Ukraine: deux bombes «superpuissantes» sur Marioupol, Kiev sous couvre-feu

Au 27e jour du conflit en Ukraine, deux "bombes superpuissantes" ont frappé mardi Marioupol (Photo, AFP).
Au 27e jour du conflit en Ukraine, deux "bombes superpuissantes" ont frappé mardi Marioupol (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 23 mars 2022

Ukraine: deux bombes «superpuissantes» sur Marioupol, Kiev sous couvre-feu

  • «Dans le pire des cas nous mourrons, mais jamais nous ne nous rendrons»
  • Sur le terrain, les bombardements de l'armée russe se sont poursuivis sur nombre de villes ukrainiennes

KIEV : Au 27e jour du conflit en Ukraine, deux "bombes superpuissantes" ont frappé mardi Marioupol, selon les autorités de la grande ville portuaire ravagée par les bombardements russes où 100.000 civils sont coincés, tandis que les habitants de Kiev, sous couvre-feu, se terraient chez eux.

Face à la poursuite de cette offensive russe, les Occidentaux, qui vont réunir jeudi des sommets de l'Otan, du G7 et de l'Union européenne à Bruxelles, vont annoncer "de nouvelles sanctions contre la Russie" et renforcer celles qui existent déjà, a annoncé Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est invité à s'adresser directement jeudi par visioconférence aux dirigeants des pays de l'Otan. Les Alliés, qui fournissent "une quantité importante d'équipements militaires essentiels" à l'Ukraine, examineront ce qu'ils "peuvent faire de plus pour renforcer" leur soutien, a indiqué un responsable de l'Otan.

Sur le terrain, les bombardements de l'armée russe se sont poursuivis sur nombre de villes ukrainiennes: Kiev, Kharkiv, Marioupol, Odessa, Mykolaïv, Tcherniguiv...

"Dans le pire des cas nous mourrons, mais jamais nous ne nous rendrons", a lancé le maire de Kiev, l'ex-champion du monde de boxe Vitali Klitschko, en visioconférence devant le Conseil de l'Europe, alors que la capitale ukrainienne craint un assaut et de nouveaux bombardements des forces russes.

Celles-ci n'ont cependant jusqu'à présent réussi ni à encercler ni à pénétrer la ville, farouchement défendue et où s'est retranché M. Zelensky.

Le Pentagone a d'ailleurs estimé mardi que l'armée russe souffrait de problèmes de coordination et de ravitaillement, et que les Ukrainiens, en dépit des bombardements et des frappes aériennes, étaient par endroits "à l'offensive", en particulier dans le Sud.

Le président Zelensky, qui propose à son homologue russe Vladimir Poutine de négocier directement, s'est dit prêt à "essayer d'aborder tout ce qui contrarie et mécontente la Russie" pour "arrêter la guerre".

«C'est un génocide»

Dans le sud, la municipalité de Marioupol a indiqué que la ville avait été bombardée mardi par deux "bombes superpuissantes", sans pouvoir donner de bilan. "Les occupants ne s'intéressent pas à la ville (...), ils veulent la raser", selon la mairie.

Un haut responsable du Pentagone a affirmé mardi soir que la stratégie russe s'appuyait désormais sur "des tirs à longue portée en centre-ville", observée par les Américains "depuis les dernières 24 heures". 

Des habitants ayant fui la ville assiégée ont décrit à l'ONG Human Rights Watch "un enfer glacial, avec des rues jonchées de cadavres et de décombres d’immeubles détruits", et "des milliers de personnes coupées du monde", terrées dans des sous-sols sans eau, nourriture, électricité ni communications.

Trois couloirs humanitaires devaient être ouverts mardi entre trois localités proches de Marioupol et la ville de Zaporojie, à 250 km au nord-ouest, selon la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk.

Le président ukrainien invite le pape à devenir médiateur entre Kiev et Moscou

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a invité mardi le pape François à jouer le rôle de médiateur dans les négociations entre Kiev et Moscou, qui a lancé fin février une guerre contre l'Ukraine.

