Ukraine: les civils fuient les villes bombardées, l'exode s'accentue et le pétrole s'envole

Une vue générale d'un pont détruit dans la ville d'Irpin, au nord-ouest de Kiev, le 8 mars 2022. (Photo, AFP)
Une vue générale d'un pont détruit dans la ville d'Irpin, au nord-ouest de Kiev, le 8 mars 2022. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 08 mars 2022

Ukraine: les civils fuient les villes bombardées, l'exode s'accentue et le pétrole s'envole

  • Selon le Pentagone, « 2 000 à 4 000» soldats russes ont été tués en Ukraine depuis le début de l'offensive le 24 mars
  • Les cours du pétrole grimpaient de plus de 5%, le Brent atteignant les 130 dollars le baril, peu avant que le président américain Joe Biden n'annonce un embargo sur le pétrole et le gaz russe aux Etats-Unis

KIEV : Des milliers d'Ukrainiens fuyaient mardi leurs villes bombardées ou encerclées par les forces russes, alors que le conflit a conduit deux millions de personnes à l'exode et que les cours du pétrole s'envolaient à l'annonce d'un embargo américain sur les hydrocarbures russes. 

Des civils ont notamment commencé à évacuer la ville ukrainienne de Soumy, bombardée la veille.

Au moins 21 personnes ont été tuées lundi soir dans des frappes aériennes russes contre cette ville située à 350 km au nord-est de Kiev, près de la frontière russo-ukrainienne.

Après un premier convoi de bus de civils évacués de cette ville de 250 000 habitants dans la matinée, un deuxième s'est ébranlé dans la journée en direction de Poltava, au sud de Soumy, a annoncé le gouverneur de la région, Dmitry Lunin.

A Marioupol, grand port stratégique sur la mer d'Azov (sud-est), quelque 300 000 civils restaient en revanche coincés, selon Kiev, qui accuse les Russes de ne pas respecter le couloir humanitaire.

"L'ennemi a lancé une attaque exactement en direction du couloir humanitaire", a dénoncé le ministère ukrainien de la Défense. 

La Russie avait annoncé lundi soir vouloir instaurer des couloirs humanitaires pour la population de cinq métropoles particulièrement exposées : la capitale Kiev, Soumy, Marioupol, Kharkiv, deuxième ville du pays, et Tchernihiv, après plusieurs tentatives avortées depuis vendredi.

Mais la plupart des voies d'évacuation proposées par Moscou passent par la Russie ou le Bélarus, allié de Moscou, option inacceptable pour Kiev et qualifiée de "cynique" lundi par le président français Emmanuel Macron.

«Je ne voulais pas partir»

Sur le terrain, les forces russes ont continué à se déployer autour des grandes villes ou intensifié leurs bombardements, au treizième jour de l'invasion, selon des responsables ukrainiens.

Parmi les victimes de cette invasion, trois adultes tués et trois enfants blessés mardi par une mine antipersonnel dans la région de Tchernihiv, au nord de Kiev, a affirmé Liudmyla Denisova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien, soulignant que l'usage de ces armes est prohibé par le droit international.

Dans cette région située au nord de la capitale, la situation humanitaire est de plus en plus critique dans plusieurs localités, sous le feu ennemi. L'eau, le gaz, l'électricité et la nourriture commencent à manquer, selon les autorités ukrainiennes.

"L'occupant n'accorde pas de couloirs humanitaires, pas de garantie de cessez-le-feu", a déclaré le chef de l’administration de la région de Kiev, Oleksiy Kuleba.

A Boutcha, aux portes nord de Kiev, les habitants essaient désespérément de quitter la ville. "Il y a des gens dans chaque appartement, chaque maison. Le plus important c'est de faire partir les enfants. Il y a beaucoup d'enfants et de femmes", a confié une habitante, Anna, à l'AFP. 

A Irpin, l'AFP a vu des centaines de personnes patienter en file indienne pour franchir à pied la rivière du même nom, sur des passerelles de fortune faits de planches, de palettes en bois et de carcasses métalliques, en direction de Kiev, seule direction encore non occupée par l'armée russe. Environ 2.000 habitants ont pu s'extraire de la ville, selon la police ukrainienne.   

"Je ne voulais pas partir, mais il n’y a plus personne dans les maisons autour, et plus d’eau, de gaz, ni d’électricité", a déclaré Larissa Prokopets, 43 ans, qui a dit être restée cachée plusieurs jours dans le sous-sol de sa maison.

