Au procès des attentats de 2015, retour sur la «secte de la buanderie»

Amédy Coulibaly au centre de toutes les discussions au procès des attentats de 2015 (Photo, AFP/Archives).
Amédy Coulibaly au centre de toutes les discussions au procès des attentats de 2015 (Photo, AFP/Archives).
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Publié le Vendredi 09 octobre 2020

Au procès des attentats de 2015, retour sur la «secte de la buanderie»

  • La "secte de la buanderie": voilà comment les enquêteurs ont surnommé la bande formée par Amar Ramdani, Nezar Mickaël Pastor Alwatik et Amédy Coulibaly
  • Pratiques radicales, tensions religieuses... Face aux policiers, Miodrag A. raconte qu'Amédy Coulibaly refusait de lui serrer la main

PARIS: Groupe à tendance "sectaire" ou simples "copains de prison"? Au procès des attentats de janvier 2015, la cour d'assises spéciale de Paris a passé au crible jeudi les pratiques religieuses d'Amédy Coulibaly et de deux de ses anciens codétenus, accusés de soutien au tueur de l'Hyper Cacher.

La "secte de la buanderie": voilà comment les enquêteurs ont surnommé la bande formée par Amar Ramdani, Nezar Mickaël Pastor Alwatik et Amédy Coulibaly lors de leur incarcération commune à la maison d'arrêt de Villepinte, au début des années 2010.

Une expression empruntée à un ancien détenu, qui avait évoqué devant des policiers la forte proximité entre les trois personnages - affectés ensemble à la gestion du linge de la prison - et liés par un même intérêt pour l'islam.

Quel rôle a joué la "buanderie" dans le projet d'Amédy Coulibaly ? Entendu jeudi, l'auteur de cette formule a mis à mal la thèse d'une entente à visée jihadiste, disant n'avoir pas voulu faire référence "à la religion". "J'ai sorti ça comme ça. A chaque fois à la télé, on entend ‘les sectes, les sectes’", a assuré à la barre Miodrag A., silhouette massive et cheveux grisonnants. "J'étais choqué que des personnes que je connaissais puissent être mêlées à ça".

Pratiques radicales, tensions religieuses... Face aux policiers, ce quinquagénaire avait raconté qu'Amédy Coulibaly refusait de lui serrer la main, le considérant comme un "koufar" (mécréant). Il avait aussi évoqué un changement chez Pastor Alwatik, qui s'était mis à "porter la barbe".

Gars marrant

Des propos que l'intéressé a relativisé face à la cour. "Pastor, c'est un gars marrant, on rigolait toujours", assure l'ancien détenu, qui dit avoir toujours eu de bonnes relations avec lui, comme avec Amar Ramdani. "Ça m'a surpris" qu'ils soient dans le "dossier", insiste-t-il. Miodrag A., soupçonné à tort d'avoir tenté d'exfiltrer Amar Ramdani après les attentats, reconnaît en revanche une altercation avec Coulibaly. "Il y a eu un petit truc parce que j'étais chrétien, lui musulman". Mais "vous savez, en prison, il suffit parfois d'un regard", nuance-t-il.

Sur les bancs des parties civiles, des avocats essayent d'en savoir plus, notamment sur ses relations avec les accusés. Le témoin, pressé de questions, s'agace soudainement: "si vous criez, je vais crier encore plus fort !", prévient-il.

Elie Korchia, avocat de victimes de l'Hyper Cacher, s'étonne alors des regards complices échangés avec Nezar Mickaël Pastor Alwatik dans le box. "Espèce de comique, va ! Mythomane !", tempête le témoin, rappelé à l'ordre par le président.

Dans cette ambiance électrique, l'avocat général tente de ramener le calme. Il pointe le décalage entre les déclarations faites à l'audience et celles faites aux policiers: "il faudrait peut-être relire les PV avant de les signer"...

"Quand je les signe, il y a écrit quelque chose. Après ça disparaît et quelque chose d'autre réapparaît", avance Miodrag A., avant de lancer d'un air bravache: "police partout, justice nulle part !"

"Bon enfant"

Arrive un nouveau témoin, Saiffedine M., doudoune foncée et cheveux coupés courts. Interrogé, cet ancien détenu de Villepinte réfute lui aussi tout intégrisme religieux chez les ex-membres de la "buanderie", allant jusqu'à parler d'"ambiance bon enfant".

"Il y a des gens qui inventent des choses, qui viennent ajouter leur grain de sel... Mais il y a des non-musulmans qui y travaillaient aussi, tout le monde serrait la main à tout le monde", affirme le jeune homme, sous le regard attentif des accusés.

Lors de son audition mercredi soir, une ex-compagne d'Amar Ramdani avait évoqué un changement chez l'accusé, devenu selon elle plus "radical" lors de son séjour à Villepinte.

