aux marchés européens.

A Washington, Joe Biden a publié lundi un décret interdisant toute transaction par des personnes américaines avec les régions séparatistes, un paquet a minima. La Maison Blanche a promis de "nouvelles sanctions" pour mardi.

Outre l'ampleur du déploiement russe, une question cruciale sera celle des frontières des "républiques" séparatistes: la ligne de front actuelle ou les limites des régions administratives de Donetsk et Lougansk définies par Kiev, bien plus vastes, que revendiquent les sécessionnistes.

Les responsables russes sont restés flous.

« Ressusciter l'URSS »

D'ores et déjà, dans les rues de Kiev, la reconnaissance par Moscou des régions séparatistes suscite la peur d'un emballement.

"Je suis vraiment sous le choc, car j'ai beaucoup de famille" dans l'est de l'Ukraine, déclare à l'AFP Artem Ivaschenko, 22 ans et originaire de Donetsk. "Cela fait huit ans que je vis à Kiev" et "c'est la nouvelle la plus terrifiante en huit ans", ajoute-t-il.

Le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov a prévenu mardi que des "épreuves difficiles" attendaient l'Ukraine, avec "des pertes" et de la "douleur".

Il a en outre accusé le Kremlin de chercher à "ressusciter l'URSS", dont l'Ukraine fut membre jusqu'à son effondrement en 1991.

Face à cette crise majeure, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est réuni en urgence dans la nuit de lundi à mardi et représentants occidentaux et russe s'y sont affrontés.

"Les prochaines heures et jours seront critiques. Le risque de conflit majeur est réel", a déclaré lors de cette réunion la secrétaire générale adjointe de l'ONU, Rosemary DiCarlo.

Les obus tombent

Lundi, M. Poutine a vivement critiqué l'Occident et sommé l'Ukraine de cesser ses "opérations militaires" ou d'assumer la poursuite des "effusions de sang", des déclarations largement entendues comme une menace.

Sur la ligne de front ukrainienne, où les échanges de tirs avaient explosé ces derniers jours, la situation semblait plus calme dans la matinée.

A Chtchastia, petite ville de l'est située près des zones séparatistes, des habitants nettoyaient mardi les dégâts d'obus tombés la nuit précédente sur un quartier résidentiel.

Valentyna Chmatkova, 59 ans, dormait quand les projectiles sont tombés, soufflant les vitres de son deux-pièces. "On ne s'y attendait pas. On ne pensait pas que l'Ukraine et la Russie n'arriveraient pas à s'entendre au final", déplore-t-elle. 

"Je pensais qu'il n'y aurait pas de conflit", reprend-elle. "Je pensais que notre président (Zelensky) et le président russe étaient intelligents et prudents".

 


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.