Dans un hôpital pédiatrique de Kiev, le «terrible» traumatisme de la guerre

Cette photo prise et publiée par la police nationale ukrainienne le 9 mars 2022 montre les services d'urgence devant un bâtiment endommagé d'un hôpital pour enfants à la suite d'une frappe aérienne russe dans la ville de Marioupol, dans le sud-est du pays. (AFP)
Cette photo prise et publiée par la police nationale ukrainienne le 9 mars 2022 montre les services d'urgence devant un bâtiment endommagé d'un hôpital pour enfants à la suite d'une frappe aérienne russe dans la ville de Marioupol, dans le sud-est du pays. (AFP)
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Publié le Lundi 21 mars 2022

Dans un hôpital pédiatrique de Kiev, le «terrible» traumatisme de la guerre

  • Le père et le cousin du petit Volodymyr ont tous les deux été tués quand leur voiture a été criblée de balles, à peine deux jours après le début de l'invasion russe
  • Cet hôpital pédiatrique, le plus grand d'Ukraine, est en première ligne du traumatisme de la guerre

KYIV: Les horreurs de la guerre en Ukraine peuvent se lire dans les yeux du petit Volodymyr, 13 ans, allongé sur un lit de l'hôpital pour enfants d'Okhmatdyt à Kiev, avec son ballon vert en forme de chien.


Son père et son cousin ont tous les deux été tués quand leur voiture a été criblée de balles, à peine deux jours après le début de l'invasion russe. Touché à la mâchoire, au dos, au bras et à la jambe, Volodymyr a miraculeusement survécu.

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Aujourd'hui, Volodymyr cloué dans un lit d'hôpital. Une grosse balafre remonte de sa mâchoire jusqu'à une mèche de cheveux teints en blond qui tombe sur son visage


"Il ne peut toujours pas marcher, mais les médecins lui ont dit que ce serait pour bientôt", explique sa mère, Natalia, 34 ans, exténuée par les événements.


Avant la guerre, comme nombre de jeunes adolescents de son âge, il aimait jouer sur son téléphone et promener leur chien, raconte-t-elle.


Aujourd'hui, le voilà cloué dans un lit d'hôpital. Une grosse balafre remonte de sa mâchoire jusqu'à une mèche de cheveux teints en blond qui tombe sur son visage. Il murmure péniblement qu'il va "bien". 


Sur une photo montrée à des journalistes de l'AFP sur un téléphone portable, on y voit sa blessure au niveau du visage lorsqu'il a été secouru.


Le 26 février, deux jours après le début de l'invasion russe, la Lada bleue familiale a été prise dans une fusillade entre des éléments russes qui tentaient d'entrer dans la capitale et les forces ukrainiennes.


"On ne savait pas très bien qui tirait", raconte Natalia. "Mais quand les tirs ont cessé, on a compris qui était derrière tout cela. Ils seront punis", enrage-t-elle, en se frottant nerveusement le bras.


La maman, elle, n'a été que légèrement blessée. "Mes blessures guériront. Mais je ne peux faire revenir ni mon mari, ni mon neveu. Il n'avait que six ans", souffle-t-elle.

«Difficile, atroce»
Cet hôpital pédiatrique, le plus grand d'Ukraine, est en première ligne du traumatisme de la guerre.


"C'est vraiment terrible, c'est dur, c'est atroce", lâche la pédiatre Svitlana Onysko.


Désormais, "on vit dans cet hôpital. On ne rentre plus chez nous, on est disponible 24h/24h, 7 jours sur 7, tout le temps. Matin, midi, soir, on aide les enfants", dit-elle.


Le président russe Vladimir Poutine a justifié l'invasion de l'Ukraine pour la "démilitariser" et la "dénazifier". Mais son invasion fait un nombre croissant de victimes civiles, surtout dans les villes assiégées, comme Kharkiv (est) et Marioupol (sud-est).


La capitale a été frappée, mais ne fait pas pour le moment l'objet d'un pilonnage comme c'est le cas ailleurs. Selon la mairie, quatre enfants ont été tués et 16 blessés à Kiev, la plupart étant hospitalisés à Okhmatdyt.


Le personnel soignant se dit hanté par le souvenir des victimes de ces attaques.


