Des couloirs humanitaires vers la Russie dont les chars sont aux portes de Kiev

Un homme marche dans une rue dévastée par des bombardements à Marioupol, en Ukraine, le jeudi 10 mars 2022 (Photo, AP).
Un homme marche dans une rue dévastée par des bombardements à Marioupol, en Ukraine, le jeudi 10 mars 2022 (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 11 mars 2022

Des couloirs humanitaires vers la Russie dont les chars sont aux portes de Kiev

  • Le président ukrainien a accusé vendredi l'armée russe d'empêcher l'évacuation de civils des villes encerclées
  • L'Ukraine réclame la mise en place de passages sécurisés en vue des évacuations de civils à l'intérieur de ses frontières

MOSCOU: Moscou a promis jeudi l'ouverture quotidienne de couloirs humanitaires pour permettre aux Ukrainiens fuyant les combats de gagner la Russie, alors même que son armée poursuivait sa manœuvre d'encerclement de Kiev.

L'Ukraine, où la population des villes assiégées par les troupes russes est obligée de vivre terrée en raison des bombardements, réclame pour sa part la mise en place de passages sécurisés en vue des évacuations de civils à l'intérieur de ses frontières.

"Nous annonçons officiellement que des couloirs humanitaires pour la Fédération de Russie seront désormais ouverts unilatéralement, sans coordination, chaque jour à partir de 10H00 du matin", tandis que ceux allant "dans d'autres directions seront négociés avec la partie ukrainienne", a déclaré dans la soirée le ministère russe de la Défense.

Une décision rendue publique peu de temps après la fin des premiers pourparlers directs à haut niveau entre les belligérants depuis le début, le 24 février, de l'invasion de l'Ukraine.

Zelensky accuse Moscou d'une attaque sur un couloir humanitaire vers Marioupol

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé vendredi l'armée russe d'empêcher l'évacuation de civils des villes encerclées de Marioupol et Volnovakha (sud-est) et d'avoir mené une attaque sur le trajet prévu d'un couloir humanitaire.

"C'est de le terreur assumée, de la terreur effrontée, de la part de terroristes expérimentés. Le monde entier doit le savoir", a-t-il poursuivi.

Il a aussi ajouté qu'environ 100.000 personnes avaient quitté ces deux derniers jours d'autres villes ukrainiennes en proie aux combats, dont 40.000 personnes rien que jeudi, via des couloirs humanitaires.

Sur le terrain, après avoir auparavant atteint les faubourgs nord et ouest de Kiev, des chars russes sont arrivés jeudi à proximité de son entrée nord-est.

Des journalistes de l'AFP ont vu des colonnes de fumée s'échapper du village de Skybyn, à quelques centaines de mètres du dernier barrage des forces ukrainiennes sur l'axe menant à la capitale dans cette zone.

En fin de matinée, une pluie de roquettes russes Grad s'est abattue sur la localité déserte de Velyka Dymerka, à environ cinq kilomètres des limites de Kiev, dont certaines ont atterri à une vingtaine de mètres de l'équipe de l'AFP.

Selon l'état-major ukrainien, les forces russes, tout en continuant leur "opération offensive" pour encercler la capitale, attaquent sur d'autres fronts, dans l'est, les villes d'Izioum, de Petrovske, de Hrouchouvakha, de Soumy et d'Okhtyrka ou dans les régions de Donetsk et de Zaparojie.

Pas de cessez-le-feu

De leur côté, les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et Dmytro Kuleba ont campé sur leurs positions au cours de leurs discussions sous les auspices de leur homologue turc Mevlut Cavusoglu à Antalya, une station balnéaire du sud de la Turquie prisée des touristes russes.

"Nous avons évoqué un cessez-le-feu, mais aucun progrès n'a été accompli en ce sens", a déclaré M. Kuleba.

Le chef de la diplomatie ukrainienne a révélé que Sergueï Lavrov lui avait assuré que la Russie "allait continuer (son) agression jusqu'à ce que nous acceptions sa demande de capituler". Mais "l'Ukraine ne s'est pas rendue, ne se rend pas et ne se rendra pas", a-t-il clamé.

Le ministre russe, selon lequel la Russie ne prévoit "pas d'attaquer d'autres pays" et n'a "pas attaqué l'Ukraine", s'est quant à lui prononcé pour la poursuite du dialogue avec l'Ukraine, mais avant tout via des envoyés des deux camps au Bélarus, donc à un niveau inférieur.

Trois sessions de pourparlers entre négociateurs russes et ukrainiens ont déjà eu lieu dans cet Etat allié de Moscou, depuis le début de l'invasion, aboutissant à plusieurs cessez-le-feu locaux et à l'ouverture au compte-gouttes de couloirs humanitaires pour évacuer des civils de villes encerclées. 

Mais les Russes ont été à plusieurs reprises accusés d'avoir violé ces accords.

L'Ukraine et la Russie sont par ailleurs "prêtes" à discuter pour garantir la sécurité des sites nucléaires ukrainiens, chaque jour plus compromise par la guerre, a déclaré jeudi le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), le gendarme onusien du nucléaire. Cette annonce intervient alors que Kiev "a perdu toute communication" avec la centrale de Tchernobyl, selon des informations reçues par l'AIEA.

