Partir ou rester en Russie, le dilemme des entreprises françaises

Dans ce dossier, la photo prise le 8 juillet 2019 montre le logo du constructeur automobile français Renault, à Savenay, dans l'ouest de la France. (Photo, AFP)
Dans ce dossier, la photo prise le 8 juillet 2019 montre le logo du constructeur automobile français Renault, à Savenay, dans l'ouest de la France. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 23 mars 2022

Partir ou rester en Russie, le dilemme des entreprises françaises

  • La France est le premier employeur étranger en Russie, avec quelque 160 000 salariés, certains groupes y étant particulièrement présents, à l'image de Renault, actionnaire à 67% du constructeur local Avtovaz, et sa marque Lada
  • Renault, envers qui le gouvernement ukrainien a appelé à un boycott mondial, n'a pas remis en question sa présence sur place : si la production de son usine est ralentie par les problèmes d'approvisionnement, elle a repris il y a deux jours

PARIS : Lors de son adresse au Parlement français mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de nouveau demandé aux entreprises françaises de quitter la Russie, un choix que peu d'entre elles ont décidé de faire jusqu'ici.

Avant la guerre, plus de 500 entreprises françaises (dont 35 groupes du CAC 40) opéraient en Russie, selon le ministère français de l'Économie, alors que la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe revendiquait "plus de 400 membres" sur son site internet.

En 2020, dans le contexte de la Covid-19, les exportations vers la Russie ont atteint 5,2 milliards d'euros, faisant de la Russie le 7e marché de la France hors Union européenne, d'après Bercy.

Toujours de même source, la France est le premier employeur étranger en Russie, avec quelque 160 000 salariés, certains groupes y étant particulièrement présents, à l'image de Renault, actionnaire à 67% du constructeur local Avtovaz, et sa marque Lada.

Renault, envers qui le gouvernement ukrainien a appelé à un boycott mondial, n'a pas remis en question sa présence sur place : si la production de son usine est ralentie par les problèmes d'approvisionnement, elle a repris il y a deux jours. Concernant Avtovaz, le groupe français y a beaucoup investi et redoute une nationalisation forcée en cas de départ.

Autre groupe du CAC 40 avec une empreinte russe importante, TotalEnergies produit 16,6% de ses hydrocarbures en Russie, et même 30% pour le gaz seul, avec une forte implication sur le champ gazier Yamal, à l'extrême nord du pays. 

TotalEnergies y détient une participation de 20% dans Yamal GNL, un projet de gaz naturel liquéfié qui a démarré sa production en 2020, et 10% dans Artic LNG 2, qui doit débuter ses livraisons en 2023. Le groupe détient aussi 19,4% du géant du gaz russe Novatek.

Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a clairement affirmé mercredi que son groupe ne pouvait pas renoncer au gaz russe, expliquant avoir souscrit "des contrats de 25 ans". "Et je ne sais pas sortir de ces contrats", a-t-il dit. Le groupe a toutefois annoncé qu'il renoncerait à tout achat de pétrole ou produit pétrolier russe d'ici fin 2022.

Le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot a accusé l'énergéticien de "complicité de crime de guerre", accusation à laquelle le groupe a répondu avec l'annonce d'une plainte en diffamation contre le député européen.

Toujours dans l'énergie, le groupe Engie qui a cofinancé le gazoduc Nord Stream 2 a prévenu qu'il risquait de perdre jusqu'à un milliard d'euros dans ce projet suspendu. Il n'est en revanche pas présent sur le sol russe mais est actionnaire à hauteur de 9% du gazoduc en fonctionnement Nord Stream.

L'exposition dicte le choix des entreprises

Autre employeur important sur place, la Société Générale, actionnaire majoritaire de Rosbank (12 000 salariés), un poids lourd du secteur bancaire russe. Le 16 mars, son directeur général Frédéric Oudéa a rappelé que sa filiale avait "été organisée et gérée de façon autonome après les événements en Crimée" de 2014, la banque ajoutant qu'il n'avait donné "aucune indication" sur son avenir en Russie. 

Côté services, plusieurs enseignes détenues par la famille Mulliez sont très implantées en Russie, à commencer par Leroy Merlin, dont c'est le deuxième marché derrière la France, mais aussi Auchan, qui réalise en Russie plus de 10% de ses ventes, ou encore l'enseigne sportive Decathlon.

Adeo, holding de Leroy Merlin, a redit mercredi qu'elle maintenait son activité en Russie, mais allait "suspendre" ses nouveaux investissements.

Fermer ses magasins serait considéré comme une "faillite préméditée", "ouvrant la voie à une expropriation qui renforcerait les moyens financiers de la Russie", a défendu le groupe dans une déclaration à l'AFP.

Plusieurs secteurs ont fait le choix inverse, comme celui du luxe et de la mode. Début mars, Hermès, rapidement suivi par Chanel, LVMH et Kering, a annoncé la fermeture de ses boutiques en Russie, certaines responsables de leurs marques comme chez Balenciaga (groupe Kering) prenant même fait et cause pour l'Ukraine dans le conflit.

Mais la difficulté est ailleurs pour les entreprises, car la Russie a décidé d'accentuer la pression sur les groupes étrangers qui seraient tentés par un retrait, n'hésitant pas à agiter la menace d'une nationalisation des actifs sur place.

Le mouvement patronal Ethic (Entreprises de taille humaine, indépendantes et de croissance) renvoie la responsabilité au gouvernement. "C'est à l'État (français), et à lui seul, de décider et de donner l’ordre aux entreprises de fermer et de quitter le territoire – et en assumant les conséquences sur place et en France de cette décision", indique-t-il mercredi.