"On apprécierait le rôle médiateur du Saint-Siège pour mettre fin à la souffrance humaine" en Ukraine, a écrit M. Zelensky sur Twitter à l'issue d'un entretien téléphonique avec le pape, alors que le Kremlin a jugé peu avant que les pourparlers en cours avec Kiev n'étaient pas assez "substantiels".

Le président ukrainien a encore déclaré avoir informé "sa Sainteté de la situation humanitaire difficile et du blocage des couloirs humanitaires par les troupes russes", tout en le remerciant pour ses "prières pour l'Ukraine et la paix".

M. Zelensky lui a "demandé de venir dans notre pays dans ce moment très important", a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée dans la nuit de mardi à mercredi. 

Mais le président Zelensky a affirmé en soirée que "toutes nos tentatives, malheureusement, sont réduites à néant par les occupants russes. Avec des bombardements ou une terreur évidente".

"Aujourd'hui (mardi), l'un des convois humanitaires a été capturé par les occupants et sur l'itinéraire convenu, d'ailleurs, près de Mangush. Des membres du Service national des situations d'urgence (SESU) et des chauffeurs sont désormais retenus en captivité. Nous faisons tout pour les libérer et débloquer le mouvement du convoi humanitaire", précisé le chef d'Etat dans sa vidéo quotidienne.

Il a également assuré que "près de 100.000 personnes" étaient toujours à Marioupol, "dans des conditions inhumaines", et que 7.026 habitants en ont été évacuées ce mardi.

Le siège par les forces russes de ce port ukrainien "ce n'est pas la guerre, c'est un génocide", a déclaré mardi à l'AFP la procureure générale d'Ukraine, Iryna Venediktova. "Les théâtres de guerre ont des règles, des principes. Ce que nous voyons à Marioupol, (c'est) l'absence totale de règles".

Majoritairement russophone, Marioupol, stratégiquement située entre la Crimée (sud) et le territoire séparatiste de Donetsk (est), est pilonnée depuis des semaines par les Russes. Des chars russes y sont entrés et les combats se poursuivent.

Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias a proposé d'y acheminer personnellement de l'aide humanitaire, en coordination avec la Croix-Rouge, si les belligérants le permettaient. Le président Zelensky l'a remercié et a dit attendre "la réalisation de son plan dans les jours qui viennent".

Drones «kamikazes» russes

A Kiev, soumise à un nouveau couvre-feu jusqu'à mercredi, sirènes de bombardements et détonations dans le lointain ont résonné à intervalles réguliers toute la journée dans la capitale presque déserte, baignée d'un soleil printanier.

Au moins une personne a péri mardi dans une attaque contre un immeuble de l'Académie nationale des sciences, dans le nord-ouest de la ville, a constaté l'AFP. Sur place, un officier du renseignement militaire ukrainien a annoncé trois victimes, tuées par des drones "kamikazes" russes.

"Comme une pause, avec la température qui se réchauffe", sourit Maxim Kostetskyi, avocat de 29 ans engagé volontaire. "On ne sait pas si les Russes vont continuer leurs efforts pour encercler la ville, mais nous sommes beaucoup plus confiants, le moral est haut".

Dans l'ouest, le nord et l'est de la capitale, pas un carrefour qui ne soit coupé par une muraille de sacs de sable ou des obstacles anti-chars. Tranchées et postes de combats ont été aménagés au hasard du moindre axe de tir potentiel, au pied des barres d'immeubles ou dans des terrains vagues. "Armée russe, allez vous faire foutre!", clame un tag sur un bloc de béton.

Les bombardements étaient particulièrement intenses mardi dans plusieurs localités autour de la capitale et des combats étaient en cours à Irpin et Gostomel, en périphérie de Kiev, selon le gouverneur de la région, Oleksandre Pavliouk.

