Des couloirs humanitaires vers la Russie dont les chars sont aux portes de Kiev

Un homme marche dans une rue dévastée par des bombardements à Marioupol, en Ukraine, le jeudi 10 mars 2022 (Photo, AP).
Un homme marche dans une rue dévastée par des bombardements à Marioupol, en Ukraine, le jeudi 10 mars 2022 (Photo, AP).
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Publié le Vendredi 11 mars 2022

Des couloirs humanitaires vers la Russie dont les chars sont aux portes de Kiev

  • Le président ukrainien a accusé vendredi l'armée russe d'empêcher l'évacuation de civils des villes encerclées
  • L'Ukraine réclame la mise en place de passages sécurisés en vue des évacuations de civils à l'intérieur de ses frontières

MOSCOU: Moscou a promis jeudi l'ouverture quotidienne de couloirs humanitaires pour permettre aux Ukrainiens fuyant les combats de gagner la Russie, alors même que son armée poursuivait sa manœuvre d'encerclement de Kiev.

L'Ukraine, où la population des villes assiégées par les troupes russes est obligée de vivre terrée en raison des bombardements, réclame pour sa part la mise en place de passages sécurisés en vue des évacuations de civils à l'intérieur de ses frontières.

"Nous annonçons officiellement que des couloirs humanitaires pour la Fédération de Russie seront désormais ouverts unilatéralement, sans coordination, chaque jour à partir de 10H00 du matin", tandis que ceux allant "dans d'autres directions seront négociés avec la partie ukrainienne", a déclaré dans la soirée le ministère russe de la Défense.

Une décision rendue publique peu de temps après la fin des premiers pourparlers directs à haut niveau entre les belligérants depuis le début, le 24 février, de l'invasion de l'Ukraine.

Zelensky accuse Moscou d'une attaque sur un couloir humanitaire vers Marioupol

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé vendredi l'armée russe d'empêcher l'évacuation de civils des villes encerclées de Marioupol et Volnovakha (sud-est) et d'avoir mené une attaque sur le trajet prévu d'un couloir humanitaire.

"C'est de le terreur assumée, de la terreur effrontée, de la part de terroristes expérimentés. Le monde entier doit le savoir", a-t-il poursuivi.

Il a aussi ajouté qu'environ 100.000 personnes avaient quitté ces deux derniers jours d'autres villes ukrainiennes en proie aux combats, dont 40.000 personnes rien que jeudi, via des couloirs humanitaires.

Sur le terrain, après avoir auparavant atteint les faubourgs nord et ouest de Kiev, des chars russes sont arrivés jeudi à proximité de son entrée nord-est.

Des journalistes de l'AFP ont vu des colonnes de fumée s'échapper du village de Skybyn, à quelques centaines de mètres du dernier barrage des forces ukrainiennes sur l'axe menant à la capitale dans cette zone.

En fin de matinée, une pluie de roquettes russes Grad s'est abattue sur la localité déserte de Velyka Dymerka, à environ cinq kilomètres des limites de Kiev, dont certaines ont atterri à une vingtaine de mètres de l'équipe de l'AFP.

Selon l'état-major ukrainien, les forces russes, tout en continuant leur "opération offensive" pour encercler la capitale, attaquent sur d'autres fronts, dans l'est, les villes d'Izioum, de Petrovske, de Hrouchouvakha, de Soumy et d'Okhtyrka ou dans les régions de Donetsk et de Zaparojie.

Pas de cessez-le-feu

De leur côté, les ministres russe et ukrainien des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et Dmytro Kuleba ont campé sur leurs positions au cours de leurs discussions sous les auspices de leur homologue turc Mevlut Cavusoglu à Antalya, une station balnéaire du sud de la Turquie prisée des touristes russes.

"Nous avons évoqué un cessez-le-feu, mais aucun progrès n'a été accompli en ce sens", a déclaré M. Kuleba.

Le chef de la diplomatie ukrainienne a révélé que Sergueï Lavrov lui avait assuré que la Russie "allait continuer (son) agression jusqu'à ce que nous acceptions sa demande de capituler". Mais "l'Ukraine ne s'est pas rendue, ne se rend pas et ne se rendra pas", a-t-il clamé.

