Le spectre de l'abstention plane sur la présidentielle

Photo d'illustration. Dans l'étude BVA, 40% des abstentionnistes potentiels mettent en effet en avant "l'impression que les jeux sont faits" pour justifier leur retrait des urnes, à égalité (41%) avec l'idée que "l'élection ne changera rien à leur quotidien" (AFP).
Photo d'illustration. Dans l'étude BVA, 40% des abstentionnistes potentiels mettent en effet en avant "l'impression que les jeux sont faits" pour justifier leur retrait des urnes, à égalité (41%) avec l'idée que "l'élection ne changera rien à leur quotidien" (AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 25 mars 2022

Le spectre de l'abstention plane sur la présidentielle

  • Selon une récente enquête BVA pour Orange et RTL sur les abstentionnistes, seuls 71% des sondés déclarent avoir l'intention d’aller voter
  • «On risque d'avoir une baisse de la participation à l'élection présidentielle pour différentes raisons, la destruction des partis d'un côté et l'évidence que Macron va gagner de l'autre», selon un politologue

PARIS: A presque deux semaines du 1er tour de la présidentielle, le spectre de l'abstention, annoncée une nouvelle fois à un niveau record, plane plus que jamais sur une fin de campagne en trompe l'oeil qui peine à mobiliser les Français.

Mais les spécialistes des élections divergent sur la gravité du mal et sur les "victimes" des effets démobilisateurs d'une victoire annoncée, à en croire les sondages, d'Emmanuel Macron. 

Selon une récente enquête BVA pour Orange et RTL sur les abstentionnistes, seuls 71% des sondés déclarent avoir l'intention d’aller voter. Si cela se confirmait dans les urnes le 10 avril prochain, le niveau d'abstention serait similaire à celui observé le 21 avril 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un 1er tour d'une élection présidentielle, et bien plus qu'en 2017 (22,2%) qui n'était déjà pas un bon cru.

"On pourrait se dire que 70% de participation, c'est un score honorable", mais "pour beaucoup de citoyens – pensons aux plus de 65% d'abstentionnistes des élections régionales de 2021 – la présidentielle reste le dernier rempart contre une rupture totale avec le vote. C'est cet éloignement définitif qui inquiète", met en garde Céline Braconnier, professeur de science poilitique, dans Philosophie Magazine.

Fin de la participation?

"C'est vrai, on risque d'avoir une baisse de la participation à l'élection présidentielle pour différentes raisons, la destruction des partis d'un côté et l'évidence que Macron va gagner de l'autre", analyse pour l'AFP le politologue Gérard Grunberg.

"Au lieu que ça fasse autour de 80% de participation comme d'habitude à une présidentielle, ça fera peut-être autour de 70% mais je ne pense pas que ce sera tellement moins, et ça reste quand même un taux important", relativise le directeur de recherche émérite au CNRS, qui, "contrairement à la plupart de (s)es collègues", ne croit pas à la thèse de "la fin de la participation".

Pour lui, il faut encore mettre à part la présidentielle, élection reine de la Ve République, qui demeure malgré tout relativement préservée, et "même si la participation baisse de dix points, on est toujours à un niveau très important, donc on ne peut pas dire que les électeurs se désintéressent complètement".

"Les gens sont de plus en plus utilitaristes, ils votent quand ça les intéresse, et on sait bien que plus c'est serré, plus les gens votent, donc la victoire annoncée d'Emmanuel Macron ne mobilise pas", insiste-t-il.

Dans l'étude BVA, 40% des abstentionnistes potentiels mettent en effet en avant "l'impression que les jeux sont faits" pour justifier leur retrait des urnes, à égalité (41%) avec l'idée que "l'élection ne changera rien à leur quotidien".

Qui s'abstiendra?

Cela inquiète les macronistes, qui craignent une démobilisation de leurs électeurs trop confiants, tant il est "historiquement, toujours plus difficile de mobiliser l'électorat de la majorité sortante", selon le sondeur Bruno Jeanbart dans les Echos.

Mais pour Gérard Grunberg, c'est au contraire les adversaires du président sortant qui ont du souci à se faire. "Ca va bénéficier encore plus à Macron parce que l'électorat Macron est assez déterminé, surtout en cette période de guerre larvée, ce sont les autres qui pourraient se dire: on n'aime pas Macron mais il va gagner et on ne sait pas pour qui voter", estime-t-il.

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, dont les électorats sont plus jeunes et plus populaires, donc davantage menacés par la difficulté à mobiliser, l'ont bien compris et multiplient les appels aux abstentionnistes.