Comme cette mère qui a fait rempart avec son corps pour protéger sa petite fille d'un mois lors d'une frappe sur son immeuble. Les médecins ont retiré plusieurs éclats d'obus de sa chair.


Ou ce garçon de 4 ans qu'on avait amené, blessé, sur une civière. Ou encore, cette fille de 6 ans, touchée aux jambes dans une attaque à Gostomel, une ville située au nord-ouest de Kiev, qui a tué sa mère.


"C'est difficile psychologiquement et moralement, car il s'agit d'enfants", souligne la pédiatre Svitlana Onysko.

«Faire abstraction»
Le service de néonatalogie de cet hôpital a même été touché par l'armée russe.


Dans les tout premiers jours du conflit, les mamans et leur bébé devaient se mettre à l'abri au sous-sol dès que les sirènes anti-raids aériens retentissaient.


Malgré tout, le personnel soignant, qui n'avait jusque-là aucune expérience en médecine de guerre, fait tout pour continuer à travailler face à ce que le chirurgien orthopédique Vlasii Pylypko qualifie de "terribles blessures".


"Depuis le début de la guerre, on doit traiter des personnes blessées, des enfants mais aussi des adultes, touchés par des missiles, des tirs", dit-il.


La plupart de ses collègues "essaient de faire abstraction", mais "peut-être qu'après la guerre, certains d'entre nous aurons besoin d'un suivi psychologique", explique-t-il.


En attendant, poursuit-il, "nous nous concentrons uniquement sur le traitement des personnes hospitalisées", comme le petit Volodymyr: "On doit l'opérer de nouveau. Il a des balles logées près de la colonne vertébrale".


La Corée du Nord affirme que tout nouveau comité de surveillance des sanctions est voué à l'échec

L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
L'ambassadeur de la Corée du Nord auprès des Nations Unies, Kim Song, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies après que la Chine et la Russie ont opposé leur veto à de nouvelles sanctions contre la Corée du Nord au Conseil de sécurité de l'ONU, au siège de l'ONU à New York, New York, États-Unis, le 8 juin. , 2022 (Photo, Reuters).
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  • La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire
  • Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique

SEOUL: Les efforts visant à mettre en place un nouveau comité d'experts pour surveiller l'application des sanctions internationales visant la Corée du Nord sont voués à l'échec, a déclaré son ambassadeur à l'ONU dans des propos rapportés par un média d'Etat dimanche.

"Les forces hostiles pourraient installer (un) deuxième et (un) troisième comités d'experts à l'avenir mais ils sont tous destinés à connaître l'autodestruction", a lancé l'ambassadeur Kim Song dans un communiqué en langue anglaise diffusé par l'agence de presse officielle KCNA.

En mars, la Russie a mis son veto au Conseil de sécurité de l'ONU à un projet de résolution prolongeant d'un an le mandat du comité d'experts chargé de surveiller l'application des sanctions des Nations Unies visant Pyongyang.

Cette dissolution est un "jugement historique à l'encontre d'une organisation illégale et fomenteuse de complots (...) en vue d'éliminer le droit à l'existence d'un Etat souverain", selon Kim Song.

La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU liées à son programme nucléaire, renforcées plusieurs fois en 2016 et 2017. Depuis 2019, la Russie et la Chine, mettant notamment en avant la situation humanitaire en Corée du Nord, réclament l'allègement de ces sanctions, qui n'ont pas de date de fin.

Armes 

N'ayant pas obtenu gain de cause, Moscou a pris pour cible le comité d'experts chargé de surveiller l'application de ces mesures, comité dont les rapports font référence.

Séoul et Washington affirment que Pyongyang envoie des armes à la Russie, possiblement en échange d'une aide technique pour son programme de satellites espions.

Lors d'une visite en Corée du Sud en avril, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a souligné l'importance de garantir l'application des sanctions en Corée du Nord.

D'après l'ambassadrice, Washington travaille avec Séoul, Tokyo et d'autres capitales à trouver "des moyens créatifs" pour reprendre la surveillance des sanctions.

En 2023, la Corée du Nord a conduit un nombre record d'essais de missiles en dépit des sanctions. L'année précédente, Pyongyang a déclaré son statut de puissance nucléaire "irréversible".