La capitale a été secouée dimanche soir par une frappe russe - la plus puissante jusque-là, selon habitants et secouristes - qui a détruit un centre commercial, tuant au moins huit personnes. Selon Moscou, le centre commercial servait de dépôt d'armements. L'AFP a vu, sous leur linceul de plastique, six cadavres en vêtements militaires.

Face à de lourdes pertes et une défense acharnée, notamment autour de Kiev, l'armée russe a "renforcé sa présence dans l'espace aérien de l'Ukraine" depuis lundi et regroupait ses forces terrestres mardi dans le nord "dans l'objectif de reprendre son offensive", a indiqué l'armée ukrainienne sur Facebook.

Un haut responsable du Pentagone a avancé mardi soir que, "pour la première fois", les Russes étaient passés "un peu en dessous de 90% de leur puissance de combat disponible" massée au Bélarus et à la frontière russo-ukrainienne.

L'opposition bélarusse appelle à des sanctions contre Loukachenko

Pavel Latouchko, figure de l'opposition bélarusse, a appelé mercredi à des sanctions contre le Bélarus aussi dures que celle visant la Russie et à des poursuites judiciaires contre son président Alexandre Loukachenko, "complice" de Vladimir Poutine dans l'invasion de l'Ukraine. 

Le président russe "Poutine a été condamné à juste titre partout dans le monde. Mais Loukachenko mérite un opprobre bien plus généralisé qu'il n'a eu jusqu'à présent", écrit M. Latouchko dans l'hebdomadaire britannique The New European.

Cet ancien ministre de la Culture, qui vit en exil à Varsovie après son limogeage pour avoir appelé publiquement à de nouvelles élections au Bélarus en 2020, a estimé que le président bélarusse était "complice" dans la guerre en Ukraine, en ayant permis à la Russie d'utiliser son territoire pour l'invasion. 

Il a beau être le pion de Poutine, un dirigeant fantoche dans un Etat fantoche, c'est aussi un acteur majeur dans cette situation horrible, et il est temps que l'Occident s'en rende compte et agisse en conséquence", poursuit-il.

Des sources du renseignement américain, citées par le New York Times, avancent que plus de 7.000 soldats russes ont été tués depuis le début de la guerre. Le même quotidien américain, s'appuyant sur des sources du Pentagone, explique que la perte de 10% d'effectifs militaires d'une armée (morts ou blessés) entrave fortement sa capacité à combattre.

Les Russes "ne conduisent pas leurs opérations avec la coordination qu'on aurait pu attendre d'une armée moderne", a expliqué sur CNN le porte-parole de la défense américaine, John Kirby.

Dans ce contexte, les députés russes ont validé mardi une loi prévoyant de lourdes sanctions pour punir les "informations mensongères" sur l'action de Moscou à l'étranger. Ce texte vient compléter une loi adoptée début mars prévoyant jusqu'à 15 ans de prison pour la publication d'"informations mensongères" sur l'armée russe.

C'est dans le cadre de cette loi que le Comité d'enquête russe a indiqué mardi avoir ouvert une enquête pénale contre Alexandre Nevzorov, ancien journaliste vedette de la télévision et ancien député, pour une publication sur le bombardement d'une maternité la semaine dernière à Marioupol, dont le ministère russe de la Défense a "déjà annoncé officiellement (qu'elle) était fausse".

Combats dans le Donbass

Dans le Donbass (est), en proie à un mouvement séparatiste prorusse depuis 2014, au moins 124 civils ont été tués dans la région de Lougansk depuis le début de l'invasion, a indiqué l'administration régionale sur Facebook.

Le ministère russe de la Défense a fait état mardi de la prise d'une dizaine de villages du Donbass par les séparatistes prorusses.

La ville d'Avdiivka, en périphérie de Donetsk, a été la cible d'une attaque russe dans la soirée de lundi, faisant au moins cinq morts et 19 blessés, a indiqué mardi Lioudmila Denissova, chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien.

