Ukraine: bombardements russes massifs, Kiev craint d'être encerclée

Frappes aériennes et des bombardements russes en Ukraines (Photo, AFP)
Frappes aériennes et des bombardements russes en Ukraines (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 13 mars 2022

Ukraine: bombardements russes massifs, Kiev craint d'être encerclée

  • Sur le terrain, dans la ville portuaire de Mykolaïv (sud), les bombardements n'ont quasiment pas cessé de la nuit de vendredi à samedi
  • Autre cible majeure des frappes russes, Marioupol, port stratégique du sud-est assiégé depuis douze jours, est à court de nourriture, et aussi privé d'eau, de gaz, d'électricité et de communications

Kiev: Les forces russes ont massivement bombardé les villes portuaires de Mykolaïv et Marioupol samedi, mais semblaient marquer le pas autour de Kiev qui craint un possible encerclement.

Parallèlement, le président ukrainien s'est félicité d'une "approche fondamentalement différente" de Moscou dans les récents pourparlers avec Kiev, expliquant que la Russie ne se contentait plus de "juste poser des ultimatums". Il a déploré que les "partenaires occidentaux (de l'Ukraine) ne soient pas suffisamment engagés" dans cette approche.

Sur le terrain, dans la ville portuaire de Mykolaïv (sud), les bombardements n'ont quasiment pas cessé de la nuit de vendredi à samedi, touchant notamment un centre de cancérologie et un hôpital ophtalmologique, selon une journaliste de l'AFP.

"Ils ont tiré sur ces zones civiles, sans aucun objectif militaire", s'est indigné Dmytro Lagotchev, le chef de l'hôpital.

Autre cible majeure des frappes russes, Marioupol, port stratégique du sud-est assiégé depuis douze jours, est à court de nourriture, et aussi privé d'eau, de gaz, d'électricité et de communications.

Une situation "quasi désespérée", selon Médecins sans frontières (MSF); "la pire catastrophe humanitaire sur la planète", selon le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba qui avait chiffré vendredi à 1.582 le nombre de civils tués.

De son côté, le général russe Mikhaïl Mizintsev, cité par les agences de presse russes, a blâmé les "nationalistes" ukrainiens pour cette situation à Marioupol, où "des centaines de milliers de personnes dont des étrangers" sont pris au piège.

Le gouvernement ukrainien a affirmé samedi qu'une mosquée avait été bombardée, dans laquelle s'étaient réfugiés environ 80 civils dont des Turcs, mais l'information a été démentie par l'un d'entre eux.

Selon le président de l'Association de la mosquée Souleiman de Marioupol, Ismail Hacioglu, joint par la chaîne turque HaberTürk samedi en début d'après-midi, le quartier de la mosquée était sous le feu mais la mosquée elle-même n'a pas été touchée.

Samedi matin, les médias locaux rapportaient que des sirènes d'avertissement anti-bombardement sonnaient sur l'ensemble du territoire ukrainien, dont Kiev, Odessa, Dnipro et Kharkiv.

Les frappes russes ont notamment détruit l'aéroport de Vassylkiv samedi matin, à environ 40 kilomètres au sud de Kiev, et un dépôt de pétrole, également touché, a pris feu, selon les autorités locales.

Le renseignement militaire ukrainien a affirmé samedi sur Facebook que des soldats russes avaient tiré la veille sur des civils qui empruntaient un couloir d'évacuation près de Kiev, tuant 7 personnes dont un enfant.

A Kharkiv, au nord-est, les médecins d'un hôpital ont raconté à l'AFP avoir passé deux jours à pomper les cendres de l'estomac d'un enfant de huit ans dont la maison avait été soufflée par un missile russe, sans réussir à enlever toutes celles présentes dans les poumons.

Ukraine: le flot de réfugiés ralentit quelque peu en 24H00 en attente

Le flot de personnes fuyant le conflit en Ukraine s'est quelque peu ralenti vendredi pour approcher les 2,6 millions de réfugiés, deux semaines après l'invasion ordonnée par le président russe Vladimir Poutine, selon le dernier décompte de l'ONU publié samedi.

Le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) recensait exactement 2 597 543 réfugiés venant d'Ukraine sur son site internet dédié vers 11H00 GMT. Ce sont 92 650 de plus que lors du précédent pointage, soit bien moins que le nombre de personnes qui ont traversé la frontière ukrainienne chaque jour depuis le début du conflit.

