Une solution à deux États et la paix au Moyen-Orient sont en jeu lors des élections américaines, affirment des militants

Donald Trump lors d'un rassemblement électoral à Colorado Springs, au Colorado, le 20 février 2020, et Joe Biden lors d'un rassemblement à Los Angeles, Californie, le 3 mars 2020. (Reuters)
Donald Trump lors d'un rassemblement électoral à Colorado Springs, au Colorado, le 20 février 2020, et Joe Biden lors d'un rassemblement à Los Angeles, Californie, le 3 mars 2020. (Reuters)
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Publié le Jeudi 08 octobre 2020

Une solution à deux États et la paix au Moyen-Orient sont en jeu lors des élections américaines, affirment des militants

  • Ed Gabriel a déclaré que Biden était «la dernière chance» pour la solution à deux États, et pour donner aux Palestiniens une base de négociation plus solide avec Israël
  • Dalia Al-Aqidi s’est interrogée sur les échecs des précédentes administrations démocrates à tenir leurs promesses de paix, tandis que Trump a donné des résultats

CHICAGO: La solution à deux États du conflit israélo-palestinien, et la paix au Moyen-Orient en général, sont en jeu pour les Américains arabes dans la bataille électorale du 3 novembre entre le président américain, Donald Trump, et Joe Biden, ont fait valoir mercredi des militants de chaque partie.

Ed Gabriel, ancien ambassadeur des États-Unis au Maroc et porte-parole de l'organisation Arabs for Biden, ainsi que la militante républicaine Dalia Al-Aqidi qui soutient Trump, étaient tous deux les invités de l'émission «The Ray Hanania Show», diffusée à Detroit sur US Arab Radio Network.

Selon eux, les Américains arabes aideront à définir la manière dont les États-Unis iront de l'avant au Moyen-Orient.

Gabriel a déclaré que Biden était «la dernière chance» pour la solution à deux États, et pour donner aux Palestiniens une base de négociation plus solide avec Israël.

«La solution à deux États ne tient qu'à un fil», a affirmé Gabriel lors de l'émission de radio en direct, parrainée par Arab News. «Je pense qu'il peut nous y amener grâce à la confiance dont il jouit. Une chose que j’ai apprise en diplomatie: si vous n’avez pas la confiance des deux côtés, vous vous trouverez en difficulté… Joe a la confiance.»

Gabriel a déclaré que sur de telles questions, Biden était «très proche de la personnalité et de l'approche» de l'ancien président Bill Clinton. « Biden a de l’équilibre, il a la confiance des deux côtés, et il peut les rassembler », a-t-il encore estimé.

Notant que les arabes et les musulmans américains ont tendance à être conservateurs socialement et politiquement, Al-Aqidi s’est interrogée sur les échecs des précédentes administrations démocrates à tenir leurs promesses de paix, tandis que Trump a donné des résultats.

«Nous venons d'être les témoins des deux plus importants accords entre deux pays du Moyen-Orient (les Émirats arabes unis et Bahreïn) et Israël… D'autres sont à venir», a-t-elle affirmé.

«C’est l’une des meilleures choses qui soient arrivées au Moyen-Orient en quarante ans. C'est la première étape pour une région plus pacifique.»

Al-Aqidi a précisé que les Américains arabes pouvaient jouer un rôle dans le soutien des politiques qui mettent en échec les menaces d'extrémistes tels que le Hezbollah et l'Iran.

«N'oublions pas qu'au Moyen-Orient, il existe une énorme menace de la part du régime iranien comme de la part de la Turquie», a-t-elle ajouté.

«Le moment est venu pour les peuples du Moyen-Orient de vivre en paix. C’est ce que le président Trump a fait, et que de nombreux présidents ont échoué à faire.»

Gabriel a déclaré pour sa part qu'une administration Biden serait «dure» avec l'Iran et le Hezbollah. «Nous allons aller au-delà d’un accord nucléaire avec l’Iran, pour examiner la technologie des missiles et leurs intermédiaires dans la région qui fomentent le terrorisme», a-t-il ajouté.

«Mais… c'est l'Amérique. Nous ne menons pas avec nos armes. Nous devons mener avec nos valeurs. Joe Biden mène avec ses valeurs. Comme le dirait Joe, “inchallah”.»

Gabriel a également critiqué Trump pour avoir ostracisé non seulement les Palestiniens lors de ses efforts de paix au Moyen-Orient, mais aussi les Arabes et musulmans américains.

«Biden a réalisé un document politique arabo-américain de six pages que vous pouvez consulter en ligne six pages sur la façon dont cette future administration traiterait avec les Américains arabes sur les politiques intérieure et étrangère», a précisé Gabriel.

«Nous tenons des dizaines de réunions chaque mois avec toutes sortes de sous-groupes de la population arabo-américaine. Nous écoutons et nous changeons. Nous nous trouvons toujours à un e-mail de Joe Biden… Cela vient du cœur», a-t-il ajouté.

«La semaine dernière, lors du débat (présidentiel), il a regardé Trump dans les yeux, et quand Trump a fait un de ses commentaires, Joe a dit “inchallah”. Et Joe l’a dit pour une raison… Il s’était réuni autour d’une table avec des dirigeants arabes… Il a en lui une chaleur très arabe.»

L'émission est disponible sur la page Facebook d’Arab News, où les interviews ont été diffusées en direct.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.