Ukraine: prise de Kherson par l'armée russe, discussions sur un cessez-le-feu

L'avancée militaire de la Russie intervient à quelques heures seulement de pourparlers autour d'un cessez-le-feu auxquels elle a consenti. (Photo, AFP)
L'avancée militaire de la Russie intervient à quelques heures seulement de pourparlers autour d'un cessez-le-feu auxquels elle a consenti. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 mars 2022

Ukraine: prise de Kherson par l'armée russe, discussions sur un cessez-le-feu

  • Le maire Igor Kolykhaïev a annoncé avoir discuté avec des «invités armés» dans un bâtiment de l'administration de Kherson
  • «Nous n'avions pas d'armes et n'étions pas agressifs. Nous avons montré que nous travaillons à sécuriser la ville et essayons de parer aux conséquences de l'invasion», a-t-il dit

KIEV : Une semaine après le lancement de leur opération en Ukraine, les forces russes se sont emparé de leur première grande ville, Kherson, peu avant une deuxième session de discussions jeudi matin sur un cessez-le-feu entre négociateurs russes et ukrainiens.

Il s'agit d'une grande ville du sud, prise dans un conflit qui, en sept jours, a fait fuir un million de personnes à destination des pays voisins, selon le haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés Filippo Grandi.

Le maire de cette cité de 290 000 habitants, Igor Kolykhaïev, a annoncé avoir discuté avec des "invités armés" dans un bâtiment de l'administration de Kherson, sous-entendant, sans les nommer, des troupes russes.

"Nous n'avions pas d'armes et n'étions pas agressifs. Nous avons montré que nous travaillons à sécuriser la ville et essayons de parer aux conséquences de l'invasion", a-t-il dit dans un message sur Facebook.

«Très dangereux»

Le chef de l'administration régionale, Guennadi Lakhouta, a appelé sur Telegram les habitants à rester chez eux, indiquant que "les occupants (russes) sont dans tous les quartiers de la ville et sont très dangereux". 

Les actes commis par la Russie sur le territoire ukrainien seront désormais d'autant plus scrutés que le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, a annoncé mercredi soir "l'ouverture immédiate" d'une enquête pour crimes de guerre.

L'armée russe avait annoncé dans la matinée de mercredi s'être emparé de Kherson, située non loin de la péninsule de Crimée annexée en 2014 par Moscou. Cette ville portuaire et sa périphérie ont subi d'intenses bombardements.

Plus à l'est, à Marioupol, le principal port ukrainien de la mer d'Azov, "ça se dégrade d'heure en heure", a témoigné une de ses habitantes, Maryna, 28 ans, selon laquelle le centre-ville a été pilonné. 

Si elle en prenait le contrôle, l'armée russe pourrait assurer une continuité territoriale entre ses forces en provenance de Crimée et celles arrivées des territoires séparatistes plus au nord-est.

L'avancée militaire de la Russie intervient à quelques heures seulement de pourparlers autour d'un cessez-le-feu auxquels elle a consenti. 

Ces négociations commenceront jeudi matin dans un lieu au Bélarus situé "non loin de la frontière avec la Pologne", a précisé le négociateur russe Vladimir Medinski. 

De premières discussions lundi, également au Bélarus, n'avaient donné aucun résultat tangible, Kiev ayant réclamé l'arrêt immédiat de l'invasion, tandis que Moscou avait semblé attendre une reddition.

Les Etats-Unis vont "soutenir des efforts diplomatiques" de l'Ukraine pour obtenir un cessez-le-feu avec la Russie, même si "c'est beaucoup plus difficile d'y parvenir quand les tirs résonnent et les chars avancent", a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.

Le secrétaire d'Etat a aussi alerté sur un "coût humain" d'ores et déjà "ahurissant". "Des centaines sinon des milliers de civils ont été tués et blessés", a déploré M. Blinken lors d'une conférence de presse, et "le nombre de civils tués et blessés, les conséquences humanitaires, ne feront que s'aggraver dans les jours qui viennent".

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui affiché sa volonté de "rester en contact" avec son homologue russe Vladimir Poutine afin de "le convaincre de renoncer aux armes", lançant dans une allocution télévisée un vibrant "nous ne sommes pas en guerre contre la Russie".