"C'est une des clés qui pourrait permettre que Jean-Luc Mélenchon soit au second tour, s'il y a une forte participation populaire parce que ceux qui s'abstiennent, ce sont les milieux populaires, dégoûtés de tout, et ayant l'impression qu'aucune réponse ne sera apportée à leurs problèmes à l'occasion de ces élections", a averti jeudi sur BFM Alexis Corbière, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon.


«Simplification!» Bruno Le Maire dévoile son «plan d'action» anti-paperasse pour les entreprises

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Short Url
  • La commande publique, «qui obéit à des règles dignes de Balzac», sera également simplifiée
  • Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers

 

PARIS: "Balzac", "Kafka" et "Ubu" contre le 21e siècle: le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a présenté mercredi en conseil des ministres un plan visant à débarrasser les entreprises de "la paperasse", via notamment un nouveau bulletin de salaire.

Après le Premier ministre Gabriel Attal, qui a présenté mardi des mesures de "débureaucratisation" de l'administration à destination des particuliers, M. Le Maire a dévoilé mercredi comment l'Etat allait aider des patrons de TPE et PME "fatigués, exaspérés" par les tâches administratives auxquelles ils consacrent "en moyenne huit heures par semaine", l'équivalent de trois points de PIB par an.

Il y a en France 400.000 normes applicables, les huit principaux codes comptent 23.000 pages... contre 828 en 1833, et entreprises et administrations s'envoient chaque année 253 millions de courriers, met en avant Bercy.

Pour les petits patrons, "on est parfois chez Kafka", a remarqué la ministre des Entreprises, Olivia Grégoire.

D'où ce "plan d'action : simplification!", en 50 mesures dont la moitié feront l'objet d'un projet de loi discuté à partir du 3 juin au Sénat.

Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers; une possible future feuille de paye simplifiée, qui devrait passer de 55 à 15 lignes, ou des astreintes pour les assureurs qui ne respectent pas les délais d'indemnisation.

M. Le Maire a aussi annoncé la suppression des 1.800 formulaires administratifs Cerfa d'ici à 2030, dont 80% d'ici à 2026. Cela dans le cadre d'une philosophie "dites le nous une fois", pour éviter de multiplier la communication des mêmes documents à plusieurs administrations.

Il a annoncé aussi "une revue complète" sur trois ans des 2.500 autorisations administratives. L'obligation pour l'employeur d'envoyer les arrêts-maladie à la Sécu est supprimée.

La commande publique, "qui obéit à des règles dignes de Balzac", sera également simplifiée, avec le dépôt de tous les appels d'offres publics sur une plateforme unique, Place, en 2027.

«Trouille»

M. Le Maire a confirmé l'institution d'un "test PME", pour évaluer l'impact de nouvelles normes pour les petites et moyennes entreprises, avant leur application.

"Certains patrons disent qu'ils ont la trouille d'avoir fait une erreur, mais il n'y a aucune raison d'avoir peur de l'administration", a-t-il observé.

Il a ainsi annoncé que le rescrit, la possibilité de demander au fisc de se prononcer sur tel ou tel point, afin d'éviter des problèmes ultérieurs, serait élargi à d'autres administrations comme la Direction générale de la concurrence, de la consommation, et de la répression des fraudes (DGCCRF) ou aux Douanes.

"Toujours dans cette logique de confiance", des peines de prison prévues pour certains manquements déclaratifs seront supprimées, au profit de sanctions moins lourdes. "Les chefs d’entreprise ne sont pas des bandits en puissance", a dit M. Le Maire.

Tandis que le ministre de l'Industrie Roland Lescure observait "qu'Ubu est encore un peu roi dans notre pays", M. Le Maire a dévoilé des mesures de simplification spéciales pour les industriels.

Notamment, "les grands projets industriels n'auront plus à organiser un débat au titre de la Commission nationale du débat public (CNDP)" et la compensation environnementale des projets pourra s'effectuer "dans un délai raisonnable", et non plus immédiatement.

Il s'est toutefois opposé "avec colère" à l'idée que Bercy reculerait ainsi sur l'écologie.

Chaque année enfin, sera organisée une nouvelle revue des mesures "inutiles ou trop lourdes". Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a assuré de "l'engagement de l'administration à installer le plan dans la durée".

Les patrons ont plutôt bien réagi au plan : "Je veux y croire", a indiqué à l'AFP François Asselin, président de la CPME, "car il semble que Bercy ait embarqué toute l'administration" sur ce projet.

