La périlleuse diplomatie du pétrole de Biden

Une station-service de Brooklyn, le 8 mars 2022 à New York (Photo, AFP).
Une station-service de Brooklyn, le 8 mars 2022 à New York (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 10 mars 2022

La périlleuse diplomatie du pétrole de Biden

  • Après la décision américaine de stopper toute importation de pétrole et gaz russes, il y a urgence à trouver d'autres sources d'approvisionnement
  • Des émissaires du gouvernement américain se sont rendus auprès du président vénézuélien Nicolas Maduro, ennemi juré des Etats-Unis qui en contestent la légitimité

WASHINGTON: Jusqu'où aller pour limiter la flambée des prix de l'essence? Joe Biden a activé une périlleuse diplomatie du pétrole pour compenser la perte du brut russe, au risque d'être accusé de se tourner vers des "dictateurs" et de saper sa propre "bataille" pour la démocratie.

En pleine guerre déclenchée par la Russie en Ukraine, la mission à Caracas se voulait discrète.

Et pour cause: des émissaires du gouvernement américain se sont rendus auprès du président vénézuélien Nicolas Maduro, ennemi juré des Etats-Unis qui en contestent la légitimité.

Mais l'information a filtré, et le gouvernement Biden est sommé de s'expliquer.

Il a certes pu se targuer d'un succès, Caracas ayant libéré mardi deux des huit Américains détenus au Venezuela. La diplomatie américaine a toutefois dû reconnaître que son déplacement avait un autre motif.

Avec la hausse des cours du brut provoquée par la guerre en Ukraine et la décision américaine de stopper toute importation de pétrole et gaz russes, il y a urgence à trouver d'autres sources d'approvisionnement.

"Nous faisons le tour du monde" pour "tenter d'augmenter le volume de pétrole sur le marché" et stabiliser les prix, a dit mardi la numéro trois du département d'Etat américain, Victoria Nuland. Il n'y qu'une "poignée de pays au monde" qui produisent le "fioul lourd" que l'économie américaine importait de Russie, et "nous devons regarder partout où nous pouvons", a-t-elle lâché, sans exclure que Washington puisse acheter du brut vénézuélien.

«Tirelire» de Maduro

Sacré retournement, quand on sait qu'un embargo pétrolier américain frappe depuis 2019 ce pays d'Amérique latine, qui reste un proche allié du président russe Vladimir Poutine.

Dans l'immédiat, rien ne dit que cette visite change la donne.

L'embargo reste en place et a "structurellement endommagé" l'industrie pétrolière vénézuélienne, relève l'ex-diplomate américain Aaron David Miller.

Du côté de Caracas "Maduro explore l'idée" de concessions réciproques, ce qui "ne signifie pas qu'il abandonne Poutine", ajoute Mariano de Alba, de l'organisation de prévention des conflits International Crisis Group (ICG), évoquant un processus "long", "incertain" et "très risqué".

Une pluie de critiques s'est en tout cas abattue sur l'administration Biden.

Auditionnée au Congrès américain, Victoria Nuland a été matraquée par les républicains sans être épargnée par le camp démocrate du président.

Pour le sénateur conservateur Marco Rubio, acheter du pétrole vénézuélien aurait "un impact insignifiant" mais ferait entrer "des millions de dollars dans la tirelire" de Nicolas Maduro.

"Les aspirations démocratiques des Vénézuéliens, comme la détermination et le courage des Ukrainiens, valent mieux que quelques milliers de barils de pétrole", a asséné son influent collègue démocrate Bob Menendez.

Aaron David Miller estime que si le gouvernement américain a pris le risque de ce tollé, c'est qu'il veut "explorer toutes les possibilités".

Joe Biden cherche "un équilibre entre les intérêts nationaux et ses intérêts politiques plus étroits", ajoute l'expert du cercle de réflexion Carnegie Endowment for International Peace. Et c'est "difficile", car il faut préserver "les valeurs américaines" tout en limitant l'envolée de l'inflation qui risque de "coûter cher au président" aux législatives de mi-mandat en novembre.

Ukraine: Washington rejette définitivement un transfert d'avions de combat polonais

Les Etats-Unis ont définitivement rejeté la proposition de la Pologne de livrer à l'armée américaine ses avions Mig-29 pour ensuite les remettre à l'Ukraine, a annoncé mercredi le Pentagone.

Après un échange mercredi entre le ministre américain de la Défense Lloyd Austin et son homologue polonais, le porte-parole du Pentagone John Kirby a affirmé lors d'une conférence de presse que Washington ne "soutenait pas le transfert d'avions de combat supplémentaires à l'armée de l'air ukrainienne à l'heure actuelle".

«Droits humains»

C'est d'autant plus délicat que le démocrate a promis de remettre les droits humains "au centre" de sa politique étrangère, marquée par une "bataille entre les démocraties et les autocraties".

Son secrétaire d'Etat Antony Blinken a d'ailleurs affirmé mercredi que l'Amérique pouvait "assurer la stabilité de l'approvisionnement mondial d'énergie" sans renoncer aux "droits humains".

Mais au-delà du Venezuela, ce sont tous les efforts américains qui sont scrutés à la loupe.

"Il est impératif de ne pas remplacer le brut lourd russe avec la production de dictateurs en Iran et au Venezuela", a lancé le sénateur républicain Jim Risch, pour mieux tacler les négociations controversées pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien.