«Le pire de la guerre» possiblement à venir

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Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. (AFP).


"Il est possible que le pire soit devant nous" dans la guerre menée par la Russie en Ukraine, s'est inquiété jeudi le ministre des Affaires étrangères français Jean-Yves Le Drian, alors que l'armée russe a encerclé plusieurs villes ukrainiennes qu'elle pilonne.


"On peut craindre une logique de siège", à laquelle "les Russes sont habitués", a mis en garde le chef de la diplomatie française à la télévision publique France 2. "Rappelez-vous Alep, Grozny", a-t-il lancé, en référence à ces deux villes en Syrie et en Tchétchénie anéanties par les bombes russes ces dernières décennies.


"La guerre fait des centaines de morts, aussi du côté russe", a commenté M. Le Drian, alors que son homologue américaine Antony Blinken qualifiait déjà mercredi d'"ahurissant" le bilan humain de l'invasion russe, dans laquelle les cibles détruites "ne sont pas des cibles militaires".


Le président russe Vladimir Poutine veut "la négation de l’Ukraine et la négation à ses portes d’un pays démocratique", a affirmé le ministre des Affaires étrangères français. 


"C’est ça la logique. L’histoire du Donbass et des deux républiques de Donetsk et de Lougansk dont on parlait il y a encore quelques jours, c’était un alibi, c’était un prétexte, a-t-il expliqué. La volonté de Poutine, c’est d’éviter qu’il y ait à ses portes des modèles démocratiques qui peuvent éventuellement influer sur l’évolution de la Russie."


Le chef de la diplomatie française a encore appelé à un cessez-le-feu russe, préalable à toute négociation, alors qu'un deuxième round de discussions entre Russie et Ukraine doit se tenir jeudi au Bélarus, à la frontière de ce pays avec la Pologne.


"Ils appellent ça des pourparlers. Ce ne sont pas des négociations. On ne négocie pas avec un pistolet sur la tempe. Donc il faut impérativement imposer un cessez-le-feu", a-t-il insisté.

1 million de réfugiés

Dans le même temps, l'Assemblée générale des Nations unies votait une résolution qui "exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine", seuls cinq pays s'y opposant et 35 s'abstenant dont la Chine, sur les 193 membres que compte cette organisation.

Sur le terrain, des unités aéroportées russes ont débarqué mercredi à Kharkiv, la deuxième ville du pays, située dans l'est à 50 km de la frontière avec la Russie, a affirmé l'armée ukrainienne.

Après plusieurs bombardements dans le centre-ville la veille, qui ont fait au moins 21 morts selon le gouverneur régional, des bâtiments abritant des forces de sécurité et l'université ont été touchés. Au moins quatre personnes ont été tuées et neuf blessées.

Et l'OSCE a annoncé mercredi soir la mort la veille d'une membre ukrainienne de sa mission locale lors du "bombardement" de Kharkiv.

Des bombardements dans le centre de cette ville ont par ailleurs endommagé une église orthodoxe sans faire de victimes, rapportent les autorités écclésiastiques, citées par l'agence Interfax-Ukraine.

D'autres pilonnages russes à Izioum, près de Kharkiv, ont fait huit morts dont deux enfants, selon les autorités locales.

A Kiev, quelques fortes explosions ont été entendues pendant la nuit de mercredi à jeudi selon des messages sur les réseaux sociaux.

Dans la station Dorohozhychi, à l'intérieur du métro de Kiev transformé en abri antiaérien, l'AFP a vu des dizaines de familles. Beaucoup ont passé les six dernières nuits par terre, allongées sur des draps et des serviettes.  

Les frappes sur Kiev et Kharkiv ont suscité une vive émotion dans le monde, où manifestations contre la guerre, gestes de solidarité avec l'Ukraine et sanctions tous azimuts se sont multipliés ces derniers jours.

Parmi les mesures économiques, l'UE a confirmé que sept banques russes seraient, à compter du 12 mars, exclues du système de messagerie Swift, un rouage-clé de la finance internationale, tandis que la Banque mondiale a coupé tous ses programmes d'aide en Russie et au Bélarus. 

Conséquence de l'isolement économique croissant de la Russie, les prix des hydrocarbures et de l'aluminium, dont la Russie est une grosse exportatrice, flambaient, avec des cours du pétrole au plus haut depuis près d'une décennie. 