Attaque au couteau en Australie, un adolescent de 16 ans «radicalisé» abattu par la police

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police (Photo, AFP).
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  • L'homme «d'âge mûr» blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état «grave» mais stable
  • Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé

SYDNEY: Un adolescent de 16 ans "radicalisé" et atteint de troubles mentaux a été abattu samedi soir par la police dans la banlieue de Perth, dans l'ouest de l'Australie, après avoir blessé une personne lors d'une attaque au couteau, ont rapporté les autorités dimanche.

L'adolescent, armé d'un couteau, "s'est précipité" sur les forces de l'ordre et a été mortellement touché par le tir d'un agent, a indiqué le Premier ministre de l'Etat d'Australie-Occidentale Roger Cook lors d'une conférence de presse.

"Il y a des indications selon lesquelles il s'était radicalisé en ligne. Mais je tiens à rassurer la population, à ce stade il semble qu'il ait agi seul", a déclaré M. Cook.

La police a reçu un appel samedi soir de la part d'un homme avertissant qu'il allait commettre "des actes de violence" mais sans donner son nom ni sa localisation, a fait part aux journalistes le responsable de la police de l'Etat, Col Blanch.

Quelques minutes plus tard, a-t-il ajouté, la police a reçu un appel d'urgence pour les avertir qu'un "homme avec un couteau courait" au niveau d'un parking de Willetton, dans la banlieue sud de Perth.

L'individu était armé d'un couteau de cuisine de 30 centimètres de long et d'après des images d'une caméra-piéton de la police, l'adolescent a refusé de le poser à terre comme le demandaient les forces de l'ordre, a indiqué M. Blanch.

Les agents ont tiré au moyen de deux pistolets à impulsion électrique mais "aucun des deux n'a eu totalement l'effet escompté", a-t-il relaté.

"L'homme a continué à avancer vers (un agent) muni d'une arme à feu qui a tiré un seul coup et mortellement blessé" l'individu, a raconté le responsable de la police. L'adolescent est décédé à l'hôpital plus tard dans la nuit.

«Radicalisation en ligne»

L'homme "d'âge mûr" blessé par un unique coup de couteau lors de l'attaque se trouve dans un état "grave" mais stable, a dit le responsable policier.

La police pense que l'adolescent a envoyé des messages à des membres de la communauté musulmane qui ont immédiatement prévenu la police, a-t-il expliqué sans divulguer d'informations sur leur contenu.

L'adolescent avait "des problèmes de santé mentale mais aussi des problèmes de radicalisation en ligne", d'après la même source.

Ces dernières années, l'assaillant était suivi dans le cadre d'un programme de lutte contre la violence et l'extrémisme.

"Il ne s'agit pas d'une approche fondée sur la dimension criminelle, c'est un programme visant à aider des individus qui expriment des idéologies préoccupantes pour notre communauté", a expliqué M. Blanch.

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a expliqué avoir été tenu au courant des faits par la police et les services de renseignement selon qui il n'y a pas de "menace en cours".

"Nous sommes une nation attachée à la paix et il n'y a pas de place pour l'extrémisme violent en Australie", a écrit M. Albanese sur les réseaux sociaux.

Les crimes violents sont rares en Australie, mais cet incident survient moins d'un mois après une autre attaque au couteau qui a fait six morts dans un centre commercial de Sydney (sud-est).

L'auteur de cette attaque, Joel Cauchi, un homme de 40 ans souffrant de troubles mentaux, avait été abattu par la police. Ses parents ont indiqué que leur fils a été diagnostiqué schizophrène à l'âge de 17 ans, puis qu'il a quitté leur domicile du Queensland (nord-est) et abandonné son traitement.

Deux jours après cette attaque dans un centre commercial, un évêque d'une église assyrienne avait également été poignardé lors d'un sermon diffusé en direct dans une église de Sydney. La victime a survécu à ses blessures. Un adolescent de 16 ans a depuis été inculpé d'"acte terroriste".


Comme un «air de révolution» en Hongrie face au système Orban

Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
Ervin Nagy lors d'un entretien avec l'AFP à Budapest, en Hongrie (Photo, AFP).
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  • Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation
  • Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix

DEBRECEN: Acteur en vue en Hongrie, Ervin Nagy a délaissé les planches et studios de tournage pour battre le pavé. Comme des milliers d'autres, il est saisi par la fièvre Magyar, du nom de ce dissident qui défie Viktor Orban.

