La Corée du Nord menace avec un nouveau missile géant

Capture d’écran de la KCNA le 10 octobre où l’on voit ce qui semble être le nouveau missile intercontinental nord-coréen (KCNA/AFP)
Capture d’écran de la KCNA le 10 octobre où l’on voit ce qui semble être le nouveau missile intercontinental nord-coréen (KCNA/AFP)
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Publié le Dimanche 11 octobre 2020

La Corée du Nord menace avec un nouveau missile géant

  • Selon les experts, le missile montré par Kim Jong Un lors du défilé du 10 octobre est le plus gros missile mobile à combustion liquide au monde
  • La longueur de ce missile est estimée à 24 mètres et son diamètre à 2,5 mètres, ce qui, selon le spécialiste Markus Schiller, permet de transporter 100 tonnes de carburant, mais il est si grand et si lourd qu'il est pratiquement inutilisable, a-t-il souli

SEOUL : Le nouveau missile balistique intercontinental géant dévoilé samedi par la Corée du Nord lors d'un défilé militaire est une menace explicite adressée au système de défense antimissile américain mais également un défi implicite pour le président des États-Unis, selon des experts.

Depuis sa tribune, le dirigeant Kim Jong Un a porté la plus grande attention au missile balistique intercontinental (ICBM). 

Posé sur un tracteur-érecteur-lanceur qui a paradé sur la place Kim Il Sung - du nom du fondateur du régime - à Pyongygang, il a constitué l'apogée de ce défilé nocturne sans précédent.

Les experts, unanimes, ont souligné qu'il s'agit du plus gros missile mobile à combustion liquide au monde, très probablement conçu pour transporter un missile de plusieurs têtes (MIRV).

Pour Jeffrey Lewis, du Middlebury Institute, cela vise "clairement à éprouver le système de défense antimissile américain en Alaska".  

Si le ICBM comporte trois ou quatre ogives, a-t-il expliqué, les États-Unis devront dépenser environ 1 milliard de dollars (740 millions d'euros) pour avoir 12 à 16 missiles intercepteurs pour chaque missile. 

"A ce prix, je suis presque certain que la Corée du Nord peut ajouter plus vite des ogives que nous ne pouvons ajouter des intercepteurs", a-t-il souligné. 

La longueur de ce missile est estimée à 24 mètres et son diamètre à 2,5 mètres, ce qui, selon le spécialiste Markus Schiller, permet de transporter 100 tonnes de carburant.

Il est cependant si grand et si lourd qu'il est pratiquement inutilisable, a-t-il souligné. 

"Cela n'a absolument aucun sens, sauf dans un contexte d'équation des menaces qui consisterait à envoyer le message suivant : Nous avons maintenant un ICBM mobile avec des MIRV, ayez très peur".

Les spécialistes de la Corée du Nord pointent régulièrement que les engins exposés par Pyongyang lors des défilés peuvent être des maquettes et que rien ne prouve qu'ils fonctionnent tant qu'ils n'ont pas été testés.

Samedi, le missile était sur un tracteur-érecteur-lanceur, qui comptait 11 essieux, du jamais vu jusqu'à présent. Ce modèle est bien plus grand que les véhicules à huit essieux fabriqués en Chine et jusqu'à présent utilisés par le Nord.

"Cet engin est peut-être plus terrifiant que le missile", a déclaré Melissa Hanham, chercheuse au sein de l'organisation Open Nuclear Network.

"Si la Corée du Nord est en capacité de produire ses propres châssis, alors il y a moins de contraintes sur le nombre d'ICBM qu'elle peut lancer".

"Ligne rouge"

Peu de temps avant d'être investi président des États-Unis en 2017, Donald Trump avait tweeté que la Corée du Nord "n'arriverait pas" à développer une arme pouvant atteindre le territoire américain.

La première année de son mandat, qui a vu le Nord lancer un ICBM pouvant atteindre cet objectif, a été marquée par une série d'échanges d'insultes entre M. Trump et M. Kim avant un rapprochement diplomatique historique. 

Les négociations sur la dénucléarisation de la Corée du Nord sont au point mort depuis l'échec du sommet d'Hanoï en 2019. 

Cet ICBM est la preuve que le Nord a continué à développer son arsenal militaire tout au long du processus diplomatique, estiment les experts, ce qui donne à Pyongyang plus de poids pour exiger un retour à la table des négociations.

