Présidentielle: Marine Le Pen suspend sa campagne pour chasser les parrainages

Marine Le Pen, candidate à la présidence du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), s'exprime lors de la présentation de son programme de campagne économique devant le Medef, à Paris, le 21 février 2022.(AFP)
Marine Le Pen, candidate à la présidence du parti d'extrême droite Rassemblement national (RN), s'exprime lors de la présentation de son programme de campagne économique devant le Medef, à Paris, le 21 février 2022.(AFP)
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Publié le Mardi 22 février 2022

Présidentielle: Marine Le Pen suspend sa campagne pour chasser les parrainages

  • Tout comme son rival Eric Zemmour ou à gauche le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, elle peine à rassembler les signatures d'au moins 500 élus nécessaires pour se présenter à l'élection
  • A moins de dix jours de la clôture des parrainages le 4 mars, ce thème a fait irruption à l'Assemblée, lors des dernières questions au gouvernement de la législature

PARIS : La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen a annoncé mardi suspendre sa campagne de terrain afin de se consacrer à la quête de parrainages d'élus, sur fond de craintes que des candidats majeurs à la présidentielle ne puissent pas se présenter au scrutin du 10 avril.

Marine Le Pen, qui a obtenu 393 parrainages selon la liste actualisée publiée mardi après-midi par le Conseil constitutionnel, a annulé plusieurs déplacements prévus cette semaine. Tout comme son rival Eric Zemmour ou à gauche le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon, elle peine à rassembler les signatures d'au moins 500 élus nécessaires pour se présenter à l'élection.

A moins de dix jours de la clôture des parrainages le 4 mars, ce thème a fait irruption à l'Assemblée, lors des dernières questions au gouvernement de la législature.

Le Premier ministre Jean Castex a appelé les élus à "apporter leurs parrainages" aux candidats en lice, en soulignant qu'une telle démarche "n'est pas automatiquement synonyme de soutien politique".

De nombreux maires, dans les zones rurales notamment, hésitent en effet à afficher publiquement leurs parrainages.

M. Castex a indiqué qu'il recevrait jeudi matin les associations d'élus locaux afin "d'évoquer ensemble cette situation (...) parce qu'il y a un sujet profondément démocratique".

Mme Le Pen, finaliste à l'Elysée en 2017, donnée dans les sondages en deuxième position derrière Emmanuel Macron au premier tour, a multiplié dernièrement les appels aux élus.

Le candidat de Reconquête! Eric Zemmour (350 parrainages) passe également des coups de fils tous azimuts aux élus locaux. "Forcément ça nous entrave, ça nous prend beaucoup de temps, tout le monde est mobilisé", a affirmé M. Zemmour à la presse, craignant un "séisme démocratique" s'il n'obtenait pas ses parrainages.

Sang-froid 

Pour l'instant, six candidats ont obtenu les fameux sésames : la candidate LR Valérie Pécresse, la socialiste Anne Hidalgo, le communiste Fabien Roussel, Jean Lassalle, Nathalie Arthaud (LO) , ainsi que l'écologiste Yannick Jadot qui a franchi le seuil ce mardi avec 565 paraphes. Pas encore candidat, le président Emmanuel Macron a largement fait le plein des parrainages. 

Proche allié de M. Macron, le président du MoDem François Bayrou, qui bataille pour que tous prétendants puissent se présenter, a revendiqué mardi une réserve de 180 élus prêts à endosser les principaux candidats en difficulté.

La démarche fait cependant l'objet de critiques, y compris chez les Insoumis pour qui "ce sont les incendiaires qui font les pompiers".

"C'est une situation qui commence à échapper à tout le monde", a déclaré M. Mélenchon tout en disant garder son "sang-froid" alors qu'il fait presque le plein avec 442 paraphes à son compteur.

Dans une tribune publiée mardi par le JDD, 50 élus ont par ailleurs annoncé parrainer Christiane Taubira, qui n'a obtenu à ce stade que 104 signatures.

Poutine bouscule la campagne

L'affront de Vladimir Poutine sur l'Ukraine est venu par ailleurs bousculer la campagne présidentielle, les candidats dénonçant mardi l'"instrumentalisation" d'Emmanuel Macron qui est monté en première ligne et n'a pas ménagé ses efforts pour éviter l'escalade.

Pour un président qui a lui-même lié son entrée en campagne à l'intense séquence diplomatique, l'échec est palpable et ses adversaires ne se sont pas privés pour le critiquer tout en condamnant la Russie et en appelant les Européens à faire preuve de fermeté.

A l'Elysée, on faisait valoir qu'en décidant de reconnaître l'indépendance des régions séparatistes prorusses de l'Est de l'Ukraine, le président russe "n'a pas respecté la parole donnée".

Tout en assurant ne pas "reprocher au président d'avoir tenté de dialoguer avec Poutine", Valérie Pécresse juge que "ce dialogue a été trop tardif et solitaire".

"Macron a fait son job. Simplement, il a été manipulé, instrumentalisé" par Vladimir Poutine, a renchéri Patrick Kanner, président du groupe socialiste au Sénat.

Jean-Luc Mélenchon a lui insisté sur "le bilan navrant de Macron dans cet épisode", tout en jugeant la Russie "responsable" de la crise actuelle.

"A-t-il été un leurre pour Poutine?", a-t-il cependant questionné, évoquant un "énorme gâchis".

Yannick Jadot devait protester devant l'ambassade de Russie en fin d'après-midi. Il a demandé qu'Emmanuel Macron "reçoive toutes les candidates et les candidats et les partis représentés pour discuter de la situation en Ukraine".

La candidate du Rassemblement national, elle, a jugé que "Emmanuel Macron a cherché à se servir de cette séquence diplomatique pour sa prochaine entrée en campagne" et "faire de la communication", tout en estimant que "tout doit être fait pour retrouver la voie du dialogue afin d'assurer la paix en Europe".

Sans surprise, la majorité présidentielle est à la rescousse du président, écartant à l'image du député macroniste Roland Lescure des "polémiques à deux sous".


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».