A Bachtanka, l'armée russe a semé la désolation et la rancoeur

Un homme regarde par sa fenêtre recouverte d'une bâche en plastique après sa destruction par les forces russes dans le village de Bachtanka près de Mykolaiv, une ville clé sur la route d'Odessa, le plus grand port d'Ukraine, le 27 mars 2022. (AFP)
Un homme regarde par sa fenêtre recouverte d'une bâche en plastique après sa destruction par les forces russes dans le village de Bachtanka près de Mykolaiv, une ville clé sur la route d'Odessa, le plus grand port d'Ukraine, le 27 mars 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 28 mars 2022

A Bachtanka, l'armée russe a semé la désolation et la rancoeur

  • «C'est inhumain: ces gens qui se disent nos frères, qui mentent au monde entier et à leur propre peuple. Il n'y aura pas de pardon ni de miséricorde divine pour des gens pareils !»
  • «Nous avons donné à ces fascistes la leçon qu'ils méritaient», pendant quelques jours au début du mois, les troupes russes ont ensuite partiellement contrôlé Bachtanka avant d'en être chassées

BACHTANKA: La petite voiture orange avec le mot "enfant" en russe écrit sur des feuilles collées à chaque vitre est tombée en panne à l'entrée de Bachtanka. Meurtrie par de féroces combats, cette ville du sud est sous contrôle ukrainien, mais pour Vitali et sa famille le front est encore bien trop proche.

Ils fuient Snihourivka, une autre ville à une soixantaine de kilomètres à l'est de Mykolaïv, cité clé du sud de l'Ukraine où s'est arrêtée l'avancée russe.

A Snihourivka, aux mains de l'armée russe, raconte Vitali, en bonnet et en claquettes malgré le vent glacial qui souffle sur la plaine, "les bombardements sont incessants, d'abord c'était aux environs et maintenant dans le centre de la localité".

"Cela fait dix jours qu'il n'y a plus ni eau ni électricité et des habitants ont commencé à piller", poursuit-il, "le plus important c'est de survivre, nous avons tout laissé derrière nous".

En route avec sa femme, leurs deux enfants et sa belle-mère pour Jitomir, dans le centre du pays, pour y retrouver de la famille, la voiture les a lâchés à Bachtanka, au nord-est de Mykolaïv, après plusieurs heures de route.

Ils parviennent finalement à repartir, soulagés de quitter cette bourgade où les carcasses de véhicules calcinés aux alentours attestent de la violence des combats du début du mois.


Dans les rues de Bachtanka, qui compte en temps de paix quelque 12.000 habitants, connue du temps de l'Union soviétique comme un important dépôt régional de tracteurs, les militaires ukrainiens sont bien plus nombreux que les civils.


Dans le centre-ville, le dessin d'un cosmonaute souriant sur une façade noircie a échappé à la frappe qui a détruit un pan du mur de la pharmacie au rez-de-chaussée et le toit du bâtiment. 


"Nous avons donné à ces fascistes la leçon qu'ils méritaient", déclare Sergueï, un habitant de 43 ans, qui dit avoir participé aux combats.

«Pas de pardon»
Pendant quelques jours au début du mois, les troupes russes ont ensuite partiellement contrôlé la ville avant d'en être chassées, selon les autorités ukrainiennes et la population.


"Ils ont occupé les villages autour de Bachtanka et se sont livrés au pillage", affirme Natacha Gassilina, une élégante dame d'un certain âge portant un épais manteau bordeaux et un chapeau, retraitée d'une boulangerie industrielle.


Dans un village, ils ont trouvé des photos de militaires ukrainiens engagés dans le conflit qui oppose depuis 2014 le gouvernement ukrainien aux séparatistes prorusses du Donbass (est) "et ils les ont recherchés pour les tuer", en vain, ajoute-t-elle.


Mais le 13 mars au matin, Bachtanka s'est réveillée en sursaut au fracas d'un nouveau bombardement russe, dans le quartier au nom soviétique d'"Agropromtechnika", cité dortoir de la ville.


Les bombes larguées par parachute, au nombre de cinq, selon les riverains, ont creusé une série de cratères encore visibles et soufflé les maisons aux alentours.


