Pétrole: En s’ouvrant au Venezuela et à l’Iran, les États-Unis compromettent-ils leurs principes?

Un travailleur de l’industrie pétrolière vénézuélienne agite un drapeau iranien, symbole des liens qui se resserrent entre les deux pays. (AFP)
Un travailleur de l’industrie pétrolière vénézuélienne agite un drapeau iranien, symbole des liens qui se resserrent entre les deux pays. (AFP)
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Publié le Lundi 21 mars 2022

Pétrole: En s’ouvrant au Venezuela et à l’Iran, les États-Unis compromettent-ils leurs principes?

  • Cela fait plusieurs mois que les républicains accusent Biden et les démocrates de la flambée des prix du carburant, l’associant à ce qu’ils qualifient de «guerre contre l’énergie américaine» du président
  • Le président Donald Trump avait unilatéralement retiré les États-Unis du PGAC en mai 2018, réimposant des sanctions contre Téhéran

DUBAÏ: Pour compenser l’interdiction d’importer de l'énergie en provenance de Russie, imposée par Washington en réponse à la guerre en Ukraine, les responsables américains se seraient discrètement tournés vers l’Iran et le Venezuela. Il est trop tôt pour savoir si la tentative peu orthodoxe de combler le déficit d’approvisionnement en pétrole portera ses fruits.
Pour le moment, cette démarche suscite le désaccord des républicains et des démocrates. Elle entraîne une sévère mise en garde par les groupes d’opposition vénézuéliens et iraniens contre les dangers d’ouverture hâtive aux régimes de Caracas et de Téhéran.
Le président américain, Joe Biden, a annoncé la décision de bloquer toutes les importations de pétrole, de gaz naturel et de charbon russes le 8 mars dans l’espoir d’exercer une pression économique supplémentaire sur Moscou pour mettre fin à son invasion de l’Ukraine, qui a commencé le 24 février.
Les pays occidentaux ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une attaque non provoquée contre une nation souveraine et ils ont répondu par des sanctions qui ciblent l’infrastructure financière de la Russie et ses oligarques les plus riches.
Moscou affirme que son «opération militaire spéciale» vise à protéger la sécurité de la Russie et des résidents russophones de la région ukrainienne du Donbass.
L’interdiction américaine imposée aux importations d’énergie pourrait retirer plus de dix millions de barils de pétrole par jour des marchés occidentaux. L’année dernière, les États-Unis ont importé à eux seuls près de 700 000 barils par jour de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés de Russie. Ces importations vont désormais cesser.
«Cette mesure privera la Russie de milliards de dollars de revenus qui proviennent chaque année des conducteurs et des consommateurs américains», déclare la Maison Blanche lors de l’annonce de cette interdiction.
Les prix du brut connaissaient déjà une nette augmentation en raison de la demande mondiale d’énergie qui provient de l’assouplissement des restrictions liées à la pandémie de Covid-19 dans de nombreux pays. Aujourd’hui, la guerre en Ukraine fait grimper les prix en flèche, avec des répercussions sur les prix des denrées alimentaires et des biens de consommation importés.
Les analystes de JP Morgan et de Bank of America prédisent que la perturbation des flux énergétiques russes pourrait faire grimper les prix du pétrole jusqu’à 185 ou 200 dollars (1 dollar = 0,91 euro) le baril.
«L’inflation devrait s’accélérer au cours des mois de mars et d’avril, alors que les répercussions de la guerre russo-ukrainienne contribueraient à une augmentation des prix dans les supermarchés et les pompes à essence. Les factures de services publics devraient également être plus élevées», prévoit Bill Adams, économiste en chef de la Comerica Bank, dans un rapport récemment publié.