A Lissitchansk (150 km au nord-est de Donetsk), deux autres personnes ont été tuées, trois blessées et huit sauvées des décombres à la suite d'une autre frappe russe, tandis que trois personnes - une fillette de 9 ans et ses parents - ont péri lorsqu'un char russe a tiré sur leur voiture près de Kharkiv (est), selon la même source.

Dans une interview à plusieurs médias, le président ukrainien s'est dit prêt à discuter de la Crimée et du Donbass, tout en prévenant que l'Ukraine choisirait d'être "détruite" plutôt que de se rendre.

Il faut "des garanties de sécurité" et la fin des hostilités, et "une fois que ce blocage sera levé, parlons", a-t-il à propos de la presqu'île annexée par la Russie en 2014 et de la région de l'Est ukrainien.

"L'arrêt de la guerre maintenant, c'est ça la question", a dit M. Zelensky.

Près de 3,5 millions de personnes, essentiellement des femmes et des enfants, ont fui l'Ukraine depuis le 24 février, selon l'ONU.

Le président américain Joe Biden a estimé lundi soir que Vladimir Poutine, qui est "dos au mur", "envisage d'utiliser" en Ukraine des armes chimiques et biologiques.

Mardi, c'est sur la question de l'arme nucléaire que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s'est exprimé.

"Nous avons une doctrine de sécurité intérieure, cela est public, vous pouvez y lire toutes les raisons pour l'utilisation des armes nucléaires et il s'agit d'une menace existentielle pour notre pays", a-t-il dit, sur CNN.

Après les sommets à Bruxelles jeudi, Joe Biden sera vendredi et samedi en Pologne, principal pays d'arrivée des réfugiés ukrainiens.


Zelensky dit qu'il rencontrera Trump en marge de l'Assemblée générale de l'ONU

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu'il rencontrerait son homologue américain Donald Trump en marge de l'Assemblée générale des Nations unies la semaine prochaine, dans des propos publiés samedi. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré qu'il rencontrerait son homologue américain Donald Trump en marge de l'Assemblée générale des Nations unies la semaine prochaine, dans des propos publiés samedi. (AFP)
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  • Volodymyr Zelensky rencontrera Donald Trump en marge de l’AGNU, pour discuter des sanctions contre la Russie et des garanties de sécurité pour l’Ukraine
  • La Russie et l’Ukraine multiplient les frappes meurtrières, avec des attaques de drones ukrainiens en profondeur sur le territoire russe, et une vague massive de missiles et drones russes visant les civils et infrastructures ukrainiennes

KIEV: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé qu'il rencontrerait Donald Trump la semaine prochaine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, alors que les efforts diplomatiques pour mettre fin à l'invasion russe semblent dans l'impasse.

Le conflit ne montre aucun signe d'apaisement. Moscou a intensifié ses frappes, envoyant encore des centaines de drones et missiles contre le pays dans la nuit de vendredi à samedi.

Et en Russie, quatre personnes ont été tuées par une attaque de drones ukrainiens dans la région de Samara, à plus de 800 kilomètres du front, selon les autorités locales.

Donald Trump a lancé des ultimatums, sous peine de sanctions, pour pousser Vladimir Poutine à un compromis et mettre fin à la guerre. Mais le président russe n'a pas plié, et son homologue américain n'a pas mis ses menaces à exécution.

Volodymyr Zelensky a déclaré à un groupe de journalistes, dont l'AFP, qu'il aurait "une réunion avec le président des Etats-Unis" dans le cadre de son déplacement à New York pour l'Assemblée générale de l'ONU la semaine prochaine.

Le président ukrainien, dont les commentaires étaient placés sous embargo jusqu'à samedi, a affirmé qu'il soulèverait la question des sanctions contre Moscou.

"Je pense que nous perdons beaucoup de temps si nous attendons, n'imposons pas de sanctions ou ne prenons pas les mesures que nous attendons vraiment de lui", a-t-il dit.

Donald Trump s'est dit prêt à prendre de nouvelles sanctions contre la Russie, mais à la condition que les Européens arrêtent d'acheter des hydrocarbures russes.

Il s'était montré initialement optimiste quant à sa capacité de convaincre Vladimir Poutine mais s'est depuis dit déçu, affirmant jeudi que le président russe l'avait "laissé tomber".

Volodymyr Zelensky juge lui que Vladimir Poutine, dont l'armée est à l'offensive sur le front, n'acceptera la paix que s'il y est contraint.

Le prédisent ukrainien a aussi dit qu'il discuterait avec Donald Trump des "garanties de sécurité" que son pays demande à ses alliés occidentaux en cas d'accord de paix.

Elles sont censées protéger l'Ukraine d'une autre attaque russe à l'avenir, que Kiev juge quasi inévitable.

- "Terroriser les civils" -

Le gouverneur de la région russe de Samara, Viatcheslav Fedorichtchev, a affirmé que des drones ukrainiens avaient tué quatre personnes et blessé une autre dans la nuit de vendredi à samedi.

L'Ukraine vise régulièrement la Russie avec des drones, en répondant à l'invasion lancée en 2022, mais il est rare que ces frappes soient aussi meurtrières, surtout si loin de ses frontières.

Viatcheslav Fedorichtchev n'a pas indiqué la localisation exacte de l'attaque, mais avait dit plus tôt que des drones avaient ciblé des "installations du complexe énergétique et pétrolier".

L'Ukraine cherche à endommager ces infrastructures, source de revenus majeure pour Moscou, pour attaquer le pays au porte-monnaie.

Le commandement de l'armée ukrainienne avait mentionné samedi matin des attaques de drones contre des installations pétrolières dans la région de Samara. Il avait affirmé qu'un incendie s'était déclaré dans l'une d'elles, sans évoquer de victimes.

La Russie a de son côté lancé 40 missiles et quelque 580 drones contre l'Ukraine dans la nuit de vendredi à samedi, faisant trois morts et des dizaines de blessés, selon Volodymyr Zelensky.

Peu avant, les autorités de la région de Dnipropetrovsk, dans le centre-est de l'Ukraine, avait fait état d'une importante attaque russe de missiles et de drones ayant fait un mort et 26 blessés.

M. Zelensky a dénoncé une "stratégie délibérée de la Russie visant à terroriser les civils et à détruire (les) infrastructures" de l'Ukraine.

- Défense commune -

Volodymyr Zelensky a par ailleurs appelé à la construction d'une défense antiaérienne commune avec certains des pays voisins de l'Ukraine pour abattre les drones russes.

Il s'agit d'une demande ukrainienne de longue date, remise en lumière ces dernières semaines par l'intrusion de drones russes en Pologne ou encore, l'interception d'avions de chasse russes en Estonie vendredi.

Sur le front, la Russie a revendiqué samedi la prise d'un nouveau village dans la région de Dnipropetrovsk, Berezové.

Volodymyr Zelensky a affirmé que des combats avaient lieu dans le centre de Koupiansk, forteresse de l'est ukrainien où la situation se détériore.


Le traité historique pour protéger la haute mer peut entrer en vigueur en janvier

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une interview accordée à l'AFP avant la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies (UNGA 80) au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2025. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une interview accordée à l'AFP avant la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies (UNGA 80) au siège de l'ONU à New York, le 19 septembre 2025. (AFP)
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  • Le traité pour la protection de la haute mer, ratifié par 60 pays, entrera en vigueur fin janvier 2026
  • Il permet enfin de créer des aires marines protégées dans les eaux internationales, longtemps laissées sans cadre juridique contraignant

NATIONS UNIES: Après des années d'attente pour les défenseurs des océans, le traité pour protéger la haute mer, désormais ratifié par 60 pays, prendra enfin vie fin janvier, donnant au monde un outil inédit pour mettre à l'abri des écosystèmes marins vitaux pour l'humanité.

