Présidentielle: le recteur de la Grande mosquée de Paris met en garde contre une « spirale de haine »

Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, arrive au Palais de l'Élysée à Paris. (Dossier/AFP)
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, arrive au Palais de l'Élysée à Paris. (Dossier/AFP)
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Publié le Lundi 28 mars 2022

Présidentielle: le recteur de la Grande mosquée de Paris met en garde contre une « spirale de haine »

  • Tous les candidats de droite ont évoqué un climat de peur en France après les attentats terroristes qui ont frappé le pays
  • Hafiz se dit inquiet que les musulmans soient dépeints comme « le problème de toute une société »

LONDRES : Le recteur de la Grande Mosquée de Paris a déclaré que la montée du discours anti-musulman dans la campagne présidentielle française risque de créer une « spirale de haine » et de faire des musulmans respectueux de la loi des boucs émissaires, à l'instar des attaques verbales contre les Juifs dans les années 1930.

Dans le journal britannique The Guardian, Chems-Eddine Hafiz s'est dit préoccupé par le fait que les musulmans soient dépeints comme « le problème de toute une société ».

« Nous sommes dans une société qui est fracturée et qui se cherche, une société qui est affaiblie et qui a peur après la pandémie. Chercher un bouc émissaire est du déjà vu : en 1930, on a commencé à pointer du doigt les juifs qui sont devenus « le problème de toute une société «. Aujourd'hui, ce ne sont plus les juifs, ce sont les musulmans. Je pensais qu'au XXIe siècle, nous serions à l'abri de ce type de discours », a déclaré Hafiz.

Le recteur a publié ce mois-ci un livre intitulé « Avec tout le respect que je vous dois, nous sommes des enfants de la République », afin de contester ce qu'il appelle la rhétorique antimusulmane accrue qui souffle sur la campagne électorale de la droite française.

Le président Emmanuel Macron est en tête des sondages et est favori pour être réélu le mois prochain.

Certains de ses rivaux ont axé leur campagne sur l'islam et l'immigration.

Parmi eux, le candidat d'extrême droite Éric Zemmour, une ancienne personnalité de la télévision, qui a été condamné pour incitation à la haine raciale. Il fait souvent référence à la théorie du complot du « grand remplacement », selon laquelle les populations françaises locales pourraient être remplacées par de nouveaux arrivants, faisant de la France un pays majoritairement musulman.

Dans une interview du mois dernier, Zemmour a appelé les musulmans de France à renoncer à leur religion et a déclaré qu'il se présentait pour « sauver la France de l'islam » et du « remplacement » des Français.

Les sondages d'opinion montrent que la candidate d'extrême droite Marine Le Pen et Macron sont susceptibles d'arriver en tête du premier tour de scrutin le 10 avril et de passer au second tour le 24 avril.

Mme Le Pen prévoit d'organiser un référendum sur l'immigration et d'interdire le hijab dans tous les lieux publics.

Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France qui inclut Paris et candidate du parti de centre-droit Les Républicains, a également été critiquée pour avoir fait référence à la théorie du grand remplacement.

Elle a promis de limiter le port du foulard musulman dans certains espaces publics, y compris par les athlètes lors d'événements sportifs.

Tous les candidats de droite ont fait référence à un climat de peur en France après les attentats terroristes de 2015 à Paris et le meurtre de l'instituteur français Samuel Paty en 2020.

Hafiz a déclaré qu'il était le premier à condamner le terrorisme et que sa mosquée était au cœur du travail de lutte contre l'extrémisme en France.

Cependant, le recteur a souligné qu'il craignait que la majorité des citoyens français musulmans respectueux de la loi ne soient associés aux attaques terroristes, alors qu'ils sont souvent eux-mêmes victimes du terrorisme.

« Depuis plusieurs années, à chaque élection en France, certains candidats parlent du “problème“ de l'islam, l’associant à l'immigration ou au terrorisme », a poursuivi Hafiz.

« Les musulmans français ont été confrontés à la stigmatisation ou aux insultes, ou à l'idée que l'islam est incompatible avec les règles de la République française, voire avec l'Occident. Mais dans cette élection, c'est beaucoup plus grave parce qu'il y a un candidat qui se lâche complètement et qui parle du « grand remplacement », et qui affirme avec véhémence que l'islam et les musulmans ne peuvent pas rester en France, que leur place est ailleurs, et que s'ils veulent rester dans ce pays, ils ne doivent plus pratiquer leur religion ».

« Nous sommes en 2022, nous sommes à la quatrième, voire la cinquième génération de musulmans en France et ils sont toujours considérés comme des étrangers », a-t-il ajouté.

