Toujours présente en Russie, Société Générale de plus en plus isolée

Un mois après le début de la guerre en Ukraine, la banque française Société Générale ne s'est pour l'instant pas résolue à quitter la Russie, alors que ses concurrents se retirent un par un du pays (Photo, AFP).
Un mois après le début de la guerre en Ukraine, la banque française Société Générale ne s'est pour l'instant pas résolue à quitter la Russie, alors que ses concurrents se retirent un par un du pays (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Vendredi 25 mars 2022

Toujours présente en Russie, Société Générale de plus en plus isolée

  • L'américaine Citigroup a annoncé à la mi-mars qu'elle arrêtait d'opérer en Russie et évaluait l'étendue de ses activités dans le pays
  • Au même moment, la banque italienne UniCredit, présente en Russie depuis 30 ans, a indiqué «envisager de quitter» le pays

PARIS: Un mois après le début de la guerre en Ukraine, la banque française Société Générale ne s'est pour l'instant pas résolue à quitter la Russie, alors que ses concurrents se retirent un par un du pays.

Société Générale est pourtant très impliquée en Russie, en tant qu'actionnaire majoritaire d'un poids lourd du secteur bancaire russe, Rosbank.

Elle a indiqué début mars être exposée à la Russie à hauteur de 18,6 milliards d'euros, dont 15,4 milliards seulement pour Rosbank.

D'autres banques françaises se sont déjà décidées: en début de semaine, Crédit Agricole et BNP Paribas, certes beaucoup moins exposées et ayant donc moins à y perdre, ont annoncé l'arrêt de leurs activités dans le pays. 

Surtout, d'autres grandes banques internationales plus présentes en Russie se retirent aussi.

Départs en cascade

L'américaine Citigroup a annoncé à la mi-mars qu'elle arrêtait d'opérer en Russie et évaluait l'étendue de ses activités dans le pays, même si cela "prend du temps à mettre en œuvre", a-t-elle précisé.

Au même moment, la banque italienne UniCredit, présente en Russie depuis 30 ans, a indiqué "envisager de quitter" le pays. Cela pourrait coûter jusqu'à 7,5 milliards d'euros, dans le pire des scénarios. 

Avant tout, la banque doit "tenir compte des intérêts de [ses] employés en Russie, de [ses] clients opérant en Russie, dont beaucoup sont européens, et de la santé générale" du groupe, a détaillé son PDG Andrea Orcel.

UniCredit avait déjà renoncé dès fin janvier à se porter candidate au rachat de sa concurrente russe Otkrytié en raison des tensions liées à la crise entre la Russie et l'Ukraine.

L'autrichienne Raiffeisen, qui opère en Russie depuis 25 ans et y compte quelque 4,5 millions de clients, a pour sa part déclaré le 17 mars "évaluer toutes les options stratégiques" pour l'avenir de sa filiale en Russie, "y compris un retrait" du pays.

Société Générale semble ainsi assez isolée. Et "il est bien possible qu'elle finisse par céder", souligne auprès de l'AFP Eric Dor, directeur des études économiques de l'IESEG School of Management à Paris et Lille.

Dans le discours politique, la situation de Société Générale ne semble pour l'heure pas au coeur des préoccupations. En France, la pression se concentre plutôt sur des sociétés comme TotalEnergies, attaquée notamment par les candidats à l'élection présidentielle Yannick Jadot et Anne Hidalgo.

Devant les parlementaires français mercredi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a également demandé aux entreprises françaises de quitter la Russie, en citant Auchan, Renault et Leroy Merlin, mais pas la banque française.

En fuyant Poutine, des Russes s'exilent dans une Serbie pro-Kremlin

Dans les jours qui ont suivi l'invasion de l'Ukraine par Vladimir Poutine, ses amis ont été arrêtés, la liberté de parole s'est évanouie et l'économie russe a chancelé. Alors Marina a fait ses bagages et s'est enfuie de Moscou.

Mais à près de 2 000 kilomètres de là, à Belgrade, l'ancienne agente de voyages de 41 ans n'échappe pas à la propagande tentaculaire de la Russie. En Serbie, nombreux sont ceux à approuver le conflit.

"Des habitants me disent qu'ils soutiennent la Russie quand ils apprennent que je viens de Russie. Ils disent cela pour exprimer leur soutien, mais il s'avère que ce soutien englobe aussi Poutine, ses agissements et la guerre", raconte Marina à l'AFP, taisant son nom de famille pour des raisons de sécurité.