Le ministre russe, selon lequel la Russie ne prévoit "pas d'attaquer d'autres pays" et n'a "pas attaqué l'Ukraine", s'est quant à lui prononcé pour la poursuite du dialogue avec l'Ukraine, mais avant tout via des envoyés des deux camps au Bélarus, donc à un niveau inférieur.

Trois sessions de pourparlers entre négociateurs russes et ukrainiens ont déjà eu lieu dans cet Etat allié de Moscou, depuis le début de l'invasion, aboutissant à plusieurs cessez-le-feu locaux et à l'ouverture au compte-gouttes de couloirs humanitaires pour évacuer des civils de villes encerclées. 

Mais les Russes ont été à plusieurs reprises accusés d'avoir violé ces accords.

L'Ukraine et la Russie sont par ailleurs "prêtes" à discuter pour garantir la sécurité des sites nucléaires ukrainiens, chaque jour plus compromise par la guerre, a déclaré jeudi le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), le gendarme onusien du nucléaire. Cette annonce intervient alors que Kiev "a perdu toute communication" avec la centrale de Tchernobyl, selon des informations reçues par l'AIEA.

Les dirigeants français et allemand Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont, dans un entretien téléphonique avec M. Poutine, "insisté sur le fait que toute solution à la crise devait passer par des négociations entre l'Ukraine et la Russie" et exigé "un cessez-le-feu immédiat".

L'ex-chancelier allemand Gerhard Schröder, critiqué pour ses liens étroits avec la Russie, était jeudi à Moscou pour un "effort de médiation" à la demande d'un responsable ukrainien, selon le site d'information Politico citant des "sources bien informées".

Vols dans l'UE Compagnies et aéroports réclament la fin des restrictions sanitaires

En finir avec les certificats de vaccination, de tests et même le masque pour voyager en avion en Europe? Les principales organisations d'aéroports et de compagnies aériennes le souhaitent, estimant que l'immunité collective est suffisante pour revenir aux règles d'avant-crise.

ACI Europe, qui revendique fédérer 500 aéroports du Vieux Continent, et l'Iata (Association du transport aérien international), représentant 290 compagnies du monde entier, remarquent que de nombreux pays européens renoncent à leurs passes sanitaires ou vaccinaux, à la faveur du reflux général des contaminations ces dernières semaines.

Bombardements

Pour l'heure, l'armée russe maintient son siège des grandes villes et une campagne de bombardements, à l'image de celui qui a touché mercredi un établissement abritant un hôpital pour enfants et une maternité à Marioupol, un port stratégique sur la mer d'Azov (sud-est) assiégé par les forces russes depuis dix jours.

Trois personnes, dont une fillette, y ont péri, a annoncé dans un nouveau bilan jeudi la mairie, qui faisait état la veille de 17 blessés. 

L'attaque de mercredi a suscité une vague de condamnations internationales et les Etats-Unis ainsi que leurs alliés européens envisageaient, en réponse aux atrocités semblant "s'intensifier" contre les civils ukrainiens, des sanctions supplémentaires contre la Russie.

"La prétendue frappe aérienne est une mise en scène totale à des fin de provocation afin d'entretenir l'agitation antirusse du public occidental", a rétorqué le ministère russe de la Défense. 

Au total, depuis le début de l'invasion, 71 enfants ont été tués et plus de 100 blessés en Ukraine, a déclaré jeudi Liudmyla Denisova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien.

La moitié de la population de l'agglomération de Kiev a fui en deux semaines, a annoncé son maire, Vitali Klitschko, affirmant que, désormais, "un peu moins de deux millions d'habitants" s'y trouvaient.

Le FMI pessimiste

Les dégâts provoqués par la guerre sont pour l'instant évalués à 100 milliards de dollars par l'Ukraine.

Face à cette situation, les Américains et leurs alliés s'efforcent d'aider ce pays tout en évitant l'implication militaire directe des Etats membres de l'Otan.

Les Etats-Unis, estimant jeudi que l'Ukraine n'avait pas vraiment besoin d'avions de combat pour contrer les attaques russes, ont envisagé de lui fournir davantage de systèmes de défense sol-air.

