Pionnier de l'art de rue, Ernest Pignon-Ernest sur le front des violences sociales

Portrait de l’artiste et écrivain Henri Cueco dans l’atelier de l’artiste visuel et pluridisciplinaire Ernest Pignon-Ernest à Ivry-sur-Seine (Joel Saget/AFP)
Portrait de l’artiste et écrivain Henri Cueco dans l’atelier de l’artiste visuel et pluridisciplinaire Ernest Pignon-Ernest à Ivry-sur-Seine (Joel Saget/AFP)
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Publié le Samedi 10 octobre 2020

Pionnier de l'art de rue, Ernest Pignon-Ernest sur le front des violences sociales

  • « Je vis du dessin depuis que j'ai 15 ans », explique Ernest Pignon-Ernest dont la célébrité a décollé en 1979 grâce à une exposition au Musée d'art moderne de la Ville de Paris
  • « La fragilité fait partie de ma proposition. Mes images suintent des murs, elles n'ont pas disparu mais sont retournées dans les murs », confie-t-il

PARIS: Pionnier français de l'art urbain depuis les années 60, Ernest Pignon-Ernest reste à 78 ans infatigable dans sa boulimie de dessiner sur les murs des rues « les violences qu'on inflige aux hommes ».

Cet homme de petite taille (1,64 mètre), vêtu de noir, qui a travaillé à 15 ans et n'a que son « certif », a gardé quelque chose du gamin niçois. Pétillant, en alerte permanente. Homme d'amitiés. Passant d'une cause à l'autre, faisant, déchirant, refaisant.

En témoigne le charmant bazar qui règne dans son atelier d'Ivry, non loin du périph : partout des dessins qu'il a tracés à grands traits vigoureux et contrastés sur des chutes de rotatives, puis accrochés au hasard. Et tout autour, des livres, beaucoup de livres.

Dès l'âge de 15 ans

« Ici, je ne travaille presqu'avec le fusain et la pierre noire. Le noir m'envahit. Ma compagne me dit : tu as l'air d'un mineur », confie celui qui réside à l'emblématique cité d'artistes de la Ruche dans le XIVe arrondissement - il est vice-président de sa fondation - mais vient s'immerger chaque jour dans la quiétude de son atelier.

« Je vis du dessin depuis que j'ai 15 ans », explique celui dont la célébrité a décollé en 1979 grâce à une exposition au Musée d'art moderne de la Ville de Paris.

Il sera identifié mondialement par son portrait du « jeune homme qui marche », Rimbaud : « Rimbaud, s'amuse-t-il, c'est mon tube ».

Questionné sur son œuvre, il répond modestement : « si on peut parler d'œuvre. Car l'œuvre, c'est ce que provoque le dessin dans un lieu ».

Avant d'aller coller un dessin, « j'étudie, en peintre et sculpteur, l'espace, la lumière. J'appréhende aussi ce qui ne se voit pas : la symbolique, l'histoire ». « L'image que je réalise naît du lieu lui-même. Ma palette, c'est l'espace et aussi le temps ».

Inspiré par les Italiens Pasolini et Caravage, il a été très marqué par Naples, sa « ville d'adoption », en raison de « la relation très profonde qu'elle entretient avec la mort ». Avant d'aller y coller entre 1988 et 1995 300 sérigraphies et dessins originaux dont « aucun, relève-t-il fièrement, n'a été déchiré », il dit avoir lu 98 livres pour la comprendre.

« Mes images suintent des murs »

Quant au caractère éphémère de ses œuvres réalisées sur du papier dégradable, il le revendique : « la fragilité fait partie de ma proposition. Mes images suintent des murs, elles n'ont pas disparu mais sont retournées dans les murs ».

La poésie remplace chez lui le sentiment religieux : « Je suis athée, je n'ai pas de saints ».

Parmi ses amis, il y a eu Cabu, Wolinski et Reiser, de Charlie Hebdo, et il y a notamment Christian Boltanski. Avec eux, il « partage le même regard aigu sur une société tombée dans le consumérisme ».

« Je ne veux pas d'un art qui s'interroge sur lui-même » comme le fait une partie de l'art contemporain, ajoute-t-il. Son message reste dans la rue, même s'il expose dans les musées, comme en 2019 pour la grande exposition « Ecce Homo » (450.000 visiteurs) au Palais des papes d'Avignon.