Depuis des siècles, la Russie et la Serbie entretiennent des liens fraternels fondés sur leur héritage slave et orthodoxe. Mais avec la crise actuelle, des contradictions sont rapidement apparues.

Les Russes s'exilant en Serbie sont pour certains dans l'opposition au Kremlin, ou fuient les conséquences catastrophiques dans la Fédération provoquées par l'invasion.

La Serbie est un cas singulier en Europe, bon nombre de Serbes reportant leur affection pour la Russie sur le maître du Kremlin, soutenant son "opération spéciale" contre l'Occident en Ukraine. 

Ils partagent avec Moscou une haine de l'Otan. Le souvenir des bombardements sur Belgrade par l'Alliance atlantique en 1999 pour mettre fin à la guerre au Kosovo est toujours vivace.

Rassurer les investisseurs

Société Générale a été l'une des premières sanctionnées par les marchés pour son implication en Russie. Dès l'annonce de l'invasion de l'Ukraine le 24 février, le titre a perdu 12,15% à la Bourse de Paris. Il a ensuite dégringolé jusque début mars avant de remonter, sans retrouver son niveau d'avant la guerre.

Pour l'heure, la banque française se veut rassurante. Elle s'est dite début mars "tout à fait en mesure" de résister à une éventuelle perte de contrôle de Rosbank, avec une exposition à la Russie de 18,6 milliards d'euros, dont 15,4 milliards juste pour Rosbank.

Son directeur général Frédéric Oudéa a insisté la semaine dernière sur la gestion autonome de la filiale. "Rosbank a été organisée et gérée de façon autonome après les événements en Crimée" de 2014, a-t-il expliqué lors d'une conférence organisée par la banque américaine Morgan Stanley.

Quitter la Russie serait délicat pour Société Générale: perdre Rosbank lui coûterait environ 1,8 milliard d'euros, a-t-elle estimé, et il lui faudrait trouver une solution pour ses 12.000 salariés.

Ce serait leur "faire payer la politique de Poutine alors qu'ils ne sont pas forcément favorables à la guerre", explique Eric Dor.

Le mieux pour la banque serait "de trouver un repreneur ou, à défaut, de se faire exproprier. Ce serait techniquement plus facile" vis-à-vis de ses salariés, estime un analyste financier qui souhaite rester anonyme.

Sans repreneur, un retrait pourrait avoir des conséquences importantes: Rosbank étant considérée comme un établissement systémique par la banque centrale russe, une faillite aurait donc un impact sur toute l'économie russe.


Le Premier ministre canadien, Mark Carney, se rend à Kiev pour la fête de l'indépendance de l'Ukraine

Le Premier ministre canadien Mark Carney monte à bord d'un avion gouvernemental alors qu'il quitte l'aéroport d'Ottawa. (AP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney monte à bord d'un avion gouvernemental alors qu'il quitte l'aéroport d'Ottawa. (AP)
Short Url
  • « En ce jour de fête de l'indépendance ukrainienne, et à ce moment critique de l'histoire de cette nation, le Canada renforce son soutien et ses efforts en faveur d'une paix juste et durable pour l'Ukraine », a écrit M. Carney sur X
  • Cette visite intervient également alors que les perspectives d'un sommet entre les présidents russe et ukrainien s'estompent.

KIEV : Le Premier ministre canadien, M. Carney, est arrivé dimanche à Kiev pour célébrer la fête de l'indépendance ukrainienne, alors que les dirigeants mondiaux exercent une pression croissante pour mettre fin à la guerre entre l'Ukraine et la Russie.

« En ce jour de fête de l'indépendance ukrainienne, et à ce moment critique de l'histoire de cette nation, le Canada renforce son soutien et ses efforts en faveur d'une paix juste et durable pour l'Ukraine », a écrit M. Carney sur X à son arrivée dans la capitale ukrainienne.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiha, a accueilli le Premier ministre canadien à la sortie du train, à Kiev, comme en témoignent des photos partagées sur son compte X.

« Nous sommes reconnaissants au Canada de partager ce jour important avec nous et nous apprécions tout le soutien », a-t-il écrit sur X, expliquant que M. Carney participera aux célébrations du jour de l'Indépendance et rencontrera le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Cette visite intervient également alors que les perspectives d'un sommet entre les présidents russe et ukrainien s'estompent, une solution défendue par le président américain Donald Trump pour mettre fin à la guerre.