Surtout, le gouvernement américain se retrouve sur la défensive dans sa relation avec les monarchies du Golfe.

La Maison Blanche a dû démentir mercredi des informations du Wall Street Journal selon lesquelles les princes héritiers d'Arabie saoudite et d'Abou Dhabi avaient refusé de prendre le président des Etats-Unis au téléphone.

Parallèlement, le site d'informations Axios évoque la possibilité d'un voyage de Joe Biden à Ryad au printemps pour tenter de convaincre le royaume de pomper plus de pétrole.

"A minima, il va devoir accepter de parler avec MBS", le prince héritier Mohammed ben Salmane, dit Aaron David Miller, alors que le locataire de la Maison Blanche refusait jusqu'ici d'accorder un statut de pair à celui qu'il accuse d'avoir commandité l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi.

Cette fois, les critiques viennent de l'aile gauche du camp présidentiel.

"Notre réponse à la guerre immorale de Poutine ne doit pas être de renforcer notre relation avec les Saoudiens", a protesté sur Twitter la députée progressiste Ilhan Omar.

La guerre en Ukraine, frein ou moteur de la transition énergétique?

Alors que les États-Unis ont imposé un embargo sur le pétrole russe, les Européens et d'autres pays veulent réduire leur dépendance aux hydrocarbures russes et notamment au gaz.

Certains pays peuvent être tentés par le charbon – moyen le plus nocif pour le climat de produire de l'électricité.

Le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a estimé qu'il n'y avait "pas de tabou" : des pays comme la Pologne pourraient utiliser plus longtemps le charbon, quitte à passer ensuite aux énergies renouvelables, sans transition par le gaz.

C'est "un changement total d'état d'esprit de l'UE envers le charbon", y voient les analystes de la banque RBC.


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.


Mercosur: Paris et Rome contrarient les plans de l'UE, ultimatum de Lula

Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Italie rejoint la France pour demander un report de l’accord UE–Mercosur, menaçant la signature espérée par Ursula von der Leyen et ouvrant la voie à une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept
  • Le Brésil met la pression, tandis que les divisions européennes persistent entre défense des agriculteurs et impératif économique face à la concurrence chinoise et américaine

BRUXELLES: L'Italie a rejoint la France mercredi pour réclamer un report de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ce qui risque d'empêcher Ursula von der Leyen de parapher ce traité en fin de semaine, au grand dam du Brésil.

Une signature dans les prochains jours est "prématurée", a lâché Giorgia Meloni à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.

La cheffe du gouvernement italien veut d'abord des garanties "suffisantes" pour le secteur agricole, et se dit "convaincue qu'au début de l'année prochaine, toutes ces conditions seront réunies".

Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n'a cessé de marteler ces derniers jours qu'une signature était indispensable avant la fin de l'année, pour la "crédibilité" de l'Union européenne et afin de ne pas contrarier les partenaires latino-américains.

Prudent, l'exécutif européen fait mine d'y croire encore. "Les chefs d'Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen" ce jeudi, a dit à l'AFP Olof Gill, porte-parole de la Commission.

Au Brésil, le président Lula, qui avait appelé à la responsabilité Emmanuel Macron et Georgia Meloni, a posé une forme d'ultimatum.

"Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l'accord tant que je serai président", a-t-il menacé. "Si jamais ils disent non, nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu'il était possible de céder diplomatiquement".

- "Billet remboursable" -

La prise de position de Rome sur ce dossier est potentiellement décisive.

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l'Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.

"Ca risque d'être très chaud", convient un diplomate européen anonymement, alors que l'Allemagne comme l'Espagne insistent pour approuver ce traité de libre-échange le plus vite possible.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d'exercer une pression "intensive" sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas "chipoter" avec les grands traités commerciaux.

Emmanuel Macron a prévenu que "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de l'Union européenne, a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Paris ne considère pas encore comme "acquis" le report de la signature du traité, mais les déclarations de Giorgia Meloni sont la "preuve" que "la France n'est pas seule", a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles.

"J'espère qu'elle a un billet (d'avion) remboursable", glisse une source diplomatique européenne.

- Manifestation à Bruxelles -

Cet accord commercial avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Les agriculteurs européens ne décolèrent pas et annoncent une dizaine de milliers de manifestants jeudi à Bruxelles contre ce traité.

Pour rassurer la profession, l'UE a ajouté des mesures de sauvegarde: un suivi des produits agricoles sensibles et une promesse d'intervention en cas de déstabilisation du marché.

Un compromis a été trouvé mercredi soir sur ce volet entre des eurodéputés et des représentants des États membres: les garanties pour les agriculteurs y sont supérieures à ce qu'avaient voté les Vingt-Sept en novembre, mais en deçà de la position adoptée par le Parlement européen mardi.

Elles ne devraient toutefois pas suffire à la France. Le bras de fer avec Bruxelles s'inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l'Hexagone contre la gestion par les autorités de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Et au sein de l'Union européenne, une série d'États redoutent que Paris ne se contente pas d'un report du Mercosur mais essaye de faire échouer le traité, malgré plus de 25 ans de négociations.

Allemands, Espagnols et Scandinaves comptent quant à eux sur cet accord pour relancer une économie européenne à la peine face à la concurrence chinoise et aux taxes douanières des États-Unis.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.