Le rouble a perdu en quelques jours plus d'un tiers de sa valeur en devises étrangères. Emplois, salaires et prêts bancaires sont potentiellement menacés.

La Russie est aussi de plus en plus isolée dans les domaines sportifs et culturels. Le géant de la musique en streaming Spotify a annoncé mercredi soir la fermeture de ses bureaux en Russie et le retrait des contenus sponsorisés par l'Etat russe de son site.

L’Allemagne va livrer 2 700 missiles antiaériens supplémentaires à l'Ukraine

L'Allemagne a décidé d'accroître ses livraisons d'armes à l'Ukraine en guerre en lui dépêchant 2 700 missiles antiaériens supplémentaires, a indiqué jeudi à l'AFP une source gouvernementale.

Le gouvernement "a approuvé un soutien supplémentaire à l'Ukraine", a souligné cette source, en parlant de missiles de type STRELA, de fabrication soviétique et qui proviennent des stocks de l'armée de l'ancienne Allemagne de l'Est communiste, intégrés dans l'armée nationale suite à la réunification allemande en 1990.

La radio russe Ekho Moskvy se saborde après avoir été interdite d'antenne

La radio indépendante russe Ekho Moskvy (Echo de Moscou), figure historique du paysage médiatique russe, a annoncé jeudi son auto-dissolution, après son interdiction d'antenne par les autorités du fait de sa couverture de l'invasion de l'Ukraine.

"La majorité du conseil d'administration d'Ekho Moskvy a pris la décision de dissoudre la radio et le site internet d'Ekho Moskvy", a écrit sur son compte Telegram son rédacteur en chef, Alexeï Venediktov.

Les autorités avaient bloqué mardi l'accès à Ekho Moskvy et à la chaîne de télévision indépendante en ligne Dojd, leur reprochant leur façon de couvrir l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Les médias russes ont reçu l'interdiction d'utiliser des informations autres que celles fournies par les autorités, qui présentent l'invasion de l'Ukraine comme une simple "opération spéciale".

Parallèlement, le pouvoir prépare un durcissement de son arsenal répressif. Un projet de loi, qui prévoit jusqu'à 15 ans de prison pour toute publication de "fake news" concernant l'armée russe, sera examiné vendredi à la Douma.

Ekho Moskvy, majoritairement détenue par le géant gazier Gazprom, est née en 1990 lors des dernières convulsions de l'Union soviétique, s'imposant comme l'un des médias les plus respectés du pays.

Elle était jusqu'à cette semaine l'un des rares endroits où des opposants pouvaient s'exprimer.

Son rédacteur-en-chef, M. Venediktov, cultivait aussi des relations avec le Kremlin.

Twitter bloque à son tour les médias russes RT et Sputnik en Europe

PARIS: Le réseau social Twitter a à son tour bloqué les comptes des médias russes RT et Sputnik dans l'Union européenne, conséquence d'une interdiction décidée par les Etats membres et entrée en vigueur mercredi.

Ces deux médias sont accusés d'être des instruments de "désinformation" de Moscou dans sa guerre contre l'Ukraine, selon la décision des Etats membres de l'UE.

Il est désormais impossible de consulter les différents comptes Twitter de RT et Sputnik. Quand on essaie, la mention "Compte à accès restreint" s'affiche.

Elle est suivie du message: ce compte "a été suspendu au Portugal, en Finlande, en Suède, en Irlande, en Slovénie, en République tchèque, en Pologne, en Slovaquie, en Hongrie, en Italie, à Malte, en Allemagne, en Grèce, en Roumanie, aux Pays-Bas, en Bulgarie, en Autriche, au Luxembourg, en Lettonie, au Danemark, en Lituanie, en Croatie, en Estonie, à Chypre, en France, en Espagne, en Belgique, en réponse à une exigence légale".

Selon la décision parue mercredi au Journal officiel de l'UE, les contenus de Sputnik et des chaînes de RT (ex-Russia Today) en anglais, allemand, français et espagnol ne peuvent plus être diffusés sur les réseaux de télévision et sur internet.

Avant même son entrée en vigueur officielle, des géants d'internet avaient pris les devants: Facebook et Instagram (groupe Meta) avaient annoncé lundi qu'ils bloquaient dans les pays de l'UE les contenus publiés par RT et Sputnik, suivis mardi par YouTube.