«Mensonges»

Ces attaques touchant des civils ont suscité une nouvelle vague d'accusations selon lesquels la Russie commet des crimes de guerre.

Le président russe Vladimir Poutine a en retour accusé les forces ukrainiennes de "violations flagrantes" du droit humanitaire, lors d'un appel téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz.

M. Poutine a notamment évoqué des "assassinats extrajudiciaires d'opposants", des "prises d'otages de civils" ou encore le "déploiement d'armes lourdes dans des zones résidentielles, à proximité d'hôpitaux, d'écoles et de jardins d'enfants", selon un communiqué du Kremlin.

"Mensonges", a réagi la présidence française à l'issue de leur entretien, qui s'est focalisé sur la demande de Paris et Berlin d'"un cessez-le-feu immédiat" et "l'amorce d'une solution diplomatique".

A cet égard, Volodymyr Zelensky a salué une nouvelle approche "fondamentalement différente" de Moscou dans ses récents pourparlers avec Kiev.

Interrogé sur des déclarations vendredi de Vladimir Poutine, qui avait évoqué des "avancées" dans les pourparlers russo-ukrainiens, le président ukrainien s'est dit "content d'avoir un signal de la Russie", lors d'une conférence de presse à Kiev diffusée sur le compte Telegram de la présidence ukrainienne.

Lors des dernières discussions, "on a commencé à parler", et Moscou "ne pose plus simplement des ultimatums", ce qui constitue "une approche fondamentalement différente", a ajouté M. Zelensky.

Ce dernier a cependant déploré que les "partenaires occidentaux (de l'Ukraine) ne soient pas suffisamment engagés" dans cette approche. 

En termes de garanties de sécurité, "l'Ukraine ne pourra pas faire confiance à la Russie après cette guerre sanglante. De telles garanties de sécurité doivent être proposées par d'autres leaders étrangers", a-t-il avancé.

M. Zelensky a tenu ces propos alors qu'une rencontre a eu lieu jeudi entre les chefs de la diplomatie russe et ukrainien en Turquie, la première à ce niveau depuis le début du conflit.

Auparavant, trois sessions de pourparlers au niveau de délégations avaient eu lieu. Ces pourparlers se poursuivent par visioconférence, a précisé samedi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, se refusant à donner plus de détails. Le conseiller présidentiel ukrainien Mykhailo Podolyak en a confirmé la tenue.

Kiev craint l'encerclement 

Sur le terrain, les forces russes semblaient marquer le pas dans les faubourgs de Kiev, tant à l'ouest qu'à l'est, contrées par les Ukrainiens, selon des journalistes de l'AFP sur place.

A Irpin, dans la périphérie ouest de Kiev, pourtant lourdement bombardée les jours précédents, un soldat ukrainien a montré samedi aux journalistes un blindé russe détruit par un missile anti-char de marque britannique.  

Les forces russes ont toutefois assez avancé pour faire craindre un prochain encerclement de la capitale, où seule les routes vers le sud restent dégagées et qui se prépare à une "défense acharnée", selon la présidence ukrainienne. 

L’armée russe fait par ailleurs état d’avancées sur le front de la région séparatiste du Donbass (est), affirmant avoir détruit "au total 3.491 infrastructures militaires ukrainiennes", dont "123 véhicules aériens sans pilote, 1.127 chars et autres véhicules de combat blindés".

Lors de sa conférence de presse samedi, le président ukrainien a pour la première fois donné un chiffre sur le nombre de militaires ukrainiens tués depuis l'invasion russe le 24 février. "Nous avons environ 1.300 militaires qui ont péri", a-t-il dit, affirmant que l'armée russe a, elle, perdu "environ 12.000 hommes".

Ces bilans fournis de part et d'autre sont à ce stade invérifiables.

Près de 2,6 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le 24 février et environ deux millions de personnes sont aussi déplacées à l'intérieur du pays, selon le Haut-Commissariat de l'ONU aux réfugiés.

Le ministère russe de la Défense a par ailleurs fait état de la livraison par l'armée russe de plus de 100 tonnes d’aide humanitaire "aux colonies libérées de la région de Kharkiv".

Pressions économiques et diplomatie

Volodymyr Zelensky a appelé samedi Emmanuel Macron et Olaf Scholz à aider à faire libérer le maire de la ville ukrainienne de Melitopol, enlevé la veille par les Russes, selon Kiev.

"Nous attendons des dirigeants du monde qu'ils nous montrent comment ils peuvent peser sur la situation", a-t-il dit.

