Irak: le patrimoine des juifs menacé par les ravages du temps et les convoitises

Les rares efforts de restauration, lancés par des institutions internationales, ne suffisent pas. (Photo, AFP)
Les rares efforts de restauration, lancés par des institutions internationales, ne suffisent pas. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 mars 2022

Irak: le patrimoine des juifs menacé par les ravages du temps et les convoitises

  • La communauté juive d'Irak, jadis une des plus grandes du Moyen-Orient, s'est réduite comme peau de chagrin, laissant derrière elle un héritage précieux
  • Et les derniers juifs d'Irak, une poignée, assistent à une lente disparition du patrimoine, dans un pays déchiré par des décennies de conflits et les exactions de groupes armés

BAGDAD : Dans ce quartier populaire de la capitale irakienne, rien ne distingue vraiment le bâtiment en brique défraîchi, si ce n'est la discrète inscription en hébreu surmontant l'entrée. Oublié, le passé somptueux de cette synagogue de Bagdad, qui n'a pas échappé aux ravages du temps.

La communauté juive d'Irak, jadis une des plus grandes du Moyen-Orient, s'est réduite comme peau de chagrin, laissant derrière elle un héritage précieux.

Et les derniers juifs d'Irak, une poignée, assistent à une lente disparition du patrimoine, dans un pays déchiré par des décennies de conflits et les exactions de groupes armés, adeptes d'expropriations arbitraires.

Les rares efforts de restauration, lancés par des institutions internationales, ne suffisent pas.

Dans la synagogue de Meir Tweig, construite en 1942, le temps est comme suspendu. Éclaboussés par le soleil, les bancs sont recouverts de draps blancs. Le revêtement bleu ciel des murs s'effrite.

Les marches menant au tabernacle en bois se disloquent. Flanquée de plaques en marbre gravées de candélabres à sept branches et de psaumes, l'armoire abrite les rouleaux des Sefer Torah, calligraphiés à la main sur du cuir de gazelle.

"Avant on priait ici, on célébrait nos fêtes, on suivait pendant l'été les cours de religion en hébreu", se souvient un membre de la communauté, évoquant la synagogue cadenassée.

Aujourd'hui "notre patrimoine est dans un état pitoyable. L'Etat ne nous voit pas", déplore cette source ayant requis l'anonymat, par crainte de représailles.

Interpellant l'ONU pour "sauver ce patrimoine", elle donne l'exemple d'une synagogue dans le sud, occupée illégalement, transformée en entrepôt.

«Préserver leur patrimoine»

Les racines des juifs d'Irak remontent à 2 600 ans. Ici, ils ont écrit le Talmud de Babylone – sur la terre où naissait le patriarche Abraham.

A Bagdad sous domination ottomane, 40% de la population était juive. En 1948, à la création d'Israël, l'Irak comptait 150 000 juifs. Trois ans plus tard, 96% de la communauté était partie, ralliant pour la plupart l'Etat Hébreu.

Pourtant il fut un temps où cette minorité d'Irak pouvait se targuer d'avoir 118 synagogues, 48 écoles, neuf sanctuaires, trois cimetières, selon un rapport de 2020.

L'étude répertoriait le patrimoine juif en Irak et en Syrie, dont des sites antiques aujourd'hui disparus, remontant au premier millénaire avant J.-C.

"Seul 30 des 297 sites documentés en Irak existent toujours", indique le rapport de la Fondation pour l'héritage juif, basée à Londres, et ASOR, Société américaine pour les recherches outre-mer. "Sur ces 30 sites, 21 sont en mauvais ou très mauvais état".

Les rares membres de la communauté restés au pays "ont travaillé très dur pour protéger leur patrimoine, mais l'ampleur de la tâche dépassait leurs capacités", reconnaît Darren Ashby, ayant travaillé sur ce rapport.

"Avec le temps, une grande partie de ce patrimoine a été perdu à cause d'expropriations, de ventes, une lente dégradation et des effondrements", résume l'expert à l'université américaine de Pennsylvanie.

Timides espoirs

Comme à Mossoul, métropole du nord libérée des jihadistes en 2017. Au détour d'une ruelle, des peintures chatoyantes signalent les ruines de la synagogue de Sasson.

La voûte du plafond effondrée laisse entrevoir arches et colonnades en pierre, entourées par de la ferraille, des décombres, et les ordures du quartier.

"Le bâtiment du 17e siècle a longtemps servi de résidence", assure un responsable local en charge des antiquités, Mossaab Mohamed Jassem. "Il appartient à une famille mossouliote, qui en détient les titres de propriété".

Les propriétaires ont contacté les autorités locales pour leur vendre le site ou le faire restaurer, dit-il.

Lueur d'espoir: Aliph, l'Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit a exprimé sa disponibilité pour soutenir un potentiel projet de rénovation, le moment venu.

Et malgré tout, quelques timides succès viennent rehausser le tableau.

En janvier, le consulat américain à Erbil annonçait un financement de 500.000 dollars pour restaurer la petite synagogue d'Ezekiel, dans la campagne d'Akre (nord).

