Présidentielle: Pécresse étrille la «contrefaçon» du projet Macron

Valérie Pécresse prononce un discours lors d'un meeting de campagne à Nîmes, dans le sud de la France, le 17 mars 2022 (Photo, AFP).
Valérie Pécresse prononce un discours lors d'un meeting de campagne à Nîmes, dans le sud de la France, le 17 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 18 mars 2022

Présidentielle: Pécresse étrille la «contrefaçon» du projet Macron

  • Valérie Pécresse a renvoyé Emmanuel Macron à son bilan qui serait, selon elle, un boulet
  • Emmanuel Macron est estimé à 30% dans les sondages alors que Valérie Pécresse se rapproche de la barre des 10%

PARIS: "Pâle copie", "contrefaçon": très remontée, Valérie Pécresse a étrillé jeudi les emprunts d'Emmanuel Macron à son propre projet présidentiel, alors que la candidate LR, distancée dans les sondages, risque un pillage de l'électorat. 

Emmanuel Macron "nous a présenté un projet du déni et de la contrefaçon", a affirmé la candidate LR lors d'une réunion publique à Nîmes, en l'assurant: "qui dit contrefaçon dit mauvaise copie".

Reprenant point par point plusieurs propositions exposées dans l'après-midi pendant quatre heures par son concurrent, elle s'est interrogée: "Qui a dit qu'il fallait une contrepartie de travail au RSA ? C'est nous". Le président-candidat souhaite imposer entre 15 et 20 heures de travail aux bénéficiaires et Mme Pécresse 15 heures.

Sur l'énergie "qui a reparlé du nucléaire ? c'est nous", a-t-elle ajouté, en accusant le président, qui souhaite comme elle construire six EPR, d'avoir "fermé Fessenheim". Quant à la retraite à 65 ans, "aurait-il eu le courage de le dire si je ne l'avais pas dit avant ?"

Renvoyant Emmanuel Macron à son bilan qui "est son boulet", elle a ironisé: "il nous a expliqué que Macron candidat allait faire le contraire de ce qu'avait fait Macron président". Après avoir dévoilé son projet "aura-t-il le courage de le faire ? c'est une autre affaire".

Car la candidate, très en retard dans les sondages qui la placent 4e ou 5e, veut instiller cette idée: "le courage de faire c'est nous, c'est nous qui allons faire ces réformes et c'est nous qui allons gagner cette élection".

Dans son camp, on ne se prive pas de railler les emprunts du président-candidat: "mauvaise retranscription" pour le député LR Julien Aubert, "aucune colonne vertébrale" pour l'un de ses porte-parole Guilhem Carayon... LR a brièvement publié sur Twitter un photomontage d'Emmanuel Macron qualifié d'"homme-photocopieuse".

«Transgresser»

Si elle fustige le "manque d'imagination d'un candidat qui va repiquer les idées des autres", Valérie Pécresse l'assure toutefois: "objectivement, ce n'est pas le sujet. Le sujet, ce sont les différences énormes entre nous" sur l'autorité, la dette ou le pouvoir d'achat, assure-t-elle. 

A l'heure où les rumeurs d'un soutien de Nicolas Sarkozy à Emmanuel Macron ressurgissent, le risque est que le président sortant apparaisse comme le "vote utile" à droite, d'autant qu'il pointe à plus de 30% dans les sondages alors que Valérie Pécresse se rapproche dangereusement de la barre des 10%.

"30%, c'était avant qu'il ne présente son projet", veut croire la candidate LR, qui juge la semaine "pas très bonne pour lui" entre "un débat taillé sur mesure" lundi et une conférence de presse jeudi "essentiellement technique".

"Emmanuel Macron a gagné cinq points en 15 jours, il peut perdre cinq points en 15 jours", assure-t-on dans son entourage, en soulignant que pour la macronie Valérie Pécresse "reste la femme à abattre, même à 10%, et ce n'est peut-être pas un hasard".

L'idée est que la candidate LR resterait la seule capable de battre le chef de l’État si elle parvenait au second tour. 

Mais comment inverser la tendance en 25 jours, alors qu'Emmanuel Macron refuse tout débat ? 

"Plus on va se rapprocher de l'élection, plus les Français vont vouloir le débat", assure-t-on dans son entourage, en mettant en garde contre la "bombe à fragmentation" d'un "manque de légitimité".

Aussi "on mise beaucoup sur le collectif, le terrain, c'est une campagne de proximité, ça se traduit pas tout de suite dans les sondages mais ça se verra. Les gens se diront que le vote utile c'est Pécresse", estime un de ses soutiens, en assurant: "il faut prendre des risques, tout tenter, oser, transgresser". 

"On n'a plus rien à perdre. Les Français aiment bien les outsider, les politiques qui prennent des coups..." ajoute-t-il.

Vendredi, la candidate poursuivra son déplacement à la Grande-Motte et Toulouse avant de se rendre à Vannes samedi.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.