Ses appels à une intervention de l'OTAN sont restés lettre morte mais le camp occidental a envoyé des fonds et une aide militaire à Kiev.

Vendredi, le président américain Joe Biden avait une nouvelle fois exclu toute action directe contre la Russie, dotée de l'arme nucléaire, en prévenant que cela conduirait à une "troisième guerre mondiale". Mais il a aussi prévenu que la Russie paierait "le prix fort" en cas de recours à des armes chimiques en Ukraine.

Les Occidentaux ont privilégié les pressions économiques qu'ils ont accentuées vendredi en ouvrant la voie à des droits de douane punitifs contre Moscou. Washington a en outre annoncé l'interdiction de produits russes emblématiques tels que la vodka, les fruits de mer et les diamants. Etats-Unis et Union européenne ont également décidé d'arrêter l'exportation de leurs produits de luxe vers la Russie. 

L'escalade de sanctions pourrait se poursuivre, avait averti vendredi le président Macron à l'issue d'un sommet des dirigeants européens, à Versailles (près de Paris).

De son côté, Dmitri Rogozine, le patron de l'agence spatiale russe a lancé une mise en garde : les sanctions pourraient, selon lui, provoquer la chute de la Station spatiale internationale (ISS) en affectant le segment russe de la station qui sert notamment à corriger l'orbite de la structure orbitale.   

Les Russes veulent organiser un faux référendum à Kherson

Les Russes veulent mettre en scène un référendum pour créer une république indépendante à Kherson, ville proche de la Crimée, dont ils ont pris le contrôle le 3 mars, ont accusé samedi plusieurs responsables ukrainiens.

"Après le scénario de 2014, les Russes essaient désespérément d'organiser un faux +référendum+ pour une fausse +république du peuple+ à Kherson", a écrit sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba.

Il faisait référence au référendum organisé en Crimée en 2014 après l'annexion de la péninsule par la Russie, considéré comme illégal par Kiev et les Occidentaux.

Kherson est la première grande ville dont se sont emparées les forces russes après leur invasion de l'Ukraine lancée le 24 février. 


Le président allemand demande à son homologue algérien de gracier l'écrivain Boualem Sansal

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs. (AFP)
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  • "Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays"
  • Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...)"

BERLIN: Le président allemand a exhorté lundi son homologue algérien à gracier l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné depuis un an en Algérie et au coeur d'une grave crise diplomatique entre Alger et Paris.

Appelant son homologue Abdelmadjid Tebboune à un "geste humanitaire", Frank-Walter Steinmeier propose aussi que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour "y bénéficier de soins médicaux (...) compte tenu de son âge avancé (...) et de son état de santé fragile".

"Un tel geste serait l'expression d'une attitude humanitaire et d'une vision politique à long terme. Il refléterait ma relation personnelle de longue date avec le président Tebboune et les bonnes relations entre nos deux pays", a estimé le président allemand, dans un communiqué.

La présidence algérienne a confirmé dans son propre communiqué que M. Steinmeier avait demandé à Abdelmadjid Tebboune "d'accomplir un geste humanitaire en graciant l'écrivain Boualem Sansal", une information reprise par la télévision algérienne par ailleurs.

Selon des spécialistes à Alger, le fait que la présidence et la télévision publique reprennent les éléments de langage du président allemand peut être perçu comme un signe positif.

Mais aucune indication n'a été donnée quant au calendrier de la prise de décision par le président algérien.

Dans une longue interview accordée en septembre dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait par ailleurs évoqué la possibilité de se rendre en Allemagne fin 2025 ou début 2026.

Arrêté à Alger le 16 novembre 2024, le romancier et essayiste franco-algérien Boualem Sansal a été condamné en appel en juillet à cinq ans de réclusion pour avoir notamment déclaré que l'Algérie avait hérité sous la colonisation française de territoires appartenant jusque-là au Maroc.

Jeudi, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait souligné que la France menait un "dialogue exigeant" avec Alger pour obtenir la libération de Boualem Sansal.

L'affaire s'inscrit dans un contexte d'hostilité entre Paris et Alger, qui sont empêtrés depuis plus d'un an dans une crise diplomatique sans précédent qui s'est traduite par des expulsions de fonctionnaires de part et d'autre, le rappel des ambassadeurs des deux pays et des restrictions sur les porteurs de visas diplomatiques.