En Turquie, M. Lavrov a jugé "dangereuse" la fourniture d'armes par les Occidentaux aux Ukrainiens, dénonçant en particulier l'envoi de missiles sol-air portables.

S'exprimant à l'occasion d'un sommet de deux jours des 27 à Versailles, près de Paris, Emmanuel Macron a jugé que l'Union européenne allait "changer plus vite et plus fort sous le coup de la guerre", tandis que, de Varsovie, la vice-présidente américaine Kamala Harris a considéré que l'Otan était devenue "plus forte" et la Russie "plus faible".

Il n'existe cependant "pas de procédure rapide d'adhésion à l'UE", a rappelé le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, pour lequel l'intégration de l'Ukraine est une "question de long terme".

En attendant, l'accueil de millions de réfugiés ukrainiens est un "très, très gros défi", mais les pays membres de l'Union européenne font preuve d'une solidarité "sans précédent", a noté la commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson.

Après deux semaines de conflit, les sanctions occidentales continuent de pleuvoir sur la Russie, avec notamment le gel au Royaume-Uni des avoirs de sept oligarques russes dont Roman Abramovitch, une décision qui implique la suspension de la vente du club de football de Chelsea.

Facebook assouplit ses règles sur les discours violents contre l'armée russe

Facebook a annoncé jeudi faire des exceptions à son règlement sur les contenus violents et haineux, en ne supprimant pas des messages hostiles à l'armée et aux dirigeants russes.

La déclaration de Meta intervient après la publication d'un article de l'agence Reuters, citant des courriels échangés par des modérateurs de contenus du géant des réseaux sociaux et affirmant que la mise à jour du règlement s'appliquait à l'Arménie, l'Azerbaïdjan, l'Estonie, la Géorgie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Russie, la Slovaquie et l'Ukraine. 

Pour faire face aux sanctions, Moscou a interdit l'exportation de certaines marchandises et d'équipements précédemment importés.

"Toutes nos obligations en matière d'approvisionnements énergétiques" seront remplies, a néanmoins promis Vladimir Poutine.

Les Etats du G7 ont quant à eux appelé les pays producteurs de gaz et de pétrole à "augmenter leurs livraisons" pour faire face à la hausse des prix de l'énergie et aux risques de pénuries.

Conséquence de la guerre en Ukraine, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé qu'il allait abaisser ses prévisions de croissance mondiale, prévenant en outre qu'un défaut de paiement de la Russie n'était plus "improbable".


Au Pakistan, le mois d'avril «le plus pluvieux» depuis 1961

Vue générale du débordement de la rivière Jhelum après de fortes pluies à Muzaffarabad, au Cachemire sous administration pakistanaise, le 29 avril 2024. (AFP)
Vue générale du débordement de la rivière Jhelum après de fortes pluies à Muzaffarabad, au Cachemire sous administration pakistanaise, le 29 avril 2024. (AFP)
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  • Beaucoup s'inquiètent désormais au Pakistan: les pluies d'avril ont déjà tué au moins 144 personnes, dont des dizaines d'enfants dans l'écroulement de leur maison sous des pluies torentielles
  • Outre les inondations, le pays a aussi été éprouvé par des canicules mortelles et une pollution atmosphérique parmi les pires au monde

ISLAMABAD, Pakistan : Si une grande partie de l'Asie connaît une vague de chaleur sans précédent, le Pakistan, lui, vient de vivre son «avril le plus pluvieux depuis 1961», avec des températures près d'un degré plus basses qu'à l'habitude.

Comme souvent dans le pays, le cinquième le plus peuplé du monde et l'un des plus exposés aux phénomènes climatiques extrêmes, experts et météorologues pointent du doigt le changement climatique.

Le pays pauvre d'Asie du Sud ne cesse de répéter que ses 240 millions d'habitants (environ 3% de la population mondiale) ne sont responsables que de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Beaucoup s'inquiètent désormais au Pakistan: les pluies d'avril ont déjà tué au moins 144 personnes, dont des dizaines d'enfants dans l'écroulement de leur maison sous des pluies torentielles. Mais la mousson, et son lot d'inondations, de crues subites et de dégâts, doit arriver en juillet et durera jusqu'en septembre.

Outre les inondations, le pays a aussi été éprouvé par des canicules mortelles et une pollution atmosphérique parmi les pires au monde, autant de phénomènes dont l'impact est aggravé, disent les experts, par un manque d'infrastructures et une mauvaise gouvernance.

En avril, les précipitations ont atteint «59,3 millimètres», bien au-delà des moyennes habituelles de 22,5 millimètres, détaille un rapport des services de météorologie publié tard vendredi.

Le Balouchistan, la plus grande province du Pakistan aux frontières de l'Iran et de l'Afghanistan, a connu l'augmentation la plus importante du pays. Là, notent les services de météorologie, les précipitations ont été quatre fois et demie supérieures aux normales saisonnières.

Le bilan humain le plus lourd, avec 84 morts dont 38 enfants, a en revanche été enregistré dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest frontalier de l'Afghanistan, où 3.500 habitations ont été endommagées.

- «Météo imprévisible» -

Et alors que des Philippines à la Birmanie en passant par l'Inde, des millions de personnes suffoquent sous une vague de chaleur inédite, le Pakistan a vu sa température moyenne mensuelle baisser à 23,67 degrés, contre 24,54 habituellement, poursuit le rapport.

Pour Zaheer Ahmad Babar, porte-parole des services météorologiques, le changement climatique explique ce mois inhabituel.

«Le changement climatique est un facteur important qui influe sur les tendances météo imprévisibles dans notre région», affirme-t-il à l'AFP.

En 2022, le pays pauvre d'Asie du Sud avait subi des inondations dévastatrices qui avaient touché près d'un tiers de son territoire et affecté plus de 33 millions de personnes, faisant plus de 1.700 morts.

Dans des régions du Pendjab, province la plus peuplée et grenier à céréales du pays, les récoltes ont souffert récemment des pluies abondantes et de la grêle.

«Les crues subites ont provoqué des dégâts importants à de grandes surfaces de cultures, en particulier celle du blé, qui était prêt à être récoltée», a indiqué l'agence onusienne OCHA dans un rapport récent.

«Ceci a entraîné des pertes économiques importantes pour les cultivateurs et les villages».

«On assiste quasiment chaque année à des événements liés aux changements climatiques. Et pourtant on n'y est toujours pas préparé», constate l'avocat et militant écologiste Ahmad Rafay Alam.

La responsabilité du climat «incombe à nos gouvernements provinciaux et fédéral, mais ceux-ci accordent la priorité aux questions politiques», dit-il.

Si le Pakistan pâtit actuellement de précipitations élevées, début avril, Islamabad annonçait être confronté à une pénurie d'eau d'environ 30% par rapport à ses besoins au début de la saison des semis pour le riz et le coton.

Les autorités pointait du doigt un enneigement hivernal moins important qu'à l'habitude dans la région des glaciers du Nord.

Plus d'un an et demi plus tard, souligne l'ONU, près de 10 millions d'enfants avaient encore besoin d'aide humanitaire pour survivre dans les zones touchées par les pluies diluviennes qui ont tout emporté en 2022.

Pour l'Unicef, «les enfants pakistanais sont pris dans un cercle vicieux de sècheresse et d'inondation».

«De leur conception à leur arrivée à l'âge adulte, le développement des cerveaux des enfants, de leurs poumons et de leur système immunitaire est affecté par leur environnement», poursuit l'Unicef qui s'inquiète pour toute une génération.

«Les risques qu'ils encourent du fait du changement climatique sont considérés comme extrêmement élevés», s'alarme l'agence onusienne.


Dublin: des étudiants campent sur le campus du Trinity College contre la guerre à Gaza

Vue de l'enceinte du Trinity College de Dublin. (Photo Paul Faith AFP)
Vue de l'enceinte du Trinity College de Dublin. (Photo Paul Faith AFP)
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  • Le président du syndicat étudiant TCDSU de l'université, Laszlo Molnarfi, a affirmé sur la chaîne RTE que les manifestants demandent à l'université de couper ses liens avec Israël
  • L'opposition à l'intervention militaire d'Israël à Gaza est très forte en Irlande où des marches appelant à un cessez-le-feu ont rassemblé des milliers de personnes dans la rue

DUBLIN, Irlande : Des étudiants de la prestigieuse université Trinity College de Dublin ont installé un campement sur le campus de l'établissement pour protester contre l'offensive militaire israélienne à Gaza, bloquant samedi l'entrée d'un bâtiment qui attire habituellement de nombreux touristes.

