Emmanuel Macron: une campagne laminée par la guerre en Ukraine

Emmanuel Macron entouré de journalistes alors qu'il arrive pour une visite au lycée Marcs d'Or à Dijon, le 28 mars 2022. (Photo, AFP)
Emmanuel Macron entouré de journalistes alors qu'il arrive pour une visite au lycée Marcs d'Or à Dijon, le 28 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 31 mars 2022

Emmanuel Macron: une campagne laminée par la guerre en Ukraine

Emmanuel Macron entouré de journalistes alors qu'il arrive pour une visite au lycée Marcs d'Or à Dijon, le 28 mars 2022. (Photo, AFP)
  • C’est une campagne qui n’en est pas une, car elle se résume à des mises au point ponctuelles à l’adresse des Français qu’Emmanuel Macron s’autorise quand son agenda le lui permet
  • Cette campagne, sans relief ni intensité, peut nuire à la mobilisation des électeurs et grossir les rangs des abstentionnistes

PARIS: C’est une campagne par alternance, que le président Emmanuel Macron, candidat à sa propre succession, est dans l’obligation de mener en vue de l’élection présidentielle, prévue pour le 10 et 24 avril. 

C’est une campagne qui n’en est pas une, puisqu’elle se résume à des apparitions ciblées, des mises au point ponctuelles à l’adresse des Français qu’Emmanuel Macron s’autorise quand son agenda le lui permet. 

Cet agenda, les Français le savent, est accaparé par la guerre en Ukraine qui mobilise le président sortant de jour comme de nuit, avec ce qu’elle implique comme efforts et comme énergie pour éviter que cette guerre ne déborde du territoire ukrainien et pour parvenir à y mettre fin à un moment ou à un autre. 

Un simple coup d’œil à son agenda, régulièrement diffusé par le palais de l’Élysée, suffit pour comprendre le degré de son implication dans le règlement de ce grave conflit, avec des sommets extraordinaires tantôt de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), tantôt de l’Union européenne (UE) – dont il est le président en exercice –, ou du Groupe des sept (G7). 

En dehors de ces rencontres improvisées, pour maintenir la mobilisation des grandes puissances à son plus haut degré, l’emploi du temps présidentiel est ponctué d’appels téléphoniques incessants avec les belligérants, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et le président russe, Vladimir Poutine, ainsi qu’avec les différents dirigeants du monde pouvant contribuer à l’apaisement et la désescalade tant espérés depuis bientôt un mois. 

Les événements de campagne dans tout ça? 

Réduits au strict minimum, en dehors de l’incartade de presque quatre heures que le président sortant s’est octroyée pour dérouler son programme électoral à Aubervilliers. 

Pas de bains de foules lors de déplacements électoraux dans les régions françaises, pas de grands meetings non plus, sauf celui prévu le 4 avril à la Défense, et surtout pas de débats avec les autres candidats, qui ne cachent pas leur frustration, voire leur amertume.  

Nombre d’entre eux, dont la candidate de droite, Valérie Pécresse, l’accusent d’éviter le débat, parce que «son bilan est un boulet». D’autres lui reprochent de se draper dans son costume de chef de guerre pour éviter le corps-à-corps avec eux. 

Cet état de fait ne peut en aucun cas être reproché à Emmanuel Macron qui voit sa campagne présidentielle laminée par la guerre en Ukraine, tout comme il a vu la pandémie de Covid-19 laminer les deux dernières années de son mandat, l’obligeant à revoir ses priorités. 

Ces critiques sont légitimes dans la mesure où cette campagne présidentielle se déroule comme si chacun des candidats la menait seul dans son propre coin, loin de toute confrontation entre les idées et les mesures des uns et des autres. 

Elles sont légitimes à partir du moment où les échanges entre les différents candidats font émerger des points d’accords ou de divergences qui éclairent le choix de l’électeur avant d’aller aux urnes.  

Cette campagne échappe à cet exercice démocratique, ce qui a valu au président sortant de baisser de quelques points dans les sondages, même s’il est toujours en tête des sondages. 

La déception n’épargne personne et elle touche les concurrents d’Emmanuel Macron, qui ont l’impression de donner des coups d’épée dans l’eau en s’attaquant au bilan de son quinquennat, sans qu’aucune riposte ne s’en suive. 

Une frustration qui affecte également le président, car faute de temps, il se retrouve dans l’impossibilité de riposter aux critiques visant son bilan. De la même façon, il n’est pas en capacité de défendre les mesures arrêtées pour les cinq prochaines années s’il est réélu, ni de les développer et de les justifier. 

D’ailleurs, certaines de ces mesures telles que les conditions qui assortiront le revenu de solidarité active(RSA) ou l’encadrement militaire des mineurs délinquants, ainsi que l’obligation de quitter le territoire français pour les déboutés du droit d’asile, sont à haut potentiel polémique. 

Des polémiques vite disparues tant les esprits sont occupés par la guerre en Ukraine, «qui écrase tout» et rend «très difficile d’intéresser les gens et de faire vivre les propositions», selon un stratège de la campagne d’Emmanuel Macron cité par Le Figaro. 

Une frustration qui affecte le président, car faute de temps, il se retrouve dans l’impossibilité de riposter aux critiques visant son bilan.

Cette campagne, sans relief ni intensité, peut nuire à la mobilisation des électeurs et grossir les rangs des abstentionnistes, tant l’impression d’un second tour entre le président sortant et la candidate de l’extrême droite, Marine Le Pen, est ancrée. 

Cet état de fait ne peut en aucun cas être reproché à Emmanuel Macron qui voit sa campagne présidentielle laminée par la guerre en Ukraine, tout comme il a vu la pandémie de Covid-19 laminer les deux dernières années de son mandat, l’obligeant à revoir ses priorités. 

Est-ce sa faute si l’Europe se retrouve face à un conflit armé qui se déroule sur son sol et qui est le plus grave depuis la Deuxième Guerre mondiale? 

Peut-on lui reprocher de tenter d’apaiser et d’arrêter le déluge de feu lancé sur l’Ukraine par l’armée russe, une des dix armées les plus puissantes au monde? 

Peut-on lui en vouloir de s’investir entièrement dans la recherche d’une issue pacifique à un conflit qui porte en lui la menace redoutable d’une guerre nucléaire? 

Comment pouvait-il tourner le dos aux multiples crises et pénuries qui découlent de ce conflit et qui menacent le monde entier, sans chercher à anticiper et tenter de trouver des solutions? 

Si tel avait été le cas, s’il avait esquivé les bruits des canons et les millions de réfugiés ukrainiens fuyant la guerre, pour battre la campagne à coups de slogans électoraux, aurait-il trouvé grâce aux yeux des Français et de ses adversaires? 


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».