Miraculeusement, un seul blessé a été signalé, un homme qui était en train d'éplucher des pommes de terre, extrait vivant des décombres.


Contrairement à d'autres frappes russes dans la région, les habitants indiquent que le bombardement visait bien des cibles militaires, mais qu'il les a manquées.


"Il y avait des véhicules militaires ukrainiens là-bas, mais ils les ont ratés", précise un jeune homme dont les parents ont eu le toit arraché.


Natacha Gassilina, qui vit dans un immeuble proche, confirme que les véhicules militaires ukrainiens présents n'ont pas été touchés.


Venue à vélo d'un autre quartier pour constater les dégâts et s'enquérir du sort d'une amie de sa mère, Olga Miheïkina, une enseignante, laisse éclater son indignation à la vue de cette désolation.


"C'est inhumain: ces gens qui se disent nos frères, qui mentent au monde entier et à leur propre peuple. Il n'y aura pas de pardon ni de miséricorde divine pour des gens pareils !" s'indigne-t-elle.


A quelques centaines de mètres, Anatoli, 82 ans, n'a plus ni toit ni fenêtres et a préféré envoyer son épouse récupérer chez des amis.


"Avant tout cela, je voulais vivre jusqu'à cent ans", confie le frêle octogénaire en bleu de travail et en casquette. "Plus maintenant".


Indonésie: 54 blessés dans une explosion d'origine inconnue près d'une école à Jakarta, selon la police

 Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre. (AFP)
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  • "Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV
  • L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre

JAKARTA: Au moins 54 personnes ont été blessées vendredi à la suite d'une explosion près d'une école à Jakarta, la capitale indonésienne, a déclaré le chef de la police locale, Asep Edi Suheri, sans donner d'éléments sur l'origine du sinistre.

"Selon les premières données, quelque 54 personnes sont touchées. Certaines ont des blessures mineures, d'autres modérées et certaines ont déjà quitté l'hôpital", a déclaré M. Asep, cité sur la chaîne Kompas TV.

L'explosion s'est produite "à proximité" d'un lycée, a-t-il précisé, ajoutant que la police avait bouclé le périmètre.

La police "procède aux constatations sur la scène de crime", a déclaré M. Asep, précisant qu'une équipe de déminage de la police de Jakarta était sur place afin de déterminer la cause de l'explosion.

Des postes de secours ont été établis dans deux hôpitaux pour aider les familles à retrouver les victimes blessées, a-t-il également indiqué.

Une enquête est en cours pour déterminer la cause de l'explosion, a ajouté M. Asep. "Nous sommes en train de mener les investigations car cet incident vient de se produire", a-t-il expliqué.


Au moins neuf morts dans l'accident d'un avion-cargo aux États-Unis

Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky. (AFP)
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  • "Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien"
  • L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT)

WASHINGTON: Au moins neuf personnes sont mortes dans l'accident d'un avion-cargo qui s'est écrasé mardi peu après son décollage de Louisville, dans le centre-est des Etats-Unis, a annoncé mercredi le gouverneur du Kentucky.

"Kentucky, d'autres nouvelles déchirantes nous parviennent de Louisville. Le nombre de victimes s'élève désormais à au moins 9, et pourrait encore augmenter. En ce moment, ces familles ont besoin de prières, d'amour et de soutien", a écrit sur X le gouverneur de l'Etat, Andy Beshear.

L'accident a également fait au moins 11 blessés. Le gouverneur de l'Etat tiendra une conférence de presse à 11H30, heure locale (16H30 GMT).

Le vol UPS 2976, qui devait rejoindre Hawaï, "s'est écrasé vers 17H15 heure locale" (22H15 GMT) mardi, selon le régulateur américain de l'aviation, la FAA. L'appareil était un McDonnell Douglas MD-11.

L'avion avait "trois membres d'équipage à son bord", a déclaré dans un communiqué le transporteur UPS, dont le siège de la division aérienne est installé à Louisville.

L'appareil aurait percuté "de manière assez directe" une installation de recyclage de pétrole, a précisé le gouverneur.

