«Tout s'est arrêté»: le Monténégro face à un avenir sans argent russe

Le Monténégro est depuis longtemps un aimant pour super yachts, touristes et spéculateurs immobiliers venus de Russie (Photo, AFP).
Le Monténégro est depuis longtemps un aimant pour super yachts, touristes et spéculateurs immobiliers venus de Russie (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 27 mars 2022

«Tout s'est arrêté»: le Monténégro face à un avenir sans argent russe

  • Le Monténégro est depuis longtemps un aimant pour super yachts, touristes et spéculateurs immobiliers venus de Russie
  • Mais le pays riverain de l'Adriatique a promis de s'aligner sur les sanctions contre Moscou

BUDVA, Monténégro : Le Monténégro est depuis longtemps un aimant pour super yachts, touristes et spéculateurs immobiliers venus de Russie. Mais le pays riverain de l'Adriatique a promis de s'aligner sur les sanctions contre Moscou et l'avenir semble incertain sans garanties sur l'afflux d'argent russe.

Dans la foulée de l'invasion par Vladimir Poutine de l'Ukraine le mois dernier, le minuscule pays des Balkans candidat à l'Union européenne, entré dans l'Otan voici à peine cinq ans, est confronté à un gros problème. 

L'application des sanctions infligées par Bruxelles à Moscou pourrait menacer l'équilibre économique du pays de 620 000 habitants, dont un quart du PIB repose sur le tourisme auquel les Russes ont largement contribué ces dix dernières années.

"On aime les Russes. Et on dépend d'eux", dit à l'AFP Danica Kazanegra Gregovic, directrice de l'agence de voyages Gulliver Montenegro, à Budva, sur la côte Adriatique.

Sur la principale promenade de la ville, on entend plus souvent du russe que du monténégrin. Dans la station balnéaire, toute une série de commerces et d'écoles sont dédiés aux milliers d'expatriés russes.

Comme beaucoup, Mme Gregovic craint l'impact sur le Monténégro des trains de sanctions visant les institutions financières russes tout comme les interdictions de vols en Europe.

Le moment n'aurait pas pu être plus mal venu. Les professionnels du tourisme comptaient beaucoup sur la haute saison pour attirer les gens avides de vacances après en avoir été privés par la pandémie.

"On a déjà survécu à deux saisons touristiques pas terribles. On va prendre des coups plus qu'on ne le voudrait", confesse Mme Gregovic. 

«Destination privilégiée»

Fait aggravant, les investissements qui ont contribué au développement immobilier des régions côtières semblent déjà se tarir car les Russes ont de plus en plus de mal à sortir de l'argent du pays. 

Pendant des années, des lois laxistes sur l'investissement, le fait que les Russes n'ont pas besoin de visa pour aller au Monténégro, ont favorisé l'afflux d'argent russe, alimentant une frénésie de construction de villas sur des rivages autrefois intacts. 

"La majorité de l'argent investi sur la côte provenait de la Russie", explique Dejan Milovac, directeur adjoint de Mans, un groupe anti-corruption. "Le Monténégro était une destination très privilégiée pour les riches Russes désirant acheter des biens immobiliers ou cacher leur actifs". 

Les Russes ont également largement bénéficié des "passeports dorés", un programme octroyant la citoyenneté aux étrangers investissant jusqu'à 450 000 euros dans le pays. Plus de 60% de ces passeports ont été délivrés à des Russes ces 14 derniers mois. 

Mais depuis l'invasion, plus rien ne se vend à Budva, confirment à l'AFP deux agents d immobiliers différents. 

"Tout s'est arrêté. La construction s'est arrêtée, les gens ont le plus grand mal à opérer", déclare Jovan, tenant de bar de 44 ans à Budva. "On est à quelques mois de la saison et tout cela pose des problèmes pour nos affaires".

Les autorités tentent d'apaiser les craintes après avoir promis d'adopter les sanctions contre Moscou dans la lignée des mesures européennes. 

Ces sanctions ne sont pour l'heure pas appliquées du fait de disputes entre factions politiques mais le gouvernement a promis des mesures pour pallier les conséquences économiques du conflit, y compris la hausse des prix du carburant et des denrées alimentaires. 

