Présidentielle: coup d'envoi en vue pour Macron

L'entrée en lice imminente d'Emmanuel Macron pourrait, selon les sondeurs, donner de la clarté à une campagne encore "confuse" pour de nombreux électeurs à six semaines du premier tour. (AFP)
L'entrée en lice imminente d'Emmanuel Macron pourrait, selon les sondeurs, donner de la clarté à une campagne encore "confuse" pour de nombreux électeurs à six semaines du premier tour. (AFP)
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Publié le Mercredi 23 février 2022

Présidentielle: coup d'envoi en vue pour Macron

  • En pleine crise entre l'Ukraine et la Russie, le chef de l'Etat a repoussé la question de sa candidature au plus près de la date limite fixée par le Conseil constitutionnel le 4 mars
  • Le chef de l'Etat sortant est donné en tête avec 24 à 24,5% des intentions de vote, comme dans toutes les enquêtes d'opinion

PARIS: L'entrée en lice imminente d'Emmanuel Macron pourrait, selon les sondeurs, donner de la clarté à une campagne encore "confuse" pour de nombreux électeurs à six semaines du premier tour.

La date exacte de l'annonce de la candidature du président sortant n'est pas encore connue, mais l'AFP a obtenu mercredi auprès de trois sources LREM celle de son premier meeting: ce sera, sauf changement, samedi 5 mars à Marseille, au Parc Chanot.

Une source gouvernementale évoque "trois gros meetings" de campagne pour Emmanuel Macron, "dont Marseille et un autre dans l'ouest de la France".

Interrogé à la sortie du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a esquivé en soulignant qu'"il n'y a pas de mystère sur le fait que des formations politiques, y compris de la majorité, anticipent la candidature" du président, tout en appelant à se "méfier des bruits qui circulent".

En pleine crise entre l'Ukraine et la Russie, le chef de l'Etat a repoussé la question de sa candidature au plus près de la date limite fixée par le Conseil constitutionnel le 4 mars, même s'il dispose déjà des parrainages nécessaires pour se lancer formellement dans la course.

"L'entrée en lice d'Emmanuel Macron peut changer les choses et faire que la campagne s'ouvre vraiment", a affirmé à l'AFP Bernard Sananès, le président de l'institut Elabe. Il rappelle que "les intentions des Français d'aller voter sont toujours de 4 à 5 points inférieures à celles de 2017" à la même période, une tendance qui laisse craindre une forte abstention en avril.

Brice Teinturier, le directeur général délégué d'Ipsos, note de son côté "une espèce de difficulté pour les Français à entrer dans cette campagne". 

Il a pointé sur France Inter un "manque de clarté" dû notamment à l'absence d'Emmanuel Macron, mais aussi à "l'affaiblissement du clivage gauche-droite, qui permettait d'ordonner, de créer des repères".  

Pécresse recule encore 

Un ministre croit savoir qu'Emmanuel Macron, déjà identifié comme "un réformateur économique", pourrait investir dans son futur programme des domaines tels que l'éducation, la culture, la jeunesse, la cohésion sociale et le climat.

Selon cette source, "l'idée est d'avoir quelques objets de rupture forts, quelques marqueurs".

Dans l'attente de M. Macron, deux sondages Elabe et Harris Interactive publiés mercredi confirment les dynamiques observées ces dernières semaines. 

Le chef de l'Etat sortant est donné en tête avec 24 à 24,5% des intentions de vote, comme dans toutes les enquêtes d'opinion. 

Dans la lutte pour la seconde place, synonyme d'accès au second tour, Marine Le Pen reste devant ses poursuivants avec 17 à 18% d'intentions de vote, tandis qu'Eric Zemmour oscille entre 13,5% à 15,5% et Valérie Pécresse continue de reculer à 11,5% à 13,5%. La candidate LR est talonnée par Jean-Luc Mélenchon (11-12%).

"On a le sentiment que l'électorat populaire, mais aussi celui qui est le plus loin de la politique, rentre progressivement dans la campagne, ce qui peut profiter à Marine Le Pen ou, à l'autre bout de l'échiquier, à Jean-Luc Mélenchon", souligne Bernard Sananès. 

Pour la candidate LR Valérie Pécresse, au contraire, "le doute s'est installé dans l'électorat de droite", observe-t-il, avec "une érosion continue qui s'est accélérée".

Sur BFMTV, le ministre des Finances Bruno Le Maire, issu lui-même de la droite, a attribué les difficultés de Mme Pécresse à "la poursuite de la lente décomposition de l'espace politique des Républicains, qui n'existe pas". 

A gauche, Jean-Luc Mélenchon bénéficie d'une "dynamique légère, mais continue", observe M. Sananès: "Si ça continue, cela pourrait peut-être déclencher un phénomène de vote utile comme en 2017".

Pendant ce temps, la crise russo-ukrainienne a continué à bousculer la campagne, Valérie Pécresse appelant à dire "stop" à Vladimir Poutine en lui infligeant des "sanctions vraiment puissantes", à l'issue d'une rencontre avec l'ambassadeur ukrainien à Paris Oleg Shamshur.

A l'extrême droite, le président du RN Jordan Bardella a prévenu sur Europe 1 qu'Emmanuel Macron devra "assumer une explosion des factures de gaz" des Français si la Russie prend des mesures de "rétorsion" aux sanctions européennes.

S'exprimant devant le Conseil économique social et environnemental (Cese), l'écologiste Yannick Jadot a plaidé, s'il est élu, pour lui donner "un droit de veto" sur les questions liées à l'état de droit ou l'environnement. Le communiste Fabien Roussel a lui souhaité que "les avis du Cese soient intégrés à l'élaboration de la loi".


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.