Une vidéo amateur partagée par la chaîne locale WLKY montre le moteur gauche de l'avion en feu tandis que l'appareil rase le sol en tentant de décoller de la piste, avant visiblement d'exploser plus loin, provoquant un large panache de fumée noire.

L'appareil a terminé sa course à près de 5 km de l'aéroport, selon la police.

Des images aériennes de télévisions locales montraient aussi, peu après le crash, un large brasier s'étalant sur plusieurs centaines de mètres de long dans une zone de hangars et de parkings, avec les gyrophares des équipes de secours à proximité.

Les vols, annulés mardi soir, ont été rétablis à l'aéroport international Mohamed-Ali de Louisville, a annoncé mercredi matin sur X le maire de la ville, Craig Greenberg.

UPS a annoncé mercredi via un communiqué suspendre toutes les opérations de tri des colis sur place, pour la deuxième journée consécutive.

Louisville sert de principal hub aérien américain pour UPS, selon une fiche d'information de l'entreprise.

Paralysie budgétaire 

Les enquêteurs de l'Agence américaine de sécurité des transports (NTSB) doivent arriver mercredi sur place.

L'accident de mardi intervient au moment où les conséquences de la paralysie budgétaire, due à un désaccord entre républicains et démocrates au Congrès, se font particulièrement ressentir dans le domaine du transport aérien.

Depuis plusieurs semaines, des pénuries de contrôleurs aériens - qui travaillent depuis le 1er octobre sans être payés - entraînent retards et annulations de vols à travers le pays.

Si la paralysie budgétaire se prolonge au-delà de cette semaine, l'espace aérien américain pourrait même être partiellement fermé, a mis en garde mardi le ministre des Transports, Sean Duffy.

UPS Airlines, la division aérienne du groupe américain de messagerie et de livraison de colis, opérait début septembre une flotte d'environ 500 avions de transport de marchandises, dont 27 MD-11, l'appareil impliqué dans l'accident de mardi.

Le dernier accident aérien majeur aux Etats-Unis s'est produit le 29 janvier dernier à proximité de l'aéroport Ronald-Reagan de Washington, quand un hélicoptère militaire est entré en collision avec un avion de ligne sur le point d'atterrir, tuant 67 personnes au total.


Mamdani élu maire de New York, soirée de revers pour Trump

Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat. (AFP)
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  • L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias
  • Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis

NEW YORK: Le socialiste Zohran Mamdani a remporté mardi la mairie de New York au terme d'une soirée d'élections locales dans lesquelles Donald Trump a essuyé plusieurs revers, un message de défiance à un an des élections de mi-mandat.

L'élu local de 34 ans, opposant résolu au président américain, a largement devancé son principal adversaire, l'ancien gouverneur de l'Etat, le centriste Andrew Cuomo, selon les projections de plusieurs médias.

Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis.

Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.

"En cette période d'obscurité politique, New York sera la lumière", leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait "montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre".

L'ancien président démocrate Bill Clinton, dont M. Cuomo a fait partie de l'administration, a souhaité au vainqueur de "transformer l'élan de (sa) campagne" pour construire "un New York meilleur, plus juste et plus abordable".

"L'avenir s'annonce un peu meilleur", a commenté pour sa part Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.

Participation record 

Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l'une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des "sondeurs" anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire -- le  "shutdown" -- et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.

Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne. En réponse, Zohran Mamdani s'est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à "bâtir une mairie qui (...) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l'antisémitisme".

Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l'élu du Queens à l'Assemblée de l'Etat de New York n'a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.

Signe de l'engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.

Né en Ouganda dans une famille d'intellectuels d'origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.

Si Donald Trump l'a qualifié de "communiste", ses propositions -- encadrement des loyers, bus et crèches gratuits -- relèvent plutôt de la social-démocratie.

Autres victoires démocrates 

Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s'étaient éloignées de la politique, "des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités", selon le politologue Costas Panagopoulos.

"Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n'en fera qu'une bouchée", a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l'a fait durant toute la campagne, sur l'inexpérience de son adversaire.

Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s'il était élu, en s'opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.

Voisin de New York, l'Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l'homme d'affaires républicain Jack Ciattarelli. L'Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l'écart.

Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.

Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu'ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.