Le Medef pour sa part "soutient l'esprit" du texte, qui néanmoins "n'épuise pas l'ensemble du chantier de simplification".

Le premier syndicat patronal a cependant mis en garde contre "des signaux contradictoires", évoquant la transposition en France de directives européennes complexes comme la CSRD et le devoir de vigilance, ou encore l'accord trouvé mardi sur le Compte épargne temps universel (Cetu) entre une autre organisation, l'U2P, et des syndicats.


Tournée du chef de la diplomatie française au Proche-Orient

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction
  • Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères va se rendre à partir de samedi au Proche-Orient où il évoquera notamment l'instabilité au sud Liban et la situation à Gaza, a-t-on appris mercredi auprès de son entourage.

Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction.

Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël, a-t-on précisé.

Le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi à l'Elysée le Premier ministre libanais Najib Mikati ainsi que le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun dans un nouvel effort pour contenir la montée des violences entre le Liban et Israël.

Stéphane Séjourné devrait, lui, évoquer les propositions françaises qu'il avait portées en février pour désamorcer le conflit à la frontière libano-israélienne.

Beyrouth a pris acte de ces propositions sans pour autant les endosser alors que les Etats-Unis sont aussi à la manoeuvre.

Stéphane Séjourné poursuivra sa tournée en Arabie saoudite. Il s'agira là de sa première visite bilatérale, qui sera centrée sur les enjeux économiques, énergétiques, environnementaux et de défense, a-t-on indiqué de même source.

Le 30 avril, le chef de la diplomatie sera en Israël avant de se rendre dans les territoires occupés le lendemain. La France entend jouer un rôle actif "dans les efforts pour trouver une solution politique" à la guerre à Gaza avec un double enjeu "obtenir la libération des otages" toujours retenus par le groupe islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et obtenir "un cessez le feu durable", a rappelé l'entourage du ministre.


Grève des contrôleurs: des «  dizaines de millions d'euros » en jeu, prévient ADP

Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français. (AFP).
Short Url
  • Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français
  • Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi

PARIS: La facture de la grève des contrôleurs aériens français prévue jeudi pourrait se chiffrer en "dizaines de millions d'euros" pour les compagnies aériennes et les aéroports, et affecter des dizaines de milliers de passagers, selon le gestionnaire des aéroports parisiens.

"Pour les compagnies aériennes, pour les aéroports, ce sont plusieurs dizaines de millions d'euros qui sont en jeu, chaque jour", a déclaré mercredi le PDG du Groupe ADP, Augustin de Romanet, au micro de la radio Franceinfo.

Les aiguilleurs du ciel sont appelés à cesser le travail jeudi pour protester contre les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien français.

Pour mettre en adéquation les effectifs disponibles et le trafic, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé mardi aux compagnies aériennes de renoncer à une majorité de leurs vols jeudi.

Cette proportion montera à 75% à Paris-Orly, deuxième aéroport français, et 65% à Roissy, le premier, et Marseille. Elle sera de 60% à Toulouse et Nice, et 50% pour les autres aéroports.

"Les abattements de vols qui vont être demandés aux compagnies sont extrêmement élevés, c'est rarement vu dans notre histoire", a commenté M. de Romanet.

"C'est vraiment très pénalisant pour les passagers", a déploré le PDG, alors que deux des trois grandes zones académiques sont en vacances de printemps.

Des dizaines voire des centaines de milliers de voyageurs risquent de voir leur vol annulé. Selon le Groupe ADP mercredi, Roissy en a accueilli lundi 203.000 et Orly 111.000, alors que ces deux aéroports concentrent environ la moitié de la fréquentation totale des aéroports français.

Face à l'échec des négociations avec la DGAC jusqu'ici, le SNCTA, syndicat majoritaire des contrôleurs aériens, a même déposé un deuxième préavis de grève en plein week-end de l'Ascension, les jeudi 9 (férié), vendredi 10 et samedi 11 mai.

"Je fais confiance aux négociateurs et à leur esprit de responsabilité pour que cette grève (...) n'ait pas lieu. On arrive à très fortement abîmer la sérénité des Français et des étrangers avec ces mouvements qui objectivement devraient pouvoir être réglés par la négociation", a jugé Augustin de Romanet.

Pour lui, "les réformes de productivité qui sont demandées (aux contrôleurs) par le gouvernement sont nécessaires, et sont demandées par les compagnies aériennes, notamment les compagnies européennes quand elles survolent la France. Elles ont besoin d'un contrôle aérien aussi efficace que possible".