"Je salue cette réussite historique pour l'océan et le multilatéralisme", a réagi vendredi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un communiqué publié immédiatement après l'annonce.

"Alors que nous faisons face une triple crise planétaire, changement climatique, perte de biodiversité et pollution, cet accord est une ligne de vie pour l'océan et l'humanité", a-t-il ajouté.

Avec le dépôt des ratifications par le Maroc et la Sierra Leone vendredi, le traité a atteint les 60 requises pour enclencher les 120 jours avant son entrée en vigueur.

Le texte, adopté en juin 2023 après des années de négociations, vise à contrecarrer les multiples menaces qui pèsent sur les océans.

Alors que les écosystèmes marins sont menacés par le changement climatique, les pollutions et la surpêche, la science a prouvé l'importance de protéger tout entier ces océans foisonnant d'une biodiversité souvent microscopique, qui fournissent la moitié de l'oxygène que nous respirons et limitent le réchauffement en absorbant une partie importante du CO2 émis par les activités humaines.

La haute mer commence là où s'arrêtent les zones économiques exclusives (ZEE) des Etats, à un maximum de 200 milles nautiques (370 km) des côtes et n'est sous la juridiction d'aucun Etat.

Même si elle représente près de la moitié de la planète et plus de 60% des océans, elle a longtemps été ignorée dans le combat environnemental.

"L'ère de l'exploitation et de la destruction doit prendre fin" et ce traité "est l'outil pour rendre cela possible", a salué Mads Christensen, patron de Greenpeace, appelant les parties à faire en sorte de le rendre opérationnel le plus vite possible.

- Universel ? -

L'outil phare du nouveau traité prévoit la création d'aires marines protégées en haute mer.

Ce chantier devra toutefois s'articuler avec d'autres instances qui gouvernent certains morceaux de l'océan, comme les organisations régionales de pêche ou encore l'Autorité internationale des fonds marins chargée des règles de l'exploitation minière sous-marine dans les eaux internationales.

Aujourd'hui, environ 1% seulement de la haute mer fait l'objet de mesures de conservation. Mais en 2022, l'ensemble des Etats de la planète s'est engagé lors de la COP15 sur la biodiversité à protéger, d'ici 2030, 30% des terres et des océans de la planète.

Pour y parvenir, le nouveau traité est capital. Alors les pays signataires travaillent déjà d'arrache-pied, en avançant notamment sur les préparatifs des premières aires marines protégées, comme celle portée par le Chili autour des dorsales de Nazca et de Salas y Gomez, dans le Pacifique.

"On pourrait voir les premières zones protégées adoptées peut-être fin 2028, ou 2029", estime Lisa Speer, de l'organisation environnementale NRDC.

La France avait espéré atteindre les 60 ratifications à l'occasion de la Conférence de l'ONU sur les océans en juin à Nice, mais il aura fallu finalement quelques mois de plus.

Alors que le traité a désormais 143 signataires, les défenseurs des océans vont désormais tenter de convaincre le maximum de pays de le signer et de le ratifier pour en faire un outil le plus universel possible.

"Il est vraiment important d'aller vers une ratification mondiale, universelle pour que le traité soit aussi efficace que possible", a plaidé Rebecca Hubbard, patronne de la coalition d'ONG High Seas Alliance, appelant même les pays sans accès à la mer à le rejoindre.

Mais cette perspective est toutefois assombrie par la position de deux puissances maritimes majeures: la Russie et les Etats-Unis.

Moscou avait pris ses distances avec le texte dès son adoption, jugeant certains éléments inacceptables, sans pour autant empêcher son adoption.

Quant aux Etats-Unis, qui avaient signé le traité sous la présidence de Joe Biden, il est peu probable qu'ils le ratifient tant que Donald Trump est à la Maison Blanche.