La BBC, dans l'oeil du cyclone, sommée de s'expliquer

Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump. (AFP)
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  • La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire
  • La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès

LONDRES: Le président de la BBC, Samir Shah, doit s'expliquer lundi au lendemain de la démission retentissante du directeur général du groupe audiovisuel public britannique et de la patronne de sa chaîne d'information BBC News, après le montage trompeur d'un discours de Donald Trump.

La BBC, institution longtemps chérie des Britanniques mais cible régulière des médias et responsables politiques conservateurs, est dans la tourmente, accusée ces derniers jours d'avoir déformé des propos du président américain dans un documentaire de son magazine d'information phare, "Panorama", diffusé en octobre 2024, une semaine avant la présidentielle américaine.

La BBC est mise en cause pour avoir monté des passages différents d'un discours de Donald Trump datant du 6 janvier 2021, jour de l'assaut du Capitole à Washington, de telle façon qu'il semble inciter ses partisans à marcher vers le siège du Congrès pour se "battre comme des diables".

Or, dans la phrase originale, M. Trump disait: "Nous allons marcher vers le Capitole et nous allons encourager nos courageux sénateurs et représentants et représentantes au Congrès". L'expression "se battre comme des diables" correspondait à un autre passage du discours.

Face à la polémique grandissante, son directeur général, Tim Davie, et la patronne de la chaîne d'information du groupe BBC News, Deborah Turness, ont annoncé dimanche leur démission, qui fait la Une des journaux lundi.

Le président américain a dénoncé les "journalistes corrompus" et "malhonnêtes" de la BBC, sur son réseau Truth Social.

Le président du conseil d'administration du groupe, Samir Shah, doit s'excuser et s'expliquer dans une réponse écrite aux questions de la commission parlementaire sur la culture sur cette affaire, et sur d'autres accusations de partialité sur la couverture de la guerre à Gaza.

"La BBC doit répondre à de graves questions concernant ses normes éditoriales et la manière dont la direction gère les problèmes", a jugé la présidente de la commission, Caroline Dinenage, estimant que le groupe public "se devait d'être exemplaire" face à la montée de la désinformation.

Lundi, la patronne démissionnaire de BBC News a de nouveau assuré qu'il n'y avait "pas de partialité institutionnelle" sur la chaîne, qui a produit le programme mis en accusation.

 

- "Violation des règles" -

 

La classe politique a quasi unanimement critiqué la BBC pour sa gestion de l'affaire, qui tombe d'autant plus mal que le groupe audiovisuel doit renégocier d'ici fin 2027 son nouveau contrat de mission avec le gouvernement.

La cheffe de l'opposition, Kemi Badenoch, a déploré "un catalogue de graves défaillances". Le chef du parti d'extrême droite Reform UK, Nigel Farage, a appelé à "un changement de fond en comble" du groupe public.

La BBC tire une grande part de ses ressources de la redevance annuelle (174,50 livres, soit 198 euros), payée par 22,8 millions de foyers, soit 3,8 milliards de livres.

Samir Shah a dit espérer que le futur directeur général du groupe, dont la nomination pourrait prendre plusieurs mois, "façonnerait positivement" le prochain contrat de mission. la ministre de la Culture, Lisa Nandy, qui a qualifié la situation d'"extrêmement grave", a affirmé que le futur contrat aiderait la BBC à "garantir son rôle" auprès du public.

Le chef du parti libéral démocrate (centriste), Ed Davey, a appelé le Premier ministre Keir Starmer, et la classe politique en général, à défendre la BBC face à Donald Trump et la sphère Maga. "Il est facile de voir pourquoi Trump veut détruire la première source d'information dans le monde. Nous ne pouvons pas le laisser faire", a-t-il prévenu sur la plateforme X.

Le Telegraph a eu connaissance d'une note interne rédigée par l'ancien conseiller indépendant du comité des normes éditoriales de la BBC, Michael Prescott, dans laquelle il suggérait que des erreurs avaient été commises dans le montage. Il affirme que les responsables chargés des normes éditoriales du groupe auprès de qui il a soulevé le problème ont nié toute violation des règles.

En octobre, le régulateur des médias avait épinglé la BBC pour avoir "enfreint les règles de diffusion" à propos d'un reportage à Gaza dans lequel le narrateur principal, un enfant, était le fils d'un haut responsable du mouvement islamiste palestinien Hamas.