"Qu'on le veuille ou non, la Corée du Nord est une puissance nucléaire et est probablement la troisième puissance nucléaire capable de frapper les villes américaines, troisième après la Russie et la Chine", a déclaré à l'AFP Andrei Lankov du Korea Risk Group.

M. Kim a ainsi voulu envoyer un message aux États-Unis pour leur montrer qu'il a amélioré son armement et que s'ils ne "voulaient pas conclure un accord maintenant, ils devront le faire plus tard, ce qui serait pire pour eux, la communauté internationale", a-t-il ajouté.

Plus de 12 heures après la fin du défilé, la télévision nord-coréenne a souligné que ni M. Trump ni son rival démocrate Joe Biden n'avaient tweeté.

Selon Shin Beom-chul, de l'Institut de recherche coréen pour la sécurité nationale, en exhibant le missile plutôt qu'en le lançant, Pyongyang a évité de franchir la ligne rouge. 

"Mais cela montre également que la Corée du Nord pourrait procéder à un lancement si Trump est réélu et ignore la question nord-coréenne", a-t-il expliqué à l'AFP

Cependant, "si Biden est élu et qu'il n'écoute pas la Corée du Nord, il procédera à un lancement". (AFP)

 


Prison à vie pour une Syrienne jugée coupable de l'attentat meurtrier d'Istanbul

Des gens portent lors de cérémonies funéraires, les cercueils des victimes de l'explosion dans la rue Istiklal à Istanbul, le 14 novembre 2022. (AFP)
Des gens portent lors de cérémonies funéraires, les cercueils des victimes de l'explosion dans la rue Istiklal à Istanbul, le 14 novembre 2022. (AFP)
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  • Ahlam Albashir a été condamnée à sept peines de prison à vie par un tribunal turc pour avoir perpétré l'attentat sur l'avenue Istiklal le 13 novembre 2022
  • Vingt autres personnes ont été condamnées à des peines d'emprisonnement allant de quatre ans à la perpétuité

DJEDDAH : Une femme syrienne qui avait posé une bombe  tuant six personnes dans la principale rue commerçante d'Istanbul il y a 18 mois a été condamnée à la prison à vie vendredi.

Ahlam Albashir a été condamnée à sept peines de prison à vie par un tribunal turc pour avoir perpétré l'attentat sur l'avenue Istiklal le 13 novembre 2022. Six citoyens turcs, deux membres de chacune des trois familles, ont trouvé la mort dans l'explosion qui s'est produite dans cette rue très fréquentée par les commerçants et les touristes. Une centaine de personnes ont été blessées.

Plus de 30 autres personnes ont été accusées d'avoir participé à l'explosion. Quatre d'entre elles ont été remises en liberté vendredi, et dix autres ont été jugées séparément par contumace, car elles étaient introuvables.

Vingt autres personnes ont été condamnées à des peines d'emprisonnement allant de quatre ans à la perpétuité. Six d'entre eux ont été condamnés à la réclusion à perpétuité pour meurtre et « atteinte à l'unité et à l'intégrité de l'État ».

La Turquie a accusé des militants kurdes d'être à l'origine de l'explosion et a déclaré que l'ordre d'attaquer avait été donné à Kobani, dans le nord de la Syrie, où les forces turques ont mené des opérations contre la milice kurde syrienne YPG au cours des dernières années.

Les YPG et le groupe séparatiste kurde hors-la-loi PKK, qui mène depuis des décennies une insurrection contre l'État turc, ont nié toute implication dans l'attentat. Aucun groupe n'a admis avoir participé à l'attentat.

Istanbul a été attaquée par le passé par des militants kurdes, islamistes et gauchistes. Une vague d'attentats à la bombe et d'autres attaques a commencé à l'échelle nationale lorsque le cessez-le-feu entre Ankara et le PKK a été rompu à la mi-2015.

Plus de 40 000 personnes ont été tuées dans le conflit entre le PKK et la Turquie depuis que le groupe militant a pris les armes en 1984. Il est considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, l'UE et les États-Unis.

 Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Des milliards de cigales vont envahir les Etats-Unis

L'exuvie de la cigale s'accroche à un arbre lors du deuxième tour du Barbasol Championship au Robert Trent Jones Golf Trail at Grand National le 21 juillet 2017 à Auburn, Alabama. (Cliff Hawkins/Getty Images/AFP)
L'exuvie de la cigale s'accroche à un arbre lors du deuxième tour du Barbasol Championship au Robert Trent Jones Golf Trail at Grand National le 21 juillet 2017 à Auburn, Alabama. (Cliff Hawkins/Getty Images/AFP)
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  • Certaines cigales apparaissent chaque année, quand d'autres, appelées cigales «périodiques», sortent de terre tous les 13 ou 17 ans
  • «Nous avons eu plusieurs appels concernant un son qui ressemble à une sirène, un gémissement ou un rugissement», a indiqué sur Facebook le bureau du shérif de Newberry, en Caroline du Sud (sud-est) cette semaine

WASHINGTON : Bruyantes et prêtes à s'accoupler, des milliards de cigales s'apprêtent à envahir les forêts et banlieues pavillonnaires américaines.

Dans les prochaines semaines, deux groupes particuliers de cigales vont batifoler au même moment. Un phénomène qui n'est pas arrivé depuis 1803, quand Thomas Jefferson était encore président et que les Etats-Unis rachetaient la Louisiane à la France.

La famille des cigales comprend plus de 3.000 espèces d'insectes à travers le monde. La majorité d'entre-elles passent leur vie sous terre, sous forme de larve. Elles émergent adultes pour muer et se reproduire.

Certaines apparaissent chaque année, quand d'autres, appelées cigales «périodiques», sortent de terre tous les 13 ou 17 ans.

Cette année, le phénomène implique deux groupes de cigales: le groupe XIX, qui émerge tous les 13 ans et a déjà commencé à le faire en Caroline du Nord et du Sud (sud-est). Il sera suivi par le groupe XIII dans le Midwest, qui émerge tous les 17 ans. Dans le centre de l'Etat de l'Illinois (nord), les deux pourraient être présentes au même endroit.

«Quand elles font surface, elles le font en grand nombre, ce qui enthousiasme parents et enfants», selon l'entomologiste Gene Kritsky, de l'Université Mount-Saint-Joseph, qui a développé une application pour que tout un chacun puisse collecter des données sur ces bestioles aux yeux rouges.

Un phénomène dont on se souvient, et dont les histoires se transmettent de génération en génération. Tout comme, par exemple, être témoin d'une éclipse.

«C'est ce que fait la science: vous faites des hypothèses qui vous conduisent à des prédictions, les prédictions sont vérifiées, (...) cela a de la valeur, au moment où certaines personnes cherchent à discréditer la science», note Gene Kritsky.

- Une merveille scientifique  -

Sans grande défense, les cigales «périodiques» comptent sur leur nombre pour la survie de l'espèce: grâce aux hordes qui déferlent au même moment, les oiseaux, renards, ratons laveurs, tortues et autres prédateurs sont vite rassasiés, explique à l'AFP John Lill, professeur de biologie à l'Université George Washington.

Dans une étude publiée récemment dans la revue Science, John Lill et ses collègues montrent qu'un groupe de cigales ayant émergé à Washington en 2021 avait conduit à une augmentation du nombre de chenilles -- délaissées par les oiseaux, qui se sont concentrés sur les cigales.

Résultat: la consommation de pousses de jeunes chênes s'est accrue.

D'autres recherches montrent que les années où les chênes produisent le plus de glands suivent toujours deux ans après l'émergence des cigales. Plus il y a de glands, plus les populations de mammifères qui s'en nourrissent croît, plus le risque de maladie de Lyme chez l'homme augmente.

Ce phénomène «montre qu'il existe potentiellement des impacts écologiques à plus long terme se répercutant pendant des années après l'apparition des cigales», ajoute M. Lill.

- Impacts humains -

Puis il y a le son singulier -- et strident -- des cigales mâles qui s'accouplent.

«Nous avons eu plusieurs appels concernant un son qui ressemble à une sirène, un gémissement ou un rugissement», a indiqué sur Facebook le bureau du shérif de Newberry, en Caroline du Sud (sud-est) cette semaine.

Selon Chris Simon, chercheuse à l'université du Connecticut, le changement climatique perturbe l'horloge interne des cigales.

Avec le réchauffement climatique aux Etats-Unis, l'allongement de la saison de croissance des plantes fournit plus de nourriture et accélère celle des cigales. «Je prédis que davantage de cigales de 17 ans se transformeront en cigales de 13 ans», a-t-elle indiqué «et, éventuellement, que ce trait sera assimilé génétiquement».

Il est difficile de savoir ce que cela signifie pour l'espèce à long terme, ajoute M. Lill.