"Malheureusement, la guerre est survenue et nous devons nous tourner vers d'autres marchés", a déclaré à l'AFP le ministre des Affaires étrangères Dorde Radulovic, jugeant qu'il fallait en profiter pour innover.

«Perdre beaucoup»

"Peut-être qu'il est grand temps pour nous de tenter de diversifier notre économie. Peut-être qu'il est grand temps pour nous de ne pas dépendre que d'un secteur, à savoir le tourisme".

Le Monténégro et la Russie entretiennent depuis des siècles des relations plutôt harmonieuses fondées sur leur héritage slave et orthodoxe et leurs alliances durant les guerres du XXè siècle.

En 2006 le Monténégro a divorcé de la Serbie et s'est tourné vers l'Occident mais les relations avec la Russie sont restées relativement stables, hormis un coup de froid en 2016. 

Le pouvoir monténégrin avait alors accusé Moscou d'avoir fomenté un projet supposé de coup d'Etat visant à empêcher le pays de rejoindre l'Otan, ce que le Kremlin a toujours démenti. 

Malgré tout, le Monténégro est resté une destination favorite pour les Russes souhaitant partir en vacances, s'expatrier ou investir. 

Pour les expatriés russes, la vie se complique. Beaucoup sont coupés de la Russie, n'ont plus accès à leurs comptes russes, leurs cartes de crédit sont bloquées.

"Peut-être que c'est notre faute car nous n'avons pas expliqué combien (Poutine) est dangereux", soupire Marat Gelman, un Russe collectionneur d'art hostile au président russe. 

"Tous ceux qui ont d'une manière ou d'une autre des liens avec la Russie vont perdre beaucoup".  


Gaza: Bruxelles propose de taxer des biens importés d'Israël dans l'UE et de sanctionner deux ministres

La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.  "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu. "Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas. (AFP)
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  • L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres
  • Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE

BRUXELLES: La Commission européenne a proposé mercredi de renchérir le coût de certaines importations en provenance d'Israël et de sanctionner deux ministres d'extrême droite du gouvernement de Benjamin Netanyahu.

"Je veux être très claire, le but n'est pas de punir Israël. Le but est d'améliorer la situation humanitaire à Gaza", a affirmé lors d'un point presse la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas.

Les mesures commerciales devraient, si elles étaient adoptées par les pays de l'UE, renchérir de quelque 227 millions d'euros le coût de certaines importations israéliennes, principalement d'origine agricole.

La Commission européenne a également proposé de sanctionner deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, chargé de la Sécurité nationale, et Bezalel Smotrich chargé des Finances, selon un responsable de l'UE.

L'exécutif européen avait déjà proposé en août 2024 de sanctionner ces deux ministres. Une tentative vaine, faute d'accord au sein des 27 Etats membres. Ces sanctions pour être adoptées requièrent l'unanimité des pays de l'UE.

"Tous les États membres conviennent que la situation à Gaza est intenable. La guerre doit cesser", a toutefois plaidé mercredi Mme Kallas. Ces propositions seront sur la table des représentants des 27 Etats membres dès mercredi.

Les sanctions dans le domaine commercial ne nécessitent que la majorité qualifiée des Etats membres. Mais là encore, un accord sera difficile à obtenir, jugent des diplomates à Bruxelles.

Des mesures beaucoup moins ambitieuses, également présentées par la Commission européenne il y a quelques semaines, n'avaient pas trouvé de majorité suffisante pour être adoptées. Avait notamment fait défaut le soutien de pays comme l’Allemagne ou l'Italie.

Les exportations israéliennes vers l'UE, son premier partenaire commercial, ont atteint l'an dernier 15,9 milliards d'euros.

Seuls 37% de ces importations seraient concernés par ces sanctions, si les 27 devaient donner leur feu vert, essentiellement dans le secteur agro-alimentaire.


