Loin du tennis, l'ex tombeur de Federer garde Kiev en treillis et kalachnikov

«Je ne suis pas très à l'aise avec un fusil, et je ne sais pas comment je réagirais si je devais tuer quelqu'un», dit-il dans un anglais parfait. (Photo, AFP)
«Je ne suis pas très à l'aise avec un fusil, et je ne sais pas comment je réagirais si je devais tuer quelqu'un», dit-il dans un anglais parfait. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 17 mars 2022

Loin du tennis, l'ex tombeur de Federer garde Kiev en treillis et kalachnikov

  • Cela fait un peu plus de deux semaines qu'il est revenu en Ukraine et s'est enrôlé dans les bridages territoriales, ces volontaires chargés d'aider l'armée
  • La décision est un crève-cœur qui le mine dès qu'il pense à sa famille

KIEV : En 2013, il battait à la surprise générale le grand Roger Federer à Wimbledon. Aujourd'hui, l'ancien tennisman Sergiy Stakhovsky patrouille avec treillis et kalachnikov dans Kiev, qu'il protégera "jusqu'au bout" face à l'armada russe.

Sa longiligne silhouette n'a pas changé depuis près de neuf ans et ce soir d'été où le monde le découvrit, 116e joueur mondial allongé sur le gazon londonien, poings serrés et regard éberlué.

Il venait de créer l'une des plus grandes sensations de l'histoire du tournoi, en sortant le tenant du titre et archifavori Federer.

Mais la tenue n'a plus rien à voir: sur la place Maïdan, dans le centre de Kiev en guerre, Sergiy Stakhovsky, 36 ans, promène ces jours-ci son 1,93 mètre, son visage enfantin, son regard doux et ses yeux bleu clair dans un treillis beige camouflage, lesté d'une kalachnikov et d'un pistolet à la ceinture.

"Je ne suis pas très à l'aise avec un fusil, et je ne sais pas comment je réagirais si je devais tuer quelqu'un", dit-il dans un anglais parfait. "J'aurais aimé ne jamais avoir à me soucier de ce genre de choses".

Cela fait un peu plus de deux semaines qu'il est revenu en Ukraine et s'est enrôlé dans les bridages territoriaux, ces volontaires chargés d'aider l'armée à contrer l'invasion russe lancée le 24 février.

Et les Ukrainiens "tiennent bon", assure-t-il, alors que les tirs russes se rapprochent du centre de Kiev, chaque jour un peu plus tendu.

Mais il ne regrette rien: "Je savais que je devais y aller".

Crève-cœur

La veille de l'invasion, Sergyi Stakhovsky, jeune retraité qui avait raccroché ses raquettes en janvier à l'Open d'Australie, était en vacances à Dubaï avec sa femme et leurs trois enfants de 4, 6 et 8 ans.

Le lendemain matin, en voyant son pays précipité dans la guerre à la télévision, il est submergé par un mélange de "désespoir", d'"incertitude et d'"impuissance". Une bonne partie de sa famille est en Ukraine, et "on n'avait aucune idée de rien, du nombre de bombes que les Russes balançaient".

Il passe les trois jours suivants à rassembler des informations pour mettre des gens à l'abri, dans un état second. "Plein d'adrénaline", il dort "trois ou quatre heures" au total, et ne mange "plus rien".

Il va partir, l'annonce à sa femme qui, "au début, ne voulait rien entendre". Puis "elle a compris que je ne pouvais vraiment pas faire autrement".

La décision est un crève-cœur qui le mine dès qu'il pense à sa famille.

"Laisser mes enfants n'est pas quelque chose dont je suis fier", explique-t-il, la gorge serrée. "Ils ne savent pas que je suis ici, car je veux les laisser hors de tout cela. Mais je leur ai dit que je reviendrai vite, et ça fait déjà 15 jours maintenant... Et Dieu sait combien d'autres il y en aura".

Comme tout les citoyens ukrainiens de 18 à 60 ans, Sergyi Stakhovsky est mobilisable et ne peut quitter son pays tant qu'il est en guerre. Il dit trouver la force de tenir dans celle de ses compatriotes, qu'il a vu s'enrôler "par milliers" et dont il loue inconditionnellement la "solidarité". "On n'a pas le choix", martèle-t-il, car "si on ne résiste pas, on n'a plus de pays où vivre".

De Federer à Djokovic

Il fait deux patrouilles à pied par jour dans le centre de Kiev pour déjouer d'éventuelles infiltrations, notamment aux abords du bâtiment de la présidence de Volodymyr Zelensky, héros de la résistance face à Moscou. "Moi, je ne fais que patrouiller", mais lui "sait ce qu'il fait" et manœuvre "avec un courage remarquable".

L'ancien tennisman remercie tous ceux qui, "de l'Inde à l'Amérique du Sud", lui ont envoyé des "milliers de messages de soutien" et le soutiennent dans ses diverses initiatives pour les victimes du conflit.

Parmi eux, "des centaines" de joueurs et joueuses de tennis professionnels, qui n'ont pas oublié que Sergiy Stakhovsky, 31e mondial au faîte de sa carrière, fut un de leurs porte-paroles sur le circuit.

Les plus grands aussi, à commencer par Roger Federer. "Il m'a dit qu'il souhaitait que la paix revienne vite" et qu'il cherchait avec sa fondation "à aider les enfants ukrainiens" chez eux ou en Suisse.

Le message qui l'a le plus touché fut celui du numéro un mondial, le Serbe Novak Djokovic, "car lui a vécu (la guerre) quand il était petit, et sait exactement ce que nos enfants vivent", souligne Sergiy Stakhovsky.

Ces jours-ci, les bombardements s'intensifient à Kiev, après avoir déjà fait des ravages dans des villes comme Kharkiv (nord-est) ou Marioupol (sud-est). "C'est inquiétant", dit-il, "car là-bas, les Russes s'en foutent de tirer sur des militaires ou sur des enfants".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.