Le même jour, l'Ukraine a lancé une série d'attaques de drones sur le territoire russe, provoquant des incendies dans une centrale nucléaire et un terminal pétrolier.

Les forces russes continuent, elles, de progresser lentement sur le front, annonçant samedi avoir pris deux villages dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine.


L'Ukraine lance une série d'attaques contre la Russie le jour de son indépendance

(Photo Fournie)
(Photo Fournie)
Short Url
  • « Voici comment l'Ukraine réagit lorsque ses appels à la paix sont ignorés », a déclaré le président Volodymyr Zelensky, alors que la perspective d'une rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine s'éloigne.
  • Depuis le début des combats, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) met en garde contre le risque d'une catastrophe, notamment à la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine,

KIEV : L'Ukraine a lancé une série d'attaques aux drones sur le territoire russe dimanche, jour où elle célèbre son indépendance, une réaction selon Kiev à l'enlisement des efforts diplomatiques pour régler le conflit. 

« Voici comment l'Ukraine réagit lorsque ses appels à la paix sont ignorés », a déclaré le président Volodymyr Zelensky, alors que la perspective d'une rencontre avec son homologue russe Vladimir Poutine s'éloigne.

Les drones ukrainiens ont provoqué des incendies dans une centrale nucléaire et un terminal pétrolier russes.

Dans la nuit, les autorités locales russes ont indiqué avoir intercepté des drones ukrainiens dans des régions parfois éloignées du front, comme celle de Saint-Pétersbourg (nord-ouest) ou sur la Volga.

Abattu peu après minuit par la défense antiaérienne russe, l'un des engins « a explosé et endommagé un transformateur auxiliaire » sur le terrain de la centrale nucléaire située dans la région de Koursk, frontalière de l'Ukraine, a annoncé son opérateur sur son compte Telegram.

« L'incendie a été éteint », a-t-on ajouté, précisant qu'il n'y avait aucune victime, mais que le fonctionnement d'un réacteur avait été réduit. « Le niveau de radiation sur le site industriel de la centrale nucléaire de Koursk et dans les environs n'a pas changé et correspond aux niveaux normaux », selon la même source. 

En août 2024, Vladimir Poutine avait accusé Kiev de vouloir frapper la centrale située dans la région de Koursk, alors sous l'offensive ukrainienne. Les forces russes l'ont reprise au printemps.

Depuis le début des combats, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) met en garde contre le risque d'une catastrophe, notamment à la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine, occupée par la Russie depuis mars 2022.

Par ailleurs, sur la côte de la mer Baltique, l'interception de dix drones au-dessus du port d'Oust-Louga, près de Saint-Pétersbourg, a provoqué un incendie dans un terminal pétrolier du groupe russe Novatek, a indiqué le gouverneur régional Alexandre Drozdenko sur Telegram.

« Les pompiers et le ministère des Situations d'urgence sont à l'œuvre pour l'éteindre », a-t-il ajouté.

« Plus jamais contrainte »

« L'Ukraine ne sera plus jamais contrainte dans l'histoire d'endurer la honte que les Russes appellent un « compromis » », a martelé Volodymyr Zelensky, insistant sur le fait que Kiev avait besoin « d'une paix juste ».

Le président ukrainien s'exprimait alors que son pays célébrait dimanche les 34 ans de son indépendance, une journée marquée par la visite à Kiev du Premier ministre canadien, Justin Trudeau, dont le pays « renforce son soutien et ses efforts en faveur d'une paix juste et durable pour l'Ukraine », a-t-il écrit sur X.

La Russie a lancé une offensive militaire à grande échelle en Ukraine en février 2022 et contrôle actuellement environ 20 % de ce pays voisin, dont la Crimée, péninsule annexée en 2014.

Ces dernières semaines, alors que les discussions pour mettre fin au conflit s'accéléraient sous la pression de Donald Trump, l'Ukraine a lancé des dizaines de drones vers le territoire russe. L'objectif est de viser les raffineries et les dépôts de pétrole russes afin d'entraver leur capacité à financer l'offensive.

Ces attaques sont accusées d'être à l'origine de la flambée des prix des carburants en Russie, qui ont atteint des records, malgré la suspension des exportations d'essence décrétée par le gouvernement.

Vendredi, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a annoncé de son côté avoir demandé l'aide de Donald Trump pour résoudre ses problèmes d'approvisionnement en pétrole russe via l'oléoduc Droujba, bombardé selon lui par Kiev. 