Trump reçoit le président syrien, une rencontre historique pour consacrer leur alliance

Le président syrien Ahmad Al-Sharaa, à droite, rencontre des représentants d'organisations syro-américaines à Washington. (Présidence syrienne via AP)
Le président syrien Ahmad Al-Sharaa, à droite, rencontre des représentants d'organisations syro-américaines à Washington. (Présidence syrienne via AP)
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  • Le président intérimaire syrien, dont la coalition islamiste a renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en décembre 2024, est arrivé à Washington samedi avec son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani
  • Dimanche, il a rencontré la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, et discuté "des potentiels domaines de coopération entre la Syrie et le FMI afin de soutenir le développement et la croissance économique dans le pays"

WASHINGTON: Donald Trump reçoit Ahmad al-Chareh lundi à la Maison Blanche, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Le président intérimaire syrien, dont la coalition islamiste a renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en décembre 2024, est arrivé à Washington samedi avec son ministre des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani.

Dimanche, il a rencontré la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, et discuté "des potentiels domaines de coopération entre la Syrie et le FMI afin de soutenir le développement et la croissance économique dans le pays", selon la présidence syrienne.

Après de 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche en effet à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

Lors de cette visite historique, Damas devrait signer un accord pour rejoindre la coalition internationale antijihadiste menée par les Etats-Unis, selon l'émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack. Cette question figure "en tête de l'agenda", a confirmé à l'AFP une source diplomatique syrienne.

Les Etats-Unis, eux, prévoient d'établir une base militaire près de Damas, "pour coordonner l'aide humanitaire et observer les développements entre la Syrie et Israël", selon une autre source diplomatique en Syrie.

"Nouveau chapitre" 

La rencontre entre M. Trump et M. Chareh "ouvre un nouveau chapitre dans la politique américaine au Moyen-Orient", estime l'analyste Nick Heras, du New Lines Institute for Strategy and Policy.

Vendredi, les Etats-Unis ont retiré le dirigeant syrien de la liste noire des terroristes. Depuis 2017 et jusqu'à décembre dernier, le FBI offrait une récompense de 10 millions de dollars pour toute information menant à l'arrestation du leader de l'ancienne branche locale d'Al-Qaïda, le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS).

Jeudi, c'est le Conseil de sécurité de l'ONU qui avait levé les sanctions contre M. Chareh, à l'initiative des Etats-Unis, saluant l'engagement des autorités syriennes à "lutter contre le terrorisme".

Dès sa prise de pouvoir, M. Chareh a rompu avec son passé, multipliant les ouvertures vers l'Occident et les Etats de la région, dont Israël avec lequel son pays est théoriquement en guerre.

Donald Trump avait déjà rencontré le dirigeant syrien lors d'un voyage dans le Golfe en mai.

"Trump amène Chareh à la Maison Blanche pour dire qu'il n'est plus un terroriste (...) mais un dirigeant pragmatique et, surtout, flexible qui, sous la direction américaine et saoudienne, fera de la Syrie un pilier régional stratégique", explique Nick Heras.

M. Chareh, qui s'est rendu à l'ONU à New York en septembre, veut lui "la bénédiction de Trump pour débloquer des milliards de dollars (...) pour reconstruire la Syrie et consolider son contrôle sur le pays".

Liens avec Israël 

"Au niveau national, cette coopération risque d'accentuer le déséquilibre croissant entre Damas et les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes dans le nord-est du pays", analyse de son côté Nanar Hawach, spécialiste de la Syrie à l'International Crisis Group (ICG).

La majorité des troupes américaines sont basées dans les zones sous contrôle kurde. L'ouverture d'une base à l'aéroport militaire de Mazzeh, près de la capitale, changerait la donne.

Le groupe jihadiste Etat Islamique (EI) a été défait en 2019 en Syrie par la coalition internationale et les FDS, qui négocient les conditions de leur intégration dans l'armée.

Mais ces pourparlers "n'ont pas pas beaucoup avancé, ce qui complique les plans des Etats-Unis concernant le maintien de leurs troupes dans le nord-est du pays", ajoute Michael Hanna, directeur du programme américain de l'ICG.

M. Trump et M. Chareh devraient également évoquer les négociations entamées par les autorités syriennes avec Israël pour un accord de sécurité en vertu duquel l'Etat hébreu se retirerait des zones du sud du pays occupées après la chute de Bachar al-Assad.

En mai, le dirigeant américain a pressé son homologue syrien de rejoindre les accords d'Abraham, qui ont vu plusieurs pays arabes reconnaître Israël en 2020.