BUENOS AIRES : Les femmes célèbrent, ce mardi 8 mars, leur fête universelle. L’occasion pour Arab News de parcourir ou plutôt de survoler l’Histoire ancienne et contemporaine de l’Algérie et s’arrêter à quelques stations illuminées par des femmes exceptionnelles, qui ont laissé, chacune dans son domaine, une empreinte indélébile qui demeurera un héritage pour les générations à venir.
Pour ce faire, le choix s’avère difficile tellement l’on reste perplexes devant le nombre colossal de femmes algériennes dont l’étoffe, l’envergure, le talent et le charisme sont connues et reconnues non seulement au plan national, mais à travers le temps et l’espace.
Les stations dont il est question seront résumées à travers les portraits de quatre femmes exceptionnelles choisies de manière aléatoire tant les portraits de milliers d’autres algériennes des temps anciens et nouveaux peuvent être considérées par d’aucuns comme plus représentative du génie, du courage, de l’érudition et de bien d’autres qualités.
Ainsi, nous vous proposons de régler nos projecteurs sur les portraits de quatre femmes : Djamila Bouhired, Kahina, Cheikha Remitti et Assia Djebbar.
La Kahina, Reine des Amazighs
Dihya, plus communément connue sous le nom de la Kahina (prophétesse) et une reine berbère qui marqua son temps par sa vaillance et par sa participation active lors des combats contre les conquérants musulmans venus de la péninsule arabique.
Fille d’un chef guerrier de la tribu des Djeraouia, la jeune femme marchera dans les pas de son père et remportera plusieurs batailles contre les envahisseurs musulmans arrivés en Afrique du Nord au VIIe siècle.

Stratège militaire hors pair et oracle respectée de tous, la Reine Amazigh s’est imposé, du haut de sa forteresse dans les montagnes des Aures, comme chef de guerre et de la résistance pendant plusieurs années avant de mourir vaillamment sur le champ de bataille.
Des siècles après sa mort, Dihya est devenu aujourd’hui, un symbole de féminisme, de détermination, de résilience et de courage pour les femmes Nord africaines, mais également une icône de la cause Amazigh.
Cheikha Remitti, la pionnière du Raï
Avançons de plusieurs siècles dans l’histoire, Cheikha Remitti de son vrai nom Saadia El Ghilizania est un monument de la chanson Raï.
Bien qu’ayant eu un début de vie difficile, l’orpheline qui errait de village en village deviendra celle qu’on appelle « la mamie du Raï », a révolutionné la musique traditionnelle algérienne en y insufflant un vent de renouveau en fusionnant les airs de flûtes de gasba traditionnelles à des percussions plus modernes auxquelles viennent s’ajouter des paroles perçues par certains comme indécentes.
Considérée comme étant un personnage polémique, elle défend de façon systématique, par le biais de ses chansons, la liberté de la femme à disposer de son corps.

Extrêmement indépendante, Remitti avait pour habitude de dire qu’elle était sa propre cheffe. Bien qu’analphabète, elle composait ses propres chansons : « personne ne me dicte les paroles que je chante, elle représente mon propre vécu » .
Grâce à son caractère, sa voix atypique, son diadème, ses perles et ses mains agrémentées de dessins au Henné, la chanteuse et musicienne a grandement contribué au rayonnement de ce genre musical sur la scène Internationale.
Djamila Bouhired, figure de la résistance
Djamila Bouhired a été le symbole féminin absolu de la résistance algérienne lors de la lutte indépendantiste.
En 1954, tout juste sortie de l’adolescence, la jeune algéroise rejoint le Front de libération national. Organisation, au sein de laquelle, elle portera la double casquette de « poseuse de bombe » et d’agent de recrutement, de femmes combattantes. Ces dernières étant moins susceptibles d’être appréhendés par les autorités coloniales.
Parmi les recrues, on retiendra le nom deux autres figures de la lutte : Djamila Bouazza et Zoulikha.

Madame Bouhired représente les milliers de femmes algériennes combattantes, mais aussi celles qui ont pris part à la lutte de façon plus discrète, en cachant des armes ou encore en nourrissant les résistants. Madame Bouhired demeure, jusqu’à ce jour, une référence de grâce, de dignité, de l’engagement et de la détermination de la femme algérienne.
Assia Djebar, la voix des femmes algériennes
Assia Djebar est une femme de lettres algérienne d'expression française. Auteur de nombreux romans, nouvelles, poèmes,elle est considérée comme une des auteurs les plus importantes du Maghreb.
La romancière fait partie des premiers écrivaines de littérature maghrébine d’expression française, une littérature qui a été pendant un temps une littérature de militantisme et porteuse d’une idéologie indépendantiste.
La particularité de la plume de Djebar est d’avoir dressé à travers son œuvre des portraits majoritairement féminins. Ainsi, les thèmes traités par cette dernière sont principalement centrés sur la condition de la femme dans la société maghrébine dans les périodes pré et postcoloniales.
Elle est l’une des premières voix féminines à conter l’Algérie, son œuvre vise à inscrire la femme dans cette lutte pour l’indépendance, que ça soit dans « l’Amour, La Fantasia » dont la trame se déroule en 1830, à l’arrivée de la France en Algérie où dans les « alouettes naïves » dont le récit se déroule en pleine guerre d’Algérie. L'écrivaine s'est donné pour mission de donner, par ses écrits, une voix aux femmes de son pays de naissance.

En 1954, dans un contexte de tension entre l’Algérie et la France, elle est la première algérienne à intégrer l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres en France. Deux ans plus tard, elle se joint au mouvement de grève de l'UGEMA, l’Union générale des Étudiants musulmans algériens, et refuse de passer ses examens. Cette décision lui vaudra d’être exclue de l'école. Le Général de Gaulle interviendra en faveur de celle qu’il qualifie de « petit génie littéraire », et demandera sa réintégration dans l’École en 1959.
En 2005, elle est élue à l'Académie française et devient la première écrivaine nord-africaine à en être membre.