Trump s'en prend à des magistrats après l'assassinat de Charlie Kirk

Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
Cette capture d'écran provenant de la diffusion en direct du tribunal de l'Utah montre Tyler Robinson, suspect dans le meurtre du militant politique Charlie Kirk, assistant à une audience à distance depuis sa cellule de prison à Provo, dans l'Utah, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X
  • Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre

WASHINGTON: Le président américain Donald Trump a de nouveau stigmatisé mercredi des magistrats qui l'avaient poursuivi et jugé durant le mandat de Joe Biden, prenant prétexte du récent assassinat de l'influenceur ultraconservateur Charlie Kirk.

Dans le viseur du locataire de la Maison Blanche, sur son réseau Truth, se trouvent deux de ses cibles privilégiées : l'ex-procureur spécial Jack Smith, et le juge Juan Merchan qui avait présidé son procès pour des paiements cachés à une star du X.

Donald Trump reproche à Jack Smith d'avoir ouvert il y a quelques années une enquête sur Turning Point, le mouvement créé par l'influenceur ultraconservateur américain Charlie Kirk, assassiné le 10 septembre.

"Pourquoi le merveilleux Turning Point a-t-il été mis sous ENQUÊTE par le +Dérangé+ Jack Smith et l'administration Biden Corrompue et Incompétente ?", s'interroge Donald Trump dans un message sur Truth.

"Ils ont essayé de forcer Charlie, ainsi que de nombreuses autres personnes et mouvements, à cesser leurs activités. Ils ont instrumentalisé le ministère de la Justice contre les opposants politiques de Joe Biden, y compris MOI!", s'offusque-t-il encore.

Jack Smith, lui-même visé par une enquête administrative depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, avait été nommé procureur spécial en 2022.

Il avait lancé des poursuites fédérales contre Donald Trump, pour tentatives illégales d'inverser les résultats de l'élection de 2020 et rétention de documents classifiés après son départ de la Maison Blanche.

Les poursuites avaient été abandonnées après la réélection de Trump, en vertu de la tradition consistant à ne pas poursuivre un président en exercice. Jack Smith avait ensuite démissionné du ministère de la Justice.

Sans jamais le citer nommément, le président Trump s'en prend également sur le réseau Truth à Juan Merchan, qui a présidé le procès Stormy Daniels. Le président avait été reconnu coupable de 34 chefs d'accusation, pour des paiements cachés de 130.000 dollars à l'ex-star du X.

Donald Trump exprime le souhait que le juge "corrompu" paie "un jour un prix très élevé pour ses actions illégales".

Depuis l'assassinat de Charlie Kirk, le camp républicain redouble de véhémence contre les démocrates et organisations progressistes, accusés de promouvoir la violence politique.

"La gauche radicale a causé des dégâts énormes au pays", a affirmé le président républicain mardi, avant son départ au Royaume-Uni. "Mais nous y remédions".

Selon le Washington Post, un élu républicain du Wisconsin a déposé une proposition de loi visant à bloquer les fonds fédéraux aux organisations employant des personnes "qui tolèrent et célèbrent la violence politique".

Le New York Times précise pour sa part que sont notamment dans le viseur l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros ainsi que la Ford Foundation, qui toutes deux financent des organisations de gauche.


Pompe exceptionnelle pour la deuxième visite d'Etat de Trump au Royaume-Uni

Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
Le président américain Donald Trump (C) et la première dame américaine Melania Trump débarquent d'Air Force One après avoir atterri à l'aéroport de Stansted, dans l'est de l'Angleterre, le 16 septembre 2025. (AFP)
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  • Donald Trump entame une visite d'État de deux jours au Royaume-Uni, marqué par un faste inédit à Windsor malgré des manifestations annoncées à Londres
  • Alors que le gouvernement de Keir Starmer tente de tirer profit de cette visite par des annonces d’investissements technologiques majeurs, la rencontre est aussi ternie par l’affaire Epstein

LONDRES: Tour en calèche, garde d'honneur géante, défilé aérien inédit: le Royaume-Uni sort le grand jeu pour la deuxième visite d'Etat de Donald Trump, reçu mercredi à Windsor par Charles III, à l'abri des manifestations.

"Cela va être un très grand jour", a commenté M. Trump en arrivant au Royaume-Uni mardi soir, se réjouissant de voir le roi, son "ami de longue date".