Avancées russes 

Alors que l'Ukraine est bombardée quotidiennement, une femme de 47 ans a trouvé la mort dimanche matin dans une frappe de drone russe dans la région de Dnipropetrovsk, dans l'est du pays, a annoncé le gouverneur régional.

Les forces aériennes ukrainiennes ont indiqué que la Russie avait lancé 72 drones de type Shahed, divers types de leurres et un missile balistique lors de cette attaque. Elles ont également précisé avoir enregistré « les impacts de 24 drones et d'un missile (…), à 10 endroits ».

Sur le front, Moscou a accru ses gains territoriaux ces derniers mois, face à des forces ukrainiennes moins nombreuses et moins bien équipées.

Samedi, elle a revendiqué la prise de deux villages dans la région de Donetsk (est), progressant notamment vers la ville de Kostyantynivka, un bastion important sur la route de Kramatorsk, un point crucial pour la logistique ukrainienne.

Alors que Moscou et Kiev s'accusent respectivement de bloquer l'organisation d'une éventuelle réunion avec leur homologue, Donald Trump a annoncé vendredi qu'il se donnerait « deux semaines » pour décider de sa position concernant ce conflit. 


Les Etats-Unis ordonnent l'arrêt des travaux sur un immense parc éolien, presqu'achevé

Le président américain Donald Trump s'exprime dans le bureau ovale le 22 août 2025 à Washington, DC. Trump a annoncé que le tirage au sort de la Coupe du Monde de la FIFA 2026 aura lieu au Kennedy Center. (AFP)
Le président américain Donald Trump s'exprime dans le bureau ovale le 22 août 2025 à Washington, DC. Trump a annoncé que le tirage au sort de la Coupe du Monde de la FIFA 2026 aura lieu au Kennedy Center. (AFP)
Short Url
  • L'administration Trump a suspendu le projet Revolution Wind, l'un des plus grands parcs éoliens offshore aux États-Unis
  • Le projet, construit à 80% par le groupe danois Orsted, pourrait alimenter 350.000 foyers

WASHINGTON: Le gouvernement américain a ordonné vendredi l'arrêt des travaux sur un immense projet de parc éolien en mer au large de la côte nord-est, pourtant achevé à 80%.

Il s'agit du dernier d'une série de coups d'arrêt imposés à des projets d'énergie éolienne par l'administration de Donald Trump, qui a déclaré jeudi que "le vent, ça ne marche pas".

Le projet Revolution Wind, dont la construction a démarré l'an dernier après avoir reçu toutes les autorisations nécessaires, doit alimenter plus de 350.000 foyers de l'Etat de Rhode Island, selon son constructeur, l'entreprise danoise d'énergie renouvelable Orsted.

Matthew Giacona, directeur du Bureau of Ocean Energy Management (BOEM) a publié une lettre vendredi ordonnant l'"arrêt de toute activité en cours" du projet pour permettre un examen.

"En particulier, BOEM cherche à répondre à des inquiétudes concernant la protection d'intérêts de sécurité nationale aux Etats-Unis", selon cette lettre qui n'a pas donné d'autre précision.

"Vous ne pouvez pas reprendre les activités tant que BOEM" n'aura pas terminé son examen, a-t-il ajouté.

Orsted a indiqué dans un communiqué que l'entreprise "évaluait toutes les options pour régler la question rapidement" dont le recours à "de possibles procédures légales".

La ferme éolienne est achevée à 80%, avec 45 des 65 turbines prévues déjà installées, selon l'entreprise qui précise espérer terminer le projet à la fin de l'année prochaine.

Peu après son retour à la Maison Blanche pour un second mandat en janvier, Donald Trump a signé une série de décrets mettant un coup d'arrêt à l'éolien. Parmi les mesures annoncées, il a imposé un gel des permis d'exploitation et des prêts fédéraux pour tout projet d'éolien en mer ou sur terre.

"Nous n'allons pas faire le coup de l'éolien", a déclaré M. Trump en janvier, assurant que les turbines sont "laides", "bousillent le paysage" et "tuent les baleines".

Orsted, leader du développement d'énergie éolienne offshore, a annoncé lundi devoir lever 60 milliards de couronnes (9,4 milliards de dollars) via une émission de titres, pour faire face aux conséquences des décisions américaines gelant les projets de parcs éoliens.

Empire Wind, un autre gigantesque projet éolien offshore au large des côtes de New York, construit par le Norvégien Equinor, a été temporairement arrêté par l'administration Trump à la mi-avril.