Hafiz a déclaré qu'il était devenu « presque à la mode » pour les candidats à l'élection présidentielle « de critiquer l'islam et les musulmans, de les considérer comme des indésirables qui sont dangereux ou responsables de l'insécurité. »

Le recteur a ajouté qu'il craignait une augmentation des actes anti-musulmans après l'élection en raison de cette rhétorique.

Entre 800 000 et 1 million de personnes fréquentent des mosquées ou des salles de prière musulmanes en France.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Paris : les envoyés spéciaux américain, saoudien et français réaffirment leur soutien aux forces armées libanaises

Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). (AFP)
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  • Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises
  • Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite

PARIS: Paris a accueilli, le 18 décembre, une réunion de haut niveau consacrée au Liban, réunissant les envoyés spéciaux des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de la France avec le commandant des Forces armées libanaises (FAL). Cette rencontre s’inscrit dans le cadre des efforts internationaux visant à soutenir la stabilité du Liban et le renforcement de ses institutions sécuritaires.

Au cours de la réunion, le général Haykal a présenté aux trois envoyés l’état d’avancement de la mise en œuvre du plan « Bouclier de la Nation », une initiative destinée à renforcer les capacités opérationnelles des Forces armées libanaises et à consolider la sécurité nationale.

Les envoyés spéciaux ont unanimement exprimé leur soutien aux Forces armées libanaises, saluant leur engagement et les sacrifices consentis dans un contexte sécuritaire et économique particulièrement difficile. Ils ont réaffirmé l’importance du rôle central de l’armée libanaise dans la préservation de la stabilité du pays.

Dans le prolongement de la cessation des hostilités entrée en vigueur le 26 novembre 2024 et en appui au plan « Bouclier de la Nation », les participants ont convenu de la création d’un groupe de travail tripartite. Celui-ci sera chargé de préparer une conférence internationale de soutien aux Forces armées libanaises et aux Forces de sécurité intérieure, prévue pour février 2026.

Cette initiative vise à mobiliser un appui politique, financier et opérationnel accru en faveur des institutions sécuritaires libanaises, considérées par la communauté internationale comme un pilier essentiel de la stabilité du Liban et de la sécurité régionale.


L’ambassadeur d’Arabie saoudite en France célèbre la journée internationale de solidarité

Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international. (Photo Arlette Khouri)
Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international. (Photo Arlette Khouri)
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  • Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2006, cette journée vise à promouvoir l’unité dans la diversité, à sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité
  • À Paris, cette journée a été marquée par une réception organisée à la résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en France, Fahd Al Ruwaily

PARIS: Célébrée chaque année le 20 décembre, la Journée internationale de la solidarité humaine rappelle une évidence, mise à l’épreuve par les crises contemporaines et pourtant toute simple : l’humanité partage un destin commun.

Instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en 2006, cette journée vise à promouvoir l’unité dans la diversité, à sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la solidarité et à encourager des actions concrètes en faveur de la lutte contre la pauvreté et des Objectifs de développement durable.

Dans la Déclaration du Millénaire adoptée en 2000, la solidarité est d’ailleurs consacrée comme l’une des valeurs fondamentales devant structurer les relations internationales au XXIᵉ siècle, aux côtés de la liberté, de l’égalité et de la justice sociale.

C’est dans ce cadre que l’ONU a mis en place le Fonds de solidarité mondial, destiné à soutenir les populations les plus vulnérables et à lutter contre l’extrême pauvreté.

La Journée internationale de la solidarité humaine sert donc de rappel annuel du fait que les engagements pris lors des grandes conférences internationales ne doivent pas rester de simples déclarations d’intention, mais se traduire par des politiques et des initiatives tangibles.

Une solidarité au cœur de l’action internationale

À Paris, cette journée a été marquée par une réception organisée à la résidence de l’ambassadeur d’Arabie saoudite en France, Fahd Al Ruwaily.

Devant un parterre de diplomates, de responsables religieux et de parlementaires, l’ambassadeur a souligné la portée universelle de cette date symbolique : « C’est une journée qui nous rappelle que notre humanité est partagée et que notre avenir est commun », a-t-il déclaré, inscrivant son propos dans un contexte international marqué par les conflits, les crises humanitaires et les inégalités croissantes.

Selon Fahd Al Ruwaily, la solidarité humaine et le dialogue constituent des piliers centraux de l’action du Royaume, tant sur le plan national qu’international.

Ces valeurs, a-t-il insisté, sont profondément enracinées dans la culture saoudienne, les principes de l’islam et la Vision 2030, feuille de route stratégique qui guide la transformation du pays.