"Boire de l'alcool était devenu impossible, des choses comme ça... Il avait changé complètement de façon de se comporter avec moi, comme si quelque chose le poussait à faire ça (...) Il ne m'aimait plus car je n'étais pas musulmane", a-t-elle confié.

Des propos contestés par l'intéressé. "Dans sa bouche, le mot +radical+ n'a pas le même sens que dans celle d'un magistrat. Je ne pense pas que c'était +radicalisé+ dans le sens +terrorisme+", avance le trentenaire, qui rappelle que lui et la jeune femme étaient en train de se séparer.

"C'est la réaction d'une femme jalouse", plaide-t-il, "elle a découvert tout ça une fois que j'étais incarcéré, elle s'est fait une espèce de mélange dans sa tête".

 


L'Elysée a proposé un hommage pour Bardot, la famille n'a pas donné suite

 L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday
  • Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines"

PARIS: L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron à l'AFP.

"Il y a eu un échange avec la famille avec proposition qu’un hommage ait lieu sans que la famille ne donne suite", a déclaré ce proche, en rappelant qu'une telle démarche correspond à un "usage républicain" et que les hommages sont "systématiquement décidés d'un commun accord avec les proches du défunt".

Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines".

Emmanuel Macron ne se rendra pas aux obsèques, qui se tiendront dans l’intimité le 7 janvier à Saint-Tropez, a également indiqué le proche du président.

En 2023, l'actrice avait adressé une lettre incendiaire au chef de l'Etat, lui reprochant son manque d'action contre la souffrance animale. "Je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français, qui vous le rendent bien il est vrai", avait-elle notamment écrit.

Après une cérémonie à l'église retransmise sur grands écrans, l'inhumation privée de l'actrice et chanteuse au cimetière marin sera suivie d'"un hommage ouvert à tous les Tropéziens et à ses admirateurs", a précisé la Fondation de Brigitte Bardot, dédiée à la protection des animaux.

"À ce moment-là, tout le monde l'évoquera et partagera ses plus beaux souvenirs avec elle. Ce sera un grand moment de communion, simple, à son image", a précisé mardi la maire de Saint-Tropez, Sylvie Siri, dans une inteview au quotidien local Var-Matin.

"Mon rôle, c'est de lui organiser des obsèques dignes. Il faut tout mettre en œuvre pour que les Tropéziens et les admirateurs puissent se recueillir", a ajouté l'édile.

Interrogée sur le souhait exprimé il y a quelques années par Brigitte Bardot d’être enterrée à la Madrague, sa propriété en bord de mer, Sylvie Siri a affirmé avoir "respecté ses dernières volontés". "Seule la défunte avait décidé de son lieu d’enterrement", a souligné l'élue.

 


Agriculteurs: nouveaux rassemblements, bénédiction de tracteurs dans le Nord

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
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  • Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer
  • Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur

CAMBRAI: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Mgr Vincent Dollmann et plusieurs prêtres ont célébré une messe sur un autel de paille en périphérie de Cambrai, en soutien aux agriculteurs "qui font face à des épreuves".

Il a salué la "dignité" des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs semaines contre l'accord de libre échange du Mercosur ou contre l'abattage systématique de troupeaux de bovins touchés par la DNC.

Une petite centaine de tracteurs ont été mobilisés, arborant des panneaux comme "Mercosur = mort de l'agriculture".

Jean Camier, 24 ans, jeune agriculteur d'Hermies qui doit reprendre l'exploitation familiale d'engraissement de bovins d'ici deux ans, se réjouit d'avoir fait bénir son tracteur et participé à la célébration qui selon lui "montre que tout le monde est avec [eux]".

Si les Hauts-de-France ne sont pas touchés par la DNC, il se dit "de tout cœur" avec les agriculteurs des régions concernées, soulignant avoir "un peu peur que la maladie remonte" vers le nord.

Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer.

Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur", a expliqué à l'AFP Louis Lacheré, des Jeunes Agriculteurs.

En Occitanie, plusieurs barrages emblématiques, à Carbonne Haute-Garonne) sur l'A64, Sévérac (Aveyron) ou Le Buisson (Lozère) sur l'A75, tiennent toujours, tandis que d'autres agriculteurs se remobilisent.

Ainsi, à Foix, une douzaine de tracteurs bloquaient depuis lundi midi l'entrée sud du tunnel de contournement de la ville et commençaient à installer un campement, a constaté un correspondant de l'AFP.

"On veut montrer à l’État qu'on est toujours autant mobilisés", a déclaré sur place Sébastien Durand, président de la Coordination rurale (CR) en Ariège. "Il n'y a pas de Noël, il n'y a pas de Premier de l'An; on sera là".

Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation par un abattage systématique des troupeaux touchés, la vaccination et les restrictions de mouvements.

Cette gestion fortement contestée par certains agriculteurs, notamment de la CR (deuxième syndicat agricole, classé à droite, voire à l’extrême droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche).

 


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.