Par ailleurs, Twitter a ajouté la mention "Média affilié à un Etat, Russie" sur le compte Twitter personnel des journalistes de RT.

En France, pays qui a la spécificité d'être le seul Etat membre de l'UE à héberger une filiale de RT sur son sol, cette mention a également été apposée sur les comptes d'anciens journalistes de RT France.

Cette mention revient "à marquer au fer rouge les comptes personnels de certains collègues journalistes", s'est inquiétée dans un communiqué la section du SNJ (Syndicat national des journalistes) à RT France. 

Elle a dénoncé une "chasse aux sorcières" et a fait état de "menaces physiques reçues par plusieurs membres de la rédaction".


Gaza: une commission de l'ONU accuse Israël de «génocide»

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  • La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien,
  • "La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport

GENEVE: Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre et d'autres responsables israéliens.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produi(sai)t à Gaza et continu(ait) de se produire" dans ce territoire palestinien, a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

"La responsabilité incombe à l'État d'Israël", a-t-elle ajouté en présentant un nouveau rapport.

Israël a "rejeté catégoriquement" ce "rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate" de la commission, a réagi son ministère des Affaires étrangères.

Sa publication intervient près de deux ans après le début de la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël. Depuis, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a juré de détruire le mouvement islamiste qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza.

La commission d'enquête a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

"Intention de détruire" 

"Il est clair qu'il existe une intention de détruire les Palestiniens à Gaza par des actes répondant aux critères énoncés dans la Convention sur le génocide", a relevé dans un communiqué Mme Pillay, qui fut présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

Les plus hauts dirigeants israéliens "ont orchestré une campagne génocidaire", a ajouté la Sud-Africaine de 83 ans, ancienne Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme.

La commission n'est pas une instance juridique mais ses rapports peuvent accroître la pression diplomatique et servent à recueillir des preuves que les tribunaux peuvent utiliser.

La commission a conclu un accord de coopération avec la Cour pénale internationale (CPI) avec laquelle "nous avons partagé des milliers d'informations", a expliqué Mme Pillay à l'AFP.

"La communauté internationale ne peut rester silencieuse face à la campagne génocidaire lancée par Israël contre le peuple palestinien à Gaza. Lorsque des signes et des preuves manifestes de génocide apparaissent, l'absence d'action pour y mettre fin équivaut à une complicité", a souligné Mme Pillay.

La campagne de représailles militaires dans le territoire palestinien a fait près de 65.000 morts, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas, données jugées fiables par l'ONU.

Depuis le début de la guerre, Israël a été accusé à plusieurs reprises de commettre un génocide à Gaza, par diverses ONG, des experts indépendants de l'ONU, et jusque devant la justice internationale, à l'initiative de l'Afrique du Sud.

Les autorités israéliennes ont toujours vigoureusement rejeté ces accusations.

L'ONU n'a pas qualifié la situation de génocide, mais le chef des opérations humanitaires a exhorté à la mi-mai les dirigeants mondiaux à "agir pour empêcher un génocide".

A La Haye, la Cour internationale de justice (CIJ) avait sommé Israël dès janvier 2024 de prévenir tout acte de génocide. Quatre mois après, le procureur de la CPI avait demandé que des mandats d'arrêt soient délivrés à l'encontre de MM. Netanyahu et Gallant, soupçonnés de crimes contre l'humanité et crimes de guerre.

La CPI est depuis dans le collimateur de Washington qui a pris des mesures contre des magistrats ayant autorisé la Cour à émettre ces mandats d'arrêt, notamment l'interdiction d'entrée sur le sol américain et le gel des avoirs détenus aux États-Unis.


Rubio promet un soutien "indéfectible" à Israël, avant une visite à Doha

Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu visitent le Mur occidental, le lieu de prière le plus sacré du judaïsme, dans la vieille ville de Jérusalem. (AP)
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  • En visite à Jérusalem, le secrétaire d’État Marco Rubio a réaffirmé le soutien « indéfectible » des États-Unis à Israël dans sa guerre contre le Hamas à Gaza
  • Alors que les offensives israéliennes se poursuivent, causant de lourdes pertes civiles à Gaza, les critiques internationales s’intensifient

Jérusalem: Le secrétaire d'Etat Marco Rubio a promis lundi à Jérusalem le "soutien indéfectible" des Etats-Unis à Israël pour éliminer le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza, à la veille d'un déplacement à Doha.