Les manifestants ont décrit leur mobilisation comme un «campement en solidarité avec la Palestine», sur fonds de multiplication de ces mobilisations en Europe et aux États-Unis.

Ils sont plusieurs dizaines à avoir installé des tentes vendredi soir dans plusieurs endroits du campus, plaçant des bancs devant la bibliothèque qui contient «le Livre de Kells», un célèbre manuscrit médiéval que les touristes viennent voir nombreux dans la capitale irlandaise.

Le président du syndicat étudiant TCDSU de l'université, Laszlo Molnarfi, a affirmé sur la chaîne RTE que les manifestants demandent à l'université de couper ses liens avec Israël.

«Un campement non autorisé de BDS (mouvement qui appelle au boycott d'Israël) est présent à Trinity», a indiqué l'établissement dans un communiqué.

«Pour assurer la sécurité, l'accès au campus sera restreint aux étudiants, personnels, résidents et membres du département des sports, a-t-il ajouté, prévenant que l'accès des visiteurs serait interdit ce samedi.

«Même si Trinity soutient le droit des étudiants à manifester, les manifestations doivent se tenir dans le cadre des règles de l'université», a encore indiqué l'établissement.

Parties des campus américains, où elles ont fait l'objet d'une répression des forces de l'ordre, les mobilisations contre l'offensive israélienne à Gaza se sont propagées un peu partout dans le monde ces derniers jours.

L'opposition à l'intervention militaire d'Israël à Gaza est très forte en Irlande où des marches appelant à un cessez-le-feu ont rassemblé des milliers de personnes dans la rue.

Le gouvernement lui-même est très critique vis-à-vis de l'attitude du gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahu depuis le début du conflit, déclenché après l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre.

Le nouveau Premier ministre irlandais Simon Harris s'est dit prêt mi-avril à reconnaître un État palestinien, y voyant un moyen de contribuer au processus de paix au Moyen-Orient.

En février, le gouvernement irlandais avait demandé à la Commission européenne, aux côtés de l'Espagne, de vérifier sur Israël respectait bien les droits humains à Gaza.

Plus de 400 artistes irlandais ont appelé dans une lettre commune à boycotter le concours international de chanson de l'Eurovision en raison de la participation d'Israël.


Aux Etats-Unis, les étudiants propalestiniens cherchent un nouveau souffle après des arrestations massives

Des étudiants et des militants pro-palestiniens dansent lors d'un rassemblement dans un campement sur le campus de l'université Brown à Providence, Rhode Island, le 29 avril 2024. La Maison Blanche a insisté le 28 avril sur le fait que les manifestations pro-palestiniennes qui ont secoué les universités américaines ces dernières semaines devaient rester pacifiques, après que la police a arrêté environ 275 personnes sur quatre campus différents au cours du week-end. (Photo : Joseph Prezioso / AFP)
Des étudiants et des militants pro-palestiniens dansent lors d'un rassemblement dans un campement sur le campus de l'université Brown à Providence, Rhode Island, le 29 avril 2024. La Maison Blanche a insisté le 28 avril sur le fait que les manifestations pro-palestiniennes qui ont secoué les universités américaines ces dernières semaines devaient rester pacifiques, après que la police a arrêté environ 275 personnes sur quatre campus différents au cours du week-end. (Photo : Joseph Prezioso / AFP)
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  • A l'Université de Chicago, l'administration a indiqué dans un communiqué que faute d'un accord avec les protestataires, le moment était venu de disperser le rassemblement
  • Depuis le 17 avril, une nouvelle vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, évoquant, dans une moindre ampleur, les manifestations contre la guerre du Vietnam dans les années 1960-70

NEW YORK : Les manifestations propalestiniennes qui secouent les campus américains depuis quelques semaines cherchent un nouveau souffle, après des dispersions par la police, des arrestations massives et un sévère rappel à l'ordre par la Maison Blanche.