Engagement humanitaire et dialogue interculturel

Sur le terrain humanitaire, l’Arabie saoudite déploie une aide « sans distinction d’origine ou de religion », notamment à travers le Centre Roi Salmane pour l’aide humanitaire et le secours, qui intervient dans de nombreux pays en fournissant une assistance alimentaire, des soins médicaux, une aide à l’éducation et des secours d’urgence lors de crises majeures.

À cet engagement s’ajoute l’action du Fonds saoudien pour le développement, qui finance plus de 700 projets dans 93 pays, contribuant au développement des infrastructures, de la santé et de l’éducation.

Le secteur privé et les fondations caritatives jouent également un rôle important, à l’image de la Fondation caritative du prince Sultan, active en Arabie saoudite, en France et dans de nombreux pays, notamment à travers un partenariat durable avec l’UNESCO.

Sur le plan du dialogue interculturel et interreligieux, l’ambassadeur a salué le rôle de la Ligue mondiale islamique, reconnue comme membre observateur du Conseil économique et social de l’ONU.

Depuis La Mecque, cette organisation œuvre à promouvoir les valeurs de tolérance de l’islam et à combattre l’extrémisme et le radicalisme. Son action s’inscrit dans une vision plus large de coexistence pacifique et de compréhension mutuelle entre les peuples.

Selon Fahd Al Ruwaily, le Fonds franco-saoudien pour le Liban, créé en 2022, illustre cette volonté commune d’agir concrètement pour soutenir des populations en détresse. De même, les efforts humanitaires du Royaume se déploient dans des zones de crise comme Gaza, la Syrie, l’Ukraine ou le Yémen.

En conclusion, Fahd Al Ruwaily a rappelé que, face aux défis mondiaux tels que les conflits armés, le terrorisme, les crises humanitaires, le changement climatique et les inégalités, la solidarité humaine n’est plus une option, mais une nécessité.

En cette Journée internationale de la solidarité humaine, son appel est clair : renouveler l’engagement collectif en faveur d’un monde plus juste, plus sûr et plus digne, où la coopération et le dialogue demeurent les meilleurs remparts contre les fractures contemporaines.


Enquête pour corruption et perquisitions chez la ministre de la Culture Rachida Dati

Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP. (AFP)
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  • L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati"
  • Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles"

PARIS: Des perquisitions ont été menées jeudi au domicile de la ministre française de la Culture Rachida Dati, ainsi qu'à la mairie de l'arrondissement de Paris qu'elle dirige, dans le cadre d'une enquête pour corruption, selon une source proche du dossier à l'AFP.

La ministre, par ailleurs candidate à la mairie de Paris, est soupçonnée d'avoir perçu 299.000 euros d'honoraires du groupe industriel français GDF Suez quand elle était députée européenne, sans en déclarer la provenance au Parlement européen.

L'enquête est ouverte "notamment des chefs de corruption active et passive, trafic d'influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment de ces délits en lien avec l'exercice du mandat de parlementaire européen de Madame Rachida Dati", a écrit le procureur de la République financier, Jean-François Bohnert, dans un communiqué.

Il y est fait mention jeudi d'"opérations de perquisition visant divers lieux, dont notamment la mairie du 7e arrondissement de Paris et le ministère de la Culture, ainsi que des domiciles".

Ces perquisitions s'inscrivent dans le cadre d'une enquête ouverte le 14 octobre et confiée à deux juges d'instruction du tribunal judiciaire de Paris, toujours selon ce communiqué, confirmant des informations de presse.

Tout est parti d'une enquête préliminaire conduite depuis le 16 avril "sur la base, notamment, d'un signalement Tracfin (renseignement financier, ndlr) reçu par le PNF (Parquet national financier)", explique Jean-François Bohnert.

Me Olivier Pardo, un des avocats de Mme Dati, sondé par l'AFP, s'est refusé à tout commentaire. Ses autres conseils Ses autres conseils n'ont pas donné suite.

Selon une enquête diffusée début juin sur la chaîne de télévision publique France 2, les fonds du géant français de l'énergie avaient transité par un cabinet d'avocats, STC Partners, avant d'être rebasculés sur les comptes de Mme Dati en 2010 et 2011. D'après Complément d'enquête, l'origine de ces revenus n'a pas été déclarée au Parlement européen comme cela est requis pour éviter les conflits d'intérêt.

La candidate à la mairie de Paris avait qualifié sur les radio Europe 1 et télévision CNews ces accusations de "diffamatoires", assurant que les documents évoqués dans cette émission ont déjà "été examinés par la justice" dans le cadre des investigations sur l'affaire Carlos Ghosn.

Car Mme Dati est déjà renvoyée devant le tribunal correctionnel dans un autre dossier, pour corruption et trafic d'influence, dans lequel elle devra comparaître aux côtés de l'ancien tout-puissant patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn.