Face au terrorisme, Emmanuel Macron exalte le projet européen

Le président français Emmanuel Macron assiste à une cérémonie de la Journée nationale et européenne en hommage aux victimes du terrorisme au domaine du Grand Trianon près du château de Versailles, au sud-ouest de Paris, le 11 mars 2022. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron assiste à une cérémonie de la Journée nationale et européenne en hommage aux victimes du terrorisme au domaine du Grand Trianon près du château de Versailles, au sud-ouest de Paris, le 11 mars 2022. (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 11 mars 2022

Face au terrorisme, Emmanuel Macron exalte le projet européen

  • Durant la cérémonie, le chef de l'Etat a souligné le rôle de l'éducation et insisté sur le futur musée-mémorial du terrorisme qui sera créé à Suresnes, en région parisienne
  • En 2019, M. Macron avait choisi le 11 mars pour la journée nationale en hommage aux victimes du terrorisme, en écho à la date européenne qui commémore l'attentat djihadiste le plus meurtrier du continent, qui avait fait 191 morts à Madrid le 11 mars 2004

PARIS: Face au "nihilisme" du terrorisme, le président français Emmanuel Macron a exalté le projet européen comme "élan de vie" et "humanisme", vendredi lors de la journée de commémoration en hommage aux victimes du terrorisme.

"Le terrorisme cherche la division, l'Europe est union. Le terrorisme est un nihilisme, l'Europe est un humanisme. Le terrorisme est une pulsion de mort, notre Europe est un élan de vie. Le terrorisme est un système de guerre, notre Europe est un programme de paix", a déclaré le chef de l'Etat.

"Il n'est pas de projet plus grand, plus beau, plus fort qu'il nous faille sans trêve continuer d'étayer", a-t-il souligné Versailles, près de Paris, devant les dirigeants européens réunis un peu plus tôt pour un sommet dédié notamment à l'invasion russe en Ukraine.

Cet éloge de l'Europe a lieu à 30 jours du premier tour de la présidentielle, durant lequel M. Macron affrontera plusieurs eurosceptiques comme Marine Le Pen ou Eric Zemmour.

Durant la cérémonie, le chef de l'Etat a souligné le rôle de l'éducation et insisté sur le futur musée-mémorial du terrorisme qui sera créé à Suresnes, en région parisienne.

Pour "lutter contre la radicalisation", la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a également mis en avant l'importance de "l'inclusion et de l'éducation", un "travail de chaque jour", "dans nos écoles, dans nos débats politiques et publics".

"Confronter le terrorisme c'est aussi faire en sorte qu'absolument aucune victime ne soit oubliée", a souligné le président du Conseil européen Charles Michel.

En 2019, M. Macron avait choisi le 11 mars pour la journée nationale en hommage aux victimes du terrorisme, en écho à la date européenne qui commémore l'attentat djihadiste le plus meurtrier du continent, qui avait fait 191 morts à Madrid le 11 mars 2004.

Le ministre français de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a rendu de son côté hommage, dans le sud du pays, aux victimes du terrorisme, dix ans après le début de la série d'attaques de Mohamed Merah qui avait généré l'effroi dans la ville de Toulouse et celle proche de Montauban.

Cette date a "une tonalité particulière ici à Toulouse puisque le 11 mars 2012 le maréchal des logis-chef, Imad ben Ziaten, était assassiné (...), c'était le début d'actes meurtriers immondes", a souligné le ministre.

Après ce parachutiste, Mohamed Merah avait abattu de sang froid deux autres militaires le 15 mars à Montauban, puis un enseignant et trois enfants d'une école juive le 19 à Toulouse, avant d'être tué le 22 par la police.

La principale cérémonie de commémoration des attaques de Merah est prévue le 20 mars à Toulouse.


Grève des éboueurs à Paris: Des sites d'incinération toujours bloqués, préavis levé chez un prestataire privé

Un SDF, couvert de sacs plastiques, passe devant des sacs poubelles qui s'entassent sur le trottoir alors que les éboueurs sont en grève depuis le 6 mars pour protester contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, à Paris le 22 mars 2023 (Photo, AFP).
Un SDF, couvert de sacs plastiques, passe devant des sacs poubelles qui s'entassent sur le trottoir alors que les éboueurs sont en grève depuis le 6 mars pour protester contre le projet de réforme des retraites du gouvernement, à Paris le 22 mars 2023 (Photo, AFP).
Short Url
  • A la veille de la dixième journée de mobilisation contre la réforme du gouvernement, seul le site de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) fonctionnait normalement lundi
  • Ceux d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le plus important, étaient toujours bloqués en fin de journée

PARIS: Deux des trois sites parisiens d'incinération des déchets étaient toujours bloqués lundi, trois semaines après le début de la grève contre la réforme des retraites, et 7 300 tonnes d'ordures jonchaient encore les rues de la capitale, ont annoncé la Ville et le syndicat métropolitain Syctom.

A la veille de la dixième journée de mobilisation contre la réforme du gouvernement, seul le site de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) fonctionnait normalement lundi.

Ceux d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), le plus important, étaient toujours bloqués en fin de journée, a-t-on appris auprès du Syctom et de la CGT.

"Les salariés d'Issy ont voté vendredi la fin du mouvement et ont repris le travail. Une chaudière a redémarré ce week-end, mais le site a été bloqué toute la journée de lundi par l'interpro", a expliqué Philippe Giraud, membre de la CGT.

A Ivry, plus d'une centaine de personnes bloquaient dans le calme lundi matin l'entrée du site pour démontrer que "la détermination est pleine et entière", a constaté une journaliste de l'AFP.

Vendredi, la préfecture de police de Paris avait ordonné la réquisition du personnel du site, mais les salariés ont repris leur mouvement de grève lundi, a précisé à l'AFP Karim Kerkoudi, membre de la CGT.

Une assemblée générale était en cours en soirée pour décider de la suite à donner au mouvement.

Dans un communiqué lundi soir, la Ville de Paris a fait état de 7 300 tonnes estimées de déchets non ramassés dans les rues de la capitale, contre 8 000 dimanche et 10 500 vendredi.

La maire PS Anne Hidalgo a de nouveau réuni une cellule de crise lundi pour centraliser les remontées d'information sur le terrain. "La collecte des déchets reste dégradée ce jour dans un contexte social tendu", précise le communiqué.

Ce lundi, 162 bennes sont sorties dans tous les arrondissements et la priorité est donnée "au traitement des parcours de la manifestation", a-t-on ajouté.

Préavis levé chez Derichebourg

A Paris, la collecte quotidienne des ordures ménagères est assurée pour moitié par la régie de la ville de Paris et pour l'autre par des prestataires privés.

"Nous avons signé un protocole de sortie de conflit" à l'issue de discussions entre la direction et l'organisation syndicale et "il n'y aura pas de grève dans les Xe et XVIIIe arrondissements", a indiqué à l'AFP Thomas Derichebourg, président de Derichebourg Environnement.

Le dirigeant, qui n'a pas souhaité détailler les termes de l'accord trouvé, a indiqué avoir tenu informée la ville de Paris alors que la grève devait commencer ce lundi pour une durée indéterminée.

Il s'agissait du "seul préavis que nous avions", a-t-il rappelé.

L'organisation syndicale n'était pas joignable dans l'immédiat.

Le refus de la réforme des retraites figurait parmi les revendications, derrière la hausse des salaires, l'amélioration des conditions de travail ou encore la réduction du temps de travail à 32 heures.

Derichebourg est le premier intervenant privé, couvrant les Ier, IIIe, IVe, VIIe, Xe et XVIIIe arrondissements. Sépur couvre le XIIIe arrondissement, Urbasser les XIe et XIXe et Pizzorno le XVe.


Assemblée: Une pétition pour dissoudre les BRAV-M dépasse les 100 000 signatures

Des membres d'une unité de BRAV-M opèrent, dont un (à gauche) visant avec un lanceur de balles de défense (LBD), lors d'une manifestation à Paris le 7 mars 2023 (Photo, AFP).
Des membres d'une unité de BRAV-M opèrent, dont un (à gauche) visant avec un lanceur de balles de défense (LBD), lors d'une manifestation à Paris le 7 mars 2023 (Photo, AFP).
Short Url
  • Si la pétition sur la dissolution des BRAV-M dépasse les 500 000 signataires, elle pourrait faire l'objet d'un débat dans l'hémicycle
  • La pétition mise en ligne considère que «la répression policière qui s'abat sur notre pays doit conduire à remettre à l'ordre du jour l'impératif démantèlement de la BRAV-M»

PARIS: Une pétition pour dissoudre les BRAV-M, unités au coeur des critiques sur la répression policière lors des manifestations contre la réforme des retraites, a dépassé les 100 000 signatures citoyennes en cinq jours sur le site de l'Assemblée nationale lundi soir.

Il s'agit d'un record pour la plateforme de la chambre basse, lancée en 2020 sur internet pour revivifier le droit de pétition.

Si la pétition sur la dissolution des BRAV-M dépasse les 500 000 signataires, issus de 30 départements au moins, elle pourrait faire l'objet d'un débat dans l'hémicycle, selon le règlement intérieur de l'Assemblée.

Et même sans atteindre le seuil de 500 000 soutiens, la présidence de l'Assemblée renvoie la pétition à une des commissions permanentes du Palais-Bourbon, en l'occurrence sans doute la commission des Lois.

Sur proposition d'un député rapporteur, la commission peut soit classer la pétition, soit l'examiner en interne.

La pétition mise en ligne considère que "la répression policière qui s'abat sur notre pays doit conduire à remettre à l'ordre du jour l'impératif démantèlement de la BRAV-M".

Le texte reproche à ces Brigades de répression de l'action violente motorisées d'être devenues "l'un des symboles de la violence policière".

Créées au printemps 2019 lors du mouvement des gilets jaunes, les BRAV-M sont des unités de policiers circulant à moto pour assurer le maintien de l'ordre en manifestation, en étant plus mobiles que les compagnies de CRS ou les gendarmes mobiles. Leur mission est d'aller au contact des casseurs pour faire cesser les dégradations et les interpeller.

Elles sont néanmoins décriées pour leurs méthodes d'intervention musclées et sont sous le coup de plusieurs enquêtes judiciaires pour des violences sur des manifestants.


Crise en Israël: Des voix juives s'élèvent en France

Des manifestants affrontent la police lors d'un rassemblement contre la réforme judiciaire du gouvernement israélien à Tel Aviv, le 27 mars 2023 (Photo, AFP).
Des manifestants affrontent la police lors d'un rassemblement contre la réforme judiciaire du gouvernement israélien à Tel Aviv, le 27 mars 2023 (Photo, AFP).
Short Url
  • Réputé pour son soutien inconditionnel à Israël, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait appelé lundi à «suspendre» la réforme judiciaire
  • La diaspora entretient des relations compliquées avec l'Etat hébreu, souvent passionnelles

PARIS: Certains évoquent une "brisure", d'autres une "déchirure". Au sein de la communauté juive française, la plus importante d'Europe, les angoisses et les interrogations face à la crise en Israël s'expriment de plus en plus ouvertement - et publiquement-.

Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a certes annoncé lundi une "pause" dans le processus d'adoption de la réforme de la justice qui a jeté des centaines de milliers d'Israéliens dans la rue depuis trois mois. Mais la crise est loin d'être résolue.

"Où va Israël ?", "Judaïsme et démocratie", "La démocratie est en danger en Israël" : les titres des émissions, des débats, ou des tribunes qui fleurissent dans la presse française depuis quelques semaines sont révélateurs.

Au sein de la diaspora juive française, souvent classée à droite bien que très hétérogène, et traditionnellement prudente de peur d'être accusée de "double allégeance" ou de déchaîner l'antisémitisme, des voix s'élèvent pour critiquer la politique du gouvernement Netanyahou, le plus à droite de l'histoire du pays.

Réputé pour son soutien inconditionnel à Israël, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait appelé lundi à "suspendre" la réforme judiciaire et à "rétablir au plus vite le calme et le dialogue avec toute la société".

Le communiqué, pourtant mesuré, a immédiatement entraîné un flot de réactions sur twitter, le Crif se voyant prié de se mêler de ses affaires, ou étant au contraire salué pour sa prise de position.

"Israël a plus que jamais besoin d'entendre les voix de la diaspora juive", martèle la rabbin Delphine Horvilleur, pour qui ce qui se joue actuellement touche fondamentalement au caractère juif et démocratique de l'État hébreu.

"L'argument 'ça ne te regarde pas, tu ne vis pas en Israël' est irrecevable", s'insurge cette figure de la mouvance libérale. Elle parle de "brisure" et dénonce le "kidnapping idéologique" du judaïsme par les "nationalistes messianiques" désormais en poste dans le gouvernement Netanyahou.

Bascule

"La diaspora anglo-saxonne avait déjà pris les devants, mais la communauté juive française, qui s'est longtemps refusée à critiquer le gouvernement israélien, se l'autorise aujourd'hui. Quelque chose a bougé, beaucoup se sentent le devoir de parler", estime Mme Horvilleur.

Dans une tribune publiée il y a quelques jours dans le Monde, l'homme d'affaires Maurice Lévy, président du conseil de surveillance du groupe Publicis, exhortait Benyamin Netanyahou à "ne pas fracturer la communauté juive à travers le monde" et à "préserver la démocratie israélienne".

Avant lui, un collectif d’intellectuels et d’artistes dont le philosophe Raphael Zagury-Orly mettait en garde contre "l’avènement sournois d’un régime autocratique illibéral" en Israël.

La diaspora entretient des relations compliquées avec l'État hébreu, souvent passionnelles.

"On a tous un lien avec Israël, et tous les Juifs de France sont un peu aux aguets, tellement tout bouge tout le temps là-bas", sourit Vanessa, enseignante dans une école juive à Nice (sud-est), qui, "très religieuse", admet toutefois ne pas suivre la crise entraînée par la réforme judiciaire.

"Israël est un pays que j'admire, qui me fait tourner la tête", raconte pour sa part Yael Sibony, une enseignante de 50 ans à Aix-en-Provence (Sud). "Mais ce qui se passe est effrayant. C'est un pays où on est censé se sentir protégé, or la démocratie est menacée, des lignes sont en train d'être franchies", déplore-t-elle.

Dans ces "lignes" qu'elle énumère, il n'y a pas que la réforme judiciaire contestée. Les saillies racistes à répétition contre les Palestiniens du ministre des Finances Bezalel Smotrich, et les événements d'Huwara fin février -des colons avaient attaqué un village palestinien pour venger la mort de deux d'entre eux-, ont marqué pour certains juifs une "bascule".

Sur la radio France Culture samedi, l'historien Elie Barnavi, ancien ambassadeur d'Israël en France, estimait que, même si la question palestinienne n'est pas prioritaire pour les manifestants en Israël, "derrière la réforme judiciaire, il y a tout un tas de questions qui étaient dormantes et qui font surface. Rien ne sera plus pareil".