Dans le nord, la tombe du prophète Nahum a été restaurée grâce à une aide américaine, des fonds du Kurdistan et des dons privés. Entouré par les clochers d'églises dans la bourgade d'Al-Qoch, le sanctuaire en pierre érigé sous sa forme actuelle au 18e siècle -mais qui remonterait au 10e- est comme neuf.

Joseph Elias Yalda, responsable du musée du patrimoine d'Al-Qoch, se souvient des histoires racontées par les aînés du village: les pèlerins juifs affluaient une semaine en juin pour prier et invoquer le prophète Nahum.

"Ils venaient de toutes les provinces, et même des pays voisins", raconte le sexagénaire. "Après la commémoration religieuse, il y avait une fête dans la vieille ville, les gens buvaient et dansaient."


Kehlani réagit à l'annulation de son concert en raison de sentiments «anti-Israël»

Kehlani, connue pour ses positions pro-palestiniennes, a réagi sur les réseaux sociaux cette semaine à l'annulation de son concert à l'université de Cornell. (Getty Images)
Kehlani, connue pour ses positions pro-palestiniennes, a réagi sur les réseaux sociaux cette semaine à l'annulation de son concert à l'université de Cornell. (Getty Images)
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  • La semaine dernière, le président de Cornell, Michael Kotlikoff, a annoncé qu'il retirait l'invitation de la chanteuse R&B à se produire lors de l'événement en raison de ce qu'il a qualifié de "sentiments antisémites et anti-Israël"
  • "Malheureusement, même si ce n'était pas l'intention, le choix de Kehlani comme tête d'affiche de cette année a semé la division et la discorde au Slope Day", a écrit M. Kotlikoff la semaine dernière, en faisant référence au concert

DUBAI : La chanteuse américaine Kehlani s'est exprimée sur les médias sociaux après l'annulation de sa participation au concert annuel de l'université de Cornell en raison de sa position pro-palestinienne.

La semaine dernière, le président de Cornell, Michael Kotlikoff, a annoncé qu'il retirait l'invitation de la chanteuse R&B à se produire lors de l'événement en raison de ce qu'il a qualifié de "sentiments antisémites et anti-Israël".

"Malheureusement, même si ce n'était pas l'intention, le choix de Kehlani comme tête d'affiche de cette année a semé la division et la discorde au Slope Day", a écrit M. Kotlikoff la semaine dernière, en faisant référence au concert.

"Pour cette raison, j'annule l'invitation de Kehlani et je m'attends à ce qu'une nouvelle programmation pour un grand Slope Day 2025 soit annoncée sous peu".

Il poursuit : "Dans les jours qui ont suivi l'annonce de Kehlani, j'ai entendu de graves préoccupations de la part de notre communauté : beaucoup sont en colère, blessés et confus que le Slope Day présente un artiste qui a épousé des sentiments antisémites et anti-israéliens dans ses spectacles, ses vidéos et sur les médias sociaux. Dans notre pays, tout artiste a le droit d'exprimer des opinions haineuses, mais le Slope Day a pour but d'unir notre communauté, et non de la diviser.

Dans une nouvelle vidéo Instagram réagissant à l'annulation, Kehlani a déclaré : "On me demande et on m'appelle à clarifier et à faire une déclaration encore une fois pour la millionième fois, que je ne suis pas antisémite ni antijuive. Je suis contre le génocide, je suis contre les actions du gouvernement israélien, je suis contre l'extermination d'un peuple entier, je suis contre le bombardement d'enfants innocents, d'hommes, de femmes... c'est ce que je suis contre".

Le jeune homme de 30 ans, qui collabore fréquemment avec le groupe Jewish Voice for Peace, a ajouté une légende : "Je sais que vous avez vu que l'université Cornell a annulé mon spectacle, et maintenant il y a des tentatives d'autres annulations qui s'ajoutent à celles que j'ai déjà subies au cours de l'année écoulée. Si vous voulez me priver d'une opportunité, dites-vous que c'est à cause de votre sionisme. n'en faites pas une question antijuive. c'est un jeu joué. tout cela parce que nous voulons que les gens arrêtent de mourir. J'espère que cela vous aidera.


Comment Netflix fait voyager l'humour français d'Astérix et d'Alain Chabat

En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver. (AFP)
En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver. (AFP)
"C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René. (AFP)
"C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René. (AFP)
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  • Arabe, coréen, croate, hébreu ou encore mandarin... 38 versions seront proposées aux quelque 300 millions d'abonnés de la plateforme, où débarque mercredi "Astérix et Obélix: le combat des chefs", inspiré de l'album éponyme
  • Netflix a "fait un super boulot" pour ne "pas perdre l'humour à la traduction" et adapter les calembours et références indissociables de la saga

PARIS: "C'est très très important que l'humour voyage": doublée dans près de 40 langues et diffusée dans 190 pays sur Netflix, la série animée du réalisateur français Alain Chabat, tirée d'Astérix, a nécessité "un énorme" travail de traduction, en collaboration avec les éditions Albert René.