Dimanche, il participera à un grand rassemblement dans la ville de Debrecen (est), bastion du parti Fidesz du Premier ministre nationaliste, à un mois des élections européennes.

Depuis l'irruption en février sur la scène politique de Peter Magyar, ex-haut fonctionnaire entré en rébellion, le comédien de 47 ans s'est lancé à ses côtés dans ce combat "pour un renouveau" du pays d'Europe centrale.

Il a même mis à disposition son camion à plateau d'où le tribun s'est adressé à la foule un soir, de manière spontanée.

"Nous n'avions pas le temps de trouver un podium", raconte Ervin Nagy à l'AFP. "Il flottait comme un air de la révolution de 1956", s'enflamme-t-il, en allusion au soulèvement de la Hongrie contre la mainmise soviétique.

«Galvanisés»

Jamais depuis le retour au pouvoir de Viktor Orban en 2010, la Hongrie n'avait connu pareil mouvement de contestation, de l'avis des experts, qui évoquent un défi sans précédent pour le dirigeant.

Après le scandale provoqué par la grâce accordée à un homme condamné dans une affaire de pédocriminalité, Peter Magyar a su capitaliser sur la colère pour drainer des dizaines de milliers de personnes dans les rues de Budapest.

"Apathiques et frustrés" par un pouvoir indéboulonnable, "ils ont été soudainement galvanisés par l'arrivée de cet homme sensé et téméraire", lance l'acteur.

S'il a adhéré par le passé à la cause des enseignants, il n'avait pas d'ambitions politiques jusqu'à ce que Peter Magyar le contacte. "Il m'a convaincu en une heure", se souvient-il.

En trois mois à peine, cette nouvelle figure de l'opposition a évincé les partis existants, avec son discours conservateur pourfendant la corruption qui ruine à ses yeux le pays.

Son mouvement Tisza (Respect et liberté), qui se veut "ni à gauche ni à droite", est désormais crédité de 25% d'intentions de vote auprès des électeurs sûrs de leur choix, selon un récent sondage réalisé par l'institut Median auprès de 1.000 personnes en vue du scrutin européen du 9 juin.

Sa force, pour ses partisans: connaître le système de l'intérieur. Longtemps diplomate à Bruxelles, le charismatique avocat de 43 ans a aussi partagé pendant des années la vie de Judit Varga, ancienne ministre de la Justice, avec laquelle il a eu trois enfants.

«Mini-dictature»

Si Viktor Orban balaie l'arrivée de ce concurrent d'un revers de la main, son parti "se démène pour tuer dans l'oeuf" cette vague de contestation, décrypte pour l'AFP l'analyste Zoltan Lakner.

Des affiches le taxant de "serviteur de Bruxelles" ont fleuri dans le pays, tandis que les journaux pro-gouvernementaux ont publié des dizaines d'articles pour salir sa réputation, d'accusations de violences conjugales - qu'il nie fermement - à des remarques sur ses "lunettes de soleil de femme".

Une nouvelle autorité de surveillance, créée pour prévenir "les interférences étrangères" dans le processus électoral, a également lancé une enquête à son encontre.

"Si Magyar parvient à unir les électeurs de l'opposition", aujourd'hui fragmentée en plusieurs partis sans envergure, il pourrait alors présenter un réel danger pour le pouvoir, estime le politologue.

Même si d'autres jugent le mouvement éphémère et incapable de déstabiliser la solide assise construite par le Premier ministre, qui a progressivement mis au pas les contre-pouvoirs en 14 ans et installé une redoutable propagande selon l'Union européenne, l'ONU et l'OSCE.

Sans se laisser abattre, Peter Magyar a entamé depuis plusieurs semaines une tournée en province afin d'y récolter des voix, son passage à Debrecen lui permettant tester sa popularité.

Sur scène, il sera entouré de plusieurs célébrités hongroises "suffisamment courageuses" pour s'afficher à ses côtés, souligne Ervin Nagy, qui affirme avoir été "placé sur une liste noire" pour avoir osé un jour critiquer un membre du Fidesz.

La Hongrie est devenue "une sorte de mini-dictature", assène-t-il. "Ils ne vous battent pas à mort, mais si vous vous élevez contre les autorités, il y aura des conséquences".