Durant la visite de M. Rubio, l'armée israélienne a poursuivi son offensive dans la bande de Gaza assiégée et affamée, la Défense civile locale faisant état d'au moins 49 morts, dont des enfants.

Lancée en riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, cette offensive a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007.

Le déplacement de M. Rubio a coïncidé avec un sommet arabo-islamique à Doha, quelques jours après une attaque israélienne inédite le 9 septembre au Qatar contre des chefs du Hamas.

"Les habitants de Gaza méritent un avenir meilleur, mais cet avenir meilleur ne pourra commencer que lorsque le Hamas sera éliminé", a déclaré M. Rubio après une rencontre à Jérusalem avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

"Vous pouvez compter sur notre soutien indéfectible et notre engagement à voir cela se concrétiser", a-t-il ajouté.

M. Rubio se rend mardi au Qatar, en route pour Londres, afin de "réaffirmer le soutien total des Etats-Unis à la sécurité et la souveraineté du Qatar après l'attaque israélienne", selon le département d'Etat.

La frappe aérienne au Qatar, un médiateur entre Israël et le Hamas, a contrarié le président Donald Trump.

"Le Qatar a été un très grand allié. Israël et tous les autres, nous devons faire attention. Quand nous attaquons des gens, nous devons être prudents", a-t-il dit dimanche.

Malgré cette critique, M. Netanyahu a estimé que M. Trump était "le plus grand ami" qu'Israël ait jamais eu à la Maison Blanche.

- "Animaux barbares" -

Au sommet de Doha, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, s'en est prix à Israël, l'accusant de "vouloir faire échouer les négociations" en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et d'une libération des otages enlevés durant l'attaque du 7-Octobre.

Un communiqué final du sommet a appelé "tous les Etats à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël", alors que les six monarchies du Golfe ont appelé les Etats-Unis à "user de leur influence" pour contenir Israël.

A Jérusalem, M. Rubio s'est montré pessimiste quant à la possibilité d'une solution "diplomatique" à Gaza, qualifiant le Hamas d'"animaux barbares".

"Même si nous souhaitons vivement qu'il existe un moyen pacifique et diplomatique pour mettre fin (à la guerre) -et nous continuerons à explorer cette voie-, nous devons également nous préparer à la possibilité que cela ne se produise pas", a-t-il dit.

M. Rubio a aussi affiché la solidarité des Etats-Unis avec Israël avant un sommet coprésidé par la France et l'Arabie saoudite le 22 septembre à l'ONU, destiné à promouvoir la reconnaissance d'un Etat de Palestine, au côté d'Israël.

Une initiative largement symbolique dans la mesure où Israël s'oppose fermement à la création d'un tel Etat auquel aspirent les Palestiniens.

Les Etats-Unis sont également hostiles à cette démarche, qui selon M. Rubio, a "enhardi" le Hamas.

En soirée, le secrétaire d'Etat a rencontré à Jérusalem des familles d'otages, selon un responsable du département d'Etat. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 47 sont encore retenues à Gaza, dont 25 décédées selon l'armée israélienne.

- "Un corps sans âme" -

Dans le territoire palestinien, la Défense civile a indiqué que plus de la moitié des 49 Palestiniens tués l'avaient été à Gaza-ville, où l'armée a intensifié ses attaques avec l'objectif de s'en emparer.

Compte-tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée israélienne, qui présente Gaza-ville comme l'un des derniers bastions du Hamas dans le territoire palestinien, y a détruit plusieurs tours d'habitation en accusant le Hamas de s'y cacher.

Les Palestiniens continuent de fuir, en grand nombre, la ville et ses environs, qui comptaient un million d'habitants selon l'ONU.

"Je me sens comme un corps sans âme", dit Susan Annan, une Palestinienne qui habitait dans l'une de tours détruites. "Nous avons quitté notre maison avec seulement nos vêtements. Nous n'avons rien pu emporter."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire. L'ONU y a déclaré la famine, ce que Israël dément.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.