Arabe, coréen, croate, hébreu ou encore mandarin... 38 versions seront proposées aux quelque 300 millions d'abonnés de la plateforme, où débarque mercredi "Astérix et Obélix: le combat des chefs", inspiré de l'album éponyme.

Netflix a "fait un super boulot" pour ne "pas perdre l'humour à la traduction" et adapter les calembours et références indissociables de la saga, a assuré à l'AFP Céleste Surugue, le directeur général des Editions Albert René, qui détiennent les droits des albums.

Le géant du streaming, qui n'a pas répondu à l'AFP à ce sujet, s'est notamment appuyé sur les traductions existantes de l’œuvre originale, qui ne manquent pas: avec 120 langues et dialectes au compteur, "Astérix" est la bande dessinée la plus traduite au monde.

"On a travaillé main dans la main, que ce soit sur les noms des personnages (...) certaines phrases célèbres", l'éditeur ayant fait "relire et valider" les scripts avec une société spécialisée partenaire et donné accès à ses traducteurs "quand il y avait des interrogations, des difficultés", selon Céleste Surugue.

En Allemagne, deuxième marché d'Astérix derrière la France et où l'expression "Die spinnen, die Römer!" ("Ils sont fous ces Romains!") est passée dans le langage courant, les lecteurs du "Combat des Chefs" devraient ainsi s'y retrouver.

Fastanfurious 

De même, en anglais, Idéfix s'appelle toujours Dogmatix, comme l'a baptisé la traductrice britannique historique d'Astérix Anthea Bell, tout comme Abraracourcix conserve le nom Vitalstatistix.

Quid des ajouts d'Alain Chabat, connu pour son humour ultra-référencé? Sur "un certain nombre d'endroits", le réalisateur et scénariste "est très fidèle, voire très proche dans les dialogues à ce qu'on a dans l'album" sorti en 1966, souligne Céleste Surugue.

Pour les nouveaux personnages, "des noms fonctionnant dans plein de pays" ont souvent été choisis, comme Metadata, Potus (abréviation de "President of the United States") ou encore Fastanfurious (en référence à la franchise centrée sur les voitures).

Quant aux "références culturelles locales", les traducteurs "ont pris soin d'essayer de trouver des équivalents à chaque fois".

Pour autant, certaines blagues semblent impossibles à transposer, comme une allusion au duo français Omar et Fred (Omar Sy et Fred Testot) impliquant... homard et fraises.

Une "problématique" commune aux albums, relève Céleste Surugue, citant l'exemple des Romains "déplaçant des bornes" dans "Astérix et la Transitalique".

Connu dans le monde entier, avec plus de 400 millions d'exemplaires vendus, Astérix "est particulièrement fort en Europe continentale", et est, en langue anglaise, surtout prisé dans "les pays du Commonwealth" comme l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou l'Inde, selon M. Surugue.

Son adaptation sur Netflix devrait permettre de le faire découvrir à un public plus large que les films dédiés au cinéma, notamment aux Etats-Unis et en Angleterre, où ses aventures sont généralement cantonnées aux salles d'art et essai, en version originale, d'après M. Surugue.

Succès public en France en 2023 avec 4,6 millions d'entrées, le long-métrage de l'acteur et metteur en scène français Guillaume Canet, "L'empire du milieu", doublé dans "une petite trentaine de langues", avait bénéficié d'une sortie dans plus de 50 pays.


Le prince héritier jordanien célèbre le 31e anniversaire de la princesse Rajwa

Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire (Instagram).
Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire (Instagram).
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  • La famille royale partage un nouveau portrait officiel de la princesse.
  • La princesse Rajwa a donné naissance à Iman – la première petite-fille du roi Abdallah II de Jordanie et de la reine Rania – en août de l'année dernière

DUBAI : Le prince héritier de Jordanie, Hussein ben Abdullah, a adressé lundi sur les réseaux sociaux ses meilleurs vœux à son épouse d'origine saoudienne, la princesse Rajwa Al-Hussein, à l'occasion de son 31e anniversaire.

"Joyeux anniversaire Rajwa ! Reconnaissant pour l'amour, la gentillesse et la chaleur que tu apportes dans la vie d'Iman et la mienne", a-t-il écrit, faisant référence à leur petite fille, la Princesse Iman.

La princesse Rajwa a donné naissance à Iman – la première petite-fille du roi Abdallah II de Jordanie et de la reine Rania – en août de l'année dernière.

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La famille royale jordanienne a partagé un nouveau portrait officiel de la princesse Rajwa pour célébrer son anniversaire (Instagram).

La famille royale jordanienne a partagé un nouveau portrait officiel de la princesse Rajwa pour célébrer son anniversaire. On la voit porter un ensemble composé d'un haut à col bénitier et d'un pantalon à jambe large de la marque Simkhai, basée à Los Angeles. Elle a accessoirisé son look avec le collier lariat two letters de Joy Jewels, qui reprend les premières lettres arabes des noms du prince héritier et de la princesse Rajwa.