Encadrée par un dispositif de sécurité exceptionnel, cette visite d'Etat de deux jours débute par un déploiement spectaculaire de faste royal, dont le dirigeant républicain est friand, et une cérémonie militaire d'une ampleur sans précédent, impliquant 1.300 membres des forces armées britanniques.

"On dit que le château de Windsor, c'est le top, non? Donc ça va être chouette", avait lancé Donald Trump, 79 ans, avant son départ de Washington, se félicitant aussi d'être le seul président américain à avoir deux fois les honneurs d'une visite d'Etat au Royaume-Uni. La première avait eu lieu en 2019.

Le président et son épouse Melania seront accueillis à la mi-journée dans ce domaine royal situé à l'ouest de Londres, d'abord par le prince héritier William et son épouse Catherine, puis par le roi Charles III, 76 ans, et la reine Camilla, 78 ans.

Une incertitude entoure toutefois la présence de Camilla: la reine consort se remet d'une sinusite aiguë qui l'a empêchée d'assister à des funérailles royales mardi.

Après une salve royale tirée du château et depuis la Tour de Londres, les trois couples doivent participer à une procession en calèche, mais toujours dans l'enceinte du domaine, et non dans les rues de la ville comme cela avait été le cas lors de la visite d'Etat du président français Emmanuel Macron en juillet.

- Fanfare et cornemuses -

Donald Trump aura l'unique privilège de passer en revue une garde d'honneur comprenant exceptionnellement trois régiments de la Garde royale, accompagnée d'une fanfare, tambours et cornemuses dans la cour carrée du château.

Après un déjeuner en privé avec la famille royale, le couple Trump déposera des fleurs sur la tombe de la reine Elizabeth II, décédée en septembre 2022, dans la chapelle St George.

Un défilé aérien, alliant de façon inédite des avions de combat F35 britanniques et américains, et la patrouille acrobatique des "Red Arrows", précèdera le traditionnel banquet royal avec quelque 150 invités.

Une profusion d'honneurs de nature à flatter l'ego du milliardaire américain, qui s'est plus tôt cette année lui-même comparé à un monarque.

Mais à 40 km de là, des milliers de manifestants sont attendus dans le centre de Londres, pour protester contre la venue d'un président très impopulaire dans le pays. Le rassemblement à l'appel de la coalition "Stop Trump", prévu à partir de 14H00 (13H00 GMT), sera encadré par plus de 1.600 policiers. D'autres sont prévus ailleurs au Royaume-Uni.

Le deuxième jour de la visite, jeudi, sera consacrée à une séquence plus politique, qui se déroulera à Chequers, résidence de campagne du Premier ministre Keir Starmer.

La conférence de presse pourrait donner lieu à des questions embarrassantes pour les deux dirigeants, relatives notamment à l'affaire Jeffrey Epstein. Elle est revenue hanter cette semaine Keir Starmer, qui a limogé son ambassadeur à Washington Peter Mandelson, après des révélations sur ses liens avec le délinquant sexuel américain, mort en prison en 2019.

Un sujet dont se passerait bien Donald Trump, qui voit sa présidence également empoisonnée par l'affaire Epstein depuis des semaines.

Des images du financier américain ont d'ailleurs été diffusées mardi soir par un groupe anti-Trump sur une tour du château de Windsor.

De son côté, le gouvernement de Keir Starmer, fragilisé sur le plan économique et en pleine crise politique, cherche à tirer parti de cette visite pour multiplier les annonces, entre accord sur la tech et investissements américains.

Il a déjà enregistré un investissement massif de 30 milliards de dollars (25 milliards d'euros) de Microsoft, un autre de 5 milliards de livres (5,8 milliards d'euros) de Google et l'annonce d'un partenariat incluant OpenAI et Nvidia pour développer des infrastructures dédiées à l'IA dans le nord-est de l'Angleterre.

Un partenariat plus général pour doper la coopération technologique dans l'IA, le quantique et le nucléaire doit être signé pendant la visite, mais ses contours sont encore flous.

Les espoirs d'accord pour faire baisser les droits de douane actuellement appliqués sur le whisky (10%) et l'acier (25%) semblent en revanche avoir été douchés, selon la presse britannique.