Corse: Simeoni et Darmanin «actent» leurs échanges vers une possible «autonomie»

Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin répond aux journalistes de la préfecture de Corse lors d'une conférence de presse à Ajaccio le 17 mars 2022 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin répond aux journalistes de la préfecture de Corse lors d'une conférence de presse à Ajaccio le 17 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 30 août 2023

Corse: Simeoni et Darmanin «actent» leurs échanges vers une possible «autonomie»

  • «Son périmètre couvrira l’ensemble des problématiques corses, vers un statut d’autonomie», est-il précisé
  • Gérald Darmanin avait créé la surprise en ouvrant la possibilité de discussions pouvant aller jusqu'à l' «autonomie»

AJACCIO : "Autonomie": le mot est écrit noir sur blanc dans le compte-rendu "acté" vendredi soir par Gérald Darmanin et le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni, à l'issue d'une visite de trois jours du ministre de l'Intérieur pour apaiser les tensions dans l'île.

Selon le texte de ce document transmis à l'AFP, le processus de négociations "débutera à Paris dès la première semaine du mois d’avril par un premier cycle de réunions", et il devra être "conclu avant la fin de l'année 2022".

"Son périmètre couvrira l’ensemble des problématiques corses, sans exclusive", dont "l'évolution institutionnelle vers un statut d’autonomie qui reste à préciser", est-il précisé.

"Si le ministre de l'Intérieur a confirmé l'absence de tabous quant aux sujets abordés, il a néanmoins réaffirmé deux principes intangibles, rappelés par le Président de la République: +la Corse dans la République et le refus de créer deux catégories de citoyens+", poursuit le texte.

Ces lignes rouges du chef de l'Etat ont été aussitôt dénoncées par le parti indépendantiste Core in Fronte: "Cette position figée ferme la porte à l'émergence d'une citoyenneté corse, garante des droits politiques du peuple corse", a regretté le parti de Paul-Felix Benedetti, qui a refusé de signer le document.

Dans ce document, le locataire de la place Beauvau s'engage également à ce "que toute la vérité soit faite sur les circonstances de la tentative d’assassinat d’Yvan Colonna" le 2 mars à la prison d'Arles (Bouches-du-Rhône), où il purgeait une peine de perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac en 1998.

Cette vérité doit surgir de trois dispositifs d'enquêtes: "la mission de l’Inspection générale de la justice demandée par le Premier ministre dont les conclusions seront rendues publiques", "la saisine du Parquet national antiterroriste et l’instruction judiciaire en cours", et enfin des auditions entamées au sein du parlement sur le sujet.

«Prompt rapprochement»

Concernant la situation d'Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, les deux autres condamnés à perpétuité pour la mort du préfet Claude Erignac, il est précisé que la levée par le Premier ministre de leur statut de détenu particulièrement signalé (DPS) "ouvre désormais la voie à (leur) prompt rapprochement dans les prochaines semaines vers le centre de détention de Borgo".

Via ce texte, MM. Darmanin et Simeoni "conviennent" également "que la mise en oeuvre de ce processus historique ne peut s’envisager que dans un cadre général apaisé et calme"

"Mettre cela par écrit, c'est très fort", a réagi auprès de l'AFP un conseiller de l'exécutif gouvernemental, soulignant que "tout le monde constatera que cela fait plusieurs jours que le calme revient".

Envoyé dans l'île par le président-candidat Macron pour apaiser les tensions après l'agression en prison d'Yvan Colonna, toujours dans le coma depuis, Gérald Darmanin avait créé la surprise dès mardi soir en ouvrant la possibilité de discussions pouvant aller jusqu'à l'"autonomie", dans un entretien à Corse-Matin.

Saluant des "engagements très forts", Gilles Simeoni avait toutefois souhaité que ses échanges avec le ministre "soient consignés dans un document" avant de pouvoir considérer avoir "posé une première pierre d'un processus historique". Une demande acceptée par M. Darmanin et donc concrétisée.

A Paris, la justice a suspendu jeudi la peine d'Yvan Colonna, pour "motif médical". Cette suspension, prévue par la loi en cas de pronostic vital engagé, est "un soulagement pour la famille", a réagi auprès de l'AFP Sylvain Cormier, l'un des avocats du militant indépendantiste.

C'est son agression qui a été le détonateur des tensions entre l'Etat et les nationalistes, frustrés que leurs victoires aux élections territoriales de 2015, 2017 puis 2021 n'aient pas fait aboutir leurs revendications.

Dix clichés de l'agression d'Yvan Colonna, tirés de la vidéo prise par une caméra de surveillance de la prison, ont été brièvement diffusés par France 3 Corse jeudi soir, conduisant ses avocats à annoncer un dépôt de plainte pour "violation du secret de l'instruction".

"Honte à France 3", a réagi vendredi soir Stéphane Colonna, le frère d'Yvan, sur Twitter, en dénonçant la décision de "cette sinistre entreprise d'avoir montré au monde entier, et plus particulièrement à (sa) famille, les images de l'agression".


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.