Ce fils d'un employé des abattoirs de Nice a eu « dès douze ans » le déclic artistique avec Picasso : « Je dois beaucoup à Paris-Match : en 1954, j'y découvrais les 40 portraits de Sylvette par Picasso ! »

Soldat en Algérie, « la guerre coloniale le politise » et il épouse les idées du Parti communiste, mais jamais aveuglément.

Arme nucléaire, avortement, apartheid, sida, expulsés... Ces multiples causes dénoncées par l'œuvre d'une vie sont sociales plus que politiques pour lui.

« Je n'ai jamais fait de peintures Mao, avec des drapeaux rouges. J'ai toujours refusé d'aller en Union Soviétique ». Il salue son « très grand ami Jean Ferrat qui a su dénoncer l'intervention à Prague ».

Lui qui a collé dans Paris des images aux victimes de la « Semaine sanglante » de la Commune, illustre aussi les « Extases » des femmes mystiques dans plusieurs églises de Nice, Naples et Avignon.

A la fin de l'entretien, Ernest Pignon-Ernest tient à témoigner des lettres d'encouragement reçues de Francis Bacon, un de ses peintres préférés : « si j'ai raté Picasso, j'ai eu Bacon ! » (AFP)


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.


Layali Diriyah réchauffe le cœur historique du Royaume

Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
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  • L’événement constitue un pilier de la Diriyah Season, célébration vibrante de la culture saoudienne
  • La gastronomie y occupe une place majeure, avec un large éventail de cuisines saoudiennes et internationales

​​​​​​RIYAD : Layali Diriyah est de retour comme pièce maîtresse de la Diriyah Season de cette année, attirant les visiteurs vers un Al-Murayih transformé en une célébration en plein air de la culture, de la cuisine et de l’artisanat saoudiens.

L’événement se tient tous les jours de 17h à 2h du matin jusqu’en mars 2026. Des allées bordées de palmiers illuminées de guirlandes scintillantes instaurent une atmosphère mêlant l’héritage traditionnel najdi à la créativité saoudienne contemporaine.

Pour de nombreux visiteurs, le cadre lui-même fait partie de l’expérience. Shatha Abdulaziz, une visiteuse, a confié à Arab News : « Mon expérience a été merveilleuse et très agréable. Ce qui m’a réellement impressionnée, c’est l’atmosphère paisible, le thème traditionnel, l’organisation et les détails.

« Bien que je sois déjà venue lors des saisons précédentes, je pense qu’il y a eu une amélioration significative cette année. »

La gastronomie est un attrait majeur, avec un large choix de cuisines saoudiennes et internationales, dont des spécialités italiennes et méditerranéennes proposées par des restaurants exclusifs présents cette année.

« Ce fut une excellente expérience », a déclaré le visiteur Mohammed Fahad, ajoutant que l’attention portée aux détails était remarquable, tout comme « l’authenticité historique dans chaque recoin de Diriyah Nights ».

Il a ajouté : « Cela mêle véritablement le présent et le passé avec une touche raffinée et artistique. »

Des boutiques et stands proposent des articles en édition limitée à ceux en quête d’une expérience de shopping singulière.

Rawan Alsubaie, habituée de Diriyah mais présente à Layali Diriyah pour la première fois, a souligné le caractère exclusif des produits.

Elle a expliqué : « J’ai regardé certaines boutiques et stands et je les ai trouvés uniques, avec des produits introuvables en dehors de Diriyah Nights.

« Il y a des parfums que je n’ai trouvés nulle part ailleurs. J’ai même demandé aux commerçants s’ils avaient d’autres points de vente, mais ils m’ont dit que non, ce que je trouve remarquable.

« Je suis venue en m’attendant à découvrir quelque chose d’exceptionnel et, effectivement, l’endroit est magnifique, surtout durant la saison hivernale. C’est parfait. »

La Diriyah Season de cette année continue de mettre en valeur la richesse de l’héritage najdi tout en embrassant la créativité qui façonne l’Arabie saoudite moderne.

À travers des spectacles, des expositions et des expériences immersives, les visiteurs découvrent les traditions qui définissent Diriyah, ainsi que l'énergie qui anime son renouveau culturel.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com