Les dirigeants français et allemand Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont, dans un entretien téléphonique avec M. Poutine, "insisté sur le fait que toute solution à la crise devait passer par des négociations entre l'Ukraine et la Russie" et exigé "un cessez-le-feu immédiat".

L'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, critiqué pour ses liens étroits avec la Russie, était jeudi à Moscou pour un "effort de médiation" à la demande d'un responsable ukrainien, selon le site d'information Politico citant des "sources bien informées".

Vols dans l'UE Compagnies et aéroports réclament la fin des restrictions sanitaires

En finir avec les certificats de vaccination, de tests et même le masque pour voyager en avion en Europe? Les principales organisations d'aéroports et de compagnies aériennes le souhaitent, estimant que l'immunité collective est suffisante pour revenir aux règles d'avant-crise.

ACI Europe, qui revendique fédérer 500 aéroports du Vieux Continent, et l'Iata (Association du transport aérien international), représentant 290 compagnies du monde entier, remarquent que de nombreux pays européens renoncent à leurs passes sanitaires ou vaccinaux, à la faveur du reflux général des contaminations ces dernières semaines.

Bombardements

Pour l'heure, l'armée russe maintient son siège des grandes villes et une campagne de bombardements, à l'image de celui qui a touché mercredi un établissement abritant un hôpital pour enfants et une maternité à Marioupol, un port stratégique sur la mer d'Azov (sud-est) assiégé par les forces russes depuis dix jours.

Trois personnes, dont une fillette, y ont péri, a annoncé dans un nouveau bilan jeudi la mairie, qui faisait état la veille de 17 blessés. 

L'attaque de mercredi a suscité une vague de condamnations internationales et les Etats-Unis ainsi que leurs alliés européens envisageaient, en réponse aux atrocités semblant "s'intensifier" contre les civils ukrainiens, des sanctions supplémentaires contre la Russie.

"La prétendue frappe aérienne est une mise en scène totale à des fin de provocation afin d'entretenir l'agitation antirusse du public occidental", a rétorqué le ministère russe de la Défense. 

Au total, depuis le début de l'invasion, 71 enfants ont été tués et plus de 100 blessés en Ukraine, a déclaré jeudi Liudmyla Denisova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien.

La moitié de la population de l'agglomération de Kiev a fui en deux semaines, a annoncé son maire, Vitali Klitschko, affirmant que, désormais, "un peu moins de deux millions d'habitants" s'y trouvaient.

Le FMI pessimiste

Les dégâts provoqués par la guerre sont pour l'instant évalués à 100 milliards de dollars par l'Ukraine.

Face à cette situation, les Américains et leurs alliés s'efforcent d'aider ce pays tout en évitant l'implication militaire directe des Etats membres de l'Otan.

Les Etats-Unis, estimant jeudi que l'Ukraine n'avait pas vraiment besoin d'avions de combat pour contrer les attaques russes, ont envisagé de lui fournir davantage de systèmes de défense sol-air.

En Turquie, M. Lavrov a jugé "dangereuse" la fourniture d'armes par les Occidentaux aux Ukrainiens, dénonçant en particulier l'envoi de missiles sol-air portables.

S'exprimant à l'occasion d'un sommet de deux jours des 27 à Versailles, près de Paris, Emmanuel Macron a jugé que l'Union européenne allait "changer plus vite et plus fort sous le coup de la guerre", tandis que, de Varsovie, la vice-présidente américaine Kamala Harris a considéré que l'Otan était devenue "plus forte" et la Russie "plus faible".

Il n'existe cependant "pas de procédure rapide d'adhésion à l'UE", a rappelé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, pour lequel l'intégration de l'Ukraine est une "question de long terme".

En attendant, l'accueil de millions de réfugiés ukrainiens est un "très, très gros défi", mais les pays membres de l'Union européenne font preuve d'une solidarité "sans précédent", a noté la commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson.

Après deux semaines de conflit, les sanctions occidentales continuent de pleuvoir sur la Russie, avec notamment le gel au Royaume-Uni des avoirs de sept oligarques russes dont Roman Abramovitch, une décision qui implique la suspension de la vente du club de football de Chelsea.

Facebook assouplit ses règles sur les discours violents contre l'armée russe

Facebook a annoncé jeudi faire des exceptions à son règlement sur les contenus violents et haineux, en ne supprimant pas des messages hostiles à l'armée et aux dirigeants russes.

La déclaration de Meta intervient après la publication d'un article de l'agence Reuters, citant des courriels échangés par des modérateurs de contenus du géant des réseaux sociaux et affirmant que la mise à jour du règlement s'appliquait à l'Arménie, l'Azerbaïdjan, l'Estonie, la Géorgie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Russie, la Slovaquie et l'Ukraine. 

Pour faire face aux sanctions, Moscou a interdit l'exportation de certaines marchandises et d'équipements précédemment importés.

"Toutes nos obligations en matière d'approvisionnements énergétiques" seront remplies, a néanmoins promis Vladimir Poutine.

Les Etats du G7 ont quant à eux appelé les pays producteurs de gaz et de pétrole à "augmenter leurs livraisons" pour faire face à la hausse des prix de l'énergie et aux risques de pénuries.

Conséquence de la guerre en Ukraine, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé qu'il allait abaisser ses prévisions de croissance mondiale, prévenant en outre qu'un défaut de paiement de la Russie n'était plus "improbable".


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.