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Une administration Joe Biden de plus en plus anxieuse courtise deux parias mondiaux dans le but de contrer la crise énergétique croissante. (AFP)


Cela fait plusieurs mois que les républicains accusent Biden et les démocrates de la flambée des prix du carburant. Ils l’associent à ce qu’ils qualifient de «guerre contre l’énergie américaine» du président.
«Les points de discussion de Biden sur le pétrole et le gaz semblent avoir été écrits par un stagiaire de 18 ans en première année de socialisme», déclare le sénateur républicain Ted Cruz.
Certains analystes affirment que les prix plus élevés avant l’invasion de l’Ukraine étaient dus à un déséquilibre entre l’offre et la demande en lien avec la pandémie de Covid-19.
La Russie est le troisième producteur mondial de pétrole derrière les États-Unis et l’Arabie saoudite. Le pays fournit environ 25% du pétrole de l’Europe et environ 40% de ses besoins en gaz naturel. Si l’Europe suit l’exemple de Washington et interdit toutes les importations d’énergie russe sans avoir mis en place de solutions de rechange, les effets pourraient être dévastateurs sur le plan économique à l’échelle du continent.
L’approvisionnement supplémentaire en provenance des pays arabes – l’Irak, le Koweït, le Qatar, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – pourrait aider à compenser une partie du déficit. Cependant, plusieurs membres de l’Opep, dont l'Arabie saoudite, ont déjà exclu une augmentation de la production de pétrole.
Dans ces circonstances, l’administration Biden se tourne vers certains des candidats les plus improbables pour combler le déficit, comme l’Iran et le Venezuela – des régimes longtemps tenus à l’écart par Washington et étouffés par des sanctions.
Cependant, après de longues années d’hostilité, ces deux régimes ne sont pas d’humeur à voler au secours des États-Unis, à moins que les Américains n’allègent les sanctions et fassent preuve de bonne volonté politique.
Dans le cas de l’Iran, cela consisterait à relancer le Plan d’action global commun (PGAC) de 2015, également connu sous le nom d’«accord de Vienne sur le nucléaire iranien». Le président Donald Trump avait unilatéralement retiré les États-Unis en mai 2018, réimposant des sanctions contre Téhéran.
À la suite de l’embargo imposé par les États-Unis, l’Iran, qui a pompé en moyenne 2,4 millions de barils de pétrole par jour en 2021, n’a même pas réussi à en vendre la moitié.

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L’ancien président de l'Assemblée nationale vénézuélienne et chef de l’opposition, Juan Guaido, s’exprime lors d’une conférence de presse sur la place Los Palos Grandes de Caracas, le 17 mars 2022. (AFP)

Bien que le régime de Téhéran ait tissé des liens étroits avec Moscou ces dernières années – un processus facilité par des objectifs communs en Syrie, par exemple –, il perçoit la crise ukrainienne comme l’occasion d’alléger certaines sanctions américaines, selon certains analystes politiques. Les responsables iraniens ont déclaré qu’ils étaient prêts à augmenter la production de pétrole dès que les négociateurs à Vienne approuveront un accord renouvelé.
«La République islamique d’Iran est prête à augmenter sa production et ses exportations au niveau d’avant novembre 2018», a récemment déclaré Javad Oji, ministre iranien du Pétrole, selon un rapport publié par l’agence de presse officielle du régime.
«C’est aux grands pays consommateurs de prendre les mesures nécessaires pour maintenir la stabilité et le calme sur le marché pétrolier», a-t-il ajouté après une réunion récente de l’Opep, selon Shana, l’agence officielle du ministère.
«Je promets d’atteindre la capacité d’exportation maximale de pétrole d’ici à un ou deux mois, dès que le feu vert sera donné à Vienne.»
Les opposants au régime iranien incitent l’administration Biden à ne pas relâcher sa pression sur Téhéran, que les États-Unis considèrent comme un État parrain du terrorisme. Le puissant Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran – partisan clé du Hezbollah et d’autres groupes militants à travers le Moyen-Orient – joue un rôle primordial dans le secteur pétrolier du pays.

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Les émissaires à Vienne tiennent des pourparlers sur une éventuelle relance de l'accord sur le nucléaire iranien. (AFP)


Les alliés américains au Moyen-Orient craignent la mise en place d’un nouvel accord faible sur le nucléaire dans l’hypothèse où Washington s’empresserait de combler les lacunes d’approvisionnement sur le marché mondial du pétrole. Téhéran pourra alors conserver un important stock d’uranium enrichi, élargir encore plus son programme de missiles balistiques et continuer d’armer ses milices par procuration dans la région.
Le gouvernement vénézuélien, qui voit la même occasion se présenter, signale qu’il est également prêt à renforcer la production de pétrole et à aider à combler le déficit d’approvisionnement en échange d’un allègement des sanctions – au grand dam de l’opposition.
«Les portes du Venezuela sont ouvertes à l’investissement ainsi qu’à la production de pétrole et de gaz. Le pays est prêt à garantir la stabilité du pétrole et du gaz pour le monde entier, y compris pour les États-Unis», soutient Nicolas Maduro, le président du Venezuela, dans une déclaration publiée sur le site Internet de la compagnie pétrolière publique du pays, PDVSA.
Le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves de pétrole connues du monde, subit les sanctions pétrolières américaines depuis 2019. Elles ont été imposées peu de temps après la réélection de Maduro après un vote en grande partie considéré comme truqué. Pour beaucoup, son régime socialiste, responsable de la corruption endémique et de la mauvaise gestion économique au Venezuela, a poussé environ quatre millions de personnes à fuir le pays.
Qu’une délégation de hauts responsables de la Maison Blanche se rende à Caracas le 5 mars pour rencontrer Maduro représente donc une évolution notable. Il s’agit des premiers pourparlers de haut niveau entre les deux pays depuis des années.
Bien que les détails de la réunion n’aient pas été entièrement divulgués, on pense que la délégation a discuté de mesures qui visent à assouplir les sanctions et à aider le Venezuela à augmenter la production de pétrole, confient au Wall Street Journal des sources proches du dossier.
Félix Plasencia, ministre des Affaires étrangères de Maduro, soutient que les compagnies pétrolières américaines sont les bienvenues au Venezuela «si elles acceptent que le seul gouvernement légitime du Venezuela soit celui qui est dirigé par le président, Nicolas Maduro».

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Le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves de pétrole connues au monde, subit les sanctions pétrolières américaines depuis 2019. Elles ont été imposées peu de temps après la réélection de Maduro après un vote en grande partie considéré comme truqué. (AFP)

Deux prisonniers américains, dont un ancien dirigeant du secteur pétrolier, ont été libérés des prisons vénézuéliennes dans ce qui s’apparente à un acte de bonne foi après la visite des dirigeants américains. Le président Maduro a par ailleurs accepté de reprendre les pourparlers avec l’opposition nationale.
Néanmoins, ce rapprochement de Biden avec Caracas n’a pas eu d’écho positif à Washington. Même d’éminents démocrates se demandent s’il est bien sage de se réconcilier avec un régime autoritaire qui, en outre, est un allié de la Russie.
«Les aspirations démocratiques du peuple vénézuélien, tout comme la détermination et le courage du peuple ukrainien, valent bien plus que quelques milliers de barils de pétrole», affirme le sénateur démocrate Bob Menendez, président de la commission des affaires étrangères du Sénat.
Quant au sénateur républicain Marco Rubio, il affirme: «La Maison Blanche a proposé d’abandonner ceux qui cherchent à se libérer du Venezuela en échange d’une quantité insignifiante de pétrole.»
D’autres opposants à un éventuel dégel des relations avec Caracas soulignent qu’il faudrait des dizaines de milliards de dollars et des années d’investissement pour augmenter la production de pétrole au Venezuela, ce qui rendrait cette décision très peu réaliste à la lumière des problèmes d’approvisionnement immédiats.
Paralyser l’économie militaire russe en s’attaquant à ses revenus pétroliers et gaziers sans causer de dommages importants à l’économie mondiale pourrait s’avérer une tâche trop difficile à accomplir pour les États-Unis et les pousser à conclure des accords déplaisants avec des régimes peu engageants.
Indépendamment de la manière dont Washington décide de s’attaquer à la pénurie d’énergie, l’invasion de l’Ukraine par la Russie aura entraîné le plus grand bouleversement géopolitique depuis des décennies – un bouleversement qui redéfinit complètement la carte énergétique mondiale.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.