Les femmes saoudiennes progressent avec des emplois dans le chemin de fer

Saoudienne opérant dans une locomotive (fournie)
Saoudienne opérant dans une locomotive (fournie)
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Publié le Lundi 28 février 2022

Les femmes saoudiennes progressent avec des emplois dans le chemin de fer

Les femmes saoudiennes progressent avec des emplois dans le chemin de fer
  • Les 30 conductrices sélectionnées piloteront des trains à grande vitesse entre les villes de La Mecque et de Médine, exploités par l'opérateur ferroviaire espagnol Renfe
  • Les possibilités d'emploi pour les femmes saoudiennes se limitaient jusqu'à récemment à des rôles d'enseignantes et d'agents de santé

Un récent rapport sur une offre d'emploi visant à recruter 30 conductrices de train en Arabie saoudite, qui a attiré 28 000 candidats, a fait la une des journaux du monde entier pour de nombreuses raisons. Certains ont fait remarquer qu'une réponse aussi enthousiaste à l'offre d'emploi n'avait pu se produire qu'en raison des mesures que le Royaume prend actuellement pour renforcer l'autonomie des femmes dans tous les domaines. Il est intéressant de noter que les femmes saoudiennes ont été légalement autorisées à conduire en 2018.

D'autres commentaires indiquent qu'une réponse aussi importante met en relief une demande réprimée chez les femmes saoudiennes, nonobstant le romantisme associé aux voyages en train sur de longues distances, comme le Transsibérien de Moscou à Pékin ou l'Orient Express de Londres à Venise.

En Arabie saoudite, les 30 conductrices sélectionnées piloteront des trains à grande vitesse entre les villes de La Mecque et de Médine, exploités par l'opérateur ferroviaire espagnol Renfe, après une année de formation rémunérée. Les liaisons ferroviaires inter-CCG et transnationales dans le Royaume offriront à l'avenir davantage de possibilités aux conducteurs et conductrices.

L'enthousiasme pour ce secteur jusqu'à présent dominé par les hommes vient du fait que les possibilités d'emploi pour les femmes saoudiennes se limitaient jusqu'à récemment à des rôles d'enseignantes et d'agents de santé. Les choses évoluent toutefois positivement, puisque les Saoudiennes rejoignent désormais le secteur financier et occupent des emplois auparavant réservés aux hommes ou aux travailleurs migrants, que ce soit comme chauffeurs de taxi privé ou hôtesses de l'air.

L'ouverture du secteur du tourisme et de l'hôtellerie en Arabie saoudite a également suscité l'intérêt des femmes saoudiennes. Tous ces facteurs ont permis de doubler la participation des femmes à la main-d'œuvre saoudienne au cours des cinq dernières années, pour atteindre environ 33 %. La tendance à la baisse du chômage des jeunes est également encourageante pour le groupe des 20-24 ans, qui est passé de 28 % à 23,6 % au premier trimestre 2021.

Cependant, le taux de chômage des femmes saoudiennes reste plus élevé que celui des hommes, le taux féminin s'élevant à 21,2 % au premier trimestre 2021, contre 7,2 % pour les hommes sur la même période. Toutefois, les nouvelles opportunités auxquelles les femmes saoudiennes peuvent accéder ont permis de réduire le taux de chômage global des femmes, qui est passé de 24,4 % au quatrième trimestre 2020 à 21,2 %  selon la dernière estimation des données officielles.

Diversifier l'économie saoudienne en s'éloignant de la dépendance au pétrole et des emplois du secteur public reste un objectif majeur pour l'Arabie saoudite. Les dernières données officielles indiquent qu'au premier trimestre 2021, environ 54 % des Saoudiens occuperont un emploi dans le secteur public, contre 44 % dans le secteur privé. Une reprise plus rapide après les restrictions liées à la pandémie et des perspectives plus optimistes pour le secteur privé devraient améliorer le taux de participation global du secteur privé, le taux de chômage devant baisser à 10,3 % d'ici la fin de 2022.

Il est intéressant de noter que si près de 60 % des employés du secteur public sont des hommes saoudiens, la situation est inversée dans le secteur privé, où près de 60 % des employés sont des femmes saoudiennes, ce qui indique une tendance croissante du secteur privé saoudien à préférer les employées saoudiennes, notamment dans les secteurs de la santé et de l'action sociale, de l'éducation, du commerce en gros et au détail.

Une reprise post-pandémique du tourisme au deuxième trimestre 2022 devrait également contribuer à stimuler l'emploi saisonnier dans le Royaume, en particulier pour les travailleuses qualifiées. La Red Sea Development Co., qui n'a pas été en reste par rapport à la réponse enthousiaste des femmes à la campagne de recrutement de conducteurs de train, a reçu plus de 40 000 demandes d'emploi et a recruté la première promotion de 60 diplômés, soulignant le potentiel de transformation du tourisme pour créer 120 000 emplois directs et indirects. L'entreprise compte actuellement 1 500 employés, dont plus de 50 % sont des ressortissants saoudiens.

D'autres secteurs tels que l'hébergement et la restauration, le soutien administratif et même l'industrie manufacturière ont connu une augmentation régulière de la participation des femmes, ainsi que dans des secteurs auparavant dominés par les hommes, comme les activités techniques.

L'ouverture de l'économie saoudienne, avec ses nombreux mégaprojets et ses initiatives promettant une vision optimiste de l'avenir où tout semble possible pour les deux sexes, a suscité de grandes attentes en matière d'emploi de la part d'une population relativement jeune, comme l'a souligné la réponse écrasante de 28 000 candidats pour 30 conductrices de train.

Il est maintenant urgent d'augmenter de manière significative la création d'emplois nouveaux et cohérents pour les deux sexes, en particulier dans le secteur privé. Les mégaprojets annoncés et planifiés doivent s'assurer que les programmes de localisation de la main-d'œuvre soient au cœur de ces projets, en particulier pour l'attribution de contrats gouvernementaux au secteur privé, afin d'éviter les frustrations et les déceptions liées à l'absence de nouvelles opportunités d'emploi significatives.

 

- Mohamed Ramady est un ancien banquier et professeur de finance et d'économie à l'Université du pétrole et des minéraux King Fahd, à Dhahran.

 

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com