Sahel: Washington va retirer des soldats du Tchad, après le Niger

Des milliers de Tchadiens assistent au meeting de Mahamat Idriss Deby Itno, président de la transition et candidat à l'élection présidentielle au Tchad, dans le stade en construction au quartier Dombao, à Moundou, le 25 avril 2024. (AFP)
Des milliers de Tchadiens assistent au meeting de Mahamat Idriss Deby Itno, président de la transition et candidat à l'élection présidentielle au Tchad, dans le stade en construction au quartier Dombao, à Moundou, le 25 avril 2024. (AFP)
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  • Washington a entamé cette semaine des discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des plus de 1 000 soldats américains présents dans le pays
  • Dans un courrier au ministre des Armées, le chef d'état-major de l'armée de l'air tchadienne avait réclamé début avril le départ des soldats américains

WASHINGTON: Les Etats-Unis vont retirer temporairement des soldats du Tchad, a annoncé le Pentagone quelques jours après leur accord pour retirer leurs forces du Niger voisin.

Au Tchad, les Etats-Unis disposent d'une centaine de soldats dans le cadre de la lutte antijihadiste au Sahel.

"L'Usafricom envisage actuellement de repositionner certaines forces militaires américaines depuis le Tchad, dont le départ d'une partie était déjà prévu", a déclaré lors d'une conférence de presse jeudi le porte-parole du Pentagone, Pat Ryder, se référant au commandement militaire américain en Afrique.

"Il s'agit d'une étape temporaire dans le cadre d'une révision en cours de notre coopération de sécurité, qui reprendra après l'élection présidentielle du 6 mai au Tchad", a-t-il ajouté.

Dans un courrier au ministre des Armées lu par l'AFP, le chef d'état-major de l'armée de l'air tchadienne avait réclamé début avril le départ des soldats américains, incriminant un défaut de documents sur un accord permettant leur présence.

Selon ce courrier, "l'armée de l'air a demandé à l'attaché de défense américain d'arrêter immédiatement les activités militaires sur la BAK", la base aérienne d'Adji Kossei où les soldats américains entraînent des forces spéciales tchadiennes à lutter contre le groupe jihadiste Boko Haram.

"Nous vous demandons d'intercéder auprès de qui de droit afin de prévenir les Américains que nous avons pris la décision d'arrêter leur activité", ajoute la lettre.

"La présence des forces américaines au Tchad était initialement motivée par l'engagement commun dans la lutte contre le terrorisme, un objectif partagé par les deux nations", a déclaré vendredi à l'AFP le porte-parole du gouvernement tchadien.

Discussions supplémentaires 

"Cependant, des préoccupations ont été exprimées par l'état-major tchadien quant à cette présence" et "en reconnaissance des préoccupations exprimées, le gouvernement américain a décidé de retirer temporairement ses forces du Tchad", a ajouté M. Abderaman Koulamallah.

"Il est important de souligner que ce retrait ne signifie en aucun cas une rupture de la coopération entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme", a-t-il dit.

"Des discussions supplémentaires auront lieu pour explorer la possibilité d'un retour des forces américaines dans le cadre d'un accord bilatéral précis et convenu entre les deux pays", a encore indiqué le porte-parole.

Au Niger, autre pivot de la stratégie des Etats-Unis et de la France pour combattre les jihadistes dans la région, la junte militaire au pouvoir depuis juillet a dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a entamé cette semaine des discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des plus de 1.000 soldats américains présents dans le pays.

Les Etats-Unis disposent notamment au Niger d'une base de drones importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Washington va "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", avait déclaré lundi Pat Ryder après l'annonce la semaine dernière du retrait américain du Niger.

Au Tchad, le général Mahamat Idriss Deby Itno a annoncé en mars sa candidature à la présidentielle, qu'il est quasi-assuré de remporter après que son régime a violemment réprimé dans la rue et muselé toute opposition et éliminé toute concurrence.

Il avait été proclamé par l'armée président de transition le 20 avril 2021, à la tête d'une junte de 15 généraux, à la mort de son père Idriss Déby Itno, lequel régnait d'une main de fer sur le Tchad depuis 30 ans.

Son principal adversaire, Yaya Dillo, a été tué fin février par des militaires dans l'assaut de son parti, d'une "balle dans la tête à bout portant" selon l'opposition, puis les candidatures de dix autres potentiels rivaux ont été invalidées.