Le Brésil connaît un exode sans précédent

Une famille d'immigrants du Brésil attend d'entrer dans un centre de détention de la patrouille frontalière américaine après avoir quitté la frontière mexicaine américaine, le 8 décembre 2021, à travers la ville de Yuma, en Arizona. (Photo, AFP)
Une famille d'immigrants du Brésil attend d'entrer dans un centre de détention de la patrouille frontalière américaine après avoir quitté la frontière mexicaine américaine, le 8 décembre 2021, à travers la ville de Yuma, en Arizona. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 01 mars 2022

Le Brésil connaît un exode sans précédent

  • L'exode est alimenté par les taux élevés de violence, d'inflation ou de chômage dans le Brésil du président d'extrême droite Jair Bolsonaro
  • Beaucoup plus que lors de la grande vague migratoire des années 80 générée par l'hyperinflation qui avait poussé 1,8 million de personnes à l'exil

SAO PAULO : Jamais un aussi grand nombre de Brésiliens n'avaient vécu hors du pays. Chaque année, des dizaines de milliers de jeunes ou retraités, riches ou pauvres, décident de tenter une nouvelle vie loin de leur pays.

Cet exode est alimenté par les taux élevés de violence, d'inflation ou de chômage dans le Brésil du président d'extrême droite Jair Bolsonaro auxquels sont venus s'ajouter les affres de la pandémie.

Historiquement terre d'asile, l'immense grand pays latino-américain voit aujourd'hui partir un grand nombre de ses enfants. Ils étaient 4,2 millions à s'être exilés en 2020, un chiffre en progression continue depuis 2016 et les trois millions d'émigrants alors recensés par le ministère des Affaires étrangères.

Beaucoup plus que lors de la grande vague migratoire des années 80 générée par l'hyperinflation qui avait poussé 1,8 million de personnes à l'exil.

"Je ne peux pas dire que j'étais malheureuse... mais je ne me voyais aucun avenir. J'ai toujours voulu fonder une famille mais je me suis dit +je ne peux pas, pas ici+. J'aime mon pays, toute ma famille vit là-bas, mais pour l'instant mon époux et moi ne songeons pas à rentrer", dit à l'AFP Gabriela Vefago Nunes, installée depuis septembre au Québec comme 121.950 de ses compatriotes.

En tête des destinations terre d'exil, les Etats-Unis avec près de 1,8 million de Brésiliens, suivis du Portugal qui partage la même langue (276 200) et du Paraguay (240 000), selon un récent rapport du ministère des Affaires étrangères.

Dans sa ville natale de Blumenau, dans l'Etat méridional de Santa Catarina, Gabriela Vefago Nunes dit qu'elle avait besoin de deux emplois pour joindre les deux bouts. Aujourd'hui, elle travaille dans un centre médical à Montréal.

"Ici il y a la sécurité et on voit des familles qui ne s'inquiètent pas de la violence. Au Brésil, tous les jours on redoutait quelque chose de grave", raconte-t-elle.

«Gagner plus»

"La question est surtout économique. C'est le manque d'opportunités de travail, le fait de ne pas pouvoir se réaliser professionnellement, gagner de l'argent, économiser et s'acheter une maison", explique Gabrielle Oliveira, spécialiste des flux migratoires et professeure à l'Université de Harvard (Etats-Unis).

"Les gens se sentent trahis par leur propre pays, ont perdu confiance et se disent: +J'ai tant donné mais je n'ai rien reçu en retour+", estime-t-elle.

Le rapport du ministère des Affaires étrangères ne détaille ni les âges ni l'appartenance socio-économique des candidats au grand départ. Mais Mme Oliveira assure que les profils sont très variés, bien qu'en majorité ils soient jeunes et de sexe masculin.

Dans les années 1980, ceux qui avaient quitté le pays étaient principalement issus de foyers aisés. Aujourd'hui, certains Brésiliens pauvres vendent leurs maigres biens ou s'endettent pour migrer de manière légale ou irrégulière, explique la chercheuse.

Marcos Martins, un ingénieur mécanicien de 58 ans, s'estime chanceux d'avoir une vie professionnelle "plus réussie" que nombre de ses compatriotes. Malgré tout, d'ici avril, il espère avec sa femme quitter un Rio de Janeiro "stressant" pour Lisbonne.

"L'une de nos motivations est la possibilité de gagner plus en travaillant autant ou même moins", explique-t-il.

Risque futur

Outre la perte d'une main-d'œuvre qualifiée dans les secteurs à forte demande tels que la technologie, un exode continu constitue un risque futur en raison du vieillissement de la population, estiment les experts.

En 2100, les plus de 65 ans pourraient représenter 40,3% des 213 millions de Brésiliens (7,3% en 2010), selon un rapport publié en octobre par l'Institut de recherche économique appliquée, lié au ministère de l'Economie. La part des moins de 15 ans passerait de 24,7% à 9% de la population.

"C'est une question qui pourrait devenir très compliquée", prévient Mme Oliveira, "de plus en plus de personnes partiront à la retraite et il y aurait moins de personnes en âge de produire".

A Sao Paulo, Ricardo Vieira de Arruda, infirmier de 33 ans, étudie le français dans l'espoir de s'installer au Canada pour "ne jamais revenir".

"Ici, si vous avez de l'argent, vous aurez une bonne qualité de vie. Si vous n'avez pas d'argent, alors vous n'aurez rien", dit-il.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.