Un homme tué par balles près de Grenoble

Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police. (AFP)
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  • L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang
  • La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête

GRENOBLE: Un homme non identifié et porteur de deux impacts de balles a été retrouvé mort dans la nuit de mardi à mercredi à Echirolles, en périphérie de Grenoble, a indiqué la police.

L'homme a été retrouvé par une passante, vers 02H00, gisant inanimé au sol dans une mare de sang, la mâchoire brisée, avec une trottinette à ses pieds. En arrêt cardio-respiratoire, il a été déclaré décédé sur place par le SAMU.

Deux impacts de balles dans son dos et dans sa mâchoire ont été relevés par la suite par le médecin légiste, selon même la source.

La Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS, ex-PJ) a été saisie de l'enquête.


«Mieux vaut être un homme en politique»: quand les députés testent le programme Evars

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an. (AFP)
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  • Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons
  • A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité

PARIS: "Mieux vaut être un homme, en politique, qu’une femme". Comme des collégiens ou des lycéens, des députés ont suivi une séance d'Evars, un programme proposé aux élèves pour notamment remettre en cause les stéréotypes sexistes.

Prévu dans la loi depuis 2001 et doté d'un contenu depuis la rentrée, le programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) aborde, de façon adaptée à chaque âge, la santé reproductive, la prévention, l’égalité filles-garçons, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, ainsi que les questions d’orientation et d’identité sexuelles.

A l'Assemblée, une petite vingtaine de députés, sur 577, - principalement de la gauche au centre-droit - ont répondu mardi après-midi à l'invitation de Marie-Charlotte Garin (écologiste), Véronique Riotton (EPR) et le Collectif pour une véritable éducation à la sexualité (Planning familial, Sidaction, Fédération des centres d' information sur les droits des femmes et des familles...) qui milite depuis 2023 pour la généralisation de ces séances.

"Nous voulons faire de la pédagogie auprès des députés pour qu’ils deviennent nos ambassadeurs dans les territoires", explique Marie-Charlotte Garin, en signalant que les députés reçoivent des courriers de parents opposés au programme, notamment de l'association Parents vigilants.

"Nous voulons faire vivre ces séances aux députés pour leur donner des arguments, il y a beaucoup de fantasmes autour de ce programme", observe Mme Riotton, présidente de la Délégation aux droits des femmes.

"On galère" 

Après une première partie sur des sujets à destination des CP (vocabulaire des parties intimes, prévention des violences sexuelles), le Planning familial propose ensuite aux élus de tester "la rivière du doute", outil utilisé cette fois au collège pour réfléchir aux stéréotypes sexistes.

"Je vais vous dire une affirmation et ceux qui sont d'accord se placent à gauche, ceux qui sont contre à droite: +Il vaut mieux être un homme en politique qu’une femme+, lance sa présidente Sarah Durocher.

Chez les députés présents, six sont d'accord. Et comme en classe, le dialogue s’engage.

"Je dis oui, mais c’est ce qu’il faut changer", commence Jean-Francois Rousset (EPR).

"C'est plus difficile d'être une femme, on galère, c'est difficile de se faire entendre", confirme Soumya Bourouaha (GDR). "Il y a beaucoup à changer et ça ne viendra pas des hommes" , renchérit une autre élue.

Second stéréotype: "Les hommes savent naturellement prendre la parole en public. D'accord ou pas?"

"Qu'ils soient compétents ou pas, la réalité montre qu’ils osent plus", remarque Anne-Cécile Violland (Horizons). "Tout à l'heure, j’ai pris spontanément la parole et je ne m’en suis même pas aperçu", constate Jean-Francois Rousset.

 "Sujet politique" 

"Nous voulons que ce programme devienne un sujet politique, dont s'emparent les députés. Il permet d'éviter les LGBTphobies, les féminicides, les maladies sexuellement transmissibles, c'est bénéfique pour les individus et collectivement", plaide Sarah Durocher.

En plein débat budgétaire, les associations veulent convaincre les élus de débloquer des moyens pour ces séances, qu'elles évaluent à 620 millions d’euros par an.

Depuis 2001, la loi impose trois séances annuelles d’information et d’éducation à la sexualité dans les écoles, collèges et lycées, mais elles n’ont jamais été généralisées.

Saisi par le Planning familial, Sidaction et SOS Homophobie, le tribunal administratif de Paris a reconnu mardi que l’État avait manqué à ses obligations, en tardant jusqu'en février dernier pour adopter le programme Evars. Dans son jugement, il écarte les arguments avancés par le ministère de l'Education qui avait fait valoir "la sensibilité du sujet et les controverses qu'il suscite" pour expliquer ce retard.

Les trois associations demandent "la reconnaissance" du "rôle central des associations" dans sa mise en œuvre". "Nous avons formé 150.000 jeunes dans 3.600 établissements, mais nous avons refusé autant de demandes faute de moyens", explique la présidente du Planning.

Pour Sandrine Josso (Horizons), "les députés devraient aussi suivre une formation sur les violences sexistes et sexuelles. Il en existe une depuis 2022 et personne n’y va".


Ukraine: Zelensky accueilli par Macron à Paris pour faire le point sur les négociations

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée
  • Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride

PARIS: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été accueilli lundi par son homologue français Emmanuel Macron au palais présidentiel de l'Elysée pour faire le point sur les intenses négociations en cours pour tenter de mettre fin à la guerre en Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.

Cette nouvelle visite en France, la dixième depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, intervient au lendemain de discussions entre délégations américaine et ukrainienne en Floride, et à la veille d'une rencontre à Moscou entre l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, et le président russe Vladimir Poutine.