De violents combats ont aussi eu lieu dans la ville d'Izioum (est), mais les troupes russes ont battu en retraite, a affirmé l'état-major ukrainien. L'hôpital central y est totalement détruit, a annoncé la mairie.

2 000 à 4 000 Russes tués

Le ministère ukrainien de la Défense a par ailleurs affirmé que le général russe Vitali Guerassimov avait été tué près de Kharkiv, information non confirmée à Moscou et invérifiable dans l'immédiat de source indépendante.

Selon le Pentagone, "2 000 à 4 000" soldats russes ont été tués en Ukraine depuis le début de l'offensive le 24 mars. 

Le 2 mars, la Russie avait fait état de 497 morts dans ses rangs, mais n'a donné aucun nouveau bilan depuis.

Le porte-parole de l’armée russe, Igor Konachenkov, a annoncé de son côté qu'un l'aérodrome militaire situé au sud de Jitomir, à 150 km à l'ouest de Kiev, avait été détruit.

A Mykolaïv (sud), près d'Odessa, des queues de voitures remplies de civils fuyant l'avancée des combats s'étiraient sur des kilomètres, alors que résonnent les tirs depuis la ligne de front dans la partie orientale de la ville, a constaté une autre journaliste de l'AFP.  

A l'hôpital local, les victimes de bombardements affluent. "Les deux premiers jours, nous avons eu 160 soldats blessés, mais depuis quelques jours ce sont des civils qui arrivent, certains gravement blessés", a raconté Dmitri Sykorsky, chirurgien en chef.

Dans ce contexte, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé ne plus insister sur une adhésion de l'Ukraine à l'Otan, une des questions qui ont officiellement déclenché l'invasion russe de son pays, dans un entretien à la chaîne américaine ABC.

Autre ouverture apparente en direction de Moscou, il s'est dit prêt à un "compromis" sur le statut des territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine dont le président russe Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l'indépendance juste avant de lancer sa guerre le 24 février.

L'invasion de l'Ukraine, plus grave conflit militaire en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, a provoqué l'une des plus graves crises humanitaires du continent.

Les Ukrainiens continuent à prendre massivement la route de l'exode. La guerre a déjà poussé plus de deux millions de personnes à se réfugier dans les pays voisins, a indiqué mardi l'ONU.

La Pologne en a accueilli à elle seule plus de la moitié, devant la Hongrie et la Slovaquie. L'Europe s'attend à recevoir cinq millions d'exilés si le conflit se poursuit.

Le brut en hausse de 5%

A la ville frontalière polonaise de Przemysl, des femmes affluaient exténuées après de longs périples, laissant derrière elles maris et fils restés combattre.

"Nous avons perdu notre vie, notre sécurité. Nous ne savons pas de quoi demain sera fait", lâche Anastasia Kazankina, hébétée, tenant son fils d'une main et un chien en laisse de l'autre.

Les répercussions économiques du conflit et des sanctions occidentales inédites adoptées par les pays occidentaux contre la Russie ne cessent par ailleurs de s'amplifier.

Les cours du pétrole grimpaient de plus de 5%, le Brent atteignant les 130 dollars le baril, peu avant que le président américain Joe Biden n'annonce un embargo sur le pétrole et le gaz russe aux Etats-Unis.

Si le pétrole russe ne représente que 8% des importations américaines de pétrole, les Européens, dépendants eux à 30% du brut russe, se sont pour l'instant refusés à aller aussi loin. Seul le Royaume-Uni s'est dit prêt à arrêter lui aussi les importations de pétrole russe d'ici fin 2022.

"Nous appelons tous les Etats à arrêter d'acheter du pétrole, du gaz et du charbon russes, et à arrêter de financer la machine de guerre de Poutine et ses atrocités barbares en Ukraine", a déclaré sur Twitter le ministre ukranien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba. 

Deuxième exportateur mondial, "la Russie n'est pas un producteur dont les extractions peuvent être aisément compensées par d'autres", a cependant souligné Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.

Le géant pétrolier britannique Shell a de son côté décidé qu'il allait se retirer "graduellement" du pétrole et du gaz russes.

A Londres, la cotation du nickel, utilisé dans les batteries de voitures électriques, a dû être suspendue après avoir atteint les 100.000 dollars la tonne, en raison de craintes sur les approvisionnements russes.


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Short Url
  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Short Url
  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Short Url
  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.