Tôt vendredi, la police a démantelé sans heurts un campement à l'université de New York (NYU), à la demande de l'établissement.

A l'Université de Chicago, l'administration, qui a fait état sur X d'«informations sur des altercations physiques» sur son campus, a indiqué dans un communiqué que faute d'un accord avec les protestataires, le moment était venu de disperser le rassemblement.

Les protestataires à l'université de Riverside, en Californie (ouest), sont parvenus à un accord avec l'administration et devaient mettre fin à leur mouvement avant 00H00 samedi (07H00 GMT). Des compromis similaires avaient permis l'évacuation sans heurts des universités Rutgers (New Jersey, est) et Brown (Rhode Island, est).

Sur d'autres campus, les forces de l'ordre sont intervenues manu militari ces derniers jours, comme à Columbia à New York et à UCLA à Los Angeles.

Près de 2.000 personnes en tout ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.

Très critiquée par des étudiants et au sein du corps enseignant pour avoir deux fois appelé la police à intervenir - des images qui ont fait le tour du monde - la présidente de Columbia, Minouche Shafik, a évoqué la «tourmente» dans son établissement.

«Ces deux dernières semaines ont été parmi les plus difficiles de l'histoire de Columbia», a-t-elle dit dans une vidéo publiée vendredi sur les réseaux sociaux, affirmant que l'occupation d'un bâtiment par des étudiants avait été «un acte violent».

«Nous avons beaucoup à faire, mais je m'engage à oeuvrer chaque jour et avec chacun d'entre vous pour reconstruire la communauté sur notre campus», a-t-elle ajouté.

Depuis le 17 avril, une nouvelle vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, évoquant, dans une moindre ampleur, les manifestations contre la guerre du Vietnam dans les années 1960-70.

En plus de réclamer la fin du conflit à Gaza, ces étudiants appellent les universités à rompre leurs relations avec Israël et à se désengager de leurs investissements en lien avec ce pays.

Ils dénoncent aussi l'appui quasi inconditionnel des Etats-Unis à leur allié.

Israël est engagé dans une offensive massive dans la bande de Gaza, en représailles à l'attaque du Hamas le 7 octobre sur son sol.

- Vietnam -

Jeudi, lors d'une courte allocution, le président démocrate Joe Biden, longtemps muet sur les manifestations, a martelé que «l'ordre devait prévaloir».

Cela lui a valu à la fois les critiques de la droite, qui l'a jugé trop complaisant, et l'indignation des partisans des manifestants.

«Il existe un droit à manifester, pas un droit à provoquer le chaos», a lancé l'octogénaire, candidat face au républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.

Son ministre de l'Education, Miguel Cardona, a envoyé selon la chaîne CNN une lettre à des dirigeants d'universités dans laquelle il se dit «incroyablement préoccupé par les informations sur de la haine antisémite à l'encontre d'étudiants sur certains campus».

Les manifestations ont ravivé le débat aux Etats-Unis, déjà tendu voire violent depuis l'attaque du Hamas, sur la liberté d'expression, l'antisionisme et ce qui constitue de l'antisémitisme.

D'un côté, des étudiants et enseignants accusent leurs universités de chercher à censurer un discours politique, de l'autre plusieurs personnalités, dont des élus du Congrès, affirment que les militants attisent l'antisémitisme.

La question pourrait plomber la course de M. Biden à la Maison Blanche.

«Cela pourrait être le Vietnam de Biden», a averti sur CNN le sénateur de gauche Bernie Sanders.

«Je crains vraiment que le président Biden ne se mette dans une position où il s'aliène non seulement les jeunes, mais une grande partie de la base démocrate», a-t-il ajouté.

Côté républicain, Donald Trump a qualifié les manifestants de «tarés de la gauche radicale», qu'il faut «arrêter maintenant».

La mobilisation a inspiré les militants propalestiniens à travers le monde, en France, comme dans la prestigieuse école parisienne Sciences Po, ou à l'université McGill au Canada et à l'UNAM à Mexico.

A rebours d'autres institutions, l'université Brown, dans l'Etat américain du Rhode Island, s'est accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d'un vote sur un éventuel «désinvestissement».