Les investissements sont attendus avant la réunion, en Chine, des MAE des pays voisins de l'Afghanistan

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à droite, à côté du mollah Abdelghani Baradar, vice-premier ministre par intérim du gouvernement intérimaire des talibans afghans, à Kaboul, en Afghanistan, le 24 mars 2022. (AP)
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à droite, à côté du mollah Abdelghani Baradar, vice-premier ministre par intérim du gouvernement intérimaire des talibans afghans, à Kaboul, en Afghanistan, le 24 mars 2022. (AP)
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Publié le Mercredi 30 mars 2022

Les investissements sont attendus avant la réunion, en Chine, des MAE des pays voisins de l'Afghanistan

  • La réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de l'Afghanistan aura lieu à Tunxi, en Chine, les 30 et 31 mars
  • La Chine pourrait devenir la première grande puissance à entreprendre des projets à grande échelle en Afghanistan

KABOUL: L'investissement en Afghanistan devrait occuper une place importante dans l'ordre du jour de la prochaine réunion entre les ministres des Affaires étrangères des pays voisins de l'Afghanistan: c’est ce qu’ont déclaré des experts mardi dernier, alors que le principal envoyé des talibans devrait participer à la session en Chine.

La troisième réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de l'Afghanistan – le Pakistan, l’Iran, la Russie, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan – se tiendra à Tunxi, dans la province d'Anhui, à l'est de la Chine, mercredi et jeudi.

La participation du ministre afghan des Affaires étrangères, Amir Khan Mouttaki, a été confirmée lors du déplacement surprise, la semaine dernière, de son homologue chinois, Wang Yi, à Kaboul. Il s'agit de la visite de plus haut niveau d'un responsable chinois depuis que les talibans ont pris le contrôle de l'Afghanistan au mois d’août dernier.

Le ministère des Affaires étrangères afghan indique dans un communiqué publié à l'issue du voyage de Wang que ce dernier et Mouttaki ont évoqué le développement des liens économiques et des investissements en Afghanistan.

La Chine pourrait devenir la première grande puissance à entreprendre des projets à grande échelle en Afghanistan, ce pays qui connaît une crise financière et humanitaire depuis le départ des forces étrangères dirigées par les États-Unis et la prise du pouvoir par les talibans.

«Les talibans attendent ardemment les investissements de la Chine dans les mines, notamment la mine de cuivre de Mes Aynak. Ils placent beaucoup d'espoir dans le soutien économique de la Chine à l'Afghanistan», déclare à Arab News Hekmatullah Zaland, directeur exécutif du Centre d'études stratégiques et régionales de Kaboul.

Les ressources minérales de l'Afghanistan, dont la valeur est estimée à 1 000 milliards de dollars (1 dollar = 0,90 euro), n'ont pas été déterrées en raison de décennies de violence. Mes Aynak, à 40 km au sud-est de Kaboul, contient le plus grand gisement de cuivre du pays, qu’on estime à plusieurs dizaines de milliards de dollars.

Bien que la Chine, comme d'autres pays, n'ait pas encore reconnu les talibans, Zaland ajoute que les espoirs qui entourent le prochain forum régional reposent également sur le soutien politique de Pékin.

«Les talibans recherchent également le soutien politique de la Chine au niveau international en tant que pays qui détient une influence sur les voisins de l'Afghanistan en particulier», explique-t-il.

L'analyste politique Abdelhai Qanit signale en outre que l'attraction des investissements est l'une des principales priorités des autorités afghanes.

«Ils chercheront à convaincre la Chine d'investir davantage en Afghanistan. La Chine a également cet objectif», indique-t-il à Arab News.

Il ajoute que d'autres pays de la région entreprennent également des efforts pour améliorer la connectivité et la sécurité régionales.

«Les pays voisins se rendent compte qu'un Afghanistan stable et connecté renforcera l'intégration régionale et le développement économique», ajoute-t-il.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Wang Wenbin, a déclaré en début de semaine que, en accueillant la troisième réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de l'Afghanistan, «la Chine espère rassembler davantage de consensus sur la question afghane de la part des pays voisins» afin de stabiliser conjointement le pays. Il précise aussi que Pékin espère «travailler sur la partie afghane pour construire une structure politique ouverte et inclusive».

