Les marchés saluent l'avancée des négociations sur l'Ukraine

Wall Street a ouvert dans le vert également, le Dow Jones prenait 1,10%, le S&P 500 1% et le Nasdaq 1,23% dans les premiers échanges. (Photo, AFP)
Wall Street a ouvert dans le vert également, le Dow Jones prenait 1,10%, le S&P 500 1% et le Nasdaq 1,23% dans les premiers échanges. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 29 mars 2022

Les marchés saluent l'avancée des négociations sur l'Ukraine

Wall Street a ouvert dans le vert également, le Dow Jones prenait 1,10%, le S&P 500 1% et le Nasdaq 1,23% dans les premiers échanges. (Photo, AFP)
  • Les Bourses sont «soutenues par des bruits positifs en provenance de Turquie, où l'Ukraine et la Russie pourraient se rapprocher d'un accord de cessez-le-feu», commente Craig Erlam, analyste d'Oanda
  • Le secteur bancaire retrouvait des couleurs également: Société Générale montait de 8%, BNP Paribas de 7,44%, Deutsche Bank de 3,43%, Commerzbank de 5,88%, Intesa Sanpaolo de 6,9%, Unicredit de 8,8% et l'autrichienne Raiffeisen de 11%

PARIS: Les marchés boursiers applaudissaient mardi les avancées positives dans les négociations entre l'Ukraine et la Russie qui faisaient chuter le pétrole et bondir le rouble. 

Vers 15H00 (13H00 GMT), la Bourse de Paris grimpait de 3,41%, celle de Francfort de 3,07%, Milan de 3,10% et Londres de 1,14%. L'Euro Stoxx 50, indice européen de référence, prenait 3,28%. A la Bourse de Moscou, l'indice libellé en dollar RTS montait de plus de 7%. 

Wall Street a ouvert dans le vert également, le Dow Jones prenait 1,10%, le S&P 500 1% et le Nasdaq 1,23% dans les premiers échanges.   

Les Bourses sont « soutenues par des bruits positifs en provenance de Turquie, où l'Ukraine et la Russie pourraient se rapprocher d'un accord de cessez-le-feu », commente Craig Erlam, analyste d'Oanda. 

Les progrès observés dans les discussions entre les délégations russe et ukrainienne se traduisaient sur le marché du pétrole, où les deux contrats de référence sur le marché du pétrole perdaient plus de 5% mardi, lestés également par un confinement en Chine qui pèse sur la demande. 

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai lâchait 5,61% à 105,96 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour le contrat à échéance en mai, cédait 5,36% à 100,23 dollars. 

Le marché des changes aussi était bousculé: vers 12H50 GMT, l'euro gagnait 1,22% face au dollar à 1,1120 dollar. Le rouble grimpait de plus de 10% à environ 85 roubles pour un dollar. 

La Russie va radicalement réduire son activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv en Ukraine ont indiqué mardi des négociateurs russes. Le chef de la délégation russe Vladimir Medinski, a de plus fait état de « discussions substantielles ». 

Les conditions pour une première rencontre entre le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue russe Vladimir Poutine depuis le début de l'invasion russe le 24 février, sont désormais « suffisantes » a de son côté affirmé le négociateur en chef ukrainien. Moscou a cependant toujours refusé une telle proposition de Kiev depuis le début du conflit. 

L'or, valeur refuge par excellence, perdait 1,37% à 1 896 dollars l'once. 

Automobile et banque redémarrent 

Les entreprises les plus exposées à la Russie bondissaient, notamment le secteur automobile. A Paris, Renault gagnait 10,39%, Stellantis 6,84% et Faurecia 12,79%. Francfort suivait avec Volkswagen qui prenait 4,9%, BMW 5,19% et Continental 8,32%.  

Le secteur bancaire retrouvait des couleurs également: Société Générale montait de 8%, BNP Paribas de 7,44%, Deutsche Bank de 3,43%, Commerzbank de 5,88%, Intesa Sanpaolo de 6,9%, Unicredit de 8,8% et l'autrichienne Raiffeisen de 11%. 

A l'inverse, les actions des entreprises de la défense cédait du terrain. Thales perdait 6,02%, BAE Systems 3,64%, Rheinmetall 6,15% et Leonardo 3,96%. 

Barclays chute après une mauvaise opération 

Barclays chutait à la Bourse de Londres depuis deux séances après avoir vendu par erreur une trop grande quantité de certains titres structurés dérivés d'obligations aux États-Unis, une bourde qui pourrait lui coûter 450 millions de livres. Mardi l'action lâchait 2,74%. 

Détente des taux obligataires 

Face au risque de hausses de taux plus importantes qu'escompté de la part de la banque centrale américaine cette année, le marché obligataire s'est fortement tendu, les taux n'ayant cessé de grimper depuis début mars. Lundi, le taux d'intérêt américain à cinq ans est passé pendant quelques heures au-dessus de celui à échéance 30 ans, du jamais-vu depuis 2006. 

Le taux américain à dix ans connaissait une accalmie mardi, s'élevant à 2,45% vers 13H00 GMT, contre 2,47% la veille. Mais les taux européens se tendaient de nouveau: le rendement à 10 ans allemand s'établissait à 0,65% contre 0,57% la veille. 

L'écart anormalement réduit entre les taux à deux ans et 10 ans américains souligne un risque de l'inflation court terme et ce qu'il génère sur le plan monétaire. 


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Short Url
  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".