Veto des Etats-Unis à une résolution du Conseil de sécurité exigeant un cessez-le-feu permanent à Gaza

 Les Etats-Unis (Morgan Ortagus, à droite) ont opposé jeudi leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui demandait un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, ainsi que la levée de toutes les restrictions à l'acheminement de l'aide humanitaire dans l'enclave. (Capture d'écran/UNTV)
Les Etats-Unis (Morgan Ortagus, à droite) ont opposé jeudi leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui demandait un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, ainsi que la levée de toutes les restrictions à l'acheminement de l'aide humanitaire dans l'enclave. (Capture d'écran/UNTV)
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  • C'est la sixième fois que les Etats-Unis utilisent leur droit de veto pour bloquer une telle initiative depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, il y a près de deux ans
  • Les 14 autres membres du Conseil ont voté en faveur de la résolution, qui avait été déposée par ses 10 membres élus

NEW YORK : Les États-Unis ont opposé jeudi leur veto à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui appelait à un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, ainsi qu'à la levée de toutes les restrictions sur l'acheminement de l'aide humanitaire dans l'enclave.

Le projet de résolution, présenté par les 10 membres élus du Conseil, qui en compte 15, a recueilli 14 voix en sa faveur. C'est la sixième fois depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, il y a près de deux ans, que les États-Unis utilisent le droit de veto qu'ils détiennent en tant que l'un des cinq membres permanents du Conseil.

Le veto a été opposé par le représentant américain Morgan Ortagus et la résolution a donc échoué malgré un soutien quasi unanime.

Washington a toujours affirmé que les résolutions de l'ONU sur le cessez-le-feu risquaient de compromettre les négociations de paix sur le terrain, ainsi que la capacité d'Israël à prendre des mesures contre le Hamas et son "droit à l'autodéfense". Les critiques accusent les autorités américaines de soustraire Israël à la responsabilité internationale.

"Chers collègues, l'opposition des États-Unis à cette résolution ne sera pas une surprise", a déclaré M. Ortagus, un conseiller politique américain de haut niveau, avant le vote.

"Elle ne condamne pas le Hamas et ne reconnaît pas le droit d'Israël à se défendre, et elle légitime à tort les faux récits qui profitent au Hamas et qui ont malheureusement trouvé leur place au sein de ce Conseil.

D'autres membres du Conseil ont "ignoré" les avertissements des États-Unis concernant le langage "inacceptable" et ont plutôt adopté "une action performative destinée à entraîner un veto", a-t-elle ajouté.

Le texte de la résolution s'alarme des rapports faisant état d'une famine croissante et d'une aggravation de la crise humanitaire à Gaza, condamne l'utilisation de la famine comme arme de guerre et exprime son inquiétude face à l'expansion des opérations militaires israéliennes. Il réaffirme également les obligations qui incombent aux États en vertu des principes du droit international, notamment la protection des civils et le refus des déplacements forcés.

Il a exigé trois mesures clés : un accord de cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent respecté par toutes les parties ; la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages détenus par le Hamas et d'autres groupes ; et la levée de toutes les restrictions israéliennes à l'entrée et à la distribution de l'aide humanitaire, parallèlement au rétablissement des services essentiels à Gaza. Il a demandé au secrétaire général des Nations unies de faire rapport au Conseil dans les 30 jours sur la mise en œuvre de la résolution.

L'Algérie, l'un des principaux partisans de la résolution, a exprimé sa consternation face à un nouvel échec du Conseil de sécurité à agir sur la situation à Gaza, et a présenté ses excuses aux Palestiniens pour ne pas avoir fait assez pour sauver la vie des civils.

L'ambassadeur du pays auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a déclaré que malgré l'échec de la résolution, "14 membres courageux du Conseil de sécurité ont fait entendre leur voix. Ils ont agi en conscience et en faveur de l'opinion publique internationale".