Le gouvernement taliban ne jouit toujours pas d’une reconnaissance internationale; la prochaine réunion n’en apportera sans doute pas du côté chinois.

«Du point de vue de la Chine, le temps de la reconnaissance n'est pas encore venu», confie Torek Farhadi, ancien conseiller du gouvernement afghan, à Arab News.

«La Chine souhaite un gouvernement inclusif à Kaboul et voit la stabilité à long terme rendue possible de cette manière.»

Les talibans sont revenus au pouvoir à la mi-août, deux décennies après leur premier passage au pouvoir, de 1996 à 2001.

Alors qu'ils avaient promis de former un gouvernement inclusif, ce qui n’était pas le cas lors de leur premier règne, ils ont finalement mis en place une administration exclusivement masculine, réservée aux talibans, et ont réduit les droits des femmes.

La troisième réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de l'Afghanistan se tiendra alors qu’un regain d'inquiétude est observé au sujet du manque d'inclusion sous le régime des talibans. La semaine dernière, ces derniers ont rompu leur promesse de rouvrir la scolarité aux filles au-delà de la sixième. La réouverture des écoles pour filles était l'une des conditions que la communauté internationale avait fixées pour un éventuel contact officiel avec le gouvernement taliban.

La première réunion des voisins de l'Afghanistan avait été présidée par le Pakistan le 8 septembre 2021, le lendemain de l’annonce faite par les talibans afghans de la formation de leur gouvernement.

La deuxième réunion s'est tenue à Téhéran le 27 octobre 2021.

 

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Mobilisation en soutien à Gaza: affrontements et intervention de la police sur le campus de la UCLA à Los Angeles

Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
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  • Manifestants et contre-manifestants se sont opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles
  • Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne

LOS ANGELES : Des affrontements ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi en marge d'un rassemblement étudiant dénonçant la guerre menée par Israël à Gaza à l'Université UCLA, à Los Angeles, dernier épisode d'un mouvement étudiant qui secoue les Etats-Unis.

Les heurts ont éclaté quand un important groupe de contre-manifestants, pour beaucoup masqués, a attaqué un campement pro-palestinien installé sur une pelouse de l'UCLA, selon un photographe de l'AFP sur place.

Les assaillants ont tenté d'enfoncer une barricade improvisée autour du campement, composée de barrières métalliques et de panneaux de contreplaqué. Manifestants et contre-manifestants se sont ensuite opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles.

«La violence en cours à l'UCLA est absolument abjecte et inexcusable», a fustigé la maire de Los Angeles, Karen Bass, ajoutant que la police de la ville était déployée sur le campus.

Cette dernière a indiqué avoir été appelée en renfort par la direction après «de nombreux actes de violence commis dans le campement à l'intérieur du campus».

Tôt mercredi, les policiers étaient toujours présents en grand nombre sur le site universitaire.

Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, intervenant manu militari sur le campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne.

Le campement de tentes installé sur la pelouse du site a été démantelé, a pu constater une journaliste de l'AFP dans la nuit de mardi à mercredi.

Environ 300 personnes ont été interpellées, a indiqué la police new-yorkaise.

Dans le sud-ouest du pays, la police de l'Université de l'Arizona a annoncé mercredi matin avoir utilisé du gaz lacrymogène pour disperser «un rassemblement illégal».

En Caroline du Nord, sur la côte est, la police est intervenue mardi pour évacuer un campement sur un campus de Chapel Hill, arrêtant plusieurs manifestants dans un face-à-face tendu.

- Accord -

Depuis deux semaines, les mobilisations de soutien à Gaza se multiplient à travers les campus américains, de la Californie aux grandes universités du nord-est, en passant par le sud et le centre du pays -- rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam.

Les étudiants appellent les établissements à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, et dénoncent le soutien de Washington à son allié israélien.

Se distinguant ainsi des autres institutions, l'université Brown dans l'Etat de Rhode Island a annoncé mardi avoir trouvé un accord avec les manifestants, prévoyant le démantèlement de leur campement en échange d'un vote de l'université en octobre sur d'éventuels «désinvestissements dans des +sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza+».

A Columbia, les négociations entre direction et groupes étudiants n'avaient pas abouti. «Les événements de la nuit dernière sur le campus ne nous ont pas donné le choix», avait écrit la présidente de l'université, Minouche Shafik, dans une lettre rendue publique demandant à la police de New York d'intervenir sur le campus.

A Los Angeles, le président de l'UCLA Gene Block avait mis en garde avant les heurts de la nuit contre la présence de personnes extérieures à l'université.

Dimanche, des militants pro-palestiniens et pro-israéliens, soutenus par de nombreux manifestants extérieurs au campus, en étaient venus aux mains, avec des bousculades et des insultes.

«Beaucoup de manifestants et de contre-manifestants pratiquent leur militantisme de manière pacifique. Mais d'autres emploient des méthodes franchement choquantes et honteuses», avait écrit M. Block dans un message posté mardi sur le site de l'université.

«Ces incidents ont provoqué, tout particulièrement chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur», a-t-il ajouté.

- A 6 mois de la présidentielle -

Depuis le début du mouvement, des centaines de personnes - étudiants, enseignants et militants - ont été interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice dans plusieurs universités du pays.

Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde et on fait vivement réagir le monde politique, à six mois de la présidentielle dans un pays polarisé.

Joe Biden «doit faire quelque chose» contre ces «agitateurs payés», a déclaré mardi soir sur Fox News le candidat républicain Donald Trump. «Il nous faut mettre fin à l'antisémitisme qui gangrène notre pays aujourd'hui», a-t-il ajouté.

«Occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche» et ne représente «pas un exemple de manifestation pacifique», avait tonné avant l'intervention de la police John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.


Royaume-Uni: Premiers migrants arrêtés avant leur expulsion vers le Rwanda, d'autres campent à Dublin

Des demandeurs d'asile dormant dans des tentes à Dublin affirment que la vie sous les bâches est meilleure et plus sûre que le risque d'être envoyé par le Royaume-Uni au Rwanda  (Photo, AFP).
Des demandeurs d'asile dormant dans des tentes à Dublin affirment que la vie sous les bâches est meilleure et plus sûre que le risque d'être envoyé par le Royaume-Uni au Rwanda (Photo, AFP).
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  • L'adoption d'une loi permettant l'expulsion des migrants vers le Rwanda a déclenché leur départ du Royaume-Uni
  • Une centaine de tentes ont poussé devant l'Office, depuis que le gouvernement irlandais a cessé il y a quelques mois de fournir un hébergement aux demandeurs d'asile

LONDRES: Les premiers migrants susceptibles d'être expulsés par le Royaume-Uni vers le Rwanda ont été arrêtés et placés en détention, a annoncé mercredi le ministère britannique de l'Intérieur, sans préciser le nombre de personnes concernées.

"Les premiers migrants en situation irrégulière devant être expulsés vers le Rwanda ont été placés en détention à la suite d'une série d'opérations menées cette semaine à l'échelle nationale", écrit le Home Office dans un communiqué.

Davantage d'arrestations "devraient être menées dans les semaines à venir", a-t-il ajouté.

"Cette action est un élément clé du plan visant à assurer des vols vers le Rwanda dans les neuf à onze semaines à venir", a poursuivi le ministère.

Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak a promis de mettre un terme aux traversées de la Manche par les migrants clandestins.

Le Parlement a adopté la semaine dernière une loi très controversée permettant d'expulser vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni.

Leur demande d'asile sera examinée dans ce pays d'Afrique de l'Est et ils ne pourront pas revenir au Royaume-Uni, quelle que soit l'issue de leur démarche.

Le gouvernement compte commencer les expulsions au début de l'été et espère qu'elles dissuaderont d'autres migrants de venir au Royaume-Uni.

Cette politique "montrera clairement que si vous venez ici illégalement, vous ne pouvez pas rester", redit le ministère de l'Intérieur dans son communiqué.

"Nos équipes (...) travaillent à un rythme soutenu pour arrêter rapidement les personnes qui n'ont pas le droit d'être ici, afin que nous puissions faire décoller les vols", a déclaré le ministre de l'Intérieur James Cleverly, cité dans le communiqué.


L'ONG HRW critique l'application mobile pour demander l'asile à la frontière mexicano-américaine

Des migrants de différentes nationalités demandant l'asile aux États-Unis voyagent à bord des wagons de marchandises du train mexicain connu sous le nom de « La Bête » alors qu'ils arrivent à la ville frontalière de Ciudad Juarez, dans l'État de Chihuahua, au Mexique, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Des migrants de différentes nationalités demandant l'asile aux États-Unis voyagent à bord des wagons de marchandises du train mexicain connu sous le nom de « La Bête » alors qu'ils arrivent à la ville frontalière de Ciudad Juarez, dans l'État de Chihuahua, au Mexique, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Depuis mai 2023, avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d'asile, sauf les mineurs isolés, sont censés obtenir un rendez-vous sur l'application téléphonique de la police américaine des frontières
  • Beaucoup des personnes interrogées ont fait état de nombreux problèmes pour utiliser l'application

WASHINGTON: L'obligation pour les demandeurs d'asile aux Etats-Unis d'obtenir un rendez-vous sur une application mobile avant de se présenter à la frontière avec le Mexique livre les migrants à la violence des cartels, déplore mercredi Human Rights Watch (HRW).

Depuis mai 2023, avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d'asile, sauf les mineurs isolés, sont censés obtenir un rendez-vous sur l'application téléphonique de la police américaine des frontières ou s'être vu refuser l'asile dans un des pays traversés. Autrement, leur demande est présumée illégitime et ils risquent une procédure d'expulsion accélérée, leur interdisant pendant cinq ans l'entrée aux Etats-Unis.

Cette réglementation fait suite à la levée par l'administration du président démocrate Joe Biden d'une mesure de son prédécesseur républicain Donald Trump qui verrouillait depuis trois ans l'accès au territoire américain.

"Mais un résultat pratique reste le même pour les demandeurs d'asile", affirme HRW dans un rapport publié mercredi : pendant de longues semaines, voire des mois, "ils sont forcés d'attendre dans le nord du Mexique, ainsi que dans beaucoup d'autres villes ailleurs au Mexique par lesquelles transitent les migrants".

Systématiquement visés 

Ils y sont "systématiquement visés par les cartels qui, parfois avec l'aide de responsables des autorités mexicaines, les enlèvent, les rackettent, les agressent sexuellement et les dévalisent", énumère l'ONG.

L'exigence de prise de rendez-vous sur l'application crée un "filtrage numérique", qui livre "aux cartels une population vulnérable", selon le rapport, établi à partir d'interviews avec 128 demandeurs d'asile, des employés de centres d'accueil, des responsables mexicains et des employés d'organisations humanitaires.

Bien que l'inscription pour un rendez-vous sur l'application ne soit en principe pas obligatoire, dans les faits, les demandeurs qui se présentent à la frontière sans l'avoir préalablement obtenue sont éconduits par les autorités frontalières mexicaines et américaines, indique HRW.

Beaucoup des personnes interrogées ont fait état de nombreux problèmes pour utiliser l'application, notamment matérielles, techniques, ou linguistiques. L'application n'est ainsi disponible qu'en anglais, en espagnol et en créole haïtien.

Ces pratiques "violent le principe juridique fondamental de non-refoulement" des demandeurs d'asile vers des pays où leur vie ou leur liberté serait en danger, souligne l'ONG.

Elle exhorte donc l'administration Biden à donner instruction à la police des frontières de traiter toutes les demandes d'asile, indépendamment de la façon ou du lieu de dépôt, ainsi que de l'obtention d'un rendez-vous via l'application "CBP One" de la police des frontières.

Human Rights Watch lui suggère en outre d'en améliorer l'accessibilité et la facilité d'utilisation, y compris par l'ajout d'autres langues, comme l'arabe, le français, le